Ainsi done laissons tomber cette assemblee géné
rale et n'en parlons plus.
Vient maintenani la réunion des presidents, vice-
présidents et secrétaires des divers sous-comités. Mais
nous n'avons pas besoin de règlement pour celaqui
est-ce qui nous empêche de nous réunir pour nous
éclairer.
Je vous dis d'avance.
Interruption émanant de queiques membres sié-
geant au bureau. L'orateur se tourne vers eux et
sa voix ne parvient pasjusqü'a nous.)
Quant a ce droit accordé a vingt membres de l'As-
sociation, c'est toutbonnement une fiche de consola
tion, c'est, passez-moi l'expression, dorer la pilule
pour faire accepter par les sous-comités le change
ment proposé.
Je le répète, Taction des sous-comités sera illusoire
si vous ne leur donnez pas le droit de se réunir de
nouveau.
On dit qu'il se passé dans les sous-comités
des choses qui ne devraient pas s'y passer
je ne parlerai que de mon sous-comité et je dois
dire que la les choses se sont toujours passées très-
convenablement. On dit que les sous comités démo-
lissent dans leur seconde réunion les candidatures
qui se sont produites dans la première; c'est la une
grande exagération et d'ailleurs ce u'est pas a ceux
qui viennent aux sous comités qu'on doit adresser des
reproches, mais a ceux qui n'y viennent pasce sont
les absents qui ont tort, voila les vrais et les seuls
coupables. Tous les véritables libéraux doivent aller
aux sous-comitesor, beaucoup n'y viennent pas, el
si de la il résulte des inconvénients, ce sont ceux qui
n'ont pas voulu se déranger qui doivent se les repro-
cher ce sont précisement ceux-la qui trouvent que
les choses ne se passent pastrès-convenablement dans
les sous-comites Ceux qui remplissent leurs devoirs
sont done accusés précisémeut par ceux qui ne les
remplissent pas Applaudissemeats
M. le Président. C'est la un malheur.
M. Laurent. C'est la un malheur, dites-vous,
mais alors n'accusez pas ceux qui viennent aux sous
comités.
M.Dervaux. Mais je ne les accuse pas.
M. Laurent. Mais, si on ne les accuse pas, pour-
quoi propose-t-on la destruction des sous-comités. On
a beau dire qu'on ne les accuse pas, en réalitéon les
accuse puisqu'on veut les destituer en quelque sorte;
le mot n'est pas de moi, il est d'un des plus anciens et
des plus dévoués membres du parti libéral, de ('hono
rable M. Joseph Vanden Berghe. Quand les sous-co
mités ont un pouvoir, a-t-il dit, qu'on le leur laisse et
si on le leur enlève, on jet-te la désunion dans le libé
ralisme.
Voici la raison de la vivacité, de la passion même
que je mets dans cette discussion c'est que je crains
que nous n'aboulissions a une scission dans le libéra
lisme si le nouvel art. 17 est voló.
Voila ce que je crains. J'ai conjuré ce que j'appel-
lerai nos adversaires, de ne pas innover; nous n'a
vons pas le droit de nous diviser, et il faut done éviter
tout ce qui peut amener celte division. Or, ne voil-on
pas qu'on blesse les sous-comités en leur enlevant
leurs droits, qu'on jette la division dans l'Association
laissez done aux sous comités le pouvoir qu'ils ont.
Voila dans quel esprit j'ai parlé, voila l'animosilé que
j'ai mise dans cette discussion et qu'on a si mal inter-
prètée. Je dis done que c'est dans l'intérêt de notre
union nous tous, pour éviter tout prélexle même
de dissentiment que je demande de maintenir Tetat
actuel des choses que eet état de choses ne soit
pas ie meilleur, je veux bien le croire, mais il n'est
pas si mauvais qu'on le dit puisque nous marchons
depuis tant d'années avec le règlement actuel et que
nous avancons. Si l'opinion libérale avail un peu plus
de force a Gand, alors il n'y auraH rien a craindre.
{Interruption bruyante et prolongée b, laquelle prend
part M. Th. Verbeke siégeant au bureau.)
M. Aug. Van Damme. Je demande la parole pour
une motion d'ordre. Je demande qu'on n'interrompe
pas l'orateur; nous n'avons pas interrompu etcepen-
dant on nous a dit bien des choses désagréables.
M. Laurent. On vous a parlé des personnes...
Eh bien, la lutte a eu lieu sur l'état actuel des choses
et Ie nouveau règlement; or,je crois qu'au sein même
de Ia commission il n'y a pas de majorité sur l'ar-
ticle 17. Jugez-en, lors de notre premier vote dans la
commission on a interdit une seconde réunion des
sous-comitésmais il y a eu dans une réunion subsè-
quente un second vote et alors on a rétabli l'ancien
état de choses. Mais j'ai appris avecétonnement qu'on
est revenu une troisième fois sur ce second vote et
qu'on a décidé que la seconde réunion des sous-comi
tés était supprimée. Je n'ai pas étè présent a ce der
nier vote, paree que je croyais ma présence inutile,
l'ancien état de choses ayant étè rétabli définitivement
au second vote. C'est done un pur effet du hasard qui
a formé une nouvelle majorité. Cela vous prouve le
disaccord qui règne au sein même de la commission.
Comment voulez-vous que ['article 17, eu supposant
qu'il soit adopté, ait une valeur morale lorsqu'on
saura que même dans la commission il n'y a pas eu
une majorité et qu'ici encore eet article n'a obtenu
qu'une faible majorité.
Eh bien, quelle est la conclusion, quel est le remède
tout cela? C'est le maintien de l'ancien article 17.
Quand on a un règlement qui fonctionne de manière a
ce que le libéralisme continue a progresser, n'y tou
ches pas; la solution de la question dans ces termes
me semble très-simple et c'est la ce que je propose.
{Applaudissements prolong és.)
M. G. Rolin. Messieurs, j'avais espéré ne pas
prendre la parole aujourd'hui et je têcherai d'être
aussi bref que possible. Je tacherai en même temps
d'être plus dans la réalité que ne l'a fait le premier
orateur qui a pris la parole et de respecter scrupu-
leusement la moderation dont celui-ci est parvenu a
conserver les apparences. Je dis les apparences
paree que beaucoup de membres de cette assemblée se
sont sentis atteints et l'honorable M. Laureut, qui m'a
prècédé, en est un exemple par la facon dont l'hono
rable rapporteur a insinué que quelques-uns d'entre
nous ont voulu se faire une arme pour amener une
scission dans l'Association.
Je dis qu'il y a dans Tarticle 17 la question de prin
cipe la plus simple du monde. II y a dans le règle
ment l'élément central et les sous-comités. L'hono
rable rapporteur a supposé qu'il y avait un conflit
nécessaire et permanent entre ces deux éléments.
Quant a moi, j'éprouve le besoin de maintenir les
sous-comités, non pas comme nom, mais comme réa
lité, et de donner chacun de ces deux éléments la
prépondérance a son heure et en son temps.
Nous sommes une Association libérale qui aspire a
faire passer aux éleclions des candidats libéraux. Eh
bien, il y a dans cette Association un pouvoir exécutif
et un pouvoir que je nommerai législatif; ce dernier,
mon avis, ce sont les sous-comités. Ainsi, nous
avons d'un cóté l'Association en assemblée générale
et les sous-comités, et d'un autre cóté le comité cen
tral qui est chargé d'exècuter ses decisions; or, il
s'agit de savoir, lorsqu'il faut choisir les candidats
agréables a l'Association, a qui il faut confier le choix,
et il me semble que c'est aux sous-comités que ce choix
doit être laissé.
On a parlé de division dans le libéralisme; nous
avons des adversaires communs eontre lesquels nous
devons tous lutter, mais il serait absurde de supposer
qu'en toutes choses nóus devons absoiument être tous
du même avis. II y a ici avant tout une question de
principe, c'est le degré de confiance qu'il faut avoir
dans le bon sens de l'opinion publique. Nous autres
nous avons confiance dans la liberté.dans le bon sens
public et nous croyons qu'il n'est pas nécessaire de se
dófaire de son libre arbitre et de l'abdiquer pour le
remettre entre les mains de quelques-uns. Voila la
question de principe qui nous divise et voila pour-
quoi nous avons eu le malheur de rencontrer contre
nous une partie de l'Association sans que nous ayons
été arrêtés dans la marche qui nous parait seule con
forme a la justice et au vérilable liberalisme.
Je m'étonne qu'on ose suspecter le dévouement
d'une partie de l'Association, alors que dernièrement
après avoir été en butte a des suspicions et a des in
sinuations de toute espèce, j'ai marché avec mes
amis, unis a tous les vrais libéraux. Applaudisse
ments prolongés.)
G'est pour cela que je suis monté ici et pour pro
tester au nom du principe qui est ma vie, au nom de
la confiance dans la liberté, et que je préfère l'ancien
article 17 frauc et sincère a la machine difficile a
comprendre par laquelle on veut le remplacer.
Je propose done le maintien de l'ancien article 17.
{Longs applaudissements
M. Metdepenningen. Avant de faire une observa
tion sur le vote qui va se faire, je sens le devoir et
je Ie fais de bon coeur de remercier l'honorable
M. Laurent des paroles bienveillantes et tropflatteuses
pour moi, par lesquelles il a commencé son discours.
L'observation que j'ai a présenter la voici On
demande le maintien de l'article 17, mais c'est de-
mander que l'Association se déjuge. G'est au sein de
l'Association, après les tristes résultats qu'avaient
eu certaines propositions de candidatures, qu'est née
la pensée d'une modification au règlement et il ne
s'agissait que de Tarticle 17. L'assemblée générale n'a
pas émis un vote sur cette question, car elle était
unanimec'était la pensée de l'Association qu'il fal-
lait changer le règlementtous les sous-comités ont
envoyé des délégués afin de faire un nouveau règle
ment, et lorsqu'on soutient que les sous-comités re-
présentent l'Association, c'est done l'Association
tout entière qui a demandé la révision, puisque tous
les sous-comités ont été d'accord.
Le comité électoral, formé des délégués des sous
comités,a procédé a cette révision du règlement. II y a
eu, comme le disait M. Laurent, de longues hésita-
tions, ainsi qu'il arrive lorsqu'il y a des propositions
contradictoires; il y a eu même des votes contradic-
toires. Mais est-ce que dans cette commission électo-
rale il est venu a Ia pensée de personne de dire .- nous
ne procéderons pas au changement du règlement?
Non, paree que la commission avait recu le mandat
de le changer.
Done il y a lieu de voter sur les dispositions pro-
posées a Tarticle 17 nouveau, mais non s'il y a lieu de
modifier Tarticle 17, car il y a eu décisiou a eet égard
et il ne faut pas changer l'état de la question.
M. Groverman. Quant a la position de la ques
tion, je crois qu'elle ne doit pas être posée comme 1'a
fait l'honorable M. Metdepenningen; je ne me rappelle
pas qu'il y ait eu un seul vote dans l'Association qui
aurait decidé que Tarticle 17 devait être modifié.
Voici ce qui s'est passé. Depuis un an l'Association a
été saisie de differentes propositions de changement
de règlement et l'Association a décidé que ces propo
sitions seraienl examinées et elle les a renvoyées a
des commissions. Au début des travaux de la commis
sion de révision, celle-ci a décidé qu'il y avait lieu de
modifier l'article 17; mais ce n'est que la commission
qui a émis ce vote et non l'Associationce vote ne
nous lie done pas et si la commission a voté ainsi,
c'était pour le cas oü nous pourrioDS remplacer la dis
position de Tarticle 17 par quelque chose de meilleur.
Je pense qu'un changement de règlement doit être
voté a une très-grande majorité, et il est désirable
que le règlement soit l'expression de la presque
unanimilé des membres de l'Association. Or, je vous
le demande, y a-t-il une seule proposition de change
ment du règlement qui ne rencontre de vives opposi
tions. G'est devant cette supposition que quelles que
soient les modifications qui seront présentées, elles
n'auront jamais la presque unanimilé des membres
de notre société,que je reviens sur le vote que j'avais
d'abord donué dans la commission et que pour
changer un ancien règlement il faut en trouver un
meilleur, ce qui n'est pas le cas ici.
M. Laurent insiste pour que l'assemblée vote avant
tout sur la proposition ainsi concue Y a-t-il lieu de
modifier Tarticle 17
II est procédé au vote par appel nominal.
M. Tydgat. On demande de ce cóté de l'assem
blée a contróler le bureau, entr'autres M. A. Van
Damme. Je propose qu'il monte au bureau comme
scrutateur. {Non, non, a l'ordre.)
M. A. Van Damme cherche a protester contre cette
allégation.
M.lePrésident.Au moment oü l'incident s'est pro
duit, j'ai remarqué que le résultat du vote etait relevé
par un seul membre du bureau et j'ai invité un autre
de nos collègues a tenir une contre-liste des votes.
Le vote continue, 240 membres y prennent part.
Aux termes de Tart. 25 du règlement, toute modifica
tion pour être adoptée doit réunir les deux tiers au
moins des suffrages des membres présents. La majo
rité est done de 160 voix. 145 membres répondent
Oui, 95 Non en conséquence Tart. 17 ancien est
maintenu.
M. Dervaux propose, attendu que les deux ques
tions capitales soulevées par le projet du règlement
sont tranchées par le vote de cette séance et de
la précèdente, d'adopter a Tunanimité et par accla
mation les autres parties du règlement {De toutes
parts Non I nonl)
M. le Président déclare cette faijon de procéder
impraticable. La commission de revision du règle
ment aura a examiner les chaogemenls a introduire
dans son projet par suite des résolutions arrêtèes
dans cette séance et dans la précédente, et l'Asso
ciation sera convoquée ullérieurement pour staluer
en dernier ressort. [Approbations unanimes)
Brux. Typ. V. Verleniuil, 93, rue de Louvain.