JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche Cinquième année. N° 39. 29 Septembre 1867.
PRIX R'AROHWEMEIIT
POUR LA BELG1QUE
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Paraissant le dimanche.
On s'abonne a, Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib.
rue de Dixmude, 59.
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On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
on envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Xpres, as Septeiubre isbj.
Nous en sommes bien fêchés pour le Journal
d'Ypres, mais les conseils qu'il donne a ses amis,
les propriélaires conservateurs, dans son numéro
du 18 septembre dernier, out soulevé en nous un
sentiment de dégout qui sera partagé, pensons-
nous, par lous les honnêtes gens de son parti.
Le parti clérical a, de tout temps, usé et abusé
de la chaire et du confessionnal. Nous avons blèmé
l'abus, nous n'avons jamais contesté le droit. Que
le ciergé se serve de la chaire, qui est sa tribune
lui, pour anathématiser le libéralisme que,
dans le secret du confessionnal, il exploite les ter-
reurs des èmes simples en représentant les libé-
raux comme des suppóts de l'enfer, au point de
vue de la légalité, il est dans son droit. La chaire
et le confessionnal ne sont, après tout, que des
moyens d'action purement moraux, et si le clergé
trouve encore beaucoup d'imbéciles disposés a
croire que la liberté met la religion en péril, c'est
peut-être que les libéraux ne font pas tout ce qu'il
faudrait pour les éclairer.
Mais les conseils du Journal d'Ypres sont d'une
tout autre nature. Ce qu'il demande a ses amis,
les propriélaires conservateurs, c'est de s'organiser
en une vaste fédération qui s'étendrait sur tout
l'arrondissement et dont le but serait de contrain-
dre leurs fermiers a voter pour la bonne cause,
sous peine de résiliation de bail. C'est-a dire que,
désespérant du triomphe de son parti par les voies
de la persuasion, le pieux journal propose tout
simplement a ses amis de s'entendre entre eux pour
ruiner les électeurs qui résisteraient a leurs exi
gences.
Le Journal d'Ypres ne s'en cache pas, du rests,
et il étale son vilain projet avec un cynisme qui
confond la pensée. Que voulez-vóus il faut
prendre la societé telle qu'etle est et non telle
quelle devrait être et s'attacher a I'influencer,
a la diriger par des moyens capables d'agir
effcacement sur el le.
De l'honnêteté des moyens, il n'en a cure, 1'es-
sentiel est qu'ils soient efficaces. Or, quel moyen
plus efficace que l'intérèt L'intérêt, écrit-il, a
toujours eu et aura toujours une puissante ac-
tion sur l'homme.... Les hommes sont natu-
rellement portés a rechercher l'appui et la pro-
tection deceux qui sont plus puissants qu'eux
ils cherchent A ménager ceux dont ils redoutent
la haine et la vengeance.
Nous n'entendons point discuter cette ignoble
théorie. Pour I'honneur du parti clérical, nous
voulons croire que les honnêtes gens qu'il compte
dans son sein en auront été révoltés comme nous-
mêmes.
On écrit d'Ostende 1'Indépendance, en date
du 24
Depuis moins de 15 jours, M. d'Elhoungne,
représentant de Gand, a été refu deux fois par le
Roi. Lors de sa seconde visite, il a même dê-
jeuné en tête-è-tête avec Sa Majestè.
Naturellement ces deux entrevues ont fait
nattre de nouveaux bruits de modifications dans
Ia composition du cabinet. On ne sait rien de
positif, mais on assure qu'un portefeuille a été
offert M. d'Elhougne par le Roi. Lequel Les
versions varient. L'une dit qu'il s'agissait de celui
de i'intérieur, l'autre de celui de la justice. Dans
le cas oü M. d'Elhoungne se serait décidé pour ce
dernier, M. Bara eüt succédé, a I'intérieur, a
M. Alph. Vandenpeereboom. Ce ne sont que des
bruits, bien entendu. Toutefois on affirme que le
représentant de Gand a formellement décliné
I'honneur que voulait lui faire Sa Majesté.
M. Alphonse Vandenpeereboom est rentré a Bruxel-
les et a repris la signature de son département.
Une foule de journaux ont pris texte des exagéra-
tions qui se sont produiles au Congrès de Genève
pour accuser la liberté de lous les méfaits possibles
et vanter les bienfaits des lois restrictives. Le Jour
nal des Debats, qui ne passe certainement pas pour
un organe révolutionnaire, répond a ces accusations
par les judicieuses rèflexions qui suivent
o II ne faut pas s'imaginer que la liberté ne puisse
servir qu'a ébranler l'autorité. Plus on laisse aux
chefs de parti la liberté d'exposer au grand jour leurs
théories et leurs proiets, plus on les aide a se perdre
dans ['opinion lorsque leurs théories sont vides et
leurs projets absurdes. L'avantage de la liberté est
précisément de mettre le bon sens public a même de
donner plus promptement raison a ceux qui ont rai-
son, et tort a ceux qui ont tort. Le moyen le plus
commode et le plus liberal que pourraient, dans
maintes circonstances, employer les gouvernements
pour mettre certains de leurs adversaires hors d'état
de leur nuire, serait de leur laisser la liberté d'écrire
et de parler.
Au concours international de chant d'ensemble
qui vient d'avoir lieu 5 Bruxelles, notre Société
chorale a remporté le deuxième prix(une médaille
de la valeur de 100 fr. et une prime de 150 fr.)
de la deuxième division. Une brillante réception
lui a été faite mercredi.
C'est une belle victoire que remporte cette
jeune société pour la première fois qu'elle prend
part une lutte et qui l'encouragera persévérer
dans ses efforts. Nous l'en félicitons sincèrement.
L'impuissance du parti catholique n'esl pas dans
une organisation imparfaite, mais dans les idéés qu'il
defend. Ges idéés ont trouvé une formule trés-nette
dans la proposition_que M. Jocobs, député de l'arron
dissement libéral d'Anvers, a soumise a la 3me sec
tion du Congrès de Malines, et que l'assemblée géné
rale a ratifiée par ses applaudissements réitérés. La
voici
L'assemblée exprime Ie voeu que la législature
permette aux associations de réunir les conditions de
slabilité, sans lesquelles leur existence ne peut être
que précaire.
Cette proposition n'est pas nouvelle. Elle résumé,
sous une forme prudente et vague a dessein, les éter-
nelles aspirations, les ardentes convoitises d'un parti
qui n'a rien appris et rien oublié, et qui, vingt fois
désavoué par l'opinion publique, abreuvé d'humilia-
tions, accablè d'échecs, s'obstine avec acharnement
dans la poursuite du même but.
Cette proposition, elle fut faite en 1830 par M.
l'abbé de Foere, sous le couvert de M. de Potter, au
nom de la liberté d'association. Elle fut reproduite une
dizaine d'années plus tard par l'Université episcopale
de Louvain, sous le couvert de M. Dubus, au nom de
ia liberté d'enseignement. Elle le fut eufin en 1857
sous la responsabilité de M. Nothomb, au nom de la
charitè et des intéréts des classes nécessiteuses. Cette
proposition, c'est le droit pour les associations reli-
gieuses de se constituer en personnes civiles. C'est
un voeu de restauration de la main-morte et des cou-
vents.
L'honorable député d'Anvers se défeod d'aspirer a
un pareil but. Tout en respectant, dit-il, les lois
canoniques de la propriété ecclésiaslique en d'autres
pays, nous repoussons énergiquement l'accusation
portée contre les catholiques d'aspirer a établir au
profit des ordres religieux la main-morte. Ces ré
serves nous les connaissons, ces réticences nous les
avons entendues. II n'est pas un orateur de la droite
appuyant en 1857 le projet de M. Nothomb qui ne les
ait formulèes. Le pays ne s'y est point trompé. II y a
vu une audacieuse tentative de restaurer l'un des plus
détestables abus de l'ancien régime.
Le voeu de M. Jacobs, que son auteur s'est bien gardé
de formuler en texte légal, sous prètexte que le Con
grès n'a pas la prétention de dicter des lois, le voeu
de M. Jacobs ne lend pas a autre chose
Qu'est-ce, eneffet, que la constitution des associa
tions religieuses ou autres sur des bases durables?
Qu'est-ce que leur assimilation juridique aux Sociétés
anonymes commerciales et induslrielles, sinon le
droit pour elles d'acquérir, de vendre, d'ester en
justice L'ensemble de ces droits, c'est la personnifi-
cation civile appliquée aux associations religieuses
c'est la restauration de la main-morte et des couvents,
restauration qui, d'après les lois rt giant actuellement
les Societès auonymes induslrielles et commerciales,