Le tout payable d'avance. JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Bi manche Cinquième année. N° 5. 3 Février 1867. PttlX D'ABOMMEIlIEiT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX DES AilIOlCEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lïb., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. Ypres, Févrler ïsev. Dans la discussion qui a eu lieu dernièrement a la Chambre des représentants sur la peine de mort, M. Tesch a terminé son discours par un argument a effet plus sonore que profond, une véritable curiosité dans sa bouche. Yous placez, a-t il dit, l'assassin en présence du connu. Je veux, moi, dans l'intérêt du corps social, qu'il reste toujours en face de l'inconnu car la peine de mort, pour moi, ce n'est pas seulemenl le bour- reau, ce n'est pas seulement l'echafaud, ce n'est pas seulement la cessation de la vie terrestre,c'est le com mencement de l'éternité avec tous ses redoutables problèmes, avec toutes ses terribles incertitudes. Yoila ce que c'est que la peine de mort. Ce n'est pas seulement le chótiment de l'homme, c'est la porte ou verte au chatiment de Dieu et, quelques peines que vous èdictiez, elles n'inspireront jamais autant de terreur que celle que la toute puissance divine se réserve d'appliquer. Nous n'insisterons pas sur ce que ces paroles ont d'élrange dans la bouche de l'orateur. Nous ne vou- lons nous occuper que de leur sens dogmatique. Remarquons d'abord le sans-gêne avec lequel M. Tesch dispose des décrets de la Providence. Quoique ces décrets soient impénétrables, quoiqu'il suffise, d'après ia théorie catholique, d'une parole, d'une pensée, d'une lueur de sincère repentir pour désarmer la colère cêleste, M. Tesch n'en déclare pas moins la peine de mort la porte ouverte au chatiment de Dieu; selon lui, aucune peine, quelle qu'elle soit, n'inspirera jamais autant de terreur que celle que la toute-puissance divine se réserve d'appliquer. Théorie entièrement contraire au dogme catholique de l'espérance et qui tend a faire de Dieu une sorte de bourreau en chef altéré de vengeance. Mais ce n'est pas tout. La foi chrétienne nous représente l'éternité sous la forme d'une trilogie le paradis, le purgatoire et l'en- fer. Vingt fois on nous en a décrit les splendeurs et les supplices. Rien n'est plus certain, plus réel aux yeux de cette foi, la mort n'est done pas l'inconnu. La haute métaphysique de M. Tesch sur les redouta bles problèmes et les terribles incertitudes n'est rien moins qu'orthodoxe et, si l'ancien ministre n'est pas un libre-penseur, un athée, un solidaire, tout au moins est-il un hérétique il ne croit pas aux dogmes du christianisme. Cependant les journaux pieux portent aux nues la péroraison de son discours. D'oü vieut cette singuliere contradiction? M. le commissaire de l'arrondissement d'Ypres vient d'adresser aux administrations communales de sa juridiction une circulaire pour les engager a orga niser au plus tót des écoles d'adultes. Ce document, que publie le Progrès dans son n° du 20 janvier der nier, nous apprend qu'une première circulaire,concue dans le même sens et èmanée de M. le gouverneur de la Province, est demeurée a peu prés sans résultat Malgrè l'importance de cette communication, écrit M. le eommissaire d'arrondissement, sept com- munes a peine ont satisfait a cette invitation et presque toutes ont décidé qu'il n'y avait pas lieu d'ériger une école d'adultes. M. le commissaire espère sans doute que son intervention dirfecte au- près des administrations communales sera plus per suasive, car après avoir constaté l'insuccès de son supérieur hiérarchique, il se complatt a refaire, dans le style qui lui est propre, l'exposé des considérations qui doivent, d'après lui, déterminer les communes a déférer au vceu du gouvernement. Style a part, nous approuvons de tout point les considérations invoquées par M. ie commissaire d'ar rondissement d'Ypres et nous souhaitons fort qu'elles portent la conviction dans l'esprit des administrations récalcitrantes car notre opposition a l'arrêté du 1" septembre ne va pas jusqu'a méconnaitre les bien- faits d'une organisation sérieuse des écoles d'adultes, et bien qu'opposés, par raison de principe, a ('inter vention officielle du clergé dans ces écoles, nous ne désirons rien tant que de les voir se multiplier dans le pays. Nous ne pouvons malheureusement pas partager la confiance de M. le commissaire d'arrondissement. Sa circulaire ne fait que reproduire, sous une autre forme, les considérations deja présentées par M. le ministre de l'Intérieur et M. le gouverneur de la Pro vince, et dés lors il n'y a pas de raison de supposer qu'elle soit mieux accueillie que ne l'ont été les com munications antérieures adressées aux communes. La forme est neuve, a la véritémais peut-être est-ce le cas de rappeler le mot de Voltaire Cet écrit a du bon et du neuf; seulement, le bon n'est pas neuf et le neuf n'est pas bon. Discuter avec le Progrès c'est refaire le travail de Sisyphe. Vainement réfute-t-on vingt fois ses calom- nies, vainement le questionne-t-on sur ses principes ou sur les actes de ses amis, refutations et questions sont non-avenues pour lui et lorsqu'il se sent serré de trop prés, il fait le mort pendant quelque temps, puis un beau jour, quand il croit tout oublié, il res- suscite ses vieux commérages. Dans son n° dejeudi, après avoir accusé les jour naux catholiques a d'outrager, d'injurier, d'érein- ter, il écrit a Mais ce ne sont pas seulement les organes de l'épiscopat qui se livrent a ces exercices malsains, les feuilles radicales ont suivi les préceptes des plumes aulorisées par l'église et leur viennent en aide, probablement paree qu'elles n'ont pas des ques tions de principe a faire prévaloir. Quoique nous ne soyons pas désigné nominative- ment dans ces lignes, la qualification de radicaux nous a été assez fréquemment appliquée pour nous autoriser répondre. II est loisible au Progrès de prétendre que nous n'avons aucun principe a faire prévaloir, quoiqu'au fond il sache mieux que qui que ce soit a quoi s'en tenir la-dessus. Mais ses affirmations sont trop inté- ressées pour qu'il y renonce et qu'il ne faille pas s'at- tendre a les voir revenir un millier de fois encore Rappelons-lui toutefois que nous avons exposé déja maintes fois nos idéés sur la róforme électorale, sur l'instruction obligatoire, sur l'ordre alphabétique, sur la loi de 1842, sur Ia contrainte par corps, sur l'arlicle 1781 du Code civil et sur un grand nombre d'autres questions politiques ou sociales et, dans ces derniers temps encore, sur l'organisation cléricale des écoles d'adultes, sur les nominations faites et sur quelques-unes de celles qui se préparent dans notre arrondissement. II n'a pas jugé a propos de nous suivre et. sur tous ces points nous en sommes en core, malgréde nombreuses interpellations, a deviner son sentiment. Lorsqu'il a parlé de coalition entre cléricaux et ra- dicaux et qu'il s'est engagé a dire lejour, l'heure et l'endroitoü les négociations avaient eu lieu, nous l'a- vons sommé a trois difFérentes reprises de parler, sous peine de se vouloir colier au front l'épithète de MENTEUR. II s'est tü et a gardé la marque. Comme s'il suffisait cependant pour laver ce stig- mate de ne pas s'en souvenir, il écrit ces lignes Le cléricalisme et le radicalisme veulent s'imposer n'im- porte par quels moyens et c'est paree que le choixleur importe peu, que nous voyons leurs organes réaliser (sic) c'est rivaliser qu'a voulu dire sans doute l'il- lustre écrivain, d'infamies et d'immoralité, pour arriver a faire triompher l'anarchie. Voila un nouvel échantillon que nousdonne le pam phlet doctrinaire de l'aménité et de la courtoisie de sa polómique, lui qui accuse ses conlradicteurs de vivre de grossièretés et d'injures. Si nous voulions marcher dans la voie qu'il nous trace, nous lui rap- pellerions une particularité de son existence, nous lui dirions que lorsqu'on est descendu jusqu'a prodiguer de laches insultes aux morts pour arriver a ses fins, on est mal conseillé de parler d'infamies et d'immora» litè, a moins d'avoir vidé jusqu'a la lie la coupe du cynisme. Mais chutde l'indulgence, le Progrès en a besoin. Surtoul pas de bruit, cela dèplalt a ce paisible organe et l'empêche de manigancer ses petites affaires pour la plus grande gloriole et les meilleurs intéréts des siens. Peut-être n'est-ce qu'a cause du bruit et des révélations qu'il nous aime si peu. La précieuse école radicale fait beaucoup de bruit, dit-il, et si elle pouvait réussir a se trouver en face du cléricalisme, abandonnée a ses propres forces, elle s'arrangerait de fagon a ne pas élre aplatie dans la debacle. II y a six semaines a peine vous imprimiez le con traire. Mais, bah ces contradictions vous sont assez habituelles pour que nous puissions passer outre. C'est done, comme on dit, la chèvre et le chou que nous ménageons. Erreur, confrère, pour arriver h cette habileté quintessenciée, il faut avoir fréquenté l'école de M. Alph. Vandenpeereboom et de quelques autres esprits pratiques que vous connaissez or, vous savez bien que nous n'avons jamais eu cet insigne honneur. E'andace ne sauve pas toujours. Dans un de nos derniers numéros, nous avons ra- conté une histoire d'un bon Pasteur, arrivée dans un village de Ia West-Flandre. Notre récit ne spéeifiait pas plus l'arrondissement et la localité oü le fait s'est passé qu'il n'indiquail

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1