mam Mb A la suite de cet incroyable incident, M. Massart donna sa demission de bourgmestre el déclara qu'il la maintiendrait aussi longtemps que Ie blême n'aurait pas èté levé. Les choses en sont la M. Lagage reste sous le coup qui l'a frappé. Et qu'on ne nous dise pas que c'est IA un fait isolé que la religion de M. Ie ministre de l'intérieur a pu être trompen par des fonctionnaires suballernes inféo- dés au clergé. Non, mille fois non. M. Vandenpeere- boom s'est chargé lui-même de démontrer que les in- stituteurs communaux ont désormais a se conformer servilement aux ordres, quels qu'ils soient, émanés du clerge. Dans une dépêche adressée le 20 mars au gouverneur du Hainaul, M. le ministre de l'intérieur informe oe fonclionnaire du maintien du blame inflige a M. Lagage et se plaint d'un certain esprit (^insubor dination et d? indiscipline, qui, suivant lui, lend a se faire jour parmi les membres du personnel enseignant des ecoles primaires, paree que les conseils de l'in spection ne sont plus regus avqp la deference quHl con- vient. II conclut en engageanl les instituteurs a accep ter leur position, nécessairement modeste et difficile mais utile et moralisatrice. On le voit, les instituteurs primaires doivent, sous peine de recevoir un blême de l'autorité supérieure, faire abnégalion compléte de leurs croyances et re- noncer a leurs droits de ci'oyen. Ils doivent recevoir, avec la deférence qui convient, les conseils de l'-in- spectiori. Et quels sont les conseils que l'inspection a donnés a M. Lagage? Nous al Ions ledire. M. Descamps, inspecteur cantonal civil, a menace M. Lagage de lui retirer sa protection s'il ne cédait point et lui a enjoint de présenter ses excuses au cure. Est-ce assez clair et n'est il pas évident que grêce au libéralisme de contrebande qui inspire M. Van- denpeereboom, l'instituteur communal est placé sous les ordres, non-seulement de l'inspection ecclésias- tique, mais encore du premier curé de village venu. II ne sufïit pas a notre honorable ministre de l'inté rieur que le clergé intervienne a litre d'autorité dans les ecoles primaires il ne lui suffit pas que le clergé intervienne au même titre dans les écoles d'adultes, il faut encore et surtout que l'instituteur ne s'appar- lienue plus. il faut qu'il se livre corps et ême a son curé; il convient qu'il soit son très-humble valet; qu'il épie la pensée du mailre pour prévenir ses vo- lontés; que dans l'église il fasse l'ofïice de bedeau en surveillant la conduite de ses jeunes élèves et qu'il les conduise a la procession Nous le disons avec une conviction profonde nous nous senlons pris d'un immense découragement lors- que nous voyons une administration libérale prêter complaisammenl les mains a un pareil a vilissement des fonctionnaires auxque's on a justement donné le nom de pionniers de la civilisation et qu'on cherche a ra- valer au róle dégradanl de brutes, n'ayant d'autre vo- lonté que celle que veut bien leur imposer un clergé intolérant; n'ayant d'auire droit que celui de lui obeir servilement en toutes choses et qu'on empêche d'user d'un droit dont on n'oserail privtr le premier valet de ferme venu, celui desuivre librement les inspirations de sa conscience. Ntais ce qui nous inspire surtout les plus vives el les plus tristes apprehensions pour l'avenir, c'est le silence des Cbambres en presence de cette violation flagrante de notre pacte constitutionnel. Quoi! une administration qui, en cette circonstance, n'a de libe rale que le nom, infligera un blême a un instiluteur coupable de ne pas avoir obtempéré a un ordre ab surde et illégal de son cure, et il ne se trouve ni a la Chambre ni au Sénat, un seul homme pour revendi- quer en laveur d'une importante fraction de nos con- citoyens l'usage d'un droit imprescriptible, garanti par la Constitution. II ne se trouve parmi les manda- taires de la nation aucun homme pour ïhfliger a son tour a M. le ministre de l'intérieur un blême cent fois mieux mérité, cent fois mieux justifié que celui que ce haul fonctionnaire a infligé a un instituteur con- vaiucu d'avoir défendu une libertè constitutionnelle dont M. Vandenpeereboom vent faire une lettre morte pour une categorie de nos concitoyens. Esperons pour l'honneur de notre Parlement que les fails que nous venons de dénoncer ne sont pas parvenus a sa connaissance et que, dés qu'ils lui se- ront conuus, ils feront i'objet de sérieuses interpella tions. S'il en était autrement, ce serait a désespérer de l'avenir de nos libres institutions. Quoi qu'il en soit, il reste acquis que M. Vanden peereboom, qui, en sa qualité de ministre de l'inté rieur, devrait être le plus zele défenseur de la liberie et de la dignité de l'instituteur primaire, les livre pieds et poings liés a l'autorité du clergé. Ei'Association agricole et les foudres de Jnpiter. Des deux comptes-rendus publiés par I 'Opinion dans son n° du 14 avril, celui de la séance du Con- seil communal et celui de l'Association agricole, au cun n'a eu l'heur de plaire au Progrès. Nous nous attendions a ce petit malheur, et a peine eussions-nous détourné la tête aux nouvelles injures du pamphlet doctrinaire, si nous n'avious a cceur de faire ressortir une fois de plus ses procédés loyaux et honoêtes, qui réflètent si bien les doctrines de ses patrons et que ne désavouerait point Tartufe. Des réclamations s'èlèvent, des abus sont signa- lés, se dit a part lui le malin compere, mais qu'irioos- nous répondre a nos contradicteurs, raisonner avec eux? Ce serait maladroit et nous ne pourrions qu'y brüier nos ailes. Nous le savons bien, les réclamations sont fondées, les abus existent, mais ils perpéluent notre puissance, ils sont sacrés pour nous. Que faire cependanl? Les nier est impossible, les discuter dan- gereux, cherchons un biais. II est de par Ie monde un certain nombre de badauds dont ['intelligence est sus- pendue a nos lèvres et pour qui nos paroles sont Evangile, proclamons que les imposteurs qui vien- nent fouiller notre domaine et ne voient que trop clair dans nosarrangements, sont animés des plus mauvaises intentions, que ce sont des brouillons, des radicaux, des jesuites, des pleutres, qu'ils sont am ines de la plus noire ambition et poussés par la désas- treuse idèe de nous renverser du pouvoir, nous qui n'avons accaparé tous les honneurs et toutes les fonc- tions nous l'avons prouvé maintes fois que par pur dévouement. N'est-il pas clair que des gens ani més de sentiments aussi malveillants sont du gibier de potence et que toutes les raisons du monde, par cela seul qu'elles sont présentées par eux, sont tout au plus dignes de notre mépris. Nos caprices, voila Ia règU de conduite; notre volonté, voila la loi. Cette vieille hypocrisie si usée, si souvent démas- quée, Ie Progrès s'eff ree de la replatrer pour le cas qui nous occupe. El tout d'abord il accuse 1 ''Opinion a de consacrer trois colonnes a dènaturer une séance du Conseil communal et trois autres a faire un compte-rendu fantastique de Ia dernière réunion de l'Association agricole. Au Conseil communal, le seul incident marquant s'est produit a propos du rapport présenté par le Col lége sur les travaux d'hygiène. Nous avons écrit a ce sujetLa lecture de ce document était achevèe lors- que M. Boedl en proposa l'impression et la distribu tion aux membres du Conseil. Cette proposition est immèdiateinent appuyée par MM. Vandenboogaerde et Hynderick, complelée par M. Vanheule qui fait la même demande pour le rapport de M. Carez. Quelle ne fut pas notre surprise en entendant M. Bekedire que ces rapports seraient insérés daos le rapport gé neral sur les affaires de la ville, paree que détait ainsi qiïanciennement on procédait. Est-ce dans ces lignes que le Progrès trouve la fal sification. Nie-t-il l'existence de la proposition de M. Boedt ou la réponse de M. Beke Voici comment il rend compte lui-même de l'in- cident, dans son numéro du 25 avril M. le conseiller Boedt demande l'impression de ce document. M. le Président répond qu'iZ ferapartie du Rapport annuel exigé par l'art. 70 de la loi com munale. Done, au fond, notre compte-rendu est parfaitement d'accord avec celui du Progrès, la seule difference est que celui-ci omet soigneusement les dé tails qui compromettent ses patrons. Ainsi, pas un mot de l'appui accordé par les conseillers a la propo sition *ie l'honorable M. Boedt, pas un mot du vote qui aurait dü intervenir sur cette proposition. Le rè- glement est formel pourtant. Toute proposition érna- nant d'un conseiller et régulièrement appuyée, doit faire I'objet d'un vote. En subslituant a ce vote sa dé- cision personnelle, M. le bourgmestre a violè le regle ment, il a manqué d'egards envers ses collègues du Conseil. En presence de ces fails, nous avions le droit de dire, comme nous l'avons fait et le faisons encore, qu'en escamotant le vote, M. Beke a commis un acte illégal et inconvenant. Ou ne comprend pas qu'on doive rappeler des choses aussi élémentaires a un journal qui possède la science universale, mais il faudra bien, en tous cas, que le Progrès, s'il veutéta- b ir que notre jugement est erronè, commence par prouver que son cliënt est infaillible et indiscutable* C'est a cette démonstration que nous l'attendons. Beste le second point. Nous l'abordons en trem- blant. Nous avons osé scruter la gestion, nous heur- ter a la majesté d'un des dieux de notre Olympe Ciel, daigne nous épargner la foudre de ce Jupiter tonnant. On sait que les comptes et les projets de budget a l'Association agricole sont dressés de par l'autorité suprème de M. Henri Carton fils, commissaire de l'ar- rondissement d'Ypres, président de cette Associa tion, chevalier de l'ordre de Léopold et de Ia Légion d'honneur, etc., etc., sans que le comité soit appelé a intervenir, ni même a donner le moindre avisau- cune pièce ne lui est communiquée. De plus, a l'as- semblée générale une rapide lecture est faite, une lec ture in globoen omeltant les détails trop longs, se- lon l'expression employèe par M. Carton, et c'est d'après ces données, sur des renseignements aussi in- complets que M. le président veut faire adopter les comptes et approuver les budgets. Un membre, usant d'un droit incontestable, de mande le dépót des pieces et leur publication dans le Bulletin. Cette demande a t elle quelque chose d'in- solite? Nullement, elle est conforme a ce qui se pra tique dans toutes les sociétés et nous sommes fort surpris que le bon sens de M. Carton ne lui dise pas ce qu'il y a de particuliéremet délicat a manier des fonds sans en rendre un compte détaillé a ceux qui les fournissent. II nous semble qu'en pareille occu rence on devrait être heureux de mettre sa responsa- bilité a couvert par la publicité la plus large. Aussi, en présence de la conviction que nous avons de la parfaite régularite de la comptabililé, ne pouvons- nous attribuer la resistance de M. Carton qu'a son entêtement habituel. Et pourtant c'est cette proposition si simple, si naturelle, qui vaut a son auteur toutes les invectives du Progrès. Mais d'abord examinons quelques particularités de la discussion reproduites par cette feuille et voyons la véracité et la bonne foi du bon apötre qui nous accuse si volontiers de falsification et de mensonre. En premier lieu, constatons que le Progrès a brossé nous n'osons pas dire decrotté le discours de M. Carton. C'ètait le moins que le rédacteur ordinaire pouvait faire pour lui-même et sa plume lui devait bien le petit service de transcrire en un francais quelconque les intemperances de sa langue. Seulement il est regrettable que la copie ne soit pas plus exacte. Ainsi M. Carton n'a nullement pré- tendu, comme le Progrès. que la proposition a impli- quait un sentiment de défiance a l'égard du comp- table et des personnes qui sont la tête de l'Associa tion. Les personnes qui sont a Ia tête de l'Associa tion, c'est le comité el Pon vientdevoirquelleconfiance M. Carton lui rnontre. Quant au coinptable, M. Ie commissaire d'arrondisseinent s'en préoccupe si peu qu'il ne s'est même pas associé aux remerciements qu'on proposait de lui voter. Non, non, M. Carton n'a soutenu qu'une chose Que la motion était une marque de défiance a son égard, Voila done qui est bien entendu. Chaque fois qu'on réclamera en faveur de la légalite, on fera preuve de méfiance a l'égard de M. Carton. II parait qu'entre celui-ci et la lega'.ité il y a divorce pour incompatibilité d'humeur. Nous nous en doutions depuis longtemps; l'aveu n'en est pas moins précieux a recueillir. Quant a la proposition elle-même, M. le président n'a aucune objection sérieuse a y faire; ce sont les paroles prononcées par lui a la seance, mais que le Progrès se garde bien de reproduire et pour cause. Pourquoi la combat-il done? Paree qu'elle est entachée d'un vice originel, paree qu'elle émane d'un homme honoré des haines de M. Carton et de sa coterie. Vai- nement s'en justifiera t-il, il ne saurait trouver une autre explication admissible. Autre point. Le Progrès fait dire l'auteur de la proposition que celle-ci n'a d'autre but que de soumettre la comptabililé a une vérification plus sé rieuse. C'etait inexact d'un bout a l'autre. En dé butant l'auteur a déclaré au contraire, qu'il ne saurait y avoir aucun doute par rapport a la régula- rité des comptes, mais il a ajoulé que fréquem- ment l'examen des dépenses faites ou a faire suggère des idéés et amène des propositions utiles a la pros- péritè d'une société. Et voila comment le Progrès faconne ses comptes-rendus. Le lecteur jugera par cet èchantiilon de la confiance que mérite ce jour nal.

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2