JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Cinquième année. M° 10.
10 Mars 1867.
Paraissant le dimanche.
I*ItIX »'ABOflHE»IËNT
POUR LA BELG1QUE
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Ypres, Mars «so».
Depuis quelque temps, Ie Progrès affectionne de
nous jeter a la têle i'épithète de radical. Radical, soit;
les mots ne nons ont jamais effrayes et si nous som
mes vraiment des radicaux, loin de nous offenser que
Ie Progrès nous dcsigne de ce nom, nous lui promet-
tons de n'en plus porter d'autre. L'école radicale,
après tout, n'est pas si pauvreen traditions qu'on
doive rougir de lui appai tenir; elle a fourni a l'his-
toire des nouis d'une incomparable splendeuret, au
moment mème oü le journal nain de la coterie yproise
lui lance ses petils mépris, elle prépare, en Angle-
terre, 1'emancipalion politique des classes ouvrières
et fonde aux Etats-Unis l'affrancliissement des es-
claves. Plót a Dieu que le doctrinarisme put invoquer
des états de service tels que ceux-la
Mais sommes-nous bien des radicaux Et d abord,
qu'est-ce qu'un radical? Le radical, dit Bescberelle,
est celui qui veut detruire tous les abus. A ce coinpte,
il n'y aura pas de parti qui ne prétende être radical
et, loin de repousser cette qualification comme un
outrage, tous le revendiqueront pour eux seuls, a
('exclusion des autres. II n est pas jusqu'au Progrès
qui ne voudra s'affubler de ce beau tilre qu'il nous
lance aujourd'hui comme une injure suprème, après
toutes celles dont son iuepuisable verve nous a grati-
fié depuis cinq ans. Ces injures el les mêmes tie mon-
trent-elles pas toute la haine qu'il a pour les abus?
car quel plus grand abus que 1'existence d'un journal
quise refuse a fléchir legenou devant ses patrons et
a baiser la trace des pas de son grand Lama blanc
La definition de Bescberelle ne nous avance done
pas a grand cbose et, a moins que le Progrès ne se
charge de fournir la signification de sou vocable, nous
courons la chance de rester longtemps a nous deman-
der si nous devons I'accepter comma un homtnage ou
le repousser comme une injure.
Radicaux ou libéraux, peu importe le nom que le
Progrès nous donne, nous ne voulons ni plus ni
moins que l'accomplissement pure et simple du pro
gramme du Congrès libéral de 1846. Ce programme
est celui de I 'Opinionelle n'en a pas, elle n'en a ja
mais eu d'autre. Est-ce clair
Ce programme, nous le sa vons, e'est aussi celui des
patrons du Progrès. Flusieurs d'eolr'eux ont mêrne
fait partie de cette assemblée mémorable par qui
furent posées les assises du liberalisme beige. D'oü
vient cependant que sur la plupart des questions de
la polémique courante, nous soyons en complet desac-
cord avec Ie Progrès et ses patrons? L'explication est
bien simple. Le parti doctrinaire, après avoir fait son
profit de la lutte, trouve que tout est pour le mieux,
maintenant qu'il est au pouvoir; nous, au contraire,
nous soutenons que le pouvoir lui impose I'obligation
de metlre en pratique les promesses qu'il a faites
pour y arriver. Cest probablemenl ce que Ie Progrès
appelle du radicalisme.
Radicaux, ceux qui, au nom de l'indépendance du
pouvoir civil solennellemenl proclamee par Ie Congrès
libéral, réclament ['exclusion du prêtre des ècoles de
l'Etal el osent elever la voix centre le miuistre ou-
blieux de ses devoirs qui a dictó la circulaire du
1" septembre.
Radicaux, ceux qui demandent qu'on en finisse,
après 30 ans de lutte, avec les questions clérico-libé-
rales, sur lesquelles l'opinion publique s'est définiti-
vement prononcée et dont la solution nous est pro
mise depuis plus de dix années.
Radicaux, ceux qui pensent que le paiement d'une
certaine somme d'argent a l'Etat ne constitue pas I'u-
nique crilérium de la capacité électorale ët que le
moment est venu de faire une part a l'inlelligence
dans Ie maniement des affaires publiques.
Radicaux, ceux qui, frappès des piètres résultats
obtenus, depuis 1842, par l'organisation actuelle de
l'enseignement, proclament la nécessitè de l'instruc-
tion obligatoire, seul moyen, d'après eux, d'extirper
des classes ouvrières l'ignorance qui les asservit aux
prèjugés et au vice.
Radicaux, ceux qui rappellect qu'après trente-sept
années d'une paix profonde, la Belgique en est encore
a attendre la plupart des rèformesproclamées urgentes
par la Constitution la réforme financière, une loi rè-
glant la responsabilité des agents du pouvoir, la revi
sion des lois et du Code pénal mililaires, des mesures
pour diminuer les abus du cumul et la revision des
Codes.
Radicaux, ceux qui dèplorent qu'au mépris des de
voirs de la neutralité et sans respect pour les droits
d'uu peuple étranger contre lequel la Belgique n'avait
pas le moindre grief a élever, le gouvernement ait
prêté les mains a l'asservissement du Mexique etsouf-
fert que l'armée nationale fut embauchée dans une
honteuse équipee militaire.
Radicaux, les adversaires de ces gouvernements de
coterie qui tendent a se substituer partout aux gran-
des luttes de la liberté et sèment autour d'eux l'inti-
midation, te mensonge et la corruption des moeurs
publiques.
Radicaux, ceux qui n'admettent pas que la Révolu-
tion de 1830 ait été faite précisóment pour que MM.
Frère-Orban, Rogier et autres restent ministresa per-
pétuitéet qui osent concevoir 1'existence possible d'un
gouvernement libéral dont ces messieurs ne feraient
point partie.
De ces radicaux nous sommes et nous nous en fe
sons gloire. Mais si le, Progrès veut nous rendre res-
ponsablos des exagérations de quelques energumènes
sans écho et sans crédit; s'il prètend étabür une so-
lidarilé quelconque entre nos opinions el celles de
ces pessimistes qui n'aiment de la liberté que les ex
ces qu'elle autorise, il se trompe ou plutót il nous ca-
lomnie, car mieux que personne il connalt l'abime
qui sèpare le libéralisme progressif des doctrines ré-
volutionnaires et anti-constitutionuelles que nous
voyons se produire parfois dans notre pays, au
grand regret de tous les vrais amis de la liberté.
Au surplus, peu nous importent les calomnies du
journal de la coterie. C'est un sort que nous par-
tageons avec tanl d'honnêtes gens que nous se
rions presque tentès de les considerer comme un
honneur. On ne calomnie que ceux que l'on craint. 11
nous plait fort qu'après nous avoir si longtemps dé-
daignés, les frères et amis commencent a comprendre
que nous Valons la peine d'être calomniés.
Nous ne nous sentons nulle envie d'engager une
polémique avec le Journal dYpres au sujet de I'in-
tervention providentieile dans l'ordre physique, la
D loi d'expiation, l'efficacité de la penitence, de la
prière et des bonnes ceavres. Ce sont la matières
de foi auxquelles nous ne demandons pas mieux que
de rester étrangers, Libre au Journal d' Ypres de croire
que le choléra et la peste bovine sont des manifesta
tions de la colère divine provoquée par notre endur-
cissement et nos coupables faiblesses. Mais il voudra
bien nous permeltre, sans doute, de ne pas partager
sa croyance et de caractériser, comme il le mérite, le
fait d'un évêque qui abuse, comme M. de Montpellier,
du prestige qu'il doit a ses fonctions épiscopales pour
inoculer aux populations dont il est le chef spirituel
un enseignement digne des naturels de la Nouvelle-
Hollande.
Quel était Ie but de Mgr de Liége? De raraener ses
ouailles a l'observance de la loi du dimanche. Loin de
trouver blamable la pensée qui avait inspire sa lettre
pastorale, nous y avons applaudi, au contraire, très-
sincèrement. Mais il n'était nul besoin, pour réchauf-
fer le zèle des populations auxquelles l'exhortant s'a-
dressait, de faire appel a des préjugés que la raison
désavoue et qui n'ont rien de commun, quoi qu'en
pense le Journal d Ypres, avec les vérités dogmati-
ques imposées a la foi des fideles. Nous n'avons pas
dit autre chose et, ce fesant, nous croyons avoir usé
d'un droit dont, avec ou sans la permission de notre
confrère, nous entendons user encore l'avenir et,
comme toujours, sans autre souci que celui de la
vérité.
Le Journal d' Ypres en appelle de notre apprecia
tion au jugement de l'opinion publique. Nous alten-
dons ce jugement sans frayeur. Que la peste bovine
envahisse les étables de nos cultivateurs et, si res-
pectueux qu'ils soient envers les enseignements de
leurs évêques, ou verra s'ils rwvrecourent pas au mé-
decin-véterinaire avant de s'aciresser aux spécifiques
supernalurels recommandès par Mgr de Montpellier.
Ville d'Ypres.
Conseil communal.
Séance publique du Samedi 9 Février 1867.
(Suite et Fin. Voir le n» de I 'Opinion du 5 Mars.)
Une erreur s'est glissée dans notre dernier compte-
rendu.
Le total des dópenses ordinaires est de 291,416 fr.
91 c. qui, dèfalque des recettes ordinaires et extraor-
dinaires fr. 369,137 62, laisse une somme disponible
de fr. 77,720 71 et non fr. 77,870 71, comme nous
l'avons écrit.
Le chapitre II. Dépenses. extraordinaires se com
pose des sommes suivantes