DE L'ARKONDISSEMENT V PRES. Dimanche Cinquième année. N' 14. Paraissant le dimanche. PU1X OIlBOIVEMËMT POUR LA BELG1Q.UE 8 francs par an; fr. 50 par seraestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX HES AtAOACES ET DES RECLAMES 10 Centimes l& petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le TOUT PAYABLE d'aVANCE. Laissez dire, laissez-vous blêmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib,, On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Oixmude59. ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. Ypres, Avril «so». La Chambre a tepoussé. a une forte majorité, la motion d'ajournement présentée par MM. Dumorliér et Wasseige. Le ministère s'est opposé a la motion, mais mollement et par pur acquit de conscience. On apercoit clairement, au langage de M. Frère-Orban, qu'il n'aurait pas demandé mieux que d'avoir la main forcée par la majorité; celle-ci, deson cóté, se serait décidèe sans grande difliculté, pensons-nous, a -voter I'ajournement, pour peu que Ie ministère en eftt ma nifesté Ie désir. Mais ni 1'un ni I'autre n'a vouln assu- mer la responsabilité de l'initiative, et plutót que d'en courir les risques, tous deux se sont unis pour reje- ter, de commun accord, une proposition qu'ils eussent volontiers votée par acclamations, n'était la peur du qu'en dira-t-on. Nous n'éprouvons nulle envie de nous réjouir de nette resolution. L'attitude de la Chambre, en nous enlevant toute espérance de voir trioinpher l'idée d'une rêforme vraiment dêmocratique, nous laisse absolument indifférent au résultat de la discussion. Que Ie projet ministeriel soit ou non adopté, la rê forme 'eSt ajournée et, ajournement pour ajourne- ment, mieux valait peut-être la proposition de Mes sieurs Dumortier et Wasseige que celle du gouverne ment. La proposition de AI. tioillery. Savoir lire et écrire ne sufEt pas pour exercer le droit électoral. Tel est l'argument que nous entendons opposer sans cesse aux partisans de l'amendemenl de M. GüÖ'lery. II est certain que l'hornme qui ne saurait absolu- tment que lire ét écrire et dont l'intelligence serait fermée a toute autre connaissance, ferait un assez médiocre élecleur. Mais ce que nous prétendons, c'est que l'homme qui, arrivé a l'êge de la majorité, pos- sède encore ces connaissances préliminaires, ést un homme dont l'intelligence a travaillé et qui donne a la société toules les garanties desirables destruc tion. Dans leidiscours qu'il a prononcé le 30 mars der nier, a la Chambre des représentants, M. le ministre de l'Intérieur a constaté que sur 50 enfants qui quitlent l'école primaire a l'époque de leur pre- o mière communion, il y en a a peine trois ou quatre qui, a l'êge de 18 ou 20 ans, sachenl encore con ve il nablement lire et écrire. Les autres, ajoutait M le ministre, ont appris un métier ou sont allés travailier alle terre en peu de tempsils ont oublié tout ce qu'ils avaient appris a l'école. Sioette triste statislique est exacte, il en résulte que la lecture et l'ecriture sont des connaissances qui se perdent bientöl par le non-usage el que si ceux qui les ont acquises dans leur jeunessé les possèdent encore a l'êge de raisom c'est qu'ils les ont assidü- menl cultivêes. Or, lés partisans de l'amendement de M. Guillery ne disent pas aulremhose jamais il ne deur est venu a la penSée de soutenir que, par cela seul qu'il sait lire et écrire, l'homme doit être néces- sairement et absolument tenu pour instruit el intelli gent; ce qu'ils aflirment, et M. Ie ministre de l'Inté rieur vientde corroborer leur affirmation, c'est que, par la même que pour conserver ces connaissauces élémentaires, il a dü en faire un usage fréquent et continu, eet hornme donne a la société des garanties de capacité et d'instruction au moins égales a celles que le régime électoral actuel trouve dans le eens. On peut critiquer la proposition de M. Guillery, mais c'est bien pour le moins qu'on ne la dénature pas. Barrières et barrières. Le ministère a la pretention d'opposer une barrière infranchissable au suffrage universe!. Voici dans quels termes M. d'Elhougne s'exprimait, dans la séance du 12 mars 1847, au sujét des barrières de la loi en ma- tière électorale Je crois, messieurs, disail l'honorable représen- lant de Gand, que c'est une chose désirable et heu- reuse, et c'est chez moi une conviction déja vieille, que ('extension des droits politiques a un plus grand nombre d'electeurs, qua'nd cette extension est la consecration et la consequence d'un progrès intel- n lectuel et moral bien constaté. Je crois qu'a ces brusques et profonds remaniements que l'on voit i) quelqnefois s'opérer dans leS Etats constitution- nels et qui sont de véritables revolutions légales, il est préférable de substituer des réformes pru- dentes, des réformes partielles, successives et sa- gemenl amenées. De la soète, en effet, on ouvre t aux non-électeurs la perspective de l'avenir; de la sorte, on les convie a la conquête pacifique des droits politiques; on leur prouve qu'au fur et mesure que par leur instruction, par leur mora- lité, par leur travail, par leur économie, ils se rap- prochent des limites de la loi, eile aussi, abaisse les barrières et vient au-devanl d'eux. Entre la politique de M. d'Elhougne et celle du mi nistère, les hommes d'ordre n'auront pas de peine a se prononcer. C'est la résistance qui, de tout temps, a perdu les gouvernements. L'hisloire ne mentionne pas une seule révolutïon causée par des concessions intelligentes et faites a temps. Le grec Lucieü avait prévu Ie gouvernement repré- sentatif et il s'en explique dans son dialogue de Jupi ter tragiqueavec une liberie que nous nous garde- rions bien d'imiter. Nous allons le citer, en avertis- sant cependanl nos lecteurs qu'il n'a pas osé deviner que le talent, Ie génie tie seraient comptés pour rién; il leur assigne le premier rang après Dor et I'argent. Ce n'est pas constitutionnel. Mais Lucien vivaitavant le gouvernement représentalif, et il y a de ces choses .qu'on n'invente pas. Jupiter eonvoque les Chambres; il fait inviter tous les dieux a s'assembler pour délibérer sur un sujet important. -- Jupiter dit a Mercure o Placez- les se'on Ie mérite de la malière dont ils sont formés d'abord les dieux d'or, ensuite Ceux d'argent, ceux d'ivoire, ceux d'airain, puis ceux de bois. Parmi ceux qui sont de la même matière, vous donnerez les premières places ceux qui sont les miéux sculptés. Mercure. Vos ordres seront exécutés. II y a ce- pendant un embarras dois-je placer un dieu d'or, grossièrement travaillé, avant les dieux d'airain faits par Myson et a\-ant ceux de pierre, qui sont l'ouvrage de Phidias et d'Alcamène? Ne devons-nous pas plu tót donner la preference a I'excellence du travail Jupiter. Cela serait mieux, en effet; cepen- dant, tout bien consideré, placez toujours les dieux d'or les premiers. Mercure. J'entends; vous voulez que, dans la distribution des places, on préfère les richesses au mérite. Allons, messieurs les dieux d'or, placez- vous. Oh! oh 1 Jupiter, remarquez-vous que les premiers siéges vont être remplis par les dieux barbares! Vous voyez que ceux des Grecs sont beaux et bien faits, mais presque tous de pierre ou de cuivre, ou tout au plus d'ivoire, beaucoup même son! de bois. Cet Apis, au contraire, cet Anubis, ce Mithras, sont de bel et bon or, bien lourds et bien massifs. Neptune. En veritè, Mercure, est-il juste de pla cer avant moi cet Anubis, cet Egyptien a tête de chien Mercure. Sans doute, Neptune. Lysippe ne vous a fait que de cuivre, ce chien est du plus précieux desmétaux; il faut, s'il vous plait, que ce morceau d'or prenne place avant vous. Venus. Mercure, je dois même a ce litre avoir une des premières places d'abord, je suis belle, ensuite Homère m'appelle souvent dorée Mercure. C'est uneflatterie de poëte. Vous êtes tout simplement de marbre de Paros et accessoire- ment le chef-d'oeuvre de Praxitèle; contentez vous de la place qui vous est assignee. Tenez, voici aussi Apolion qui réclame; eh bienl il n'en sera pas moins assis au dernier rang; il avait une couronne d'or, il est vrai, et des cordes d'or a sa lyre: mais les voleurs les lui ont enlevées. Mais, Jupiter, je ne puis plus suffire pour apaiser ce tumulteentendez-vous le bruit qu'ils font et comme ils demandent leur portion de nectar et d'ambroisie, etc., etc. On vient d'afficher au bureau des Postes, a Ypres, un tableau indiquant les heures d'expedilion des cor- respondances pour les diverses localités de i'intèrieur du pays et pour l'étranger,, dans lequel on remarque cette singuliere anomalie que les expeditions se font pour toutes les destinations en géneral par chacun des trains qui .passent a notre station, a cette seule exception prés, que les correspondances pour Bruges et pour Osteride ne sont pas expediees par le train de 8 h. 57, qui doit arriver a Bruges a 12 h. 5 et qui correspond a Courtrai avec un train arrivant a Bruxelles a 12 h. 43. De manière que, de deux lettres remises a notre bureau de pös;o a 8 h du matin, l'urié pour la capitale et I'autre pour le chef- lieu de notre province, la première peut être distri- buee au commencement de l'apres midi, assez a temps pour que le coréespondant puisse repondre par le courrier partant de Bruxelles 6 h. dusoir; tandis

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1