SUPPLEMENT A 1' O PINIO M DU 27 JANVIER 1867 Hos excuses au PKOGBÈS Paree que nous écrivions un jour que nous n'avons pas la prétention d'etre infaillible, le Progrès n'en re- vient pas, tant eet aveu, si naturel pourlant, parait exorbitant a la suffisance et a Ia sotte vanité de ses patrons. L'ivresse de son triomphe le pousse même jusqu'è s'imaginer que nous cherchons a nous excu- ser. Dans sa naivete, la feuille doctrinaire nous fait tout simplement l'effet du geai se parant des plumes du paon. Qu'elle se détrompe, nous n'éprouvons nul besoin de nous excuser, ni vis-a-vis d'elle, ni vis-a-vis de ses patrons, ni vis-a-vis de personne. Loin de la, nous lui portons pour la centième fois Ie défi de citer un seul compte-rendu falsifié par nous. Dans un certain monde, on ne se lasse pas d'accu- ser I 'Opinion sous ce rapport, sans apporter, il est vrai, aucune preuve a l'appui des accusations. II est pourtant un moyen simple d'avoir promptement rai- son de ces écarts, e'est de prouver qu'ils existent II n'est pas un seul journal qui puisse résister a cette épreuve. Encore une fois, nous convions le Progrès a cette besogne, Ie prévenant toutefois que, s'il veut convaincre, il lui faudra des arguments plus sérieux que ses assertions. II a trop souvent soutenu le pour et le contre, il a été trop souvent pris la main dans le sac, cotrune on dit, pour que ses protestations iuté- ressées n'aient pas perdu tout crédit. C'est a propos de {'installation de M. Guslave de Steurs comme échevin que le pamphlet de l'Hótel-de- Vilie nous lance sa kyrielle d'insultes. Elle est longue les epilhetes de mécontents, de bas envieux, d'ambi- lieux dépus, les accusations de malveillance, de dé- loyauté, d'audacieux travestissements, de mauvaise foi, de haine implacable, de laches attaques et autres arnéuitós qui font son vocabulaire habituel, y abon- dent faute d'aulres arguments.il nous traite mêmede Baziles, ce grand mot que de tout temps il caressa avec amour etqui déja, ilya vingt ans, faisait les dé- lices et la base de son argumentation contre le Pro- pagateur. Si done la litanie est longue, elle est peu variée et cela seul, a défaut d'autres raisons, nous dispenserait de nous en occuper davantage. Une chose nous surprend pourtant. Le Progrès re- prochait récemmenl aux journaux de l'opposition d'être incapables de discuter des principes et de ne vivre que de personnaiités et d'injures. II nous sem- blait que nous avions fréquemment traité des ques tions de principes et tout dernièrement encore, a pro pos des écoles d'adultes et de la loi de 1842, nous avons directement interpellé le Progrès, sans en pou- voir obtenir autre chose étrange inconséquence de ce journal qu'une prudente abstention. Mais peut-être la grossièreté est-elle pour lui un principe fondamental? Revenons a M. de Steurs. Ce trop jeune monsieur, comme dit son avocat, indépendant par posi tion et par caraclère [sic), est l'Eliacin de la coterie et l'espoir de l'avenir. Soit; mais de la a en faire un grand homme, il y a de la marge. Après avoir appréciè M. de Steurs, candidat au Conseil, candidat a l'échevinat, nous avons eu occa sion de parler de deux discours terme impropre peut-être prononcès par lui a ['Association et a i'Hótel-de-Ville. Nous avons démontré qu'en se dé- clarant partisan de la separation de l'Eglise et de l'Etat, M. de Steurs n'a pas saisi la portée de ses pa roles; déduisanl les consequences du principe alïirmé avec tant de iégèreté, nous avons demandé s'il les admettait touies sans restriction. Ni lui, ni le Progrès n'ont jugé utile de nous éclairer. Ce silence ne dé- muntre-t-il pas une fois de plus l'amour de certaines gens pour la discussion des principes? Nous le comprenons, la polemique placée sur ce terrain était pleine d'embarras et de dangers et, pour y échapper, on a préféré nous accuser de falsification. Moyen commode et qui dispense de répondre. Et, il y a huit jours, nous avions a nous occuper ■encore de queiques paroles prononcées par les nou- veaux echevins lors de leur installation. Une phrase nous a vait frappé alors dans la bouche de M. de Steurs, celle par laquelleil déclarait que sa taehe serait facile. Cette phrase a été réellement prononcée et c'esl sur- ,Aoul l'antilhèse qu'elle opposait aux paroles modestes de M. Vanheule, dont les mérites égalent bien, pen sons-nous, ceux de M. de Steurs, qui nous la fit re- marquer. Maintenant que M. de Steurs s'apercoive trop taril de sa bévue et que son organe s'efforcede la pallier autant que possiblequoi de plus naturel? C'est une besogne qui, nous le craignons, incombera souvent encore au Progrès, a moins que les parrains du uouvel échevin ne se résignent a lui dicter ses idéés et que lui-même n'ait la docilité de ne pas quit ter son petit papier des yeux. D'ailleurs, si M. Gustave de Steurs a été si bien in spire, s'il a prononcé les paroles très-sympathiques que vous lui mettez en bouche, pourquoi n'avez-vous pas inséré ces paroles dans votre compte-rendu de la séance Vous n'en avez soufflé mot, compère, et pour cause. Et maintenant, après quinze jours écoulés, as- sez pour que vous espériez ne rencontrer plus que des souvenirs vagues et affaiblis, vous decouvrez su- bitement un texte dont vous n'aviez pas Ia moindre conscience au moment même. A d'autres, farceur 1 Si les paroles de votro protégé ont recu, comme vous le prétendez, ('approbation de toutes les person- nes présentes, pourquoi, après les chaleureux ap- plaudissements prodigués a M. Vanheule, ont-elles été accueiliies par un silence glacial Peines perdues que tous vos expedients I A l'Hotel-de-Ville comme a ('Association, voire candidat a fait un four. Puisse- t-il s'épargner les brioches Ces deux occasions de l'apprécier, comme orateur et comme politique, passées, nous voulions attendre sesactes pour le juger comme administrateur, L'or- gane doctrinaire l'entend aulrement et peut-être est- il regrettable pour sort cliënt qu'i! n'ait pas cru devoir imiter notre réserve. Mais non, dans sa passion de ré clame, il dresse déja un piëdestal a cette future illus tration, oubliaut que, par ce temps de neiges et de dégels, les piédestaux et les statues fondent vite. Sur un point cependant nous pouvons rassurer le Progrès. C'est qu'alors même que nous n'aurions d'autre bul que de faire rire, travestir, comme il nous en accuse par anticipation, les actes et les paroles de M. de Steurs,sera chose très-inutile, aucun travestis- sement n'égalant en comique la réalité. Charades et logogriphes. On fait grand bruit du refus attribué au Roi de recevoir M. l'évêque de Bruges, sans que jusqu'a présent la vérité soit conr.ue. Le Progrès consacre a son tour un article a cette affaire, article dont le fond n'a rien d'intéressant pour nos lecteurs, mais qui, au point de vue de la forme, est une haute curiosité.Nous en extrayons une seule phrase, modèle achevé du genre. La voici II faut que eet évêque trop disposé a mépriser les devoirs civiques qu'il doit remplir comme tout citoyen, soit rappelé a l'ordre et au respect de Vau- torilé non romaine, vis-d-vis de laquelle il s'incline humblementmais Beige, dont il semble tenir un comple très mince. Progrès du 20 janvier 1867, 2e p., 1™ col.) Pourquoi, en nous annoncant les améliorations de sa redaction, le gai compère ne disait-il pas tout de suite qu'a l'avenir il serait bourré de charades et de logogriphes? Evidemment il a eu tort. Nous ne lui eu gardons pas rancune cependant el, afin de lui donner une preuve non équivoque de bonne confraternité, nousofïrons une honnête récompense a celui qui de- vinera la pensee qui a dicté la phrase transcrite plus haut. Nous espérons, avec le secours des devins, attirer au Progrès les lecteurs qu'il semble, depuis quelque temps surtoutpoursuivre comme son ombre. Puisque nous y sommes, nous ne pouvons résister au plaisir de copier encore une phrase du même ar ticle, celle qui le terrnine. On y verra que, si ce journal est le plus souvent obscur comme un oracle, il fait l'enfant terrible dans ses moments perdus. Nous pouvons ajouter, dit-il, que quand le sus- dit évêque de Bruges a fait sa visite a Ypres, il n'a eté accueilli bruyamment que par les élèves du Collége épiscopal, les tonsurés de tont genre et les crétins ca- tholiques de toute espèce. C'est vrai. Mais vous oubliez dans votre énuméra- tion ceux qui firent discrèlement leur visite a Mon seigneur, presque en se cachant, et les plus huppés d'entre les vötres qui illuminèrent, en son honneur, les facades de leurs demeures. Sont-ce des crétins libéraux ceux-la Vous ne le dites pas, mais qu'en pensez-vous? La franchise vous fait-elle défaut par hasard et la balance vous tornbe-t-elle des mains lorsque vos amis en occupent l'un des plateaux? ABathématicieia ©si danseur Un arrêté royal vient de nommer membres de la Chambrede commerce d'Ypres; MM. Bouckenaer, né- gociant, a Ypres; Casteleyn-Vanhille, distillateur, a Eessen: Vanbiesbrouck-Vaneecke, brasseur et agro- nome, a Langhemarcq. Les deux premiers titulaires sont connus, leurs ap titudes spéciales appréciées; ils sauront defendreavec courage et dóvouement les intéréts du commerce et de l'iudustrie dans l'arrondissement d'Ypres. M. Casteieyn représente spécialement l'arrondis sement de Dixmude. C'est un industriel fort compé tent et dont le zèle ne peut pas faire l'ombre d'un doute, mais si jamais quelque conflit d'intérêt venait a éclater entre Ypres et Dixmude, il se trouverait isolé et a ce point de vue nous nous élonnons que l'arrondissement de Dixmude, dont ['importance com- merciale égale au moins lanótre, se contente d'un seul représentant au sein de la chambre de commerce. Disons-le, ilya pourtant progrès, car il n'est pas éloigné de nous le temps oü tous les titulaires étaient choisis dans la ville d'Ypres. Même Ia nomination de M. Vanbiesbrouck-Vaneecke est jusqu'a certain point un pas de plus dans la bonne voie. II est juste, en effet, que la partie N. de notre ar rondissement oOt habite une population active, indus- trielle et agricole, ait son représentant tout comme il serait équitable que d'autres parties, les cantons de Poperinghe, de Wervicq, de Messines, oü l'industrie et ('agriculture ne fleurissent pas moins, eussent éga- lement le leur dans la Chambre de commerce. Mais il ne suffit pas a ces populations d'être repré- sentées d'une manière quelconque. Le choix doit tom- ber sur des hommes compétents auxquels une longue expérience a donné l'entente des besoins commer- ciaux, en un mot, dans les chambres de commerce il faut des commercants, des induslriels ou des agricul- teurs, représentant réellement les divers éléments de production du ressort. C'est ce titre, et sans vouloir le moins du monde mettre en doute son bon vouloir, que nous critiquons la nomination de M. Vanbiesbrouck. L'arrêté royal le désigne comme brasseur et agronome. M. Vanbies brouck n'est ni l'un ni l'autre il n'est pas brasseur son nom ne figure même pas dans la firme de l'éta- blissement auquel il semble s'intéresser il n'est pas agronome jamais que nous sachions il n'a dirigé quelque établissement agricole, grand ou petit, et ce n'est certes pas paree qu'il est secrétaire de 1'Asso ciation agricole ou paree qu'il y a donné des confé rences, résumés adroitement extraits des traités d'a- griculture, qu'on peut sérieusement le dire agronome. I.'agricultureest une science essentiellement pratique. N'est-il pas étrange que, dans certaines circonstances, les hommes pratiques par excellence l'oublient si faci- lement II est inspecteur cantonal de l'enseignement pri maire, rien que cela. D'ailleurs ces fonctions sont as- sez belles, assez utiles, a notre avis, les bien remplip demande assez de soins et de peines pour qu'il ne faille pas les cumuler avec d'autres emplois. Qu'un homme, quelqu'il soit, s'arroge le titre d'a- gronome. si cela l'amuse cela nenous gêne pas et nous n'y trouvonsrien a redireaussi longtemps qu'il reste dans les limites tracées par la satisfaction de l'amour- propre, mais dès qu'il franchit ces limites, dès qu'un titre usurpé devient, sinon un motif, du moins un prétexte pour lui donner des mandats pour lesquels il ne possèdepas les connaissances requises, alors nous élevons la voix et nous dénoncons le prejudice porté, on se demande dans quel but, a l'intérêt général. En agissant ainsi, nous n'entendons nous donner aucun mérite nous remplissonstout simplement un devoir. Les reflexions qui precedent, notre Chambre de

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 5