categories ceux que le public ne désirait pas ou
du moins désirait difFéremment et qui se sont
faits contre son gré; ceux qu'il réclame depuis
longtemps sans rien pouvoir obtenir.
Dans la première categorie se classent naturel-
lement tous les niveaux de rues constamment
haussés, baissés, changés, tous les alignements de
maisons faits, retaits, modifiés tout instant et
plus encore les fameuses rectifications ce terme
n'est-il pas impropre? de la porte de Lille avec
la belle perspective d'entrée, Ie pavé a triple
coude, les remises a arcades, les cintres murés et
le labyrinthe de piliers soutenant le pont, toutes
admirables choses ayant engouffré la bagatelle de
23,000 francs.
II faut encore classer dans cette catègorie la
voute qui doit fermer l'Yperlée derrière l'Abat-
toir et s'est écroulée avec taut d'impertinence la
veiile des élections, non par la faute des entrepre
neurs, mais par celle des administrateurs qui ont
dressé Ie cahier des charges. ConQoit-on, en effet,
que Ton ne donne a une voute de cette étendue
que l'épaisseur d'une brique
Nous pourrions parler aussi des dépenses inu-
liles faites pour entretenir des conduits d'eau usés
et qui absorbent une moyenne annuelle de 5 mille
francs.
Ma is nous avons béte d'écarter nos regards de
ce triste passé. D'ailleurs il est inutile que nous
insistions, les travaux et leurs résultats sont la,
chacun peut les voir et les apprécier.
Disons cependant encore un mot de la con
struction des trottoirs, bonne chose en elle-même,
mais injuste dans ses moyens d'exécution. Pour-
quoi, en effet, cette amelioration faite dans un
intérêt général, n'est-elle pas payée par la géné-
ralité? Pourquoi ces travaux exécutés dans les
rues habitées par les détaillants doivent-ils peser
principalement sur la petite bourgeoisie?
Et puis que de vexations pour tous.
A l'Abattoir on impose un règlement qui a
soulevé les réclamations unanimes des bouchers
et en outre on les atteint dans leur débit par les
faveurs accordées aux bouchers de la campagne.
On taxe le prix du pain a un taux dontse plaint
Ia boulangerie tout entière elle réclame vaine-
merit, on lui répond par des sarcasmes. Ce n'est
que peu de temps ovant les élections que l'admi-
nistration lui concède.comme une aumóne.une ma-
joration de 2 fr. pour main-d'ceuvre. Mais de deux
choses l'une: ou ie tarif primitif était suffisamment
rémunérateur et dans ce cas l'administration, en
faisant des concessions aux boulangers a lésé l'in-
térêt général, ou ce tarif n'était pas rémunérateur
et alors les boulangers ont été sacrifiés pendant
plusieurs années. Quelle que soit le terme de ce
dilemme que Ton adopte, on aboutit fatalement
une injustice.
Si maintenant nous passons en revue la catègo
rie des améliorations promises, qu'y trouvons-
nous
Pendant trois ans on s'occupe d'un tir a la cible
indispensable, et après bien des pourparlers et des
hésitations, le Conseil communal adopte tout coup
un plan afin de faire, disait-on, les travaux pen
dant l'été. L'été est passé et Ton n'a pas sett
lement commence. N'est-ce pas se moquer de la
garde civique?
Chacun sait dans quel pitoyable état se trouve
le système de nos eaux alimentaires. Pénurie et
corruption des eaux domestiques, nous cumulons
les deux inconvénients.
Un premier crédit de 15,000 francs a été voté,
peut-être même est-il en grande partie dépensé
la discrétion de l'administration le laisse ignorer.
Mais les premières études, sait-on quel résultat
elles ont abouti A faire constater l'insuffisance
des sources qu'on avait en vue.
A quel point en sont aujourd'hui les nouvelles
recherches? Les a-t-on seulement continuées?
Serons-nous condamnés boire éternellement des
eaux corrompues, a voir dépenser chaque année
pour l'entretien des tuyaux usés, entretien impos
sible, une somme de 5,000 fr. représentant les
intéréts d'un capital de 100,000 francs?
Le pavage de nos rues n'est pas moins indispen
sable et nous pourrions, rien que dans l'ordre ma
térie!, énumérer beaucoup de travaux encore qui
tous sont d'urgents besoins.
Dans l'ordre moral n'oublions pas Ia construc
tion d'une école de filles el son organisation.
Comment et c'est lè-dessus que nous appe
lons spécialement l'attention des contribuables
comment fera-t-on face h toutes ces dépenses ex-
traordinaires Sera-ce au moyen de centimes ad-
ditionnels ou par la voie d'un emprunt? Même ce
dernier moyen, qui semble ie moins onéreux,
exige la création d'un capital d'amortissement et
Ie service des intéréts. Dans une ville oü le com
merce et l'industrie prospèrent, et oü par la même
augmente la richesse publique, l'aggrayation des
charges est facile.
En est il de même ici Non.
Une grande partie de la bourgeoisie, éprouvée
par lessinistres financiers et par la crise commer-
ciale, répugne a tout nouveau sacrifice. D'autre
part, certains travaux réclament impérieusement
une solution. II est done de l'intérèt de tous les
électeurs, des moins fortunés surtout, de ne voter
que pour des hommes capables d'apprécier les be
soins de notre cité et de rechercher utilement les
moyens d'y faire face, pour des hommes qui pren-
nent leur mandat au sérieux et ne craignent pas
de s'en acquitter dignement au risque même de
déplaire quelques gros bonnets, et non pas pour
des indignes, des incapables que la naissance et
l'ambition poussent aux honneurs et qui deman-
dent a la complaisance et a la servilité Ia faveur
de s'y maintenir.
Et voilé comment, ainsi que nous l'écrivions il
y a huit jours, celui qui renonce sa part d'inter-
vention légitime dans les affaires publiques, sa-
crifie par le fait même une partie de ses intéréts
privés.
nouveaux candidats au Conseil communal.
L'Association s'est prononcée, ratifiant, a une ex
ception prés, le choix d'ordinaire provisoire défnilif
du Comité. Les candidats aux places vacantes sont
MM. Auguste Hynderick, Auguste Froidure et.... Gus-
tave de Stuers.
II appartient a la presse de peser le mérite de ceux
qui sollicitent l'honneur de représenter leurs conci-
toyens et d'examiner les titres qu'ils y peuvent avoir.
C'est chez nous un droit d'autant plus indéniable et
un devoir d'autant plus impérieux, qu'a 1'Association
on nediscutepas les candidatures. Chacun saitqu'elles
arrivent toutes bêclées au Comité et passent de la,
sans obstacle, jusqu'a l'urne électorale. C'est presti-
gieux, comme chez Boscoinfaillible comme a la Cour
de Rome. Sicvolo, sicjubeo, sit pro ratione voluntas.
Néanmoins, il faut parfois faire montre d'une cer-
taine toléranceet lêcherun pen la bride aux membres
du Comité et de 1'Association. Ainsi l'exigent les inté
réts de Ia politique pratique bien entendue. C'est un
argument en cas de besoin. Qui done soutient que
nous sommes absolus et exclusifs Vous voyez bien I
Nous pouvions imposer trois candidats nous n'en
prenons que deux N'est-ce pas de 1'extreme modera
tion C'est ainsi qu'on raisonne. Et puis, il faut
compter avec les impossibililés .- on n'a pas toujours
un oncle, ou un frère, ou un fils, ou un gendre, ou
un neveu, ou un cousin sous la main. II y a beaucoup
de places a remplir et, si grande que soit la familie,
on ne peut suffire a toutes. II se rencontre aussi d'a-
venture quelque citoyen jouissantd'un crédit person
nel assez grand pour, en un cas donné, compromettre
la boutique. C'est un hornme ènergique, celui-la, et
qui ne souffrira pas qu'on le supplanle une seconde
fois. II faut aller au devant de lui et composer, non
par amour ou sympathie, mais par crainte et préoc-
cupation personneile. On I'adjoindra au neveu ou bien
au gendre, et la prépotence familiale restera sauve
peut-être I
Pour parler plus clairement, disons qu'il se ren
contre nu pen de tout cela dans les candidatures dont
nous nous occupons. Nous voulons être juste toute-
fois et reconoaitre le mérite la oü il existe réelle-
ment.
M. Hynderick, pour parler de lui en premier lieu,
passe pour un franc liberal, sans que toutefois on
connaisse son sentiment sur la plupart des questions
a l'ordre du jour. C'est un homme intelligent et un
ferme caractère, ceci ne peut être méconnu. Mais
beaucoup se demandent, et non sans raison, pour
quoi il a voulu arriver sur le dos de Ia coterie? Se-
rait-ce paree qu'il a écrit un jour, dans un moment
d'humeur très-excusable, que sans elle, on n'arrivait
a rien Nous ne pouvons croire qu'il ait tenu a prou-
ver, par son propre exemple, qu'avecelle on arrive
tout. Cela ne serait pas digne de lui. Mais le fait est
la et, sans que nous cherchions a I'expliquer, il ne
peut que nous mettre en veil et, disons-le, en dé-
fiance contre sa candidature. Celle-ci nous apparait
comme entachée d'un vice originel que le baptême
électoral pourra diflicilement effacer. A ce titre seul,
nous nesaurions la recommander etl'acclamer encore
moins. Nous nous bornerons a la voir triompher sous
réserve, et sous bénéfice ultérieur de libre examen et
impartiale discussion des actes du conseiller.
M. Froidure est le deuxième candidal. On le dit in
telligent et c'est quelque chose, mais ce n'est pas as
sez. Encore un done qu'il faudra voir a l'oeuvre avant
de le juger. Nous suspendrons aussi loute apprecia
tion jusque la. Que ce candidat jeune, intelligent et
appartenant a la classe bourgeoise s'inspire des idéés
vraiment libérales, fasse preuve de fermeté et d'indé-
pendance, et plus que tout autre il pourra compter
sur nos sympathies et notre appui.
Reste M. Gustave de Stuers, trop connu celui-Ia, et
que nous nous garderons bien de mettre en parallèle
avec les précédents. Déja, dans notre dernier n°, nous
nous sommes expliqué a son égard. Nous n'ajouterions
rien ici si ce candidat n'avait tenu a mettre lui-même
en relief sa profonde et incurable incapacité. M de
Stuers, en effet, a pris la parole a l'Associationil a
voulu faire sa profession de foi, poser en orateur.
Hélas 1 que n'a-t-il gardé le silence et saisi celte ma-
gnifique occasion de se lairel Ex-attaché de legation
et éprouvant, par suite, toujours le besoin de s'attacher
a quelque chose, M. de Stuers a solennellement afïirmé
qu'il était trés-attaché a sa ville natale. Je veux en
politique, a-t-il continué, la compléte separation de
l'Eglise et de l'Etat, c'est-a dire (oyez ceci) le curé
mailre dans son église et le bourgmestre maitre a
l'Hótel de-Ville. Je veux enfin servir tous les intéréts
qui ont le plus besoin. n II s'est tu après ce magni-
fique discours, éprouvant peut-être aussi quelque be
soinde se taire Mais on l'avait entendu et on
avait compris qu'il ne comprenait pas même les
grands mots dont il s'était servi.
Nous aimons a croire qu'on l'a nommé candidat
pour la farce et, qu'au jour des élections, aucun élec
teur sérieux et indépendant n'admetlra le nom de ce
personnage auquel certes la place de conseiller peut
convenir, mais qui ne convient nullement a la place.
On a batlu la grosse caisse, nous l'avons entendu, et
on la battra encore.
Le n° du Progrès de mercredi est lout rempli des
éloges de M. de Stuers. Ge n'est pas un fruit sec
comme les rédacteurs de I 'Opinion. C'est au contraire
un esprit universel, presque un génie. Pour un
fruit sec, et non pardieul Jamais nous ne l'avons pré-
tendu, comme nous n'avons rien dit non plus qui put
être consideré par M. de Stuers comme injure ou dif-
famationet put blesser en lui autre chose que sa va-
nité. M. de Stuers n'est pas un fruit sec, qui ne le
sait? C'est un fruit mür, tombé de l'arbre diploma
tique par excès de maturité. Soitl mais pour cela on
n'est ni un homme universel, ni un homme de génie.
Que cela paraisse ainsi aux yeux prévenus d'un beau-
père, c'est possible. On connait l'histoire du hibou
el de ses petits. Mais le public, mais la foule, mais le
corps electoral, n'ont pas de ces aveugles tendresses
ils nomment un chat un chat et M Gustave une inca
pacité. Et qu'irail-il faire, s. v. pi., au Conseil com
munal, sinon le pendant de M. Beaucourt, cette autre
incapacité notoire? C'est bien assez qu'il y enait un
de ce calibre. C'est trop même, et, pour finir avec l'un
et l'autre de ces importants qui se valent sous tous
les rapports, nousdirons qu'aucun électeur vraiment
liberal n'inscrira leurs noms sur son bulletin de vote.
Le parasitisme a fait son temps. Ce qu'on désire au
jourd'hui au pouvoir, ce sont des cerveaux intelligents,
des esprits libres, des natures fermes et des carac-
tères indépendants.
le pavé de l'onrg.
Ahl oui, M. Gustave de Stuers est un homme cé-
lèbre. Bien méchant serait celui qui en douterait
après l'apolhéose du Progrès.
II possède trois titres prècieux a I'admiration pu
blique
lies