JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le toüt payable d'avancb. YPRESj DimaDche Cinquième année. N° 21 26 Mai 1867. Paraissant le dimanche. PRIX »ËK AftXOim ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. PKIX O'AItOXlKIIRAT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; A fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais piihliez voire pensée. On s'ahonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix I.ambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres rue de Oixmude, 59. ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ypres, as Slai isos. Quand, au lendemain de ('inauguration du nou veau règne, la presse clérieale, forte de l'assentiment tacite du ministère, enireprit de persuader au pays que les eirconstances lui commandaient de renoncer momentanêment aux luttes politiques pour se con- saerer tout entier, selon le voeu pretendument ex- primé par noire jeune souverain, a la solution des nombreuses questions soeiales a l'ordre du jour, quel ques rares journaux, paémi lesq iels I ''Opinion, fu- rent seuls a combattre cette thèse dangereuse et a devoiler le piege cachè derrière c fallacieux mirage Ces luttes politiques que l'on nous demande de suspendre, disions-nous alors, e!les sont la vie même de la nation, et nul iuteiêt, si grave qu'il puisse être, ne saurait prèvaloir sur les necessites vitales d'un peuple libre Que le parti liberal désarme, ajoutions- nous, qu'il acoorde a ses adversaires la tröve qu'ils sollicitent, que les Cbarubres ajournent de nouveau la discussion des projets de loi réclamés depuis si longtemps par l'opinion liberale et, Ie jour oü la force des choses nous contraindra a reprendre les armes, non seulement nous aurons devnnt nous des adver saires plus puissants que jamais, mais il ne nous restera pas même, puur nousconsoler denotre imprevoyance, la satisfaction d'avoir rèalisé ces réformes soeiales au nom desquelles ils sollicitent une trève, car, assures de notre inertie, ils sauront b;en nous empêcher de les accomplir. Nous n'avions qu'un lort en tenant ce langage, e est d'oublier que le parti libèral a cessè, depuis long temps, d'être en éiat de le comprendre. Chose triste a constaler De ce grand parti liberal, si vivant, si vigoureux, il y a dix ans a peine, il ne reste plus que FEU1LLETOS Chapitre inédit de Paris-Guide. III. I ES MONUMENTS. 1.'Hotel de Xille, par P. Lanfrey. (iSuite La prévólé d'Etienne Marcel forma, en dépit des anathèmes véhémenls dont elle fut l'objet, une epoque regrettee qui resta longlemps l'ideal secret des ambi tions rnunicipales. Mais ellos sV'fTorcèrent vainemenl de la faire revbre durant les longs dechirements qui ensanglanlèrent la querelle des Ai magnacs et des 1 Rourguignons. Ces luttes etaient au fond toutes féo- dales et le pouvoir municipal trouva plus de sfirelé a revenir a sa prudente politique d'autrefois, Dal liance élroile et inlime avec la royaute. C'esl dans ces dispositions que Ie trouva la Rélorme. Habitue a combattre tous les ennemis de la royauté comme les siens propres, il ne vit dans la Réforme qu'un instru ment déguisé de l'aristocratie feodale, et il pnt parti conlre elle avec toute la violence des passions popu lates. Des Francois l6* la inunicipalité petitionee avec fureur contre les Luteryens. Les rois, qu'ef- frayait le libèral esprit du protestantisme et qui ne voulaient perdre a aucun prix l'alliance de l'Eglise, n'eurent garde de négliger un auxiliaire si puissant. quelques hommes disséminés, ei et la, sur la surface du pays et presque perdus dans la fou'e. Quant aux autres, repus et satisfaits, ils dorment du plus pro fond sommeil et ne s'éveillenl parfois que pour lancer des injures aux brouillons qui se permeltent de déran- ger le lit de fleurs sur lequel ils reposent. Comptons aussi, et ils sont nombreux, ceux que la politique dé- cevante du ministère a détaché de la vie publique et que le dègoüt a conduits a l'iudifference. Notre opinion n'a point prévalu et, pour un mo ment, les événemenls ont paru donner tort a nos pre visions. Le discours du Tióne, par lequel s'ouvrit la session legislative arinoncait, en efFet, la presentation d'une foule de projets d'une importance sociale consi derable, et la Chambre s'étant empressée de declarer dans son Adresse qu'elle s'occuperail avecardeurde l'étude de ces projets, on püt croire un instant que la trève des partis allait enfanter des merveilles. Nous yoici cependanl arrives au terme de cette session qui promettail de si beaux résultats èt il se trouvequ'a l'exception de la loi sur la péréquation ca- dastrale, dans laquelle on nous permettra sans doute de ne pas reconnabre une reforme d'une bien grande importance, pas un, non pas un des nombreux arti cles du programme indtqué dans le discours du T'-óne n'a recu une compléte execution el que plusieurs n'ont pas même été soumis a la discussion, Le fait est trop instructif pour qu'il sufïise de l'é- noncer. Que nos lecleurs nous permeltent de nous y arrêler quelques instants. Le discours du Tróne avait annoncé la présentation de huit projets de loi, savoir i° La revision de la loi de 1858 sur les expropria tions. Adopte par la Chambre, mais renvoyee a la session prochaine par le Senat. Catherine de Medicis sut flitter, avec son habileté accoutumée, l'orgueil des bourgeois de Paris; on fa- nalisa les petils marchands par des predications en- flammées, et lorsque le tocsin de l'eglise Saint-Ger- main-l'Auxerrois donna le signal du massaore de la Saint-Rarthelemy, eet appel sanglant ne fut nulle part mieux accueillt qu'a l'Hótel de Ville. Mais on ne déchalne pas impunément les passions populaires en leur rendant le sentiment de leur fotce, on avait réveille toute leur ancienoe ambition. La municipaltle de Paris redevient presque aussitót une puissance rèvolutionnaire et s'efforce de se ser- vir de son influence contre ceux-la mêmes qui i'ont exploitee. Lorsque la ligue se forma sous les auspices du due de Guise dans le but apparent de combattre le protestantisme, elle y figure au premier rang, mais dans le but reel de substituer au roi par la grêce de Dieu, un roi creé par elle el qu'elle espère dominer. Le pretexte religieux toujours mis en avant masque, mal la pensée politique. Le due de Guise devient le véritableroi de Paris; c'est a l'Hótel de Ville, centre du mouvement, que ce grand factieux trouve son principal point d'appuic'esl la que se prête pour la première fois le serinent de detróner les Capets, c'est la que la royaute subit ses premières humilia tions, c'esl la enfin que, dans la Journée des barri cades, Henri 111 s'abaisse inutilement dans I'espoir 2° L'amélioration des lois sur la détenlion préven- live et les extraditions. La loi sur la detention pré- ventive, pas prósentée celle concernant les extradi tions resleedans les cartons de la Chambre. 3° L'aboliiion de Partiele 1781 du Code civil. Rejetée par le Sénat. 4° La révision du Code pénal militaire. Pas pré- sentée. 5° La liberlé de l'industrie en matière d'or et d'argent. Pas discutée. 6„ Une loi règlementant la pêche fluviale. Pas présentée. 7° Suppression de la conlrainte par corps. Pas discutée. Et enfin 8° Ia loi sur la péréquation cadastrale. La pérequétion cadastrale, voila done, de toutes les promesses ministérielles, la seule qui soit devenue un fait accompli. Le reste s'en est alle rejoindre toutes celles dont, depuis tantól dix années, le ministère berne incessamment l'opinion publique. Toutefuis, la session qui va finir n'aura pas été sterile en enseignements fructueux, et parmi les discussions auxquelles le pays a assistè, il en est plus d'une dont nous aimons a croire qu'il lirera une lecon utile. II se rappellera qu'en 1866, il s'est trouvé, dans la Chambre des representants, une majorite soi disant libérale pour sancliuriner, par son silence, l'arrêtéde M. le minislre de l'lnterieur qui condamne les com munes, sous peine de ne recevoir aucun subside, a subir dans leurs ecoles d'adultes, i'autorite du clergé catholiqne. li se rappellera qu'en 1867, cette même majorité, qui sait, a l'occasion, faire un si pompeux etalage de ses aspirations progressistes, a repoussé la proposition, si éminemment moderee pourlant de M. Guillery, pour voter des deux mains une reforme d'apaiser les bourgeois révoltes II y arrive a grand'- peine protégé par son sujet, mais lorsque Guise se montre a ses cötés on n'entend plus qu'un cri, celui de Vive Guise 1 c< C'est assez, c'est trop, messieurs, supplie le due embarras-é de son propre tnomphe; criez Vive le roil II n'en continue pas moins ses menées. L'assassinat de Guise au chateau de Biois tue dans l'ceuf la future monarchie, mais il n'arréte pas le mouvement, hes bourgeois de Parts veulent avoir leur roi èlu ils proclamenl le cardinal de Bour bon sous le nom de Charles X. Le Parlement leur résbte, ils le mettent a la Bastille. Leur conseil des Seize, délégation des seize quartiers de Paris, siege a UHotel de Ville leurs prédicateurs Boucher, Ft uar- denl, Panigarolle sont autant de tribuns populaires, qui opposent le droit du peuple a celui des rois, et qui vont jusqu'a prècher ouverlement la doctrine du regicide en s'appuyant sur des textes bibliques. C'e>t une véritable république qui s'organise sous lesyeux du due de Mayenue impuissant el consterne, mais c'est une république absolue et terronste qui porie en elle tous les gerraes de sa propre destruction. La democratie de la Ligue montra des instincts égali- taires, elle n'eut aucun de ceux de la liberté.^Elle resta a l'etat de force aveugle et désordonnée el se montra incapable de fonder un gouvernement. Au reste, elle avait deja succombé sous ses propres excès

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L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 1