croisement des deux trains eut pu se faire dans l'une des stations intermédiaires entre cette ville el Oour- trai. Enfin, on nous raconte que Ie 21 presque tous les trains ont subi des retards sur la ligne de la Flandre. Mais ce dernier fait nous ne le garantissons pas, n'ayant pas été même de le contróler. Mainlenant que notre ligne ferrée fera partie d'une grande exploitation, espérons que tous ces désagré- ments disparaitront. La cause en est souvent au dé- faut d'organisation auquel il serait facile de remédier. Par exemple, s'il y avait eu a Ypres un matérie! rou- lant de rechange, rien n'eut été plus facile que d'or- ganiser, a la nouvelle du déraillement du 15, un train de transbordementles voyageurs n'auraient pas manqué la correspondance et personne ne se fut trouvé lésé dans ses intéréts. Deux déraillement^, et un prêtre en fuite. On écrit de Lokeren au Journal de Gand Dimanche dernier, un train de marchandises, sans tuer ni blesser personne, est venu très-incommodè- ment se loger au beau milieu de la salie d'attentedu chemin de fer du Pays-de-.Waes. Ce n'est pas le seul déraillement dont notre station vient d'être Ie théS- tre. Mardi, a la nuit tombante, un attentat des plus révoltants y a été perpétré un prêtre a été surpris dans un cabinet d'aisancede la même station, avec un jeune gamin qu'il avait entrainé, dans une position lellement honteuse que nous ne saurions l'expliquer ici. Le misérable a trouvé le moyen de s'écbapper le jeune garcon a fait des aveux confirmés, du reste, par les tèmoins de cette action dégoutante. Quelques minutes avant l'óvénement, le prêtre s'élait informé auprès du chef de la station de Nous devons une mention spéciale aux exercices de l'école régimentaire. En effel, on ne saurait assez louer l'aplomb et ('intelligence de ces jeunes élèves, l'excellente méthode enseignée par les instructeurs. Une surprise aux dames, une tombola composée d'un grand nombre d'objets a terminé la soirée. Deux charmants enfants ont fait la distribution des lots gagnants. MM, les officiers du 10" de ligne avaient eu la ga lanterie d'inviter a leur fête toutes les socieles de la ville. Pratiquant les traditions des meilleurs centres, ils n'avaient pas oublié la presse. Nous les en remer- cions d'autant plus vivement que Ie journalisms est peu habitué a ces égards en notre ville, oü Pon sem- ble avoir pour parti pris de l'exclure systématique- ment des fêtes officielles mêmes. Chrontqae des Conférences, (Suite.) Je n'entrerai point dans tous les détails, si artiste- ment ciselés, de l'entretien de M. Deschanel. Je passé le mariage de MH° Marie de Rabutin Chan- lal avec le marquis de Sévigné, les fantaisies araou- reuses de celui-ci qui aimail un peu partout, exceptó chez lui et j'en arrivé immediatement a Mmo de Grignan, la belle Madeion, la fille si lendre- ment chérie de Mme De Sévigné. D'elle, on ne peut point dire tanl de bien qu'on dit de sa mère. C'était une Pecquedit le due de St-Sirnon, ce qui vent dire a peu prés une bégueule. On ne peut cependant pas lui refuser des qualités de style fort remarquables mais elle n'avait pas, comme sa mère, ce feu sacré, enlretenu par une admirable affection, qui donnait a Mm° De Sévigné une si grande puissance de plume. II y a maintes pages oü la charmante marquise re- proche a la belle indifferente de ne pas lui rendre tout ce qu'elle regoitMmo De Grignan a beau s'en défendre, la pos té rité donne raison a son excellente mère. On possède a eet égard une terrible preuve Mme De Sévigné mourut, dans le chêteau de Grignan, de la petite vérole sa fille était au chêteau, et Ia peur de la contagion l'empêcha de recueillir le dernier soupir de sa mère'l Cette correspondance entre la mère et la fille dura vingt-cinq années comme le dit M. Deschanel, Mm° de Sévigné invente, a l'usage de sa fille, les Courriers de Paris; elle buline a droite et :a gauche, partout; elle conté et les grandes affaires de Ver sailles, et les propos de Ia cour et de la ville, et los campagnes du roielle va même jusqu'a parler du siége d'Ypres, en 1678; son esprit court, vole, sa verve est inépuisable, son humeur toujours gaie, sa bonté tcujours exquise. On a parlé de son coeuril y en a qui ont douté que son coeur fut a la hauteur de son esprit; mais son esprit a du coeur, si l'on peut direses lettres témoignent d'une bonté toujours renaissante, non- seulement pour sa fille, mais pour tout le monde. M. Deschanel l'a parfaitement justifiée do ce re- proche. Ne trouverait-on point, du reste, une preuve nou velle de la grandeur de son coeur, dans le sentiment profond qu'elle avait des beautés de la nature, senti ment si rare au dix-septièrae siècle, qu'on ne ren contre que chez La Fontaine et peut-être bien un peu aussi chez Labruyère, qui a écrit une si belle page sur les paysans d'alors, ces animaux farouches re- paudus par la campagne. La nature, en ce temps, on la dédaigne au profit de Versaillesla littérature est éblouie et les courti- sans sont a plat ventre. Je ne peux parler de ceux-ci sans songer a ce que dit M. Michelet, qui raconte qu'un marquis ou un due de la Feuillade se fit construire un tombeau, a la place des Victoires, dans la statue de Louis XIVce lui-la voulait ramper encore après sa mort! Telle était la dignitéde ces gens M™" de Sévigné cede bien un peu parfois a eet entrainement gé'néral, mais son esprit frondeur ne sait pas porter Ie joug; c'est bon au jour oü elle dit a Bussez que Ie roi est un grand prince, paree qu'il a dansé avec elle, mais, a d'autres moments, elle trouve des mots vengeurs o La royauté est établie au-dela de ce que vous pouvez imagineron ne se léve plus, on ne regarde plus personne. Louis XJV ne daigne même plus saluer 1 Et, après la mort de Turenne, comme elle flagelle rudement l'ingratitude de la cour a A quel point la perte du héros a été prompte- menl oubliée dans cette maison, §'a été une chose scandaleuse. On parle toujours de sa grace, de son esprit, ce n'est point a dire qu'elle ne rencontre pas aussi la grande éloquence. Et combien naturellement 1 On se souvient de ce passage sur la mort de Louvois Le voila done mort, ce grand ministre, cet homme si considerable, qui tenait une si grande place; dont le moi, cornme dit M. Nicole, était si étendu; qui était le centre de tanl de choses que d'affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d'intérèts a démêier, que de guerres commencées, que d'intrigues, que de beaux coups d'échec a faire el a conduire 1 Ah I mon Dieu, donnez- moi un peu de temps, je voudrais bien donner un échec au due de Savoie, un mat au prince d'Orange; non, nou, vous n'aurez pas un seul, un seul mo ment. Ce Non, non retentit plus haul pour moi que le fa- meux Quos ego de Virgile. On raconte que Macaulay, le grand historiën an- giais, faisait de Mme de Sévigné sa lecture habituelle; on signale ce fait, mais personne ne s'enjéionnera il se reposait dans le charme souverain de cet esprit. M. de Lamartine parle du perpétue! frisson de ser,- sibilité de l'ème de la Marquise; ce frisson, elle le communique a ses iecteurs; elle va de la gaieté a la mélancolie, du plaisant au sevère, sans rien heurter; elle laisse glisser son imagination sur sa pente natu relle et elle vous entralne sans que vous puissiez ré- sister. Jusqu'ici nous ne possédions point Ie texte véri- table de Mm® de Sévigné on va nous le rendre, on nous le rend M. Adolphe Regnier, de I'lnslilut, pu- blie, dans la Collection des grands Ecrivains de la France, une édilion authentique de ce texte cette edition n'est pas encore terminée, elle ne tardera pas l'être. Je saute toute l'histoire de la publication de cette Correspondanceles mutilations, les corrections mêmes, faites par Mma de Simiane, le chevalier de Perrin, M. Monmerqué, et le reste; la raison de tous ces arrangements, on le devine la bienséance sociale I car Mm° de Sévigné a parfois une liberté d'allures, qui effarouchait les collets montés et les prudes on avait done fait une édition revue et cor- rigée, augmentée et approuvée. On nous restitue la charmante marquise dans tout l'éclat de son incomparable esprit. Si aujourd'hui on rencontre en elle une verve, comment dirai-je, Rabelaisienne? non.ee serait tropdire,une verve... un peu gaillarde, qui pourra le regretter? Bien au contraire, on sera heureux avec M. Sainte-Beuve, de trouver, avec une personne aussi pure, aussi morale et d'une vie au-dessus de tout soupcon, la franchise du ton, la rondeur des termes, le contraire de tout raffinement et de loute hypocrisie, et, avec tant de délicatesse et de fleur, l'éclat du rire, la fral- cheurdu teint, la santé florissante de l'esprit. Mais il faut se bomer j'arrête cette causerie, non sans saluer M. Deschanel, qui nous a si délicatement et si spirituellement parlè de Mme de Sévigné, de l'es- poir de l'entendre de nouveau a son prochain voyage en Belgique Si la séduisante LMarquise est une déesse de l'art, M. Deschanel, avec son talent si souple et si disiingué, est bien certainement un de ses prophètes. FAIT» DIVEUS. Le 15 de ce mois, un Te Deum, auquel assistaient les autorités civiles et militaires, a été chanté en l'é- glise S. Martin. A midi, la garnison a été passée en revue. Le dimanche suivant, la revue de la garde-civique a été empêchèe par le mauvais temps. Le soir, un banquet a réuni les membres de la So- ciété de Tir. Plusieurs se plaignent de n'avoir pas eu l'occasion de souscrire a cette fête patriotique. Le nommè Frédéric Boudrynghem, êgé de 74 ans, est tombé mort le 15 de ce mns, au Darché-aux- Poissons. Un banquet a reuui les officiers supérieurs et les capitaines du 10° de ligue a VHótel de la Téte d'or, a l'occasion de la fête.du Roi. Le phénomène metéorologique des ótoiles filantas, l'heure précise du depart pour Saint-Nicolas. Comme tout fait prévoir que le coupable n'exercera plus ses pouvoirs spirituels en Belgique, Mgr l'évêque de Gand aura a le porter sur la liste des membres du clergé admis a ia pension que paie l'Etat. G'est, en effet, ainsi qu'il a été fait a l'egard de ce doyen de nos environs, ancien vicaire de Gand, condamné correc- lionnellement a Termonde, il y a deux ans, pour at tentats a Ia pudeur qu'il avait commis en s'aidant de sa qualité de confesseur. L'on a appris de bonne source qu'il avait presque en même temps passé en Hollande et sur ]a liste des pensionnés de l'Etat, C'est l'Epis- copat, dit-on, qui certifie les listes des membres du clergé incapables de remplir leurs fonclions, et c'est l'Etat qui paie, aveuglément, vu la confiance extréme qu'on ne manque jamais de placer dans l'autorité ec- clesiastique. Ce serait un curieux sujet d'étude, pour la presse catholique, que l'expiication de cette coincidence déja signalée, a .saveir que J.e Pays-de-Waes compteen même temps le plus d'électeurs catholiques, Ie plus de prêtres el, proportionnellement au reste du pays, le plus de condamnés en matière correclionnelle, comme aussi le plus de membres du clergé poursui- vis pour attentats anx moeurs. Fête militaire. A l'occasion de 4a fête "patronale du Roi, le corps d'officiers dn 10" régiment de 'ligne a organisé un concert entremêlé d'exercices .militaires. La musique a interprêté les divers morceaux du programme avec Le talent qui lui est habituel il faut mentionner comme ayant fait particulièrement plai- sir a l'auditoire la belle Fantaisie sur Guillaume-Tell, composée par M. Walhain. Des exerciees d'escrime et d'adresse sont venus donner a cette soirée un cachet tout particulier. La' mise.en scène était parfaite et la disposition des divers groupes fort satisfaisante a l'oeil. Dans les assauts d'épée, de sabre, de rapière et de contre-pointe, daos les parties de boxe, de béton ou de canne royale, messieurs les sous-officiers ont prouvé la sfireté de leur coup-d'oell, leuragilité, leur souplesse La grèce de la pose et des mouvementsdans le ma- niement de Fépèe a frappé tout le monde. Enfin, pour prouver que toutes les armes lui sont familières, le 10° de ligne nous a fait assister a un as- saut de poignard et a une lutte a la baïonnette. Ajou- tons seülement qu'il est regrettable que l'exiguité de notre scène n'ait pas permis de donner a ce dernier assaut tout le développement que ses mouvements comported.

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3