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JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Bi manche Cinquième année. N° 5. 3 Février 1867.
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Ypres, Févrler ïsev.
Dans la discussion qui a eu lieu dernièrement a la
Chambre des représentants sur la peine de mort,
M. Tesch a terminé son discours par un argument a
effet plus sonore que profond, une véritable curiosité
dans sa bouche.
Yous placez, a-t il dit, l'assassin en présence du
connu. Je veux, moi, dans l'intérêt du corps social,
qu'il reste toujours en face de l'inconnu car la peine
de mort, pour moi, ce n'est pas seulemenl le bour-
reau, ce n'est pas seulement l'echafaud, ce n'est pas
seulement la cessation de la vie terrestre,c'est le com
mencement de l'éternité avec tous ses redoutables
problèmes, avec toutes ses terribles incertitudes.
Yoila ce que c'est que la peine de mort. Ce n'est
pas seulement le chótiment de l'homme, c'est la porte
ou verte au chatiment de Dieu et, quelques peines que
vous èdictiez, elles n'inspireront jamais autant de
terreur que celle que la toute puissance divine se
réserve d'appliquer.
Nous n'insisterons pas sur ce que ces paroles ont
d'élrange dans la bouche de l'orateur. Nous ne vou-
lons nous occuper que de leur sens dogmatique.
Remarquons d'abord le sans-gêne avec lequel
M. Tesch dispose des décrets de la Providence.
Quoique ces décrets soient impénétrables, quoiqu'il
suffise, d'après ia théorie catholique, d'une parole,
d'une pensée, d'une lueur de sincère repentir pour
désarmer la colère cêleste, M. Tesch n'en déclare pas
moins la peine de mort la porte ouverte au chatiment
de Dieu; selon lui, aucune peine, quelle qu'elle soit,
n'inspirera jamais autant de terreur que celle que la
toute-puissance divine se réserve d'appliquer.
Théorie entièrement contraire au dogme catholique
de l'espérance et qui tend a faire de Dieu une sorte de
bourreau en chef altéré de vengeance.
Mais ce n'est pas tout.
La foi chrétienne nous représente l'éternité sous la
forme d'une trilogie le paradis, le purgatoire et l'en-
fer. Vingt fois on nous en a décrit les splendeurs et
les supplices. Rien n'est plus certain, plus réel aux
yeux de cette foi, la mort n'est done pas l'inconnu.
La haute métaphysique de M. Tesch sur les redouta
bles problèmes et les terribles incertitudes n'est rien
moins qu'orthodoxe et, si l'ancien ministre n'est pas
un libre-penseur, un athée, un solidaire, tout au moins
est-il un hérétique il ne croit pas aux dogmes du
christianisme.
Cependant les journaux pieux portent aux nues la
péroraison de son discours. D'oü vieut cette singuliere
contradiction?
M. le commissaire de l'arrondissement d'Ypres
vient d'adresser aux administrations communales de
sa juridiction une circulaire pour les engager a orga
niser au plus tót des écoles d'adultes. Ce document,
que publie le Progrès dans son n° du 20 janvier der
nier, nous apprend qu'une première circulaire,concue
dans le même sens et èmanée de M. le gouverneur de
la Province, est demeurée a peu prés sans résultat
Malgrè l'importance de cette communication, écrit
M. le eommissaire d'arrondissement, sept com-
munes a peine ont satisfait a cette invitation et
presque toutes ont décidé qu'il n'y avait pas lieu
d'ériger une école d'adultes. M. le commissaire
espère sans doute que son intervention dirfecte au-
près des administrations communales sera plus per
suasive, car après avoir constaté l'insuccès de son
supérieur hiérarchique, il se complatt a refaire, dans
le style qui lui est propre, l'exposé des considérations
qui doivent, d'après lui, déterminer les communes a
déférer au vceu du gouvernement.
Style a part, nous approuvons de tout point les
considérations invoquées par M. ie commissaire d'ar
rondissement d'Ypres et nous souhaitons fort qu'elles
portent la conviction dans l'esprit des administrations
récalcitrantes car notre opposition a l'arrêté du
1" septembre ne va pas jusqu'a méconnaitre les bien-
faits d'une organisation sérieuse des écoles d'adultes,
et bien qu'opposés, par raison de principe, a ('inter
vention officielle du clergé dans ces écoles, nous ne
désirons rien tant que de les voir se multiplier dans
le pays.
Nous ne pouvons malheureusement pas partager la
confiance de M. le commissaire d'arrondissement.
Sa circulaire ne fait que reproduire, sous une autre
forme, les considérations deja présentées par M. le
ministre de l'Intérieur et M. le gouverneur de la Pro
vince, et dés lors il n'y a pas de raison de supposer
qu'elle soit mieux accueillie que ne l'ont été les com
munications antérieures adressées aux communes.
La forme est neuve, a la véritémais peut-être est-ce
le cas de rappeler le mot de Voltaire Cet écrit a
du bon et du neuf; seulement, le bon n'est pas
neuf et le neuf n'est pas bon.
Discuter avec le Progrès c'est refaire le travail de
Sisyphe. Vainement réfute-t-on vingt fois ses calom-
nies, vainement le questionne-t-on sur ses principes
ou sur les actes de ses amis, refutations et questions
sont non-avenues pour lui et lorsqu'il se sent serré
de trop prés, il fait le mort pendant quelque temps,
puis un beau jour, quand il croit tout oublié, il res-
suscite ses vieux commérages.
Dans son n° dejeudi, après avoir accusé les jour
naux catholiques a d'outrager, d'injurier, d'érein-
ter, il écrit a Mais ce ne sont pas seulement les
organes de l'épiscopat qui se livrent a ces exercices
malsains, les feuilles radicales ont suivi les préceptes
des plumes aulorisées par l'église et leur viennent en
aide, probablement paree qu'elles n'ont pas des ques
tions de principe a faire prévaloir.
Quoique nous ne soyons pas désigné nominative-
ment dans ces lignes, la qualification de radicaux
nous a été assez fréquemment appliquée pour nous
autoriser répondre.
II est loisible au Progrès de prétendre que nous
n'avons aucun principe a faire prévaloir, quoiqu'au
fond il sache mieux que qui que ce soit a quoi s'en
tenir la-dessus. Mais ses affirmations sont trop inté-
ressées pour qu'il y renonce et qu'il ne faille pas s'at-
tendre a les voir revenir un millier de fois encore
Rappelons-lui toutefois que nous avons exposé
déja maintes fois nos idéés sur la róforme électorale,
sur l'instruction obligatoire, sur l'ordre alphabétique,
sur la loi de 1842, sur Ia contrainte par corps, sur
l'arlicle 1781 du Code civil et sur un grand nombre
d'autres questions politiques ou sociales et, dans ces
derniers temps encore, sur l'organisation cléricale
des écoles d'adultes, sur les nominations faites et sur
quelques-unes de celles qui se préparent dans notre
arrondissement. II n'a pas jugé a propos de nous
suivre et. sur tous ces points nous en sommes en
core, malgréde nombreuses interpellations, a deviner
son sentiment.
Lorsqu'il a parlé de coalition entre cléricaux et ra-
dicaux et qu'il s'est engagé a dire lejour, l'heure et
l'endroitoü les négociations avaient eu lieu, nous l'a-
vons sommé a trois difFérentes reprises de parler,
sous peine de se vouloir colier au front l'épithète de
MENTEUR. II s'est tü et a gardé la marque.
Comme s'il suffisait cependant pour laver ce stig-
mate de ne pas s'en souvenir, il écrit ces lignes Le
cléricalisme et le radicalisme veulent s'imposer n'im-
porte par quels moyens et c'est paree que le choixleur
importe peu, que nous voyons leurs organes réaliser
(sic) c'est rivaliser qu'a voulu dire sans doute l'il-
lustre écrivain, d'infamies et d'immoralité, pour
arriver a faire triompher l'anarchie.
Voila un nouvel échantillon que nousdonne le pam
phlet doctrinaire de l'aménité et de la courtoisie de
sa polómique, lui qui accuse ses conlradicteurs de
vivre de grossièretés et d'injures. Si nous voulions
marcher dans la voie qu'il nous trace, nous lui rap-
pellerions une particularité de son existence, nous lui
dirions que lorsqu'on est descendu jusqu'a prodiguer
de laches insultes aux morts pour arriver a ses fins,
on est mal conseillé de parler d'infamies et d'immora»
litè, a moins d'avoir vidé jusqu'a la lie la coupe du
cynisme.
Mais chutde l'indulgence, le Progrès en a besoin.
Surtoul pas de bruit, cela dèplalt a ce paisible organe
et l'empêche de manigancer ses petites affaires pour
la plus grande gloriole et les meilleurs intéréts des
siens. Peut-être n'est-ce qu'a cause du bruit et des
révélations qu'il nous aime si peu. La précieuse
école radicale fait beaucoup de bruit, dit-il, et si elle
pouvait réussir a se trouver en face du cléricalisme,
abandonnée a ses propres forces, elle s'arrangerait de
fagon a ne pas élre aplatie dans la debacle.
II y a six semaines a peine vous imprimiez le con
traire. Mais, bah ces contradictions vous sont assez
habituelles pour que nous puissions passer outre.
C'est done, comme on dit, la chèvre et le chou que
nous ménageons. Erreur, confrère, pour arriver h
cette habileté quintessenciée, il faut avoir fréquenté
l'école de M. Alph. Vandenpeereboom et de quelques
autres esprits pratiques que vous connaissez or, vous
savez bien que nous n'avons jamais eu cet insigne
honneur.
E'andace ne sauve pas toujours.
Dans un de nos derniers numéros, nous avons ra-
conté une histoire d'un bon Pasteur, arrivée dans un
village de Ia West-Flandre.
Notre récit ne spéeifiait pas plus l'arrondissement
et la localité oü le fait s'est passé qu'il n'indiquail