Lies candidats de la coterie.
S'il fallait en croire Ie Progrès, le comité de l'Asso-
ciation serait bientót appelé a faire choix de candidats
provisoires pour les éleclions du 30 Ces candidats
sont bien moins provisoires qu'on ne veut l'avouer. II
n'est personne qui ne connaisse toutes les démarches
faites depuis longtemps, et les noms des candidats
prónés.
Dans l'opinion de la coterie le succès est assuré.
Nous pourrions citer toutes les personnes patron-
nèes et demontrer qu'a ce patronage preside une
idéé préconcue de nepotisme et d'esprit de familie. II
suffira de choisir un exempie entre tous
C'est M. Gustave De Stuers qui est désigné pour
remplir le siége laissé vacant par M. Leopold Merghe-
lynck..
Certes, M. Gustave de Stuers est un fort honnête
homme, parfait gentleman, menanl fort elégamment
un fringant équipage, ce qui lui donnera peut-étre
des facilités pour brider les électeurs, mais quelles
aptitudes speciales possède-i-iIquelles preuves a-t
il donné de sa capacilé administrative
Ayant passé la plus grande partie de sa jeunesse a
l'étranger, il habite la ville depuis assez de temps a
peine pour connaitre ses habitants ou en étre connu.
Encore n'y séjourne-t-il qu'une partie de l'année-
Né dans les classes élevees de la société qu'il fré
quente exclusivement, il juge mal Ie caractère de la
bourgeoisie, ses aspirations, ses besoins. II ne saurait
ni s'assimiler les tendances, ni defendre les intéréts des
classes moyennes dont l'èloignent d'ailleurs et ses
goüts, et les relations de touie sa vie. En vérité, si
nous avions eu mission de trouver des candidats pour
l'élection du 30, M. Gustave de Steurs soit dit sans
vouloir l'offenser, est, au point de vue des conve
nances publiques, le dernier auquel nous eussions
songé.
Les hommes font-ils défaut ce point et voudrait-
on prendre M. Gustave de Steurs comme pis aller,
pour nous servir d'une expression que l'éloquence de
M. le coramissaire d'arrondissement consacra dans
une circonstance mémorable Pas de doute que la di-
gnité de l'honorable candidat ne se révolte contre
cette situation humiliante. Qu'il se tranquillise d'ail
leurs, les hommes ne manquent pas, II nous serail fa
cile d'en citer un grand nombre dont le caractère, le
talent, la position, les convictions offrent les plus sé-
rieuses garanties. Prenons quelques noms au hasard
et demontrons dussions-nous blesser la modestie
de ces honorables citoyens, que si les inspirateurs
du Progrès etaient inspires du désir de rehausser le
Conseil communal par I'adjonction de nouvelles capa-
cités au lieu de le peupler de leurs creatures, le choix
ne leur manquerait pas.
Tout autre aussi serait le sentiment public si ['As
sociation libérale nous proposait des candidats comme
MM. Bossaert, Soenen, Auguste Vandevyver ou Theo
dore Elleboudt, par exempie, dont les litres sont ap-
préciés par tous.
M. IL ctör Bossaert, avocat depuis un grand nombre
d'annéés et i'un des meilleurs jurisconsultes de notre
barreau, possédant toutes les connaissances requises
pour traiter les questions administratives.
M. Soenen, juge depaix, magistral considéré, dont
l'imparlialite et le caractère loyal soul hauteraent ap-
préciés.
M. Auguste Vandevyver, adonné depuis longtemps
a I'industrie, dont il apprécie les besoins et saurait
défendre les intéréts.
M. Théodore Elleboudt, indnstriel aussi et commer-
§ant. Comme mernbre dé la Chambre de commerce,
il a rendu plus d'un service a la ville et a l'arrondis-
sement.
D'autres encore que nous pourrions citer.
Eh bien, les titres que nous venons d'enumèrer ne
peuvenl-ils pas soutenir la comparaison avec ceux de
M. Gustave de Steurs Malgré la meilleure volonté du
monde, nous ne lui en trouvons pas d'autres pour
sièger a l'Hötel-de-Ville que d'appartenir a la grande
familie dont le siége vacant semble être une pro-
prietè.
C'est, en effet, une singulière histoire que celle de
Ce siege. Longtemps occupe par M. Ernest Merghe-
lynck, on n'eut rien de plus presse que d'y installer
son frère, M. Leopold, lorsque ie premier fut nommé
membre de la Deputation permanente.
On s'etonne que maintenant que le Conseil provin
cial lui a fait des loisirs, M. Ernest Merghelynck. ne
revendique pas son bien el les méchautes langues d'a-
jouler sans que nous voulions confirmer leur ap
preciation,—que l'ex-membre de-Ia Députation cfaint
une Irop lourde chüle. On a done pensé a M. de Stuers,
qui sera, sans le vouloir et mème sans s'en douter,
l'organe de M. Ernest au Conseil. La familie continuera
ainsi d'être représentée pour la grande satisfaction de
son ambition et le profond malheur de la ville
d'Ypres.
Avons-nous raison de dire, après pareils exem-
ples, que les fonctions électives ou administratives
font partie de l'héritage et que les apótres de la
coterie se les passent a titre de succession
Le corps électoral acceptera-t-il encore une fois bé-
névolement le mot d'ordre de quelques intrigants ou
bien, söngeant qu'il est réellement le rnaitre, saüra-t-
il manifestere' faire respecter sa volonté? Déja l'on a
laissé arriver les choses beaucoup trop loin pour la
prospéritè et l'honneur de notre ville Bien curieuses,
mais bien amères aussi sont les reflexions que l'on
fait quand on voit combien de fonctions de toutes
sortes sont concentrées dans cinq ou six mains et que
l'on songe que, par une triste indifference pour l'in-
terêt public, en laissant toujours faire, en acceptant
sans protestation les abus les plus criants, notre belle
ville est arrivée presque a abdiquer toute volonté,
teute initiative dans les mains de quelques faiseurs
qui abusent de sa trop longue patience. Ce sujet, nous
nous en occuperons prochainement et nous espérons
bien démontrer alors que celui qui renonce a sa part
d'intervention légitime dans les affaires publiques, sa-
crifie par le fait même une partie de ses intéréts pri-
vés.
Correspondence particuliëre de l'OPINIOI.
Bruxelles, 19 Oclobre.
Nous voici arrivés au bout de nos fêtes. Que nos
Iecteurs se rassurentje ne leur en apporte pas le
compte-rendu. C'est un soin que j'abandonne a nos
journaux, qui s'en acquittent avec une ponctualité
tout a fait satisfaisante. La vérité est qu'elles ont of
fert, cette année, un caractère tout particulier de cor-
dialité et d'animation. A quoi cela tient-il? Peut-étre
a la pauvreté du programme offioiel. Comme ie gou
vernement et la commune ne s'étaient pas mis en frais
pour nous amuser, nous avons résolu de nous amuser
nous-mêmes, extra-officiellement.
Que vous dirai-je Nous nous sommes mis en tête
de conquérir la France et l'Angleterre, et je crois, ma
foi, que nous n'y avons pas trop mal réussi pour des
débutants, surtout si l'on considère qu'il n'en a cohté
personne une goutte de sang. Pour ce qui est du
champagne, c'est une autre affaire ce qu'il en a
coulé pendant les trois jours qu'a duré la ba taille, suf-
firait pour mettre en mouvement un moulin de la
force de vingt chevaux. Mais qu'importe le cham
pagne On n'en boira jamais tant qu'on n'en fabrique
davantage.
Düt notre gloire en souffrir un peu, il me faut bien
ajouter que nos ennemis ne nous ont pas opposé une
bien vive rèsistance. Dès la première heure, il était
visible qu'ils ne demandaient pa's mieux que de se
laisser annexermême j'ai entendu dire depuis qu'ils
étaient venus tout exprès pour cela. II n'en est pas
moins vrai que beaucoup d'entre nous ont fait preuve
d'une grande valeur et que quelques-uns sont restés
au champ d'honneur dans les plaines de Dubos et sur
le Rocker de Cancalebraves jeunesgensl dont les
forces ont trahi le courage, que l'ammoniaque vous
soit léger
Mais saurait-on payer trop cher une aussi belle
victoire? Pendant ces derniers huit jours, Bruxelles
a offert un spectacle qui ne s'effaeera jamais de ma
memoire. Dans les rues, dans les cafés, dans les théa-
tres, c'ètait partout des attroupements formés de
gardes civiques, de riflemens, de gardes-nationaux,
tout cela bras dessus, bras dessous, entonnant tour a
tour leurs airs nationaux et trinquant ensemble
comme de vieux camarades réunis après une longue
séparation
Je le dis sérieusementla Belgique vienl d'inscrire
dans ses annales une des pages dont elle pourra le
plus juslement se montrer fiére devant la postérilé.
L'histoire dira qu'au lendemain d'une crise inouïe,
a peine échappé aux dangers qui l'ont menace, notre
petit pays, oubliant les maux dont il a souffert et
dont il souffre encore, a eu pour première pensée de
réunir dans une fête fraternelle tous les peuples éprou-
ves comme elle et éloignés les uns des autres par des
antipathies séculaires et de sceller leur reconciliation
sur le sol de la liberté. C'est la une belle, une noble
idéé, et l'on ne saurait féliciter trop hautement les
hommes dévoués qui se sont consacrés a sa realisa
tion.
Les riflemens, cela va sans dire, sont les lions du
jour. II y en a de toutes les couleurs, des gris, des
bleus, des rouges, des bruns, des noirs, que sais-je?
Cette extréme variété s'explique les Riflemens sont
des corps purement volontaires. Dès qu'ils arrivent
a être cent, ils forment une compagnie et chaque
compagnie s'babille, s'arme et s'équipe a sa fantaisie.
Mais, bleus, rouges, bruns, noirs ou gris, tous les
uniformes sont également commodes. Quel contraste
avec notre tenue de garde-civique L'Echo du Parle
ment a fait, a ce sujet, des reflexions fort justes et si,
comme II est a öroire, elles lui ont été inspirées par le
ministre de I'intérieuril n'y aura qü'une voix en Bel
gique pour applaudir a ce qui sera proposé pour nous
débarrasser de la camisole de force que les règlements
actuels nous imposent. Je suis persuadé, pour ma
part, que l'institution de la garde-civique doit une
partie de son impopularité au harnachement absurde
et incommode auquel elle assujétit les citoyens qui en
font partie. Supposez, au lieu de ce harnachement,
qui nous donne si bien l'air de soldals de dimanche,
un uniforme simple, élégant et commode a l'instar de
celui que portent les Riflemens, n'est-il pas vrai que
l'ennui que nouséprouvons aujourd'hui a nous mettre
sous les armes serait singulièrement diminué Une
loi qui nous oblige a être ridicules est nécessairement
une mauvaise loi.
Ons'esl enfin décidéa décorer M. P. Benoit. Lundi
dernier, après l'exécution de Lucifer, une ceuvre ma-
gnifique soit dit en passant, M. le ministre de I'inté
rieur a fait appeler Ie jeune maestro dans sa loge et
lui a remis les insignes de l'Ordre de Léopold.
C'est toute une histoire que cette décoration. Tout
ce que je puis vous en dire, c'est que le ministère n'a-
vait, pour le moment, nulle envie de la donner
M Benoit et que le jeune compositeur la, doit unique-
ment au cri de l'opinion publique, dont l'indignation
s'était traduite, lors de la première audition, par des
protestations dont les éclats étaient arrivés jusqu'aux
oreilles du ministre de I'intérieur, présent a cette so-
lennité musicale. N'est-il pas curieux que la décora
tion la plus glorieusement mèritée depuis vingt ans
soit précisément celle que legouvernements'est, pour
ainsi dire, laissé arracher par l'opinion publique?
M. Goblet, un de nos représentants, est colloqué,
depuis quelques jours, dans une maison de santé.
Son elat ne laisse malheureusement aucun espoir de
guérison, et dès a présent, il est hors de doule qu'il
ne reparaitra plus a la Chambre.
M. Goblet n'a pas donné sa démission. L'affection
dont il est atleint ne lui permet plus de la donner va-
lablement aujourd'hui. bien qu'il n'ait pas été judi-
ciairemenl interdit. Surgit la question de savoir si,
dans ces circonstances, l'arrondissement de Bruxelles
doit rester privé d'un de ses représentants jusqu'a la
session prochaine ou bien s'il y a lieu de procéder au
remplacement du représentant incapable, après la
constatation judiciaire de son incapacité.
Sur cette question, les opinions sont très-divisées;
mais on penche généralement vers l'avis que la légis-
lation actuelle ne fournit aucun moyen de priver un
représentant de son mandat en cours d'exécution et
qu'une loi nouvelle peut seule lever la difïiculté qui
se présente.
La session des Chambres s'ouvrira dans une ving-
taine de jours., Sans que je puisse vous assurer rien
de positif, on croit généralement qu'elle sera ouverle
par le Roi en personne. Quant au discours du tróne, il
n'est guère a supposer qu'il annonce quelque nouveau
projet de grande importance. L'arriéré remplira d'ail
leurs parfailemenl la session, et si la Chambre par-
vient a s'en débarrasser entièrement avant de se sé-
parer de nouveau, elle pourra dire comme Titus qu'elle
n'a pas perdu son temps.
ACTE5 ©ÏFICIELS.
Un arrêté royal, en date du 30 septembre 1866,
alloue, sur ie chapitre IX, article 39 du budget du dé
partement de la justice (exercice 1866), un subside
de 4,862 fr 22 c. a la commission administrative des
hospices civils de Neuve-Eglise (province de Flandre
occidentale), pour couvrir la sixième partie de la dé-
pense qu'a occasionnée la construction d'un hospice-
hópital en cette commune.