vu réeemment dans Ie canton de Messines. Certains
libéraux d'Ypres donnant Ia main a un candidat cleri
cal et a une fraction de son parti, pour assurer l'élec-
tion de M. Carpentier. Voila un modèle de coalition
parfaite. On pourrait en trouver d'autres mais ce-
lui-la suflit.
Maintenant, oü a-t-on vu dans nos dernières élec-
tions les signes distinctifs d'une coalition entre ceux
qu'on est convenu de notnmer les homines de 1'Opi
nion et Ie parti elèrical
Quelle réunion y a-t-il eu? quelle entente? quel
concert
Et tout d'abord, le journal n'a appuyé, ni même
présenté aucune liste. C'est tout au plus s'il a désigüé,
l'attention des membres de 1'Association, leS noms
de quelques hommes dont le libéralisme ne saurait
être suspect aux yeux de personne. Pour le surplus,
il n'a combatlu ni les membres sortants, un seul
excepté, ni deux des trois candidats nouveaux.
En dehors de la polémique, que s'est-il passé?
II y a eu si peu d'entente, que l'organe du parti
catholiqde, en émettant a son tour une liste de candi
dats, n'y a inscrit aucun des noms recommandés par
I 'Opinion. Bien plus I ce même organe a déclaré
depuis que, pour son Compte, i! ne pourrait ja
mais accepter ces noms, trop compromis a ses yeux.
II a ajouté qu'il regrettait que son appel a l'union n'eCit
pas été entendu. Voila les faits, voila la vérité!
On demandera peut-être d'oü viennent les voix
données a MM. Bossaert et Vandevyver? Nous allons
le dire de suite. M. le bourgraestre a eu 478 votes
dont il se glorifie et dont Messieurs du Progrès le
félicitent. M. de Stuers n'en a eu que 336 difference
142. Or, ce sont précisement ces voix-la qui ont été
reportées sur M. Bossaert. On voit par la même d'oü
vienhent celles obtenues par M. Vandevyver. N'ou-
blions pas d'ajouter que ces messieurs n'ont sollicité
au'Cün vote, ce qui ne rend que plus significatif ceux
qu'ils ont recueillis.
Nombre de suffrages se sont répartis sur d'autres
têtes, et cela prouve surabondamment qu'il n'y a eu
auctinè entente entre les hommes de I 'Opinion b et
les cléricaux. Quand il y a union il y a unité; les hom
mes du Progrès le savent bien et ne le pratiquent que
trop.
Au surplus, bien en a prisa ces derniers qu'il n'y
ait pas eu entente; que les radicaux, comme ils af
ferent de dire, n'aient pas a leur tour serré aux ré-
trogrades cettevieille main ratatinée qu'ils connaissent
si bien eux-mêmes, qu'ils ont serrée, eux, tant de fois
dans la leur, plus ratatinée encore 1 a Ypres, a Mes
sines, ailleurs, un peu partöut. Que si cela se fut fait,
l'Association libérale éprouvait un échec infaillible.
M. Beaucourt restait sur Ie carreau et probablement
un second avec lui.
Ah I ah Messieurs, triomphez a loisir, mais ne vous
grisez pas trop 1 II y a a Ypres plus de libéraux indé-
pendants que vous ne le croyezleur nombre s'accrolt
petit petit; leurs doctrines font école chaque jour;
et il n'est pêut-être pas éloigné le moment oü vous
serez aussi empressés de compter avec eux que vous
l'êtes aujourd'hui a les couvrir de votre orgueilleux
dédain.
Lorsque nous nous sommes plaint du retard qu'on
mettaita convoquer l'Association liberale, le Progrès
nous a répondu par l'exemple des autres localités. II
écrivait notamment ceci a Nous maintenons qu'au
moment oü paraissait notre article du mercredi 17
les candidats définitifis d'aucune localité n'étaient en
core connus. Or, les journaux de Bruges du 17 con-
tiennent le compte-rendu de l'Association tenue Ie 16
et dans laquelle ont été arrêtées les candidatures de
finitives. Le Progrès a dü le savoir comme nous, cela
ne l'empêche pas d'afïirmer le contraire. Son impu
dence, du reste, ne noussurprend pas, mais nous le
pensions plus adroit.
Reorganisation du système militaire de la
Belgique,
Par un officier supérieur.
La question de la defense nationale, vingt fois ré-
solue et toujours remise en discussion, va se trouver
de nouveau posée devant le pays.
Dans une brochure qu'il vient de publier sous le
titre de Reorganisation du système militaire, de la
Belgiquepar un officier supérieurM. le lieutenant-
colonel d'etat-major Brialmont, chef de cabinet au
ministère de la guerre et I'un des officiers les plus
distingués de notre armée, s'est chargé d'expos'êr la
situation militaire actuelle du pays et de jnstifier, au
point de vue des exigences de la defense nationale, la
nécessité de nouveaux crédits destinés a assurer la
sécurité du pays.
Tout en réservant noire opinion personnelle sur les
questions souievées par M. Brialmont, nous croyons
éire agréables a nos lecteurs en résumant ici eet im
portant travail, qui s'annonce comme devant être le
point de dépnrt d'une vive et ardente polémique.
Le premier chapitre est consacré a Pexamen de la
situation politique de ['Europe. Cette situation, aux
yeux de l'auteur, est troublée a ce point qu'aucun
Etat ne se oroit plu# eft süreté et qu'un sentiment
génèral de Crainte ou d'inquiétüde se manifeste
partout. b Tont Ie monde est convaincu que la
paix de Prague'n'est qu'uoe trève el que sa durée est
ruarquée par le temps qu'il faudra aux victimes pour
se concerler et sé preparer a la güerré". La' supériorité
militaire de la Prusse a trompé toutes les prévisions
de Napoléon III. Les lauriers de Gitchin etdeSadowa
ont terni l'éclat des lauriers de Magenta et de Solfe-
rino. L'amour-propre de Napoléon III et la susceptibi-
lite de l'armée francaise en ont été froissés au plus
haut degré. Encore Si la France avait pu obtenir de
la PrusSe quelques avantages propres a flatter sa va-
nité nationalel Mais on sait le résultat des ouvertures
faites dans ce sens par M. Drouyn de Lhuys auprès du
cabinet de Berlin.
G'est en vain que la presse officieuSe et la circu
laire de M. de Lavalétte ont essa de calmer la sus-
ceptibilité de la nation francaise, en lui persuadant
que Pagrandissement de la Prusse, loin d'affaiblir la
France, lui donnerait au contraire une influence plus
efficace sur l'Europe centrale le bon sens des masses
ne s'est pas laissé prendre aces beaux raisonnements:
il a parfailement compris que Pagrandissement de la
Prusse était un événement facheux, sinon une menace
pour la France.
Dans son for intérieur, le gouvernement francais
partage le même avis. Si l'empereur fait en ce mo-
n ment bonne mine a mauvais jeu, et s'il a Pair d'ac-
cepter les faits accomplis, c'est d'abord paree qu'il
n'est pas préparé pour soutenir une Jutte décisive
contre l'armée prussienne et ensuite paree qu'il
b sait que la nation francaise finira par s'irriter de sa
b longanimité, ce qui lui permettra de faire la guerre
b avec son appui moral et sous sa responsabilité. b
En supposant que le gouvernement francais déploie
la plus grande activité et qu'il ne recule devant au
cun sacrifice, ii lui faudra un an et demi a deux ans
pour être prêt a entrer en campagne Les Etals
qui ne sauront pas mettre a profit cette trève pour
se préparer a la grande lutte de 1868 commellront
b une de ces fautes qui dèshonorent les gouverne-
ments et compromettent ['existence des nationa-
b lités b
La Belgique, qui touche par ses frontières aux
b futurs belligéranls, est plus qu'aucun autre pays
b obligée de prendre pour sa défense des mesures
b promptes et efficaces. Au fond, Napoléon III et
M. de Bismark ont les mêmes idéés sur le róle des
petits Etals. Que la Belgique ait toujours devant les
yeux ce passage de la circulaire de M. de Lavalette
Une puissance irrésistible pousse les peuples a se
b rèunir en grandes agglomérations en faisant dispa
rt raltre les Etats secondaires. b
Et c'est dans le moment même oü de semblables
principes sont proclamés qu'une partie de la presse
beige, frappée d'aveuglement, s'efforce de prouver
qu'il n'y a rien a redoüter jpour notre indépendance I
Cette presse assoupit le sentiment national et nous
fait plus de mal en ce moment que n'en font tous les
journaux annexionistes de France.
De quelque cótè que nous tournions nos regards,
lout est danger autour de nous. Le temps n'est plus
oü l'on pouvait prétendre que la Belgique trouvait
dans le respect des traités, dans la vitalité de ses insti
tutions et la rivalité des grandes puissances intéres-
sées a son autonomie, des garanties suffisantes d'indé-
pendance Le morcellement du Danemark et la con
fiscation des petits Etats de l'Allemagne nous ont
appris ce que valent des garanties de ce genre quand
elles ne sont pas appuyées d'une force suffisante pour
en imposer le respect.
Meltons-nous done en étal de nous défendre, si
nous voulons que l'on nous respecte. On y regarde a
deux fois avant de jeter dans la balance de son adver-
saire Ie poids que représente une armée de 100 mille
hommes et un pivot stratégique de l'importance d'An-
vers. Plus la Belgique sera forte et moins eile
b aura de chances d'être entrainée dans la lutte. b
L'auteur s'applique, dans le chapitre suivant, a
faire ressortir les avantages du système défensif
adopté par la Belgique, système qui consiste, comme
on sait, dans l'applicafion du principe de la concen
tration des forces par la création a Anvers d'une
grande position militaire destinée a servir de base
d'opération et de place de refuge notre armée ac
tive. L'expérience des dernières guerres est venue
cönfirrner de la manière la plus éclatante les prévi
sions de ceux qui avaient fait. adopter ce système. La
résistance du Duppel a montré qu'une position défen-
sive, même médiocre, peut sauver l'honneur d'une
pétife naition, aceabfée p#r deux puissances militaires
de prémier ordre. Si le Hanovre, si la Hesse, la Saxe
et PAutriche avaient faitles sacrifices nécessaires pour
créer sur leurs territoires respectifs des points stra-
tégiques de l'importance d'Anvers, on peut afïïrmer
que la Prusse aurait rencontré une résistance beau-
coup plus sérieuse et l'Autriche se serait épargné
['humiliation de faire la paix après Sadowa, ayant
encore 850 mille hommes sous les drapeaux.
L'organisation de l'armée fait I'objet du troisième
chapitre.
La France el d'autres pays songent en ce moment a
modifier l'organisation de leurs artnées de manièr e
se rapprocher du type prussien. L'auteur pense qu'on
finira par renoncer a ce projet, tout au moins en ce
qui concerne le üiódé de recruiement. Jamais la
France ne consentira a se soumettre aux exigences,
aux corvées et aux charges de toute espèce qui ré-
sulteraient de l'adoption du système prussien et, en
ce qui concerne la Belgique, outre qu'elle aurait pour
résultat d'augmenter considérablement le budget de
ia guerre, il ést certain que ['introduction de ce sys
tème dans notre pays mècontenterait la bourgeoisie et
les hautes classes de la société.
Le système du recruiement volontaire appliqué en
Angleterre, le système de milice qui fonctionne en
Suisse sont égaleraent inapplicables a la Belgique Le
système anglais nous donnerait une armée de 40 mille
hommes au plus, sans discipline et sans moralité.
Quant au système suisse, il peut être suffisant pour
défendre un pays de montagnes, mais il seraiteertai-
nement inefficace dans un pays de plaines.
L'auteur, dans la suite de ce chapitre, expose ses
vues personnelles sur les modifications a introduire
dans notre organisation militaire et les résumé de la
manière suivante a la fin de son travail
<«1° Modifier la loi sur la milice en adoptanl le
b principe de l'exonéralion et en assurant un sort
b convenable aux soldats qui se réengageront.
b 2° Créör une Sme division d'infanterie rempla-
b eer les bataillons de réserve par des bataillons ac-
b tifs augmenter les cadres de l'infanterio et i'effec-
b tif du pied de paix de cette arme.
b 3° Porter le nombre des régiinents de cavalerie
b de 7 a 8, en diminuant de 5 le nombre des esca-
drons.
b 4° Augmenter l'artillerie de siége de 24 batteries.
5° Créer deux ou trois compagnies spéciales du
8 génie.
b 6° Augmenter le personnel de 1'intendance pour
b assurer le service des subsistances de l'armée.
b 7° Réduire le nombre des villes de garnison a 4
b ou 5 et réunir fréquemment les troupes au camp de
8 Beverloo.
b 8° Rétablir les cours et les conferences que l'on
a donnait autrefois aux officiers et aux sous-officiers,
8 el veiller avec le plus grand soin au développe-
b ment de l'instruction dans l'armée.
b 9° Améliorer le sort des sous officiers, de telle
8 sorte que ce grade devienne une carrière pour le
b plus grand nombre et un échelon seulement pour
b quelques-uns.
o 10° Réformer le Code pénal de l'armée et adop-
b ter pour les condamnés militaires un mode de ré-
b pression spécial.
8 11° Maintenir dans l'armée une discipline sévère,
b mais paternelle et point tracassière; veiller a ce
b que les chefs n'abusent pas de leur autorité, et te-
b nir compte, plus qu'on ne le fait, de la vigueur mo-
b rale et de l'énergie physique, sans lesquelles l'offi-
b cier le plus instruit n'a pas de valeur en campagne
b et peut même devenir un embarras ou un danger.
b 12° Reudre le commandement des divisions d'in-
b fanterie accessible aux généraux de brigade de
8 toutes les armes et fournir a^cesjderniers l'occa-
sion de se préparer a ce commandement et de ré-
b véler leur aptitude, en les faisant concourir aux
b manoeuvres annuelles du camp de Beverloo.