tant dans ces derniers lemps quelques démissions.
Pourquoi u'en informe-l-on pas l'assemblèe?
II est passé a la reddition des comptes pour 1866 et
a la présentatiou du budget pour 1867.
Les recettes pour 1866 se sont élevéesa fr. 4 mille
706 25.
Les dépenses ont atteint Ie même chiffre.
Parmi les recettes figurent les cotisations de 411
membres, soit fr. 2,055.
Nous trouvons parmi les dépenses les achats de
livres a distribuer en primes aux instituteurs com-
munaux. M. Ie président a décidé que cette cérémo
nie aurait lieu Ie matin du banquet, en prësence de
M. Ie ministre de ['intérieur. G'est tout naturel. Voici
une nouvelle occasion de produire M. Ie ministre a
l'approche des elections et M. Ie président est trop
habile pour perdre cette occasion.
11 est loin de nous le temps oü Ie Sénat disculait
gravement a quelle sauce on préparerait le turbot,
aujourd'hui les faiseurs nous servent les ministres a
toules sauces.
D'autres dépenses sont encore 600 fr. pour une vi
trine a I'Exposition de Paris, 80 fr. pour achat de
chaises que M. Ie Président a achetées de sa propre
autorité et sans consulter ses collègues du comité.
Quoique la somme soit minime, il nous semble qu'il
eüt été plus regulier de l'inscrire au budget de 1867
ainsi en aurait agi M. le commissaire, s'il ne tenait
pas a se poser parlout en directeur suprème et en
maitre.
II reste sur ce compte un boni de fr. 165 qui ont
été versés dans Ia caisse des ouvriers décorés.
Aux recettes du budget de 1867 figure la colisation
de 460 membres, soit fr. 2,300, les subsides de l'Etat
et de la province et, en dépenses, un crédit de 500 fr.
pour I'Exposition de Paris et un autre pour encoura
gements en faveur de l'enseignement agricole.
to. le président donne une lecture rapide et très-
abrégée de ces documents après avoir déclaré que le
compte a été dressé en régie par le trèsorier de la
sociótó et que toutes les pièces justificatives y sont
joinles.
M. Gapron dit qu'il ne saurait y avoir aucun doule
par rapport a la régularité des comptes, et il pense
que l'assemblèe s'associera a lui pour voter des re-
merciements au trèsorier. Ce point n'est done pas en
discussion. II en est un autre qui a son importance.
Fréquemment il arrive que l'examen des depenses
laites ou a faire suggère des idéés et amène des pro
positions utiles a la prospérilé d'une sociétè. Or,
comment serait-il possible d'apprócier l'ensemble de
ces depenses, de se rendre compte des besoins d'après
une lecture incomplète et a toute vapeur? II propose
done que l'assemblèe decide qu'a l'avenir les comptes
et les budgets seront soumis, avant la discussion, a
l'examen de tous les sociétaires. Cela se pratique par-
tout; il serait irralionnel de ne pas le faire ici. II de-
mande en outre que les compte et budget soient pu
bliés intégralement dans le Bulletin.
M. le président, qui n'avait cessé d'interromprê
chaque phrase de ces observations, sans doute afin de
donner une nouvelle preuve de sa modération et de
son amour de la discussion, protesle centre ia motion
qu'il, considère, dit-il, comme une marque de dé-
fianoe a son égard. «Je n'ai aucune objection
sérieuse formuler conlre cette proposition, ajoute-
t-il; cependaut il fait remarquer que Ie compte est
très-long a imprimer et que, pour le dépót des pièces,
l'Association ne dispose pas d'un local qui lui nppar-
tienne.
M. Gapron réplique qu'il n'avait pas l'intention de
se lever pour defendre une seconde fois sa proposi
tion, mais qu'il éprouve le besoin de protester a son
tour contre l'interprètation donnée a ses paroles.
Après la déclaration par laquelle il a débulé, ses in-
tentiuns sont a l'abri de tout soupcon. II prend soin de
constater une chose evidente et qui se manifeste
chaque jour da vantage, e'est la tendance de quelques-
unsa mêler a toutes les discussions des questions de
persounes et a procéder, en guise d'arguments, par
les insinuations les plus odieuses. M. Carton a juge la
proposition en declarant qu'il ne trouvait aucune ob
jection sérieuse a faire et cependant il la combat.
Qu'en faut-il conclure, sinon que son hoslililé s'a-
dresse a l'auteur et que la proposition n'est combat-
tue qu'a cause de sou origine, car il est puéril de dire
que le compte est long a imprimer ou que les pièces
ne peuvent être déposées faute de local. Le local des
séances servirait parfaiiement a eet effet et les seuls
frais consisteraient a payer une journée a un sur
veillant. Quant a l'impression dont on essaie de faire
grand bruit, elle tiendrait toute entière en moins
d'une feuille de papier.
Malgré ces raisons l'assemblèe rejette la proposi
tion a quelques voix de majorité. On vote comme
toujours par assis et lever.
Cet incident mérite quelques réüexions.
Une première chose en ressort tout d'abord, a sa-
voir que réclamer les garanties de droit commun
qu'on ne songe même pas a contester ailleurs, de-
mander a connatlre l'emploi des deniers publics, c'est
poser un acte de défiance envers M. le commissaire
d'arrondissement.
Ce fonctionnaire qui, soit dit en passant, devrait
mieux connaitre les régies de complabililé, se place,
par ce singulier raisonnement, en dehors de tous les
usages et de toules les convenances.
Nous nous demandons vainement pourquoi il re
fuse aux membres de la sociétè qu'il préside la satis
faction que donnent toutes les administrations el les
plus grauds hommes d'Etal? Nous ne dirons pas de
quel droit, mais dans quel but repousse-t-il Ie con-
tróle sérieux de sa geslion? Est-il assez convaincu de
ses hautes lumières et de sa profonde capacité, non-
seulement pour pouvoir se passer do l'examen de ses
actes, mais encore pour dresser des comptes, prepa
rer des budgets sans le concours de ses collègues du
comité? Le plus simple bon sens ne lui dit-il pas de
prendre l'avis de ce comité, de soumettre a ses déli-
bérations la situation financière de la sociélé? En
agissant de son propre chef, HI. Carton ne dénie pas
seulement le droit d'aulrui, il foule encore aux pieds
les prescriptions de la délicatesse.
Encore une fois, il faut qu'il soit bien convaincu de
sa supériorité pour se poser ainsi partout en direc
teur omnipotent. Petite satisfaction d'amour-propre
laquelle nous ne nous arrêterions même pas, si du
moins il permettait a ceux qui ne partagent pas ses
idees optimistes de le discuter.
Mais non; la contradiction l'irrite; c'est tout natu
rel lorsqu'on se croit infaillible. Sa volonté fait loi et
peut se passer d'arguments. Sic volo, sic jubeo, sit
pro ratione voluntas.
Arrière done les observations intempestives et les
propositions brouillonnes qui troublent les conceptions
de M. le président! La publicité n'est pas faite pour
les dróles; le Progrès l'a dit et M. le président met
en pratique ce curieux axióme administratif. Mais les
dróles, de quel cótè sout-ils? Voila toute Ia ques
tion.
L'assemblèe renouvelle sans observations deux
séries de son comité cede de 1867 et celle de
1866.
Elle s'occupe enfin du tirage au sort des instru
ments aratoires achetés a la dernière exposition.
2,916 lots ont été placés. Le mode de placement de
ces lots, auquel on n'a rien compris, a paru étrange.
On se demande pourquoi les souscripteurs n'ont pas
eu, comme dans toutes les loteries, le double de leurs
n°*?
L'Association avait aeheté 30 objets pour uue
somme de fr. 1,455. Voici comment le sort les a
rópartis
Ciseaux de haie, valeur 9 fr.a M. Detnaerke,
Pierre, a Gheluwe.
Hache-paille de Herbin, valeur 80 fr. Poil a
fourneau de üesmedt, a M. Bayaert, bourgmestre a
Becelaere.
Ciseaux de haie n° 8, a M. Sohier Désiré, a Holle-
beke.
Collier de Depagie de Vladsloo, a M. Terssen Jean,
a Ploegsteert.
Coupe-fèves de Leclerc, valeur 60 fr., a M. Spil -
liaert Louis, a Ypres.
Hache-paille de Leclerc, valeur 115 fr., a M. Van-
denboogaerde Hector, a Ypres.
Hache-paille de Vanschepdaele, valeur 115 fr., a
M. Bonten Charles, a Zillebeke.
Hoyau, a M. Verbauwe, a Watou.
Auge a pores de Vanschepdaele, a M. Mulle Charles,
a Becelaere.
Baratle, valeur 145 fr., a M. Vanraet Louis, a El-
verninghe.
Charrue tourne-oreille, valeur 175 fr., a M. Delva,
secrétaire communal, ii Wervicq.
Broveuse de racines de Vandewalle, valeur 65 fr.,
a M. Speybrouck, a Gheluwe.
Sonde oesophagienne, a un cultivateur d'Elver-
dinghe.
Hache-paille de Cuugne, valeur 70 fr. Ciseaux
de haie n" 25, a M. Boedl, avocat a Ypres.
Coupe-racines de Herbin, valeur 65 fr., a M. Ver-
beke Louis, a Ploegsteert.
Courbet anglais, M. Vanhove Charles-Louis,
Langemarcq.
Charrue pour terre légère, a M. Philipperon,
Ypres.
Deux barattes, l'une d'une valeur de 125 fr.
l'autre de 75 fr., a M. Capelle, bourgmestre a Watou.
Hache-paille, valeur 90 fr., la femme Steelandt
Catherine, Becelaere.
Ciseaux de haie n° 5, a M. Vuylsteke Jules, a Be
celaere.
Plus quelques objets moins importants a MM. Ver-
meersch Basile, a Neuve-Eglise, Coppin. a Ploegsteert,
Michel, capitaine d'artillerie, Six, a Wervicq, Leroy,
a Boesinghe, Nutten Philippe, Gheluwe, etc.
La séance est levée a midi un quart.
Chronique des Conférences.
Le Pamphlet a, il faut l'avouer, une bien mauvaise
réputation un pamphlétaire, grand Dieu c'est l'a-
bomination de la désolaliou ce mot la ue marche ja
mais seul, un pamphlétaire est toujours vil, c'est con-
venu. Le terme est précieux, du reste, et il serait
difficile de le remplacer .- a-t-on besoin d'une raison
qui réponde a tout, d'un argument irréfutable, la
formule magique est trouvée vil pamphlétaire et
voila votre adversaire est assommé. Rien n'y peut
il aurait mille fois raison que ce mot lui donnerait
mille fois tart. Ce n'est pas moi qui Ie dis. c'est Paul-
Louis Courier. Paul-Louis avait commis un pamphlet
qui n'avait qu'un défaut,celui d'être un chef-d'oeuvre
on le traduit en Cour d'assises, on lui jette la formule
magique a la tête, c'en est fait de lui ce mot soulève
conlre lui lesjuges, les témoins, les jurés, l'assemblèe
et ébranle son avocat lui-même.
La vérité est mauvaise a dire quand on murmure
a part soi, on ne risque rien Zwygen is gezond
mais il y a des gens a qui la langue et la main dèman-
gent; il leur faut parler et écrire quand même c'est
a leurs risques et perils. On le disait a Timon Te-
nez-vous pour averti que si vous vous entêtez a dire
la vérité a tout le monde, vous aurez contre vous tout
le monde, et d'abord la Cour. Que m'im-
porte répondait Timon. On continuaitVous
aurez contre vous la Presse. Que m'importe? L'aca-
démie. Que m'importe? Vos en vieux Que m'im
porte El jusqu'a ceux qui vous aimaient. Que
m'importe? Ou ne fera grace ni a votre style. Que
m'importe? Ni a votre logique. Que m'importe?
Ni a vos ceuvres. Que m'importe? Ni a vos ser
vices. Que m'importe Ni a vos intentions. Que
m'importe? Ni au peu de votre renommée. Que
m'importe? Et vous resterez seul, tout seul. Que
m'importe.
Timon s'obslinait, il continuait écrire et on assure
même qu'il croyait qu'il se rendait utile a la chose
publique Illusion d'un pamphlétaire 1 Ce n'est point
sans raison qu'il avait humblement reconnu sa va-
nitè
Paul-Louis Courier affirme que c'est l'imprimerie
qui met le monde a mal et que Cain lisait les jour-
nauxdans le paradis terrestre. Cette thèse me pa-
rait fort plausible, d'aulant plus qu'il est générale-
ment recu que les pamphlétaires et les journalistes
qui ne sont pas de notre avis sont des fils de Cain. On
n'est cependant pas d'accord sur la libertédela presse
les autoritaires disent qu'elle ne fait que du malM. de
Girardin dit qu'elle ne fait ni bien ni malles amis de
la liberie disent qu'elle ne fait que du bien. Cette der
nière opinion est osée et voici comment ses partisans
la dèfendent si la pensée que vous exprimez par la
voiede la presse est bonne on en profile, mauvaise
on la corrige et l'on profite encore. Que répondre a
cela? En Belgique, on aurait mauvaise grace a ne pas
trouver la démonstralion suffisante; on pretend tou-
lefois qu'a part ceux qui subissenl la liberte de la
presse comme un malheur des lemps, il y en a d'au
tres encore.... chut! c'est bien certainement de la
medisance et, plulól que de rapporter ce qui se dit a
ce sujet, j'aime mieux vous conter une anecdote Un
jour, Frédéric II apercut un attroupement assez con
siderable formé sous ses feuêtres il envoya un de ses
officiers s'enquérir du motif de ce rassemblement;
l'officier vint lui rapporter que ces gens ètaient attirés
par un ócrit affiché sur le mur du palais, qui conte-
nait de violentes diatribes contre le roi. Que fit Fré
déric II? II donna ordre a son officier d'aller baisser
l'affiche, qui lui semblail placèe trop haut pour qu'on
put la lire facilement.