Ses lecteurs n'ont pas oublié les réflexions et les
considérations sur les élections qu'il promettait si
pornpeusement, ui comment il abandonna tout a coup
Ie terrain de la polémique, se sauvant a toutes jambes.
La montagne venait d'accoucher d'une souris 1
Ridiculus mus! Même la prudence et la réserve
furent poussées si loin dans les bureaux de la rue au
Beurre qu'on se contenta de donner, pour les élec
tions de l'arrondissement, unesècbe nomenclature
les noms de$ élus, les chiffres obtenus par chacun
d'eux saüs ajouter a quel parti appartiennent les
vainqueui?.
La défaite est-elle done telle qu'on rougisse de
l'avoueif? Ou bien se figure-t-on, comme l'aulruche,
conjurer ;plus aisément Ie peril en détournant la
Pour nous, nous désapprouvons cette conduite. II
4a puérilité, selon nous, principalement pour des
mmes politiques, a u'oser pas regarder en face une
situation que de nombreuses et lourdes fautes ont
amenée.
Suppléons aujourd'hui au silence calculé de l'or-
gane doctrinaire et après avoir attendu pendant six
semaines ses intéressantes réflexions, disons quelques
mots du résultat des élections dans les communes de
notre arrondissement. Le caractère général de ces
élections est une protestation contre l'esprit de cote
rie qui s'efforce de dominer dans l'arrondissement
tout comme il domine a Ypres. Aussi partout oü ['op
position libérale est organisée assure-t-elle la majorité
a ses candidats.
A Warneton, les amis de M. le bourgmestre, can
didats de M. le commissaire d'arrondissement, ob-
tiennent 60 voix sur 152 votants. A Bas-Warneton,
le mandat de M le bourgmestre n'est pas renouvelé.
L'homme de confiance, le bras droit de M. le commis
saire, n'obtient que 4 voix sur 46 votants I Dans un
second scrutin destiné a pourvoir a une vacature, il
obtient 15 voix et ce n'est qu'a la faveur d'un ballot-
tage, presque par grace spéciale, qu'il rentre au Con-
seil. A Neuve Eglise, tous les hommes patronés par
l'ancien bourgmestre, le candidat du Progrèsaux élec
tions du canton de Messines, échouent piteusement;
ils n'obtiennent que 38 voix sur 96 votants. A Ghe-
luvelt, il ne manque que deux voix a l'opposition
pour asseoir deux de ses membres dans le Conseil.
Certes, cette manifestation n'est pas dirigée contre la
personne de M. Keigniaert, généralement aimé et
estimé, mais contre le vice-président d'une Associa
tion décrépite, contre le bourgmestre qu'on accuse
d'être trop inféodé a la coterie yproise.
Ailleurs, mêmes manifestations, mais avee des ré-
sullats différents. La oü l'opposition libérale n'entre
pas en ligne, le parti clérical triomphe des doctri
naires les candidats du commissariat sont éliminés.
Nous ne parions pas de Wervicq, définitivement
perdu pour le parti liberal mais a Rousbrugghe, oü
nos politiques clairvoyants se promettaient la plus
éclatante victoire, la liste cléricale passe tout entière
au premier tour de scrutin. A Poperinghe, une élec-
tion provinciale avait donné un jour une grande ma
jorité au parti libéral et aussitöt quelques hommes,
qui ne voient en toutes choses que les individualités
dont ils espèrent faire les instruments de leurs cal-
culs, de s'imaginer qu'a Poperinghe le parti libéral
s'incarne en un nom La, comme ailleurs, nos amis
sont entièrement dóvoués a leurs convictions ils
l'ont prouvé maintes foismais ils n'entendent pas se
laisser absorber, ni s'atteler au char de n'importe
quelle personnalité. Eh bien 1 qu'est-il arrivé aux
élections du 30 octobre A defaut de garanties sufïi-
santes, le parti libéral poperinghois s'est abstenu et la
grande influence sur laquelle s'appuie M. le commis
saire dans cette partie de l'arrondissement a obtenu a
peine le tiers des suffrages pour ses deux candidats.
Nouvelle preuve de l'inefficacité des influences per-
sonnelles 1
Faut-il dire encore qu'a Wytschaete le parti ca-
tholique l'a emporté et rappeler qu'a Gheluwe, a Boe-
singhe et ailleurs, les libéraux n'ont pas même tenté
la lutte?
Ne parions pas de Reninghelst. Cette élection est
peut être de toutes celle qui satisfait le mieux M. Car
ton 1 II est vrai que, par ses manoeuvres depuis trois
ans, il a tué le parti libéral dans cette commune,
mais ses protégés viennent de triompher par l'appui
de M. le curè 1 N'est-ce pas un surprenant succès pour
un commissaire d'arrondissement libéral?
Un mot avant de finir sur l'élection de Langhe-
marcq qui a offert quelques particularités curieuses.
On sail que depuis quelques années existe une divi
sion profonde entre Langhemarcq et Poelcapelle, cette
dernière localité demandant sa séparation d'avee la
première. Cette question locale était. un trop bon
thème pour n'être pas exploité par le parti clérical,
habile a profiter des moindres circonstances. Aussi
ceux qui s'étaient trouvé toujours a la tête de ce
parti devinrent-ils subitement les plus chauds parti
sans de la séparation des deux localités. Jusque-la,
rien deplus naturel. Mais quel ne fut pas l'étonnement
général en apprenant que les cléricaux-séparalistes
de Poelcapelle avaient trouvé du renfort la oü ils de-
vaient l'espérer le moins, que l'amoindrissement de
Langhemarcq était appuyé par quelques-uns de ses
habitants et, qui plus est, par les candidats préférés
du commissariat d'arrondissement, agissant en cette
circonstance de concert avec les cléricaux I
Quel pouvait être le but de cette étrange conduite?
La religion de M. le commissaire avait-elle été sur
prise? Ce n'est pas possible, car ce fonctionnaire a le
devoir d'être au courant dece qui se passedans son
arrondissement et l'on ne peut raisonnablement sup-
poser qu'il ignore ceque chacun sait.
Tout cela ne se complique-t-i! pas plutót d'une in
trigue habilement ourdie et de certaines promesses de
nominations a des fonctions de premier échevin pour
commencer, de bourgmestre pour finir?
On comprend l'avantage de placer, sinon a la tête,
du moins au sein du collége échevinal de chacune de
nos plus importantes communes, quelque dévouement
éprouvé. Nous nous expliquons maintenant pourquoi
le Progrès n'a jamais osé répondre a notre interpella
tion sur les élections de Langhemarcq et particulière-
ment sur celle du 13 novembre. Les cléricaux ont
triomphé, écrivait-il. Ce résultat est dü au défaut
d'entente enlre les libéraux. La vérité est que les
électeurs ont repoussé les intrigues, que leur élu
est libéral comme la majorité du Conseil et l'on
s'étonne qu'un journal sensément bien informé
puisse prendre Ie change a ce point, a moins que
ceux-la seuls soient libéraux a ses yeux qui ont l'in-
signe honneur d'être protégés par ses patrons.
Que le lecteur juge maintenant, après cette revue
rélrospective, de quel cóté commence a se former Ie
vide effrayant que signale le Progrès. De toutes parts
on proteste sourdement ou ouvertement contre la
domination abusive et l'étroit égoïsme de quelques-
uns. On n'attend qu'une occasion propice pour s'en
affranchir complétement.
Le temps est passé oü nos Louis XIV au petit pied
s'écriaient impunément dans leur orgueil Le libé
ralisme, c'est moi! L'éclat de ces petits rois a sin-
gulièrement pali. En 'es voyant a l'ceuvre, chacun a
pu les juger de prés et leur soleil n'est plus qu'un
astre de carton doré, pareil a ceux qui brillent dans
les comédies.
Aussi le vide se fera-t-il plus grand a chaque nou
velle élection et, si l'on ne se héte d'inaugurer un
système nouveau, large et raisonnable, nous voyons
bien proche le moment oü tant de fautes accumulées
comme a plaisir précipiteront dans la ruine ceux qui
les ont commises et, avec eux, le parti libéral, dans
une défaite momentanée.
Un satisfait.
Le Progrès est dans l'extase. A propos de la dis
cussion du budget de l'intèrieur, les députés les plus
ministériels, MM. Defré et Bouvier entr'autres, ont
sévèrement critiqué l'arrêté royal du 1er septembre
par lequel M. le ministre, placant les nouvelles écoles
d'adultes sous le régime de la loi de 1842,confère aux
curés le droit d'enseigner le catéchisme dans I'écolea
des jeunes gens de 15 25 ans.
Aux yeux du Progrès, M. le ministre n'a fait qu'ap-
pliquer la loi et les reprèsentants out tort. Cela devait
être. Nous sommes vraiment désolés de devoir trou-
bler Ia béate satisfaction de ce journal en placant deux
documents sous les yeux de nos lecteurs. Par l'un,
ils verront comment les conseils communaux les plus
libéraux accueillent l'arrêté de M. Alph. Vandenpee-
reboom qui plait si fort au Progrès.
L'autre document est plus curieux encore. II est
extrait du Journal de Liégel'organe de M, Frère-
Orban. Malgré quelques observations sur l'opiuion
des conseillers communaux de Gand, la desapproba-
tion du programme est formelle.
Voici ces deux pièces
Le conseil communal de Gand, dans sa séance du
10 de ce mois, s'est occupé du nouveau réglement
sur les écoles d'adultes. 11 a décidé que, tout en ac-
ceptant le subside annuel qui est accordé aux écoles
actuelles, il n'entendait pas les placer sous Ie régime
de l'arrêté royal du ler septembre dernier, e'est-a-dire
sous Ie régime de la loi de 1842.
Le Journal de Liége fait a ce sujet les observations
suivantes
a II y a probablement une inadvertance dans cet
arrêté. Au lieu d'adopter le programme qui fonc-
tionne dans toutes les écoles actuelles d'adultes, on a
repris celui de l'enseignement primaire, qui s'adresse
aux enfants. Or, faire recommencer le catéchisme a
des élèves de 15 a 25 ans qui ont fait depuis long-
temps leur première communion et qui peuvent re-
cevoir a I'église I'instruction religieuse. et cela lors-
que le temps dont peuvent disposer des ouvriers qui
fréquentent les écoles d'adultes est si restreint, c'est
soulever gratuitement une difliculté politique, en
même temps que nuire a l'efficacité de l'enseigne
ment. Mais, ces réserves faites sur le programme,
qui sera probablement accueilli avec peu de faveur
dans les graudes villes, nous p-msons qu'a Gand cer
tains membres du conseil n'ont pas assez rendu jus
tice aux amélioralions inconteslables que consacre
l'arrêté sur les écoles d'adultes.
On lit dans un journal de cette ville
L'on raconle qu'un vieux clérical quasi-neuf s'est
empressé de recueillir chez lui une jeune et belle Ma
deleine qui, a la suite d'une mésaventure conjugale
oü elle avait joué un röle trés-intéressant, se trouvait
sur le pavé.
On ne peut que rendre hommage aux sentiments
de ce philanthrope qui emploie si noblement les loi-
sirs de son veuvage anticipé soulagerl'infor-
tune
Ces lignes démontrent une fois de plus que la vie
privée est un asile sacré dans lequel ne scrute jamais
l'oeil cynique du Progrès. Oh oui, ce journal a eu
bien raison de l'écrire Souvent un mot détruit
une existence, enlève le bonheur et le repos d'une fa
milie qu'importe, on a ri II Mais pourquoi
done pratique-t-il si peu ses propres maximes?
M. Ceriez, dont les oeuvres sont fort appréciées en
Belgique et l'étranger, vient d'achever deux char-
mantes toiles pour l'Exposition universelle de Paris.
On y retrouve toutes les remarquables qualités qui
distinguent le peintre.
Ces tableaux, exposés dans la Salie bleue a l'Hótel-
de-Ville, jusqu'au 15 de ce mois, y ont attiré un
grand nombre de curieux. Tous les connaisseurs ont
donné les plus grands éloges a la nouvelle oeuvre de
M. Ceriez. Aussi sornmes-nous persuadé qu'un beau
succès attend a Paris cet artiste intelligent et coura-
geux.
On raconte que la commune de Proven a décidé la
création d'une Bibliothèque populaire.
Une société de secours mutuels s'est égalemenl for-
mée a Messines. Elle a soumis ses statuts a l'appro-
bation du gouvernement. Nous devons rappeler ce
propos que pareilles sociétés existent a Warneton et
qu'elles prospèrent dans leur indépendance, affran-
chies qu'elles sont de la tutelle gouvernementale.
Mercredi dernier se sont réunis, a I'hótel du Gou
vernement provincial de Brabant, les délégués des
députations permanentes des diverses provinces du
royaume, a l'effet de s'entendre sur la suppression
proposée des barrières provinciates et vicinales. Tous
les délégués sont d'accord pour la suppression, en
principe, mais il s'agit pour certaines provinces de
remplacer le produit des barrières par quelque nou
velle taxe equivalente. Pour le Brabant, par exemple,
ce produit est de 80,000 francs, et c'est la un chiffre
qui compte au budget provincial.
II a été constaté, a la dernière séance du conseil
communal de Bruxelles, que si le collége n'a pas re
nouvelé ses demarches pour obtenir du gouvernement
l'autorisation d'accepter le legs Verhaegen en faveur
du haul enseignement, c'est qu'il savait que ces dé
marches seraient inopportunes.
II est assez curieux de savoir pour quelles raisons
la proposition de M. Fontainas, ayant pour objet de
faire de nouvelles démarches auprès du gouverne
ment, n'a pas été maintenue par son auteur et n'a