JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI YPRES, Bimanche Quatrième année. N° 43. 28 Octobre ^1866. Le tout payable d'avance. AUX ÉLECTEURS. PRIX D'ABOIIIEIIËMT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour FEtranger, Ie porl en sus. ■Un Numéro 25 Centimes. PRIX RES 1IKOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez votre pensée. On s'abontie a Ypres, au bureau du Journalchez Féhx Lambin, imp,-lib rue de Dixmude55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Nos prévisions d'il y a hnit iours se sorit com plement réalisées. Trois cooseillers ont renoncê au renouvellement de leur mandat. Et, comme il fallait s'v attendre. la coterie a désigné le neveu pour remplacer l'oncle commeprécédemment, pour le même fauteuil, elle avait déja remplacé le père par le frère. Gröce a l'indifférence ou a la complaisance du corps électoral. les fonctions électives, au lieu d'être conférées comme ailleurs aux plus méritants, font ici partie intégrante des biens de familie et passent avec la succession de main en main. Un horame n'eüt-il aucune aptitude, aucun titre pour le man dat qu'il sollicite, par cela seul qu'il est le fits de son père, la place qu'il brigue lui appartient. C'est le principe aristocratique du droit de naissance exploité, sous un masque libéral, au profit d'une miriime fraction blasonnée. Mais une chose inouïe, inconcevable, c'est que la bourgeoisie, le commerce, l'industrie, tout ce qui par le travail fait la prospérité d'une ville, la bourgeoisie qui forme la grande majorité du corps électoral et tient dans ses mains Ie sort de quel- ques ambitieux, c'est qne cette bourgeoisie, di-- sons-nous, fournit elle même des armes pour l'op- primer et qu'elle se livre sans merci aux mains de quelques dominateurs bargneux et arrogants. Et voyez oü cela nous mène L'outrecuidance de ces gens ne connatt phs de bornes. Ce qui s'est passé a l'Association libérale en est une nouvelle preuve. II ne leur suffisait plus d'avoir un des leurs au conseil. Enhardis par le succès, lis visent plus loin lis proclament a l'avance le triomphe des candi- dats préférés dont ils espèrént secrètement peupler le collége échevinal. La question a pris cette face lundi au sein du co mité de l'Association libérale: la coterie présentait son candidat, M. Ie bourgmestre en recomraan- dait un autre, un bourgeois. Celui-ei l'emporta au scrutin et la coterie était battue. Comme de juste, cela lui souriait peu. Que fit-elle done? Elle convoqua le ban et l'arrière-ban de ses fidèles, employés de I Hótel-de—Ville et de toutes les administrations, elle distribua ses billets a do micile. 67 bulletins sur 125 membres dont se compose l'Association vinrent ratifier les exigences des meneurs. Le candidat de la bourgeoisie fut écarté a la difference de 7 vo-ix par une majorité composée en grande partie d'homraes qui ne jouis- sent pas même du droit électoral. Rieu u'arrête les hommes de la coterie quand il s'agit de satis- faire leur insatiable soif de domination. lis indigent un échec au chef de la commune qui leur avait cependant donné maintes preuves de dé- vouement, ils font désavouer le comité par l'Asso ciation qui l'a nommè, enlevanta celle-ci par bette nouvelle manoeuvre,ce qui lui pouvait encore rester de prestige. Ils prétendent faire violence au corps électoral en lui imposant des candidats dont quel- ques-uns n'ont aucune sympathie, ni même aucun titre pour la conquérir. Telle est pourtant la situation aujourd'hui. La lutte se présente plus vive.plus carrée entre le des potisme aristocratique et l'élément bourgeois dé- daigDé et trop longtemps méconnu, entre les pré- tei tions d'une poignée d'audacieux a diriger, a régenter toutes choses et le légitime désir de la bourgeoisie de faire ses propres affaires. Et quels sont done ces hommes qui s'efforcent de nous mettre tous en tutelle Ils ont, disent-ils, organisé le parti libéral Ypres. Ce serait fort bien assurément si, dans cette organisation, ils n'avaient eu en vue que le triomphe des principes. Toute leur conduite prouve malheureusement qu'il n'en est pas ainsi. Ne se sont-ils pas emparés de toutes les places, se decernant a eux-mêmes un facile brevet d'uni- verselle capacitê. A Bruxelles comme a Ypres, Bruges comme Messines, partout tróne quel- qu'une de leurs individualités. Ét, pour nous eh tenir a la villè, l'ênumération sera encore assez longue A 1'Hótel-de-Ville, ils siégent dans le Collége échevinal et s'efforcent d'y conquérir la majorité. Au Bureau de bienfaisance, ils occupent la présidence. Aux Hospices, la présidence. Cela ne leur suffit pas. Un second membre de la familie siége dans la commission administrative. Chacun sait, en outre, que la recette des Hospices fut faite longtemps par un des leurs et que le taux élevé du cautionneraent fixé depuis peu exclut de fait de ces fonctions quiconque n'est pas rail- lionnaire. Continuons notre revue. Au Mont de-Piété, encore un membre de la familie. A l'Atelier d'apprentissage, ils sont trois. A l'Académie des Beaux-Arts, on en compte quatre sur rieuf membres dont se compose la commission. Ajoutez a tout cela qu'ils siégent dans la com mission de i'Institut de Messines, qu'ils président l'Association agricole, fonctipn plus importante qu'on ne croit, qu'ils dicteut leurs volontés a ('ar rondissement et vous conviendrez, électeurs. que s'ils ont organisé quelque chose, ils se sont ample- ment dédommagés de leurs peines. Que font-ils pour la prospérité de la ville? Vous savez par quels sarcasraes, par quelles calomnies certains organes ont accueilli les teuta- tives du réveil de notre industrie. Ëst-ce paree que ces tentatives étaient en partie catholiques? Mais il n'y a pas qu'elles seuies qui rencoutrent eet accueil. Ceux qui s'occupent de négoce savent combien sont ennuyeuses les formalités exigées par la Banque Nationale pour la réalisation deseffets; ils savent que depuis les sinistres financiers qui out frappé notre ville, l'escompte est parfois très- diffïcile, eh bien, l'idée de créer un comptoir d escompte avaitété agitée, les négociations étaient sur Ie point d'aboutir. Le croirait-on? De sourdes menées, des intrigues cachées ont tentê de faire échouer les combinaisons. Yoila comment a Ypre3 quelques-uns encouragent le commerce. Que dire de la position faite a nos concitoyens? En est-il un seul auquel l'arrogance de certains hommes n'ait fait payer cher le plus mince service? Dites, vous tous qui avez eu a traiter avec eux, maitres matjons, charpentiers, entrepreneurs, bou- tiquiers et commerpants, qui vous figurez qu'on vous fait une faveur paree que vous êtes chargés de quelques fournitures et qui craignez de la perdre, comme si les besoins des administrations variaient avec les administrateurs, dites, est-il quelqu'un d'entre vous qui n'ait eu a se plaindre et ne se soit senti quelque jour blessé dans sa di- gnité? Nous le répétons, car il est impossible de se le dissimuler, la separation se fait chaque jour plus profonde entre l'élément bourgeois et ceux qui nous veulent dominer. Cette semaine encore, les manoeuvres de la coterie ont infligé un échec a la Dourgeoisie en faisant échouer son candidat devant une majorité qui, n'ayant pas droit de vote, n'a aucuri intérêt dans le résultat de nos élections. L injure vous est faite, électeurs, a vous de relever Ie gantA vous de savoir si vous resterez les mattres, comme vous i'êtes réellement, ou si vous endosserez la livrée des valets A vous de décider lequel des deux, du mandant ou du man- dataire signifie en bonne justice ses volontés l'autre II vous appartient de nous affranchir tous une bonne fois de toutes ces volontés despotiques dont l'outrecuidance et votre longanimité trop prolou- gée ont fait toute la puissance. Nous ne vous demandons pas de rien renverser, mais empêchez du moins qu'on ne rive de nou- veaux anneaux a la chaine. Abaissez eet immense orgueil en Ie frappant dans son candidat préféré et votre manifestation aura pour résultat final de rendre les plus grands services a notre ville et a l'arrondissement tout entier. Ce que noiis «lemandong. On a dit a l'Association libérale la ville est parfaitement administrée, que peuton dernander de plus? L'assertion est hardie et le moindre exa men eul amené a de toules autres conclusions. Les actes posés ou les projets formulés par notre administration locale peuvent se classer e i deux L'OPINION

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1