purement physiques, qu'elles sont dans l'ordre d s phenomènes naturelsqu'elles frappen t lesscepüques, mais qu'elles n'épargnent pas les plus devots. S'ils persistaient dans la théorie des fléaux ven- geurs, théorie dont ils ont tant abusé, ce serait peu encourageant pour le futur conoile oecuménique. Est ce que, par aventure, le Ciel le désapprouve- rait? La royauté constitutionnelle n'a pas en Belgique de plus dangereux ennemi que le parli cléricai, et il faut qu'elle soit bien et sincèrement devouée au róle qui lui est assigné, pour résisier aux inoitations des organes de ce parti qui lui conséillent, a tout bout de champ, de sauter a pieds joints sur les obligations qui lui sont imposées, de se moquer du Parlement, d'en faire a sa tête et de régner et gouverner a la fois, sans plus s'inquiéter des rouages accessoires dont on a encombré la machine gouvernementale. Lesjournaux religieux l'absolvent d'avance de ses coups-d'Ëtat, heureuses faules, selon eux, quand elles sont commises au profit de leur parti. Pas une loi légalement votée qui ne déplaise aux cléricaux, ne s'est produite sans qu'on ait conseillé au souverain de lui refuser sa sanction et sans qu'on ne l'injurie et qu'on lui promette Ie sort de Guil- laume Ier et de Joseph II, quand il la lui a accor- dée. Le langage de la Patrie a dépassé toules les limites a propos de la loi sur la mise a la retraite des magis trals, en voici un échantillon Puisqu'on en est a démolir la Constitution, ne pourrait-on pas supprimer son article 80, qui pres- crit au Roi de prêter le serment conslitutionnel avant de monter sur le tróne? Cette mesure nous épargnerait désormais le scandale dont nous som- mes les témoinsindignés et que le ministère impose au Roi. On ne peut accuser plus directement le Roi de s'être parjuré, et cela paree qu'il a sanctionné une loi élaborée par M. Jules Malou, un des chefs du parti clerical. Journal de Bruges.) MI. Henri Carton et sa Machine, a I'Exposition. Extrail d'une Correspondance parisienne.) Un Flamand, M. Henri Carton, a exposé une très- ingénieuse machine a couper le tabac a fumer et en poudre. Cette machine (Classe 50, N° 4 de la section beige.) offre des avantages spéciaux dont les principaux sont que le couteau coupe en biais très-prononcé, ce qui lui faitproduire une coupe d'une régularité parfaite, et que le couteau par un mouvement retrograde des ressorts évite tout bris de malière et l'usure du cou teau. Placez dans le bac de cette machine un objet quel- conque, aussitót qu'elle sera mise en mouvement, elle fora avancer l'objet vers le couperet qui le hachera menu conime chair a pêté. C'est ce qui est arrivé dernièrement a la Loi communale beigesolidemeut reliée; placée dans la machine de M. Henri Carton, en quelques secondes de temps elle fut non-seulement guillolinee mais tellement hachee el rehachée qu'il n'en restait que le souvenir. Heureux M. Henri Carton sa machine marche a son souhait. Académie des Beaux-Arts et Ecole ladus- trielle de ia vilie d'Vpres. Les dessins des lauréats ainsi que les oeuvres de modelage couronnés, les compositions des élèves et leurs cahiers, seront exposés dans la classe d'archi- tecture de I'Academie, du mardi 6 aoüt au lundi sui- vant, de dix heures du matin a midi el de deux a cinq heures. C'est mercredi prochain, 7 aoüt, a midi, que se rèunissenta Ypres, dans une des salles de l'Hótel-de- Ville, les commissions instituées par arrêté de M. le Gouverneur de la Flandre Occidentale, du 20 juiilet 1867, en exécution de l'art. 7 de la loi du 8 mars 1810, sur les expropriations pour cause d'utilitépu- blique, pour recevoir les demandes et les piaintes des propriétaires qui souLiendraient que l'execution des travatix de construction de la route de Locre a Dra- noulre n'entraine pas la cession de leurs propriétes. CI0KOAIQUE. Plusieurs journaux annoncent que l'auteur de l'attentat du bois de Boulogne, le jeune Berez>wski, va être transporté dans une de nos colonies péniten- tiaires pour y subir la peine a laquelle il a eté con- datnné, sur la declaration du jury. Cette peine est celle des travaux forcés a perpétuité, et l'on saitque depuis quinze ans la transportation, qui laisse au condamné l'espoir d'une rehabilitation véritable, a remplacé dans notre droit pénal le bagne et son irré- parable ignomlnie. Selon la nouvelle legislation, les condamnés des deux sexes, après deux années de bonne conduite, peuvent être admis a travailler comme engagés hors des péniteticiers, oü bien Cöctracter mariage et ob- tenir une concession de terrain. Au bout de dix ans, s'ils en sont jugés dignes, la concession peut être dé- clarée définitive. Le forcat devient alors colon il est réhabilité. Nous avons done éprouvé quelque surprise de voir des écrivains qui se prétendent libéraux parler avec tant d'amertume d'une mesure qui est la consé- quence légitime de la condamnation encourue. Est-ce le bagne qu'on regrette et prètend-on altaquer la transportation pénitentiaire en tant que système? ou bien s'agit-il seulement de la personne du eoil- damné? Nous discuterons dans un prochain article cette affaire de la transportation, d'après les documents qui viennenl d'être publiés. Pour aujourd'hui nous voulons seulement exami ner le cas particulier qui se présente et dire noire pensee sur l'assassinat politique. En ce qui concerne Berezowskil'opinionen France du moins, a accueilli avec une satisfaction non douteuse le verdict du jury. Elle a trouvé èqui- table qu'on eüt accordé le bénéfice des circonstances atténuantes a ce jeune fauatique qui a cru pouvoir se faire, de sa propre autorité, le justicier de l'oppres- seur de sa patrie, sans penser même au pays dont il était l'hóte a cette heure. L'émouvante plaidoirie de M. Emmanuel Arago, l'image rendue vivante des foules désarmées qu'on fusille, étaient présentes a tous les espritsla con science publique aurait été blessée de voir Bere zowski gravir l'échafaud des Jacques Latour et des Poncet. Mais l'innocentait-elle pour cela? Non, certes. Berezowski n'en reste pas moins un meur- trier. Je sais que ce mot va blesser un certain nombre d'esprits qui, de bonne foi, se sont fait une religion politique de la violence, et qui croient a son efficacilé pour fonder quelque chose. Mon avis est qu'il serait grand lemps d'en finir avec cette morale double, d'après laquelle le même attentat peut être honni comme un crime ou célébró comme un acte héroïqüe, selon les intéréts ou les passions qu'il prétend servir. Ce n'est rien de moins que la fameuse doctrine reprochée aux jésuites La fin justitie les moyens. Et malheureusement nous en avons tous plus ou moins sucé le lait avec l'édu- cation classique qui nous est donnée, éducalion qui a pris naissance dans les cloitres, et dont, après une interruption de dix ans, l'Universitè entreprit, en 1806, de renouer la tradition que la Rèvolutiou s'é- tait. a bon droit, hatee d'interrompre. Tous nous avons adoré Brutus, ce faux héros d'une fausse liberie, ce champion vaniteux et médiocre d'une aristocratie dégradèe, qui, son meurtre accom pli, s'enfuit a Naples et laisse les héritiers de Cesar se parlager l'empire? qui saitchez nous l'histoire des revolutions de la Rome antique? Les enfants des écoles primaires de l'Allemagne sont plus avancés sur ce point que nos bachelierson les a exercés a penser, a juger; nous, on ne nous a appris que des mots et des mots, des phrases ioutes faites. C'est un defaut commun h tous les peuples ditsde race laline, el qui ont été élevés dans les mêmes idéés politiques el historiques. lis ne songent qu'a renverser le tyran, e'est-a-dire a changer de maitre, leur sa voir ne va pas au-dela. C'est pour cela que les agitations sont si fréquentes chez eux et qu'on n'y peut jamais compter sur rien de durable. Presque tout le règne de Louis Philippe a été rempli par des conspirations et des émeutes oü quelques centaines de jeunes hommes de cceur, fanatisés par une fausse conception du droit public, entreprenaient un beau maiin de faire Ie bonheur de trente-cinq millions de Francais, qui ne leur en avaient point donné commis sion. C'est pourquoi ils ensanglantaient les rues, je- taientle trouble dans les affaires privées, etdonnaient prétexte aux gouvernants de serrer d'un ou deux crans la muselière politique. Tout cela paree qu'on les avait nourris de la fausse histoire d'un certain réac- tionnaire de Rome, nommé Brutus. On nous a fait passer notre jeunesse courbés sur des histoires frelatéeS, oü le meurtre est en honneur, oü les peuples sont constdérès comme des troupeaux, et oü toute la politique consiste a changer le berger. II en résulte que nous nous croyons toujours en ber- gerie et que nous rêvons de portes n briser, de berger a occire, comme si la liberté était chose extérieure et saisissable, qu'un gardien put tenir enfermée dans sa gibecière. Hélas! c'est en nous-mêmes que la liberté est prisoonière, et c'est de nous qu'il la faudrait faire sortir. Tant que nous persisterons a demeurer trou- peau, nous ne ferons que changer de bergers. Par la même raison, Berezowski eut-il réussi dans sa tentative, que sa patrie n'eüt pas été pour cela dé- livrée. La Pologne porte aussi dans son sein les causes de son malheur c'est a elle-même qu'elle doit s'en prendre d'abord. II y a deux peuples dans cette na tion un peuple de seigneurset un peuple de serfs. A cette heure, c'est le peuple du privilége qui porte tout le poids des vengeances du czar, et qui voit, dure lecon 1 ses propres paysans devenir contre lui les instruments du machiavélisme russe. A qui la faute? Et que pouvait faire a cela le coup de pistolet de Bere zowski Done nous glorifions Brutus, et dans nombre de maisons honnêtes le portrait de Charlotte Gordav est suspendu au foyer de familie. C'est le culte de l'as sassinat introduit dans les mceurs. On oublie, tant l'on est peu habitué a réfléchir, que le coup de couleau de cette poétiqne virago du Calvados nous a valu l'apothéose de Marat, le fou sanguinaire qui deman- dait trois cent mille tètes pour assurer les libertés publiques. Ce n'est pas tout. De même que Brutus a enfanté Ravaillac, Charlotte Corday a eu pour héritier Louvel, puis Alibaud, puis Fieschi, et enfin Booth, le meur- trier de Lincoln. Ne me dites pas qu'il faut dislinguer entre ces assassins chacun d'eux a tué avec le même désintéressementtous avaient fait d'avance, comme Berezowski, le sacrifice de leur vie a ce qu'ils s'ima- ginaient être le bien de leur pays tous avaient le même orgueil, celui de se croire des sauveurs. Or, ce sont précisément les sauveurs qui sont dan gereux en politique; j'entends dangereux pour la li berté. La raison en est facile a déduire. La fonction de sauveur consiste a agir au nom de ses concitoyens et a décider de leurs destinées, sans avoir d'autre man dat que sa propre volonté. Qu'ont fait de plus les grands conquérants dont les exploits emplissent l'his toire Les Anglais, gens d'expérience et forts sur la pra tique, n'ont jamais encouragé la vocation de sauveur, qui n'a point fleüri chez eux comme c.hez nous. Ils ne sauraient admeltre qu'un enthousiaste isolé, ni même qu'une troupe plus ou moins nombreuse de zélés, se donne les gants de faire leurs affaires sans leur avis. Ls veulent qu'on les consulte, et que chaque ré- forme obtenue soit le résultat d'un mouvement de l'opinion, auquel tous les citoyens sont appelés a prendre part. Chez eux, point de surprise, de coups- d'Elat ni de revolutions soudaines oü les balles tién- nent lieu de raisons. Aussi les réformes qu'ils opèrent sont-elles inébranlables, paree qu'elles out été a l'a- vance faites dans les esprits. Je sais qu'ils ont pour cela des facilités qui nous manquent la liberté de la parole et de la presse, le droit de s'assembler et de s'entendre. Mais, ces facili tés, ils ne les ont pas toujours euesil leur a fallu les conquérir comme le resteseulement ils ont su les garder, tandis que nous... Le premier point, pour en venir-lè, c'est d'aban- donner le culte des heros et des sauveurs, et de s'ha- bituer a faire ses affaires soi-méme. Nous n'avons pas en France une assez haute idéé de la puissance de l'opinion publique. C'est pourtant la que la liberté peut trouver sa veritable base. Que ferais-tu, disait au terrible roi Louis XI son bouffon favori, a que ferais-tu, Louis, si tout le monde disait non quand tu dis oui {Opinion Nationale.)

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1867 | | pagina 2