Les dentelles d'Ypres.
II faudrait la plume légère et gracieuse d'une femme
pour décrire les merveilles qu'il nous a été donnè
d'admirer.
Rarement nous avons rien vu de plus splendide, de
plus riche, de plus léger, de meilleur goüt tout a la
fois. Les dentelles que les maisons Begerem et Du-
hayon, Brunfaut et Ge envoient a l'Exposition de Pa
ris donneront une haute idéé de notre industrie
yproise. II v a dans eet étalage pour tous les goüts et
pour toutes les bourses, des dentelles de dimensions
croissantes, depuis la dentelle ordinaire jusqué da
deDtelle large de 9m 40, magnifique semis de pensées
et de roses tiavaille en festonsjpour les garnitures de
robes, puis des mouchoirs dont l'un surlout entière-
ment en dentelles, semblait, par la finesse et la net-
teté de ses trames, une vraie toile d'araignée, puis
encore une foule de menus objets, initiales, chiffres,
couronnes nobiliaires, fleurs, bouquets, papillons,
oiseaux, destinés a ornementer les vêtements de bal,
en un mot, toutes les délicatesses, tous les caprices,
toutes les raffineries des toilettes feminines.
II faudrait plus d'espace que nous n'avons et une
plume exercée pour décrire convenablement tous ces
riens précieux.
Gontentons-nous de fèliciter les exposants de leur
goüt exquis, de Ia beauté de leurs dessins. Félicitons
surtout nos modestes ouvrières, ces pauvres incon-
nues qui, semblables aux artistes du moyen-êge,
produiseut des chefs-d'oeuvre et meurent ignorées
non-seulement de la poslérite, mais même de, leurs
contemporains.
On annonce pour mardi une représentation des ar
tistes du Théêlre de Roubaix sous la direction de
M. Steiner-Meyran et avec Ie concours de M11" Scriva-
neck des Variétés de Paris. Gette compagnie drama-
tique, qui n'a rien de oornmun avec les..... amateurs
qui nous ont laissé récemmènt de si tristes souvenirs,
dessert depuis trois ans avec succes la scène de Cour-
trai.
A cóté de talents réels, la compagnie roubaisienne
possède un répertoire varié et amusant.
Souhaitons que M. Steiner-Meyran nous fasse con-
nailre quelques-unesdes nouveautés parisiennes dont
plus d'une fois Gourtrai a eu la primeur, même avant
Bruxeltes.
Nous ne doutons pas que tant d'éléments de succès
réunis n'attirent la foule mardi a notre Théatre.
Exposition d'lnstruments aratoires et Con
cours pour la race chevaline.
Mercredi, 6 mars, malgré la neige et le froid qui
semblaient nous ramener les rigueurs de l'hiver, de
bonne heure déja, de nombreux étrangers. presque
tous gens de la campagne, avaient envahi notre
ville.
Des cavaliers improvisés parcouraient les rues,
montés sur de forts chevaux de labour, et bientót
la Grand'Place fut couverte de monde.
C'était le jour de notre foire aux chevaux, lejour
aussi du concours pour la race chevaline et de l'ex-
position des machines aratoires, organisës par ('Asso
ciation agricole de notre arrondissement.
La foire, qui depuis quelques années prend du dé-
veloppement, offrait a la vente un grand nombre de
chevaux. Et, quoique chez ceuxci la qualité laissat
gènéralement a désirer, nous avons pourtant remar-
qué quelques poulains de deux a trois ans qui possé-
daient une valeur réelle.
Le concours des étalons reproducteurs avait amenó
de magnifiques animaux qui promettent a notre ar
rondissement de vigoureux chevaux de trait.
[.'exposition des chevaux et poulains destinés au
labour et qui étaient venus disputer les primes of
fertes par ['Association, était nombreuse.
Enfin, dans le vaste bailment des Halles on avait
déposé les machines agricoles concasseurs, hache-
paille.barattes, charrues, semoirs, faucheuses,etc.,etc.
Un grand nombre de fabricants avait répondu a l'ap-
pel et leurs produits excitaient un intérêt genè-
ral.
Nous signalerons rapidement les instruments ex
posés par MM. Cungnede LanghemarckRasseneur,
de Frasne-lez-Ruyssard, qui exposait une charrue
tourne-oreille dont l'usage n'est pas encore adopté
'iciHerbinde Tournai, un semoir perfectionné et
une tarareVerhalle, de Ruysseledeune baratte
d'un usage trés-commode et un concasseur a meules
Rauvin, de Waltignies-lez-Lille, un semoir pour toutes
sortes de graines et une houe a cheval Leclercq-
Rouquignon, de Bruges, un bache-paille très-remar-
quable, nettoyant la paille au moyen d'un tamis
Vanschepdael, de Bruxelles, une série nombreuse de
machines méritant pariieulièrernent l'attention des
visiteurs et parmi lesquelles deux faucheuses pour
prairies, une herse de Howard, des hache-paille a
bouche mobile, des coupe-racines, dits dépulpeurs,
et un petit cylindre de fer blanc, qui a beaucoup in
trigue touft le monde. II est tout simplement destine
a batfere le beurre par petites quantités de 6 ou 9 ki
logrammes on le Domme la baratte atmosphèrique.
L'Association exhibait une charrue de Howard, un
trieur pour graines, de Bernollet, et une ingénieuse
invention amérioaine pour traire les xraehes.
On y voyait encore les poëles avec ehaudière de
M. Desmet, d'Ypres, ainsi qu'uu appareil a purifier
les eaux, par M. Deroek, de (land; un assortiment
complet d'instruments de jardinage, envoyé par M. Le~
gros Dernanet, de Namur une collection de harnais,
par M. Scherre, d'Ypres; et trois collections très-
complètes de fers a cheval, par des èlèves maréchaux
de l'Ecole de cavalerie.
M. P. Roy-Coevoel, de Poperinghe, y avait exposé
des spécimen de Ia nouvelle industrie qu'il vient de
jomdre a sa fabrication de poteries ei de tuyaux de
drainage la tuile croisée mécanique et la panne fla-
mande, deux nouveautés pour notre pays,
N oublions pas les sondes-cesophagiennes de Romain
Vandenhenden, et oitons pour finir un plan de ferine-
modèle, signè Lernould- Wicart.
Sous ie ViaMtwer&seteqaient deux machines a tail-
ler Ie lin, que leurs dimensions ne permettaieut pas
d'introduire aux Halles, et trois batteuses-locomobiles
qui ont exceulé leur intelligent travail sur la Grand'
Place.
Quanta l'expositiondeslégumesd'hiver... elle eüt
pu tenir dans le lablier d'une cuisinière.
Quoiqu'il en soit, 1'Association a vu ses efforts cou
ronnes de succès; la fête a été belle. Notre population
a pu contempler les inventions modernes que le génie
humain met au service de ['agriculture. Puisse-t-elle
en apprecier l'utilité et, secouant ses trop vieilles
chaines de ia routine, s'élaneer hardiment dans la
voie du progrès.
Votre administration, qui a rèalisé une suite de ré-
formes dans l'ordre matériel, est trop désireuse de
faire droit a des réclamations légitimes. Aussi ai-je la
conviction, M. le Ministre, que vous prendrez en sé-
rieuse considération les idees que j'ai Phonneur de
vous soumettre et dont la réalisation aurait pour effet
de rassurer les habitants de Furnes-Ambacht.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance
de ma haute considérationP. Bortier.
Aujourd'hui que la question de l'Yser est a l'ordre
du jour, nouscroyons utile de publier la lettre qu'un
des plus grands propriétaires du Furnes-Ambacht,
M. Bortier, a adressée a M. le ministre des travaux
publics M. Bortier signale le danger et indique le re-
mèdequi, selon lui, doil préserver a l'avenir cette
contree des inondations.
Bruxelles, 12 février 1867.
Monsieur le Ministre,
Le Furnes-Ambacht vient d'échapper a une inoada-
tion qui aurait pu avoir les plus funestes résultats.
Temoin oculaire du danger, je me permets d'attirer
votre attention sur l'urgence qu'il y a de prendre de
sages et énergiques précautions pour l'avenir.
II importerait avant tout
De renforcer et d'exhausser, aux endroits que la
dernière crue des eaux a menacé, les digues de l'Yser
De presser l'exécution des travaux déja dècrétés
pour l'élargissement el l'approfondissement du canal
de Lóo
De metlre l'Yser en communication avec le canal
de Plasschendaele a Nieuport, ce qui permettrait, dans
les circonstances critiques, de deverser le trop plein
des eaux par la nouvelle écluse du Comte de Flandre.
I.es alarmesque viennent d'éprouver les habitants
du Furnes-Ambacht ne sont que trop fondées il ne
s'en est fallu que 8 a 10 centim. pour que les eaux de
l'Yser ne franchissent les digues et ne submergent une
plaine, d'une superficie de 14 a 15,000 hectares, oü
sont groupées vingt communes se trouvant a deux
mètres en contre bas de la digue de l'Yser.
On frémil a l'idée des calamités qui se seraient pro-
duites si la fonte des neiges avait été accompagnee de
pluie, et c'est cette absence de pluie qui a préservé
cette riche contrée d'une ruine presque compléte.
Le Gouvernement ne voudra pasassumer plus long-
temps une responsabilité aussi grave, et il prendra,
j'en suis couvaincu, des mesures immédiales pour
faire disparaitre cette incessante menace.
Nous lisons dans le Bulletin du Dimanche, de
Bruxelles
Au moment oü la legislature s'occupe de ['organi
sation des tribunaux de Commerce, on ne saurait
trop appeler son attention, et en particulier cel Ie de
['honorable ministre de la justice, sur les scandaleux
abus qu'engendre la liquidation des faillites
Üne faillite, le commerce ne le sait que trop,
disait naguèreavec raison VEconomiè, de Tournai,
est une sorte d'aubaine livrée a quelques gens de loi
qui se ruent sur cette proie avec avidité et s'en don-
nent a coeur joie sans être le moins du monde trou-
blés dans leurs ébats.
A l'appui de son dire, ce journal citait une faillite a
Gand, dont l'actif realisé s'est élevè a 54,168 fr. et
dans laquelle les frais de liquidation ont absorbé la
somme enorme de 23,859 fr.
Les honoraires du curateur, y compris ses frais de
voyage, s'elevaient aFr. 18,389 09
Ceux dugreffier, a4,070 00
ld. du juge de paix pour vaca
tions, mise de scelies1,400 00
Soit en tout, fr. 23,859 00
La presse bruxelloise signale aujourd'hui un autre
fait du même genre. Les trois curateurs de la faillite
de la Ranque du Crédit commercial se sont adjugés
pour chacun d'eux, 25,000 fr. d'honoraires, plus une
somme globale de 2,000 fr. pour frais de voyage, soit
en tout 77,000 fr. pour frais de liquidation.
II y a la, nous le répétons, de scandaleux abus aux-
quels il est plus que temps de remédier, autantdans
l'intérêt de la morale publique que dans celui des
malheureux créanciers que l'on dépouille ainsi de ce
qui leur est légitimement dü.
Disons aussi que ces dilapidations ne sont que trop
souvent Ia cause unique pour laquelle le failli, revenu
a un meilleur état, se trouve a l'avenir dans l'impos-
sibilité absolue de se libérer entièremenl envers ses
créanciers.
VUnion libérale de la Garde Civique de Liége vient
d'ouvrir un concours sur cette question
Jusqu'a quel point une armée citoyenne peut-
elle sutlire a la défense d'un pays?
Voici les conditions de ce concours'
L'Union libérale de la garde civique de Liége, par
délibération prise en seance du 27 janvier 1867, a
chargé son comité de prendre les mesures nécessaires
pour meltre a exècution la proposition suivante, adop-
tée par l'assemblee.
Organiser un concours sur la question
Jusqu'a quel point une armée citoyenne peut-
elle suffire a la défense d'un pays?Donner un pro
jet d'organisation de la milice citoyenne en Belgique
aussi complet que possible, rendant cette force utile
ala defense du paysprojet applicable immédiate-
ment el concordant avec l'esprit de nos institutions
conslitutionnelles.
Le mémoire couronné, d'aprés la proposition, rece-
vrait une médaille d'une cerlaine val&or et serait pu-
bliè aux frais de la Société.
Voici les dispositions que le comité a adoptées
1° Les mémoires en réponse devront être parvenus
a la Société avant le 25 avril prochain, ils seront
soumis a l'appréciation d'une Gommission nommée
par le Comité, cette Commission déclarera quel tra
vail parvenu répond le mieux a la hauteur et a l'im-
portance du sujet.
2° Les prix pourront ne pas être décernès si Ia
Gommission juge que les mémoires ne le méritent
pas.
3° La Commission signalera les parties remarqua-
bles des mémoires, même de ceux qui n'auraient pas
mérité de prix.
4° La Société deviendra propriétaire des mémoires
envoyés; bien entendu, les noms des concurrents