loi sur les evaluations cadastrales en tête de l'ordre du jour. C'était l'enterrement de la rèforme avec la franchise en moins. La Chambre comprit que sa di- gnite était engagée par son premier vote et, après quelques paroles de M. Frère déclarant que le minis tère acceptait loyaiement la décision de l'assemblée, elle rejeta la proposition de M. Jacquemyns par 83 voix. 14 représentatits formèrent la minorité. Nous regrettons vivement de voir figurer parmi ces der- niers l'un de nos députés, l'honorable M. de Flori- sonne. Cortes nous n^avons pas a préjuger ici Ie vote que l'honorable membre émettra dans la question de la réforme, ni a examiner en ce moment ses opinions sur ce sujet, mais nous nous demandohs quelle né- cessité il y avaitqü'uu de nos maVtdataires se moh- trat en cette circonstance plus ministeriel que les ministres Chronique judiciaire. Tribunal civil d'Ypres. Audience du 13 Mars 1867. Affaire de la Sociêté d'exploitation de Chemins de Fer conlre le journal /'Opinion. 20,000 francs de dommages-intéréts. JUGEMENT Attendu que Particle de 1'Opinionjournal d'Ypres et de l'arrondissement, numéro du 4 février 1866, portant la rubrique Le Chemin de fer de la Flandre occidentale et finissant par ces mots o S'il est inforiné de ce qui s'y passe, ledit nu méro düment visé pour timbre et enregistrè N'a fait que reproduire les plaintes que le public formulait depuis plusieurs années, non-seulementcon- tre le Chemin de fer de la Flandre occidentale, mais encore contre la plupart descheminsde fer concédés, plaintes que des Chambres de commerce avaient déja signalées et qui ont trouvé de l'écho dans les Chambres legislatives a chaque discussion du budget des travaux publics 5 Attendu que les faits énoncés dans le journal et ceux articulés dans les actes de procédure, loin d'être controuvès, sont en générai reconnus par la Société demanderesse qui se borne a pretendre que quel- ques-uns d'entr'eux ont été ou exagérèsou présentés sous un jour défavorable Attendu que rien ne prouve que Particle de YOpi nion aurait eu l'inlention de ouire a la Société d'ex ploitation que bien au contraire il semble n'avoir eu d'autre mobile que la sécurité publique et l'intérêt géné&al, ui d'autre but que celui d'appeler l'attention de la Société et celle du Gouvernement sur des faits qui, peugraves en eux-mémes, pourraient le devenir par leurs consequences éventuelles; Attendu que la publication dont il s'agit ne dépasse done point les limites d'une critique légitime et qu'elle n'est aucunemeut de nature a occasionner le moi'ndre prejudice Attendu qu'il n'y a pas lieu d'examiner si la preuve offerte est admissible, paree que, d'après ce qui pré- cède, elle serait surabondante; Attendu, d'autre cóté, que la Société d'exploita tion, qui aurait en effel pu se bomer a répondre au journal, a aussi pu croire de bonne foi que sa consi- dération et ses intéréts exigeaient davantage qu'en intentant Faction elle a usé de son droit et ne saurait de ce chef êlre tenue a aucune reparation Par ces motifs, Ouï l'avis de M. Lameere, Substilut du Procureur du Roi, Le Tribunal déclare la société demanderesse ni recevable ni fondée dans son action la partie defen- deresse non fondée dans ses conclusions reconven- tionnelles et condamne la demanderesse aux dé- pens. P. Biebuyck, President A. Sartel, H. Iweins, Juges. Le gouvernement a créé un fonds spécial de 25,000 francs dans le but de faciliter l'accès de l'Exposition universelle de Paris a certaines catégories de travail- leurs, et M. le ministre de l'intérieur invite les com munes ainsi que les industriels a fournir leur quote part dans le fonds cominun des bourses de voyage. En conséquence, la Chambre de commerce des arron- dissements d'Ypres et de Dixmude adresse la circulaire suivante a tous les fabricants. Nous publions textuel- lement ce document avec toutes les originalites de style dont il est émaillé. CHAMBRE Ypres, le 1 Février 1867. de Commerce des ARROND1SSEMENTS D'YPRES ET DB DIXMUDE, Corr. N° Monsieur, Satisfaisant au contenu de la circulaire de Monsieur Ie Ministre de I'lntériéur, en date du 13 Décembre dernier, et transmise a notre Chambre de Commerce, par les soiris de Monsieur le Gouverneur, nous avons l'honneur d'appeler voire attention sur les points principaux qui fórmeht l'objet des prescriptions énoncèes dans la dite Circulaire. Le Gouvernement a décidé, qu'un fonds spécial de 25,000 fr. serait destinè a faciliter l'accès de l'exposi- tion universelle de 1867, a cerlaiües catégories de travailleurs, or cette somme est insuffisante pour al- teindre le but proposé, et il importe cependant qu'un certain nombre d'ouvriers d'èlite puisse visiter cette exhibition des produits de toutes les industries. Monsieur le Ministre invite la Chambre de Com merce de s'adresser aux principaux industriels de Son ressort, pour les invitera concourir a augmeDter le fonds destiné a défrayer les ouvriers appelés d faire le voyage de Paris en 1867. Monsieur le Ministre invite aussi les communes, surtoüt celles qui sont dotées d'écoles industrielies, d'écoles de dessin, ou qui sont le siége de diverses industries, a fournir leur quote-part dans le fonds commün des bourses de voyage el les ne sauraient, dit M. le Ministre, faire un meilleur emploi de leurs ressources, et le Gouvernement leur tiendra compte des sacrifices qu'elles se Serout imposés daiis ce but. LeS communes et les industriels qui auront con- couru a augmenter lë fonds de voyage, sont autorisés a sóumettrë h l'appréciation de la Chambre une liste des travailleurs qu'ils jugeront digneS d'être envoyés a l'exposition de Paris ces propositions devront être accompagnées, pour chacun des noms qu'elles com- prennent, de renseignements exacts et détaillés sur l'ffgë, l'état-civil, Ia résidence et la profession de la personne proposée, et l'on devra y consigner avec Sötn tous les motifs qui sont de nature a justifier la presentation. A titres êgaux, il convient d'accorder la préférence aux travailleurs qui ont été honorés de la distinction instituée par les arrêtés royaux du 7 Novembre 1847 et du 17 Mars 1848, ainsi qu'a ceux qui fréquentent une école industriélle ou un cours spécial de dessin ces circonstances devront être mentionnées pour Chaque proposition oü il y aurait lieu de les relater. Les postulants devront d'ailleurs savoir lire et écrire, el être a même de rédiger une relation sommaire de leur visite. Abstraction faite de ('aptitude personnelle, il y a des motifs de préférence dans la profession même et que Ia Chambre de Com - merce appréciera. En conséquence de l'exposé qui précède, la Cham bre de Commerce d'Ypres, a décidé de se constituer en comité, chargé de reCueillir les souscriptions, et elle invite les communes ainsi que les industriels de son ressort, a vouloir seconder ses efforts afin d'aug- menter le londs commun destiné défrayer les ou vriers qui seront envoyés a l'exposition de Paris qui s'ouvrira Ie premier Avril prochain, a eet effet tious avons l'honneur de vous faire parvenir des bulletins de souscription, en vous priant de vouloir les sou- mettre a la signature des principaux industriels de votre commune, et de nous les retourner avant le 15 de ce mois. Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre consideration la plus distinguée. Le SecrétaireLe Président, C. BECUWE. P. BEKE. Cette circulaire a fait dans notre ville le fiasco le plus complet et nous ne croyons pas nous tromper en disant que tous ou presque tous nos industriels ont refusé leur souscription. En elle-même, cette décision serait regrettable si elle devait avoir pour résultat de priver un certain nombre d'ouvriers sérieux de l'instructive visite l'exibition universelle. Mais a quoi faut-il attribuer la cause de ces refus Au système pratiqué par nos administrations, système de favorilisme qui relègue le vrai mérite a l'arrière-plan pour próner pai'tout les créatures des administrateurs. Nos fabricants n'ont pas voulu que leurs deniers fussent employés a entretenir quelque farceur dont les pretentions ou- trées et la ridicule suffisance constituent tous fes titres. Qui voudrait les en blêmer? On vient de créer a Bruxelles une nouvelle ligue la Ligue du Peuple. Voici son prÖgfanVftiê Ligue du Peuple. Tous les pouvoirs émanent de la nation. (Constitution beige.) Le droit de suffrage est la condition première de la liberté. Lorsqu'une Constitution, après avoir proclamé la souveraineté nationale, en remet I'exercice a une élasse de censitaires, cê ne peut être qu'en vue d'une tutelle transitoire et avec le mandat de Iidter Eman cipation du peuple entier; si l'esprit de la charte po pulaire n'indiquait pas ce devoir, si sa lettre ne le per- mettait point, s'il n'était pas abordé, rempli, dans la pratique, le principe serait trahi; Ie législateur au rait institué, non pas la liberie, mais le privilege et comme I'ombre d'une representation nationale. Quoi I l'on proclamerait la Belgique fibre et tous les Beiges égaux devant la loi, et les neuf dixièmes des Beiges devraient obéir a des lois sur lesquelles ils n'ont pas été consultés; devraient payer des im- póts, depuis l'impót du sel jusqu'a l'impót du sang, qu'ils n'ont pas votésdevraient se laisser göüver- ner, administrer, juger, condamner, mener a la pri son, au tribunal, a la caserne, par des pouvoirs qui leur sont étrangers 1 On proclamerait la nation fibre et composée d'é- gaux, et toutes les lois qui disposent du travail du peuple, de son pain, de son instruction, de sa mora- lité, de son honneur,de sa vie même, seraient discu- tées, Seraient votées sans lui, malgré lui, trop souvent contre lui I Toutes les sciences sociales s'accordent pour établir la loi de solidarité qui règne sur les hommes. Toutes démontrent que les classes les plus pauvres portent surtout la peine des fautes et des erreurs de la poli tique. Un économiste beige, M. Haeck, a prouvé que la misère, les délits, les crimes, la mortalité montent ou baissent avec le prix des denrées, s'accroissent avec l'ignorance et dependent des bonnes ou mau- vaises lois, si légèrement votées. Les savants ne parient pas autrement. Déja, en 1832, M. Quetelet, résumant les données de la Phy sique sociale, concluait qu'il appartient au législa- teur de fixer chaque année le budget de la misère et du crime, comme celui des recettes et des dé- penses publiques. Et ce budget terrible serail voté chaque année par une classe qui a intérêt a en rejeter tout le fardeau sur le peuple 1 et le grand souffré-douleurs de la so ciété, comme un suspect que l'on condamne sans l'en- tendre, ne pourrait porter la voix de ses besoins, le cri desa misère, le vote de ses droits devant ce tri bunal suprème oü l'on décide de son existence sans lui, malgré lui, trop souvent contre lui Non si les despotes s'emparent du pouvóir pour régner dans le sang d'un peuple, si les habiles per- pétuent la tutelle en vue d'une exploitation qui bien souvent leur coüte cher, les citoyens d'un pays fibre ne peuvent accepter cette lourde charge que comme un mandat d'émancipatión et de progrès Aussi, quand Ie privilége porte ses fruits mauvais, quand le corps élecloral, restreint par la loi aux cen sitaires, restreint par les partis a des associations qui augmentent encore le Cens, restreint par ies gouver- hants a un mot d'ordre ministériel, descend des pré miers essais de self-government au régime des candi datures ofHciellesquand le niveau intellectuel baisse d'année en année dans la Chambre que l'industria- lisme l'envahit après Ia discipline et qu'on y répond aux demandes de progrès par d'impérieux nonpossu- mus Ni aujourd'hui, ni jamais lorsqu'il a fallu des averlissements de la presse étrangëre pour em- pêcher une majorilé libérale de voter une loi pénale odieusequ'il a fallu faire des lois contre la corruption des électeurs,et que des reformes démocraliques fus- seDt mises a l'ordre du jour par l'opposition lorsque le gouvernement des censitaires est devenu Ie règne d'une oligarchie financière, contre laquelle le droit de suffrage est impuissanl aux mains de la petite bour geoisie, contre laquelle viennent échouer, sous les affronts, les reclamations du payslorsqu'enfin un ministre, non content de nier l'égalité politique, a osé, du haut de la tribune nationale, signifier au travail- leur beige qu'il eüt désespèrer de l'obtenir jamais, et proclamer l'indignité du peuple dans le présent et

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2