JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Bimanche
Quatrième année. N° 43.
28 Octobre
^1866.
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AUX ÉLECTEURS.
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rue de Dixmude55.
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Nos prévisions d'il y a hnit iours se sorit com
plement réalisées. Trois cooseillers ont renoncê
au renouvellement de leur mandat. Et, comme il
fallait s'v attendre. la coterie a désigné le neveu
pour remplacer l'oncle commeprécédemment, pour
le même fauteuil, elle avait déja remplacé le père
par le frère.
Gröce a l'indifférence ou a la complaisance du
corps électoral. les fonctions électives, au lieu d'être
conférées comme ailleurs aux plus méritants, font
ici partie intégrante des biens de familie et passent
avec la succession de main en main. Un horame
n'eüt-il aucune aptitude, aucun titre pour le man
dat qu'il sollicite, par cela seul qu'il est le fits de
son père, la place qu'il brigue lui appartient. C'est
le principe aristocratique du droit de naissance
exploité, sous un masque libéral, au profit d'une
miriime fraction blasonnée.
Mais une chose inouïe, inconcevable, c'est que
la bourgeoisie, le commerce, l'industrie, tout ce
qui par le travail fait la prospérité d'une ville, la
bourgeoisie qui forme la grande majorité du corps
électoral et tient dans ses mains Ie sort de quel-
ques ambitieux, c'est qne cette bourgeoisie, di--
sons-nous, fournit elle même des armes pour l'op-
primer et qu'elle se livre sans merci aux mains de
quelques dominateurs bargneux et arrogants.
Et voyez oü cela nous mène L'outrecuidance
de ces gens ne connatt phs de bornes. Ce qui s'est
passé a l'Association libérale en est une nouvelle
preuve.
II ne leur suffisait plus d'avoir un des leurs au
conseil. Enhardis par le succès, lis visent plus loin
lis proclament a l'avance le triomphe des candi-
dats préférés dont ils espèrént secrètement peupler
le collége échevinal.
La question a pris cette face lundi au sein du co
mité de l'Association libérale: la coterie présentait
son candidat, M. Ie bourgmestre en recomraan-
dait un autre, un bourgeois. Celui-ei l'emporta au
scrutin et la coterie était battue. Comme de juste,
cela lui souriait peu. Que fit-elle done?
Elle convoqua le ban et l'arrière-ban de ses
fidèles, employés de I Hótel-de—Ville et de toutes
les administrations, elle distribua ses billets a do
micile. 67 bulletins sur 125 membres dont se
compose l'Association vinrent ratifier les exigences
des meneurs. Le candidat de la bourgeoisie fut
écarté a la difference de 7 vo-ix par une majorité
composée en grande partie d'homraes qui ne jouis-
sent pas même du droit électoral. Rieu u'arrête
les hommes de la coterie quand il s'agit de satis-
faire leur insatiable soif de domination.
lis indigent un échec au chef de la commune qui
leur avait cependant donné maintes preuves de dé-
vouement, ils font désavouer le comité par l'Asso
ciation qui l'a nommè, enlevanta celle-ci par bette
nouvelle manoeuvre,ce qui lui pouvait encore rester
de prestige. Ils prétendent faire violence au corps
électoral en lui imposant des candidats dont quel-
ques-uns n'ont aucune sympathie, ni même aucun
titre pour la conquérir.
Telle est pourtant la situation aujourd'hui. La
lutte se présente plus vive.plus carrée entre le des
potisme aristocratique et l'élément bourgeois dé-
daigDé et trop longtemps méconnu, entre les pré-
tei tions d'une poignée d'audacieux a diriger, a
régenter toutes choses et le légitime désir de la
bourgeoisie de faire ses propres affaires.
Et quels sont done ces hommes qui s'efforcent
de nous mettre tous en tutelle
Ils ont, disent-ils, organisé le parti libéral
Ypres. Ce serait fort bien assurément si, dans
cette organisation, ils n'avaient eu en vue que le
triomphe des principes. Toute leur conduite
prouve malheureusement qu'il n'en est pas ainsi.
Ne se sont-ils pas emparés de toutes les places,
se decernant a eux-mêmes un facile brevet d'uni-
verselle capacitê. A Bruxelles comme a Ypres,
Bruges comme Messines, partout tróne quel-
qu'une de leurs individualités. Ét, pour nous eh
tenir a la villè, l'ênumération sera encore assez
longue
A 1'Hótel-de-Ville, ils siégent dans le Collége
échevinal et s'efforcent d'y conquérir la majorité.
Au Bureau de bienfaisance, ils occupent la
présidence.
Aux Hospices, la présidence.
Cela ne leur suffit pas. Un second membre de
la familie siége dans la commission administrative.
Chacun sait, en outre, que la recette des Hospices
fut faite longtemps par un des leurs et que le
taux élevé du cautionneraent fixé depuis peu exclut
de fait de ces fonctions quiconque n'est pas rail-
lionnaire.
Continuons notre revue.
Au Mont de-Piété, encore un membre de la
familie.
A l'Atelier d'apprentissage, ils sont trois.
A l'Académie des Beaux-Arts, on en compte
quatre sur rieuf membres dont se compose la
commission.
Ajoutez a tout cela qu'ils siégent dans la com
mission de i'Institut de Messines, qu'ils président
l'Association agricole, fonctipn plus importante
qu'on ne croit, qu'ils dicteut leurs volontés a ('ar
rondissement et vous conviendrez, électeurs. que
s'ils ont organisé quelque chose, ils se sont ample-
ment dédommagés de leurs peines.
Que font-ils pour la prospérité de la ville?
Vous savez par quels sarcasraes, par quelles
calomnies certains organes ont accueilli les teuta-
tives du réveil de notre industrie. Ëst-ce paree
que ces tentatives étaient en partie catholiques?
Mais il n'y a pas qu'elles seuies qui rencoutrent
eet accueil.
Ceux qui s'occupent de négoce savent combien
sont ennuyeuses les formalités exigées par la
Banque Nationale pour la réalisation deseffets;
ils savent que depuis les sinistres financiers qui
out frappé notre ville, l'escompte est parfois très-
diffïcile, eh bien, l'idée de créer un comptoir
d escompte avaitété agitée, les négociations étaient
sur Ie point d'aboutir. Le croirait-on? De sourdes
menées, des intrigues cachées ont tentê de faire
échouer les combinaisons. Yoila comment a Ypre3
quelques-uns encouragent le commerce.
Que dire de la position faite a nos concitoyens?
En est-il un seul auquel l'arrogance de certains
hommes n'ait fait payer cher le plus mince service?
Dites, vous tous qui avez eu a traiter avec eux,
maitres matjons, charpentiers, entrepreneurs, bou-
tiquiers et commerpants, qui vous figurez qu'on
vous fait une faveur paree que vous êtes chargés
de quelques fournitures et qui craignez de la
perdre, comme si les besoins des administrations
variaient avec les administrateurs, dites, est-il
quelqu'un d'entre vous qui n'ait eu a se plaindre et
ne se soit senti quelque jour blessé dans sa di-
gnité?
Nous le répétons, car il est impossible de se le
dissimuler, la separation se fait chaque jour plus
profonde entre l'élément bourgeois et ceux qui
nous veulent dominer. Cette semaine encore, les
manoeuvres de la coterie ont infligé un échec a la
Dourgeoisie en faisant échouer son candidat devant
une majorité qui, n'ayant pas droit de vote, n'a
aucuri intérêt dans le résultat de nos élections.
L injure vous est faite, électeurs, a vous de
relever Ie gantA vous de savoir si vous resterez
les mattres, comme vous i'êtes réellement, ou si
vous endosserez la livrée des valets A vous de
décider lequel des deux, du mandant ou du man-
dataire signifie en bonne justice ses volontés
l'autre
II vous appartient de nous affranchir tous une
bonne fois de toutes ces volontés despotiques dont
l'outrecuidance et votre longanimité trop prolou-
gée ont fait toute la puissance.
Nous ne vous demandons pas de rien renverser,
mais empêchez du moins qu'on ne rive de nou-
veaux anneaux a la chaine.
Abaissez eet immense orgueil en Ie frappant
dans son candidat préféré et votre manifestation
aura pour résultat final de rendre les plus grands
services a notre ville et a l'arrondissement tout
entier.
Ce que noiis «lemandong.
On a dit a l'Association libérale la ville est
parfaitement administrée, que peuton dernander
de plus? L'assertion est hardie et le moindre exa
men eul amené a de toules autres conclusions.
Les actes posés ou les projets formulés par notre
administration locale peuvent se classer e i deux
L'OPINION