ville vingt-cinq électeurs, qui avouent avoir vote
pour M. De Vinck; si on avoue difficilement que
i> 1'on a fait une sottise, on refuse rareraent de s'as-
socier a un triomphe. aussi plusieurs des adver-
saires de M. le baron Mazeman out été des premiers
a aller le fèliciierLa bassesse est souvent gref-
fèe sur 1'ingratitude ou la eouardise.
Pour compléter ee trisle tableau de nos moeurs
publiques, Ie Progrès aurait dü ajouter que ces mêmes
électeurs que 1'on voit aujourd'hui s'ernpresser autour
de M. Mazeman auraient ete des premiers a féliciter
M. de Vinck, si le sort des elections lui avait été fa
vorable et que, parmi les plus fervents admirateurs
de sa nouvelle fortune, on aurait pu compter bon
nombre de ceux qui ont voté contre lui.
Gémissons sur ces turpitudes et ne nous en élon-
nons pas. La responsabilile de eet abaissement géné-
ral des caractères, de eet avilissement de nos moeurs
politiques remonte tout entière a ceux qui, au lieu
d'élever nos luttes électorales a la hauteur d'un
grand principe, se sont attachés, depuis 30 ans, a les
ravaler au niveau d'une misèrable question d'iutérêt
personnel. Si l'électeur en est arrivé a se degrader
au point de lècher, le lendemain de sa défaite, la
main du candidat heupeux contre lequel il avait voté
la veille, a qui ia faute, si ce n'est a ceux qui lui ont
appris regarder son droit électoral comme un intru-
ment de profit personnel Volez pour nos candidats,
ne cesse t on de lui dire, et en retour de voire com
plaisance, nous vous protegerons, vous et les vótres,
de tout notre pouvoir, dans toutes les faveurs que
vous pourriez avoir a solliciter. Ces candidats eux-
mêmes, pour qui nous vous demandons voire vole,
deviendront, grace a vous, des hommes très-in-
fluents qui n'oublieront pas non plus ce qu'ils vous
doivent. Vous pourrez compter sur eux en toute oc
casion.
L'électeur séduit par ce langage, vote pour les can
didats qui lui sont recommandés de la sorte. N'est-il
pas tout naturel que si ceux-ci échouent, il s'empresse
de porter aux candidats triomphants ses voeux et ses
hommages? En quoi sa conscience, que I on a pris
soin de desintéresser complétement, répugnerait-elle
a cette volte-face? M. X., pour qui il avait voté, ne
pouvant rien pour lui, pourquoi ne voulez vous qu'il
s'adresse a M. Z. dont il a droit d'espérer cette même
protection, ces mêmes faveurs qu'on lui avait pro
mises au norn de M. X II avait joué sur la noire
c'est la rouge qui sort. Vive la rouge! C'est lom
simple et sa conscience est en repos.
La bassesse, ami Progrès, c'est la corruption qui
l'a engendrée. Vous récoltez ce que vous avez semé.
Vous el les vótres, vous vous êtes fait un tröne de
fumier. Qn'importe? Or ou fumier, l'essentiel n'est-il
pas que vous soyez les maltres? Cela sent mauvais
peut être, mais il serait decent a vous de ne pas avoir
l'air de vous en apercevoir.
Nous recommandons a l'attention de nos lecteurs
les reflexions suivantes faites par I'Economie de
Tournai a ('occasion du scrutin du 11 juin.
Les elections du n juin.
Ainsi que nous l'avons fait remarquer dés le début
dans notre chronique électorale, le liberalisme ne
pouvait que perdre dans la lutte du 11 juin. Avant
d'entrer en lice, on savait qu'Anvers remplacerait
par deux clericaux MM. Michiels-Loos el Joostens et
que Dixmude donnerait un suceesseur catholique a
M. Van Woumen de cette facon la majorité liberale
au Sénatétait diminuee de moilie car on espèrait se
maintenir a Ypres, a Nivelles et surtout a Bruges.
Le rèsultat des élections brugeoises nous a trom-
pés; la nous avons éle baltus, et il serait parfaite-
rrient inutile de se dissimuler l'importance et la gra-
vité de eet échec.
A M. Boyaval, magistrat devoué et rompu aux af
faires publiques, Ie corps électoral qui jadis éfimina
M. Paul Devaux au plus grand profit de M. Soeaens,
a préféré M. Van Galoen de Courcy, et comme ce
candidat n'avait pour lui ni ('autorite de services
rendus, ni la recommandation de capaciles excep-
lionnelles, comme au point de vue de la valeur per-
sonnelle il était de tous points inférieur a son adver-
saire, force nous est de reconnaitre que c'est bien te
principe clérical dans toute Ia force du terme qui
vient de triompher a Bruges avec une majorité de
80 voix.
La défaite de Bruges réduit done a quatre voix la
majorité libérale du Sénal doit-on compter sur
cette majorité? Voila une question que l'avenir seul
peut résoudre car il ne faut pas perdre de vue qu'a-
vanl les élections le ministère ne l'a emporté au Sé
nal, sur plus d'une question, qu'avec une majorité
de deux ou trois voix.
Maintenant, laissons les thuriféraires systématiques
póusser l'aberration ou l'impudence jusqu'a trans
former en éclatante victoire notre defiite de
mardi, et voyons qilelles consequences nous pouvons
tirer du résultat de ces élections.
D'abord, il est clair que le parti clérical a relevè la
tête et que son succès va lui rendre ardeur et con-
fiance attendons-nous le voir, l'an prochain en
gager rèsolüment la lutte, et chercher a diminuer la
majorité libérale de la Chatnbre, comme il vient de
diminuer celle du Sénal.
Mais il est un autre point a noter. Ypres est une
des villes oil le combat a été vivement mené par les
catholiques, et en s'opposant a M. Mazeman de Cou-
thove, ceux-ci ne faisaient que preparer le terrain
pour ren verser l'année prochaine l'honorable ministre
de l'intérieur. Or M. Alph. Vandenpeerebooin est l'un
des membres les plus modérés du cabinet il professe
un grand respect pour la loi de 1842, il trouve ma-
gnifiques les improvisations réactionnaires et anti-
democratiques de M. Schollaert, et s'il est vrai,
comme l'ont affirmé quelques journaux, que la dis
cussion du projet de loi sur le temporel des cultesest
ajournée indefiniment, il est probablement un de
ceux qui ont le plus vivement conseillé de faire cette
concession au parti catholique.
Cela n'empêchera pas, l'an prochain, lout le clergé
de l'arrondissementd Ypres de tonner contre M. Van-
denpeereboom et de le represenler comme un profa-
nateur des autels et un hideux persécuteur de la
religion de nos pères, et les libéraux auront
une preuve de plus que c'est jouer un róle de dupe
que d'accorder la tuoindre concession a d'aussi im-
placables adversaires.
Faisons-nous plutöt des concessions les uns aux
autres, afin de réunir toutes les forces vives du libé
ralisme pour une lutte qu'il est facile de prévoir et
qui sera chaudemenl engagée. Qu'on ne permette
plus a certains écrivains complaisants et autorisés,
et qui ne sont pas payés, en definitive, pour semer
dans nos pangs la division et la haine. de s'écrier
tous les jours, depuis Ie i°' janvier jusqu'au 31 dé-
cembre Pas de concessions a ces libéraux avan
cés! Arrière ces radicaux et ces brouillons. Leur
triompbe ne serait pour le pays que dèsordre, anar
chie et chaos 1 Qu'on impose silence a ces énergu-
mènes, a ces politiques a courte-vue, a c-s nains
impuissants qui veulent tenir le progrès en laisse et
mettre la démocratie en tuleileet qu'on prêle une
orciile complaisanle des conseifs plus sages, tels
que ceux que nous donnait l'autre jour l'une des
feuilles les plus moderees de notre pays, la Meuse,
alors qu'elle engageait ses amis de Liége a faire cesser
par des concessions mutuelles un désaccord fatal a
l'opinion libérale.
Que gagne-t-on d'ailleurs a pratiquer dans toute
sa rigueur la doctrine de l'inflexibiliie [I y a cinq
ans, Anvers était avec nous. Eh bien, on a irrité les
Anversois, on les a blesses au cceur, au lieu de les
calmer par d'adroites concessions on les a poussés a
des excès déplorables au point de vue national sur
tout. Et qu'en est-il résulté C'est que depuis cinq
ans les Anversois ont envoye des catholiques ou des
opposants au Conseil communal ou a laChambre;
c'est qu'ils viennent d'envoyer pour buit ans trois
catholiques au Sénat. Et qu'en ne se héle pas trop de
croire a un revirement dé l'opinion publique dans
notre mólropole commerciale; car mardi encore, bien
qu'il n'y eüt pas de lutte, 2,600 meetingistes ont été
voter pour les candidats catholiques, alors que l'an
dernier le candidat libéral, l'honorable M. De Boe, ne
réunissait que 2,300 voix dans une lutte ou prenait
part le corps électoral tout entier.
Anvers restant avec nous, la position du libéralisme
était inébranlable en Belgique tant que eet arron
dissement sera contre nous, le maintien du libera
lisme au pouvoir sera remis en question a chaque
renouvellement partie! de la Chambre ou du Sénat.
Voila le profit le plus clair que nóus avons retire de
la question anversoise.
La position du liberalisme est ébranlée a Liége, au
moins dans les élections communales. A Verviers, le
candidat radical a passé en tête de la liste aux der-
nières elections provinciales. A Gand, oü l'abslention
des libéraux avancés aurait assuré l'an dernier le
triomphe des cléricaux et réduit a huit voix, au lieu
de 20, la majorité libérale de la Chambre, il est a
craindre que tót ou tard un conflit ne surgisse égale-
ment. Pourquoi ne pas prévenir dés maintenant ce
qu'il ne sera pent-être plus temps d'empêcher dans
quelques années L'entêlement est la pire des choses
en politique l'exemple d'Anvers nous l'a bien
prouvé.
Voila les reflexions que nous ont inspirées les élec
tions de mardi dernier. Nous les exposons sans am
bages, persuades qu'on ne gagne rien a se dissimuler
la portée d'un échec et les dangers d'une situation.
Nous savons bien que le pouvoir inspire a ceux qui
l'exercent un profond dédain pour ce préceple de
Boileau
Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous Ioue,
mais nous savons aussi qu'en politique comme en
litterature, un bon conseil vaut mieux qu'un coup
d'encensoirl'un est utile, l'autre est agréable; on
serait heureux de pouvoir donner l'un et l'autre en
même temps; mais quoiqu'en dise Horace, il n'est
pas toujours possible de mêler l'utile a l'agréable.
ACT ES OCFacaELS.
Le ministre des travaux publics fait savoir que,
prochainemenl, il sera procédé a ['adjudication pu
blique de l'entreprise des travaux de dragage a exé-
cuier dans la partie de l'Yser comprise entre Rous-
brugghe et Knocke.
Le cube de terre a draguer est estimé devoir at-
teindre 2137m30.
Le montant des travaux est évalué 3,320 fr.
Le cautionnement est fixé a 200 fr.
M. Ie gouverneur de la province de Flandre occi
dentale, par devanl qui cette adjudication aura lieu,
en annoncera ulterieurement le jour et l'heure.
Bruxelles, le 13 juin 1867.
Ateliers d'apprentissage. Subsides. Par ar-
rété royal du 14 juin 1867, les sommes ci-après sont
accordees, a litre de subsides, aux commissions ad-
ministratives des ateliers d'apprentissage de la Flan
dre occidentale dont les noms suivent, en vue de
contribuer aux depenses résultant de ces établisse-
ments
Becelaere, 891 38- -Langemarck, 922 95.
Passchendaele, 1,000. Poperinghe, 800. Ypres,
1,120.
FAIT* DIVERS.
Jeudi dernier un detenu de Ia prison a cherché 3
s'èvader. II avait déja franchi le mur de clöture lors-
que des voisins sont parvenus a l'arrêter.
Un pensionnaire de la maison de santé s'est évadé
au commencement de Ia semaine. II a été retrouvé a
Passchendaele. Cet homme, atteint de monomanie
furieuse, aurait pu être cause de facheux accidents.
L'inauguration du nouveau Tir a la cible pour la
garde-civique aura lieu dans l'après-midi de lundi
prochain.
Une quinzaine de gardes civiques d'Ypres se pro
posent de se rendre au tir de Wimbledon
Mardi après-midi, un individu a lancé une pierre
dans la vitrine de M. Pickhout, orfèvre. Peu s'en fallut
que Ie projectile ne touchêt un des enfants du bijou
tier. Lecoupable a éle immédiatement arrêté.
Mercredi, a 9 heures du matin, a eu lieule service
funèbre, suivi de l'enterrement, de la veuve Marthe
Buseyne, décédée dimanche dernier, a l'age de 101
ans et 6. mois.
Un vaste incendie a éclatè a Langhemarck dans Ia
nuit du jeudi au vendredi. L'école communale, un ca
baret et une partie de la poste aux lettres sont dé-
truits de fond en comble, dit-on. La cause de cet in
cendie ne nous est pas connue jusqu'a présent.
On lit dans l'Economie
M. Ie lieutenant-colonel Frantzen, commandant de
l'école de cavalerie, a Ypres, a ele désigné pour ve-
nir prendre Ie commandement du 4e régiment de lan-
ciers, a Tournai, en remplacement de feu notre con-
citoyen le colonel Bouquelle.
M. Frantzen est arrivé mardi en notre ville; la
musique du régiment lui a fait sèrénade l'Hótel du
Singe d'Or, oü il est descendu.