Le manage civil, dit Particle 16 de notre Consti tution, devra toujours précéder la bénédiction nup tiale, saufles exceptions a établir par la loi, s'il y a lieu. Pour se tirer d'affaire, comment leS cléricaux s'y prendront-ils, nous n'en savons rien mais Escobar n'est pas mort et sans doute nous verrons encore un tour sa facon. I,a moralisation des masses et Pabus des boissons De l'aveu de tout le monde, la principale cause de la misère el de la depravation des classes ouvrières réside dans I'abus, toujours grandissant, des boissons alcooliques, et surtout des boissons alcooliques distil- lées. Et pourtant, il s'en faut que tout le monde songe aux moyens de combattre ce pernicieux abus. Beau- coup même doutent de la possibilité de la chose, et estiment qu'a eet égard il n'y a rien a faire; que ce mal est de ceux qu'il faut patiemment subir, ne pou- vant le conjurer. Quelques-uns ne partagent pas cet avis. Ceux-la, au contraire, estiment qu'a ce mal,comme a tout au tre, il y a un remède. Que I'ivrognerie, comme tous les vices qui portent atteinle a t'ordre social, peutêtre efficacement combattue et réprimée. Mais entr'eux il y a des divergences d'opinion sur les moyens a mettre en oeuvre. Pour les uns, e'est a ^instruction qu'il faut demander I'extirpation graduelle du vice. Pour les autres, e'est de la réglementation du débit des boissons mêmes qu'il faut i'attendre. II en est méme qui vont plus loin, et qui voudraient faire ranger la fabrication et le dèbit des boissons alcooliques dans la catégorie des industries dangereuses, soumis, comme telles, a des mesures de poiice et de surveillance. Nous croyons, quant a nous, que ce ne serait pas trop de toutes ces mesures a la fois, sauf cependant certains temperaments en ce qui concerne Ie troisième ordre de moyens. L'instruction du peupleest une chose éminemment moralisatrice, mais nous ne pouvons croire a son ef- ficacité absolue. Apprenez done a lire a ces enfants que l'exemple de parents adonnés a I'ivrognerie en- trainera dès l'adolescence aux orgies des cabarets borgnes I Failes plus Organisez des caisses d'épargne pour ces misérables qui n'ont jamais assez d'argent pour boire! Faites plus encore. BStissez des cités ou vrières pour ces fourvoyés qui ne se sentent chezeux que dans les taudis oü ils peuvenl s'enivrer! A quoi bon? nous le demandons. Agrandissez plutól vos pri sons, vos maisons de santé, vos höpitaux et vos ci- metières. Gar c'est la qu'il les faut attendre; c'est la qu'ils viendront et, après eux, leurs femmes et leurs enfants. De désolantes statistiques accusent, en effet, I'enorme contingent que fournit au crime, a la mala- die, a la folie et a la mort l'usage immodéré de spiri- tueux.Non, c'est notre profonde conviction,on n'aura rien fait pour l'émancipation et l'amélioration des classes ouvrières aussi longtemps qu'on n'aura pas, sapant Ie mal dans sa base, arraché l'ouvrier a cette funeste habitude de boissons qui corrodent a la fois sonestomacet son cerveau, ruinent sa santé et son intelligence e-t le mènent droit a toutes les abjections de la misère. Ce qu'il faut de plus, c'est la réglementation de la fabrication et du debit des boissons diles forteso la réglementation des cabarets, et enfin, des mesures répressives de I'ivrognerie considérée comme contra vention ou délit. Un homme compétent, qui a fait sur I'ivrognerie, au point de vue du pauperisme et de la cricainalité, un travail slatistique dont les conclusions sont terri- fiantes, M. Louis Geelhand, de Bruxelles,a émis l'avis, l'an dernier, au Congrès de Berne, que la falsification des genièvres et des eaux-de-vie engendrait au moins le quart, si pas la moitié, des cas de folie furieuse. Ainsi, ce n'est pas assez qu'on fabrique des boissons déja dangereuses a leur état pur; on débite encore sous leur nom, au pauvre ouvrier, des liqueurs plus délétères, des sophistications infames, comme dit M. Geelhand, dont l'effel est de précipiter l'ivresse et de mettre le feu a tout l'organisme. Empoisonner les gens n'est pas assez on les vole en sus. Belle ci vilisation que celle qui tolère des abominations pa- reilles I O Nous insérons avec le plus grand plaisir cet excellent article sur une question intéressante, quoique nous ne par- tagions pas absolument toutes les idéés de l'auteur. Ce que nous voudrions toutd'abord, avec M. Geel hand et d'autres, c'est une surveillance active de la fabrication et du débit des spiritueux. Mais peut-on l'espérer dans un milieu social oü l'on tolère la falsi fication de tout ce qui est objet de commerce, des choses même les plus nécessaires a la vie, du pain, par exemple, et, oü la loi n'existe que pour être vio- lée et démontrer l'impuissauce du législateur contre les privileges de I'abus? II le faut cependantDéses- pérer, c'est abdiquer. A cóté de cette surveillance, sévère et incessante, nous voudrions voir établir sur les boissons fortes un impót tellement élevé que leur usage devienne une consommation de luxe, peu accessible aux bourses des ouvriers. Par contre, on pourrait dégrèver la bière, cette vraie boisson du peuple, bienfaisante au- tant que les autres sont nuisibies, lorsque, bien en- tendu, elle est fabriquée loyalement et qu'on la boit sans excès. La fabrication devrait, ici encore, être soumise a une rigoureuse surveillance, non plus seu- lement dans un interêt purement fiscal, mais dans un intérêt plus élevé, dans l'intérêt de la santé publique. Plus de gentiane au lieu de houblon I plus de sophis tication d'aucune naturel La vraie et honnête bière, telle qu'on la fabriquait anciennement; telle que quel- ques industriels consciencieux la fabriquent encore de nos jours. Mais ce n'est pas assez de l'honnêteté du fabricant. La loyauté de la fabrication assurée, il reste assurer celle du débit qui doit cousister, non-seulement dans l'absence de toute falsification en cave, mais encore dans l'abstention de délivrance de boissons aux indi- vidus déja visiblement ivres. Dans ce but, on pren- drait les mesures que voici 1° Ou soumettrait l'ouverturede tout débit de bois sons a l'obligalion de demander uneautorisation préa- lable 2° On punirait d'araende, et même de prison, les débitants complices d'ivresse dans le sens sus-indi- qué; 3° On leur retirerait leur autorisation en cas de ré- cidive. Enfin, comme complément de système, on érige- rait l'ivresse en contravention ou délit, passible de peines correctionnelles ou de simple police. Tout ceci n'est pas neuf, nous avons héte de I'ajou- ter. La question a été successivement agitée en 1862, au Congrès de Bruxelles en 1864, au Congrès d'Am- sterdam, et en 1865, a celui de Berne. Toutes les mesures qui viennent d'être indiquées ont été préco- uisées par divers membres de VAssociation pour le progrès des sciences sodales, et nommèment par M. Th. Belval, de Saint-Josse-ten-Noode, dans un mémoire adressé au Congrès de Berne. Mais ce qui n'est pas neuf, non plus, ce sont les objections qu'on élève sans cesse contre tout système de réglementation. Pour ceux qui sont d'avis qu'il n'y a rien a faire, partisans outrés de la liberté quand même et du lais- ser-agir en toutes choses, la réglementation n'est pas loin de paraitre une monstruosité. A ceux qui Ia pré- conisent, ils répondent en haussant les epaules avec des airs de pitiè. Réglementer la fabrication et le dè bit des alcooliquesRéglementer les cabarets! Répri- mer I'ivrognerie! Allons done! Etpourquoi pas régle menter la manière de se nourrir? Mais ce serait tou cher a l'Arche-Sainte l Et la liberté individuelle Et la liberte commerciale Est-ce que le citoyen ne doit pas être fibre de vendre ce qu'il veut et de s'énivrer quand cela lui fait plaisir? D'oü vient-on avec ces prohibitions et ces restrictions? De la Chine peut être 1 De la Chine, non, assurément. Ceux-la en vien nent, el en droite ligne encore, qui raisonnent de cette facon Dans ce bienheureux pays on fait comme chez nous on ne réglemente pas l'usage des choses nuisi bies et dangereuses. On n'y consomme pas précisé- ment, comme chez nous, le gin et le brandy, le schnick et tout ce qui y ressemble, mais on y fume a loisir l'opium, qui nous manque encore, cette terrible im portation anglaise qui plonge les habitants duCéleste- Empire dans les abrutissuntes extases que I'on sait. La liberté individuelle, la liberté commerciale? Et en quoi seraient-elles plus atteintes par les mesures dont il s'agit que par une foule d'autres mesures d'une application journalière? Les règlements de police, beaucoup de lois fiscales, maintes lois spéciales, de nombreuses dispositions du Code de commerce, que sont-ce done, sinon des restrictions soit a la liberté de l'individu, soit a la liberté du commerce et de l'in- dustrie? La liberté est certes une grande et excellente chose. Mais il y a au-dessus d'elle l'intérêt social qui prime tout autre. C'est au nom de la société et dans l'intérêt de sa conservation que nous demandons des mesures contre un vice qui la ronge dans un de ses éléments, le plus considérable et le plus utile, la catégorie des ouvriers. C'est même au nom de la liberté que nous les pourrions solliciter. L'homme qui s'adonne a I'ivro gnerie, outre qu'il est une cause de misère pour sa familie, est une cause de danger pour tout le monde. II trouble Ia sécurité publique a la facon des bêtes fauves et des animaux enragés. Ce n'est certes pas trop que la société se mette en garde et se défende par une bonne loi contre un péril aussi évident. Espérons que pareille loi existera bientöt chez toutes les nations civilisées ou du moins croyant l'être. La D^utalion permanente du Conseil provincial de la Flandre occidentale a annulé l'électiondu sieurSeys, faite le 27 septembre, en qualité de membre du Con seil des prud'hommes siégeant a Ypres et validé celle du sieur Navez, comme membre de ce Conseil. ACTIES OFFICIECS. Bétail. Par arrêté royal du 25 novembre, l'en- trée et le transit des pores, ainsi que de la viande et des débris provenant de ces animaux, sont autorisés par toutes les frontières. Sont ouverts a l'entrée et au transit des bêtes bo- vines, ainsi que des peaux, de Ia viande et des débris de ces animaux provenant du Zollverein, tous les bu reaux de la frontière allemande, a l'exception de ceux de Gemmenick et de Monzen. Hécrologle. Les obsèques de M. Forrest ont eu lieu mercredi au milieu d'une nombreuse assistance. Les derniers hon neurs ont été rendus au défunt par la douane et les pompiers de la ville de Wervicq. M. Forrest est décédé vendredi, l'êge de 60 ans. II fut successivement secrétaire,échevin et bourgmestre de Wervicq et comme tel a rendu des services incon- testables a cette localité. Pendant dix ans il siégea au Conseil provincial. II était en outre un des notaires les plus considérés de l'arrondissement. Le Roi l'avait nommé récemment chevalier de son ordre. Esprit progressif et impartial, M. Forrest consacrait sa grande influence au triomphe des idéés libérales et l'estime dont il jouissait était d'autant plus grande que son dévouement a ses convictions ne l'empêchait ni de voir, ni même de signaler les fautes de ses amis. Aussi la mort de M. Forrest est-elle une perte très- sensible pour le parti libéral, non-seulement a Wer vicq, mais dans tout l'arrondissement d'Ypres. Clironique judiclaire. La Cour d'assises de la Flandre oriëntale a jugé, dans son audience du 26 novembre, un procés de presse. L'éditeur du journal de Catholyke belg, y a comparu sous la prévention d'avoir calomnié les membres du tribunal de Termonde. II y a quelques mois, il avait, sur une action civile en dommages-iD- térêts pour fait de presse, été condamné a payer cinq cents francs titre de réparation civile, et aux frais du procés, y compris les frais de l'insertion du juge- ment dans divers journaux. A propos de ce jugement, le Catholyke belg dirigea les imputations de la nature la plus grave contre les magistrats qui l'avaienl rendu, leur reprochant d'a voir jugé par esprit de parti, et exprimant le regret que le cholèra qui enlevait tant d'innocentes victimes, ne vint point délivrer les justiciables de ces détesta- bles juges. La Cour d'appel avail évoqué l'instruction de l'affaire et renvoyé l'éditeur devant la Cour d'as sises comme auteur de l'article, lout au moins comme complice de l'auteur, pour avoir donné des instruc tions a l'auteur (comme le prévenu déclarait l'avoir fait), enfin comme imprimeur. C'est sur cette preven tion que la Cour d'assises a eu a prononcer, sous Ia présidence de M. Ie eonseiller Delecourtsiégeant au banc du ministère public, M. Depaepeau banc de la défense, M. Wauters. Un incident de procédure a soulevé une question importante, et qui mérite l'attention de la presse. Le président de la Cour a-t-il, lorsqu'i! s'agit de délit de presse (ou de simple délit politique), le pouvoir dis- crétionnaire qu'il a, aux termes du code d'instruction

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3