JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEÏENT
YPRES, Dimanche
Cinquième année. N° 41
13 Octobre 1867
Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche.
PlfilX IVIBOX^EHKIT
POUR LA BELGIQUE
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Ypres, iz Octobre «soa.
Le Journal d'Ypres nous accuse de l'avoir ca-
lomniè (le pauvre homme et pioteste, 1'injure a
la bouche, que nous lui avons prêté des intentions
qui n'ont jamais été dans sa pensée.
Notre réponse sera bien simple. Nous allons
mettre sous les yeux de nos lecteurs la vilaine
élucubration de notre contradicteur. A eux de
juger si nous avons été trop sévères en la qualifiant
comrhe nous avons fait. La voici in extenso
Aux propriétaires conservateurs.
U est un point que le parti conservateur a trop
perdu de vue c'est qu'it faut combattre ses adver
saries sur leur propre terrain, recruter son armée la
oü il recrute la sienne, choisir sur les lieux pour la
diriger des hommes intelligents or, pour former
cette armée, pour y attirer les soldats, il faut autant
qua possible les y intéresser. II faut prendre ia so-
'ciété telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait étre, et
s'attacker a, Vinfluencer et a la diriger par des moyens
capables d'agir effcacement sur elle.
L'intérêt a toujours eu etaura toujours une puis-
sante action sur Vhomme. Or, les intéréts s'en vont
du cöté oü ils croient trouver la plus large satisfac
tion. Les hommes recherchent ceux qui les favoriserit
ou dont ils out quelque chose a espérer; ils sont por -
tés naturellement a rechercher Vappui el la protection
de ceux qui sont plus puissants qu'eux its cherchent
d ménager ceux don t ils redoutent la haine ou la puis
sance.
11 faut l'avouer, jamais gouvernement de parti n'a
mieux appris a lirer parti de ces tendances natu
relles.
La main des conservateurs riches et influents s'est
fait si peu sentir dans les communes, qu'on a fini par
ne plus voir que celle des agents libéraux qui répan-
dent les faveurs ou les menaces.
En accordant les avantages ct la direction de leurs
affaires a des libéraux, les conservateurs ont laissé
employer leur influence au service de l'ennemi.
N'ayant aucun représentant de leurs intéréts habi
tant au sein des populations rurales qui exploitent
leurs domaines, ils n'exercent qn'une action très-li-
mitéesur leurs locataires qui sont électeors, et l'on
peul dire que ceux ci sont a la merci des influences
libérales qui les entourent et les sollicitent sans re-
lêche.
Dans la plupart des communes oü dominant des
administrations libérales, celles ci peuvent presque
a leur gré fabriquer de faux électeurs et omettre l'in-
scription de ceux qui sont d'une opinion con
traire.
Une entente commune entre les grands proprié-
taires conservateurs pour choisir, dans chaque can
ton, corarae régisseuts ou receveurs, des hommes
d'une fidelile politique épröuvée, des hommes intelli
gents, actifs, considerés, habitant les differents points
du canion, porterait remède a cette situation Des
amis politiques se trouveraient ainsi en contact perma
nent avec les locatairessouvent entrainés aujourd'hui
par des régisseurs libéraux a voter en faveur des can-
didats libéraux. lis auraient les yeux ouverts sur la
confection des listes électorales, sur les menées et les
in'rigues des agents électoraux du parti liberal. Ils
pourraient a certain moment se concerter entre eux
pour tirer tout le parti possible de l'influcnce combi-
née des différents propriétaires. Ayant des notions
complètes de la propriété rurale, connaissant les be-
soins et les intéréts agricoles, ils administreraient les
propriétés avec intelligence et succès, et a ce double
titre, ils serviraient et l'intérêt et ['influence des pro
priétaires.
Intéréts moraux, politiques et matériels, tout con-
vie done les propriétaires conservateurs ft user éner-
giquement de leurs moyens faction pour combattre
une situation créée contre eux. Lutter mollement ou
renoncer a la lutte quand l'énergie et des efforts eom-
muns assureraient le triomphe, c'est manquer de pa-
triotismec'est préparer sa tombe politique et qui
sait?... de longs regrets et de sombres jours; c'est
livrer son pays a tous les hasards de l'inconnu.
L'article qu'on vient de lire a été résumé par
nous de la manière suivante Ge que le Jour-
nal d'Ypres demande S ses amis, les proprié—
taires conservateurs, avons-nous dit, c'est de
s'organiser en une vaste fédêration qui s'éten--
drait sur tout l'arrondissement et qui aurait
pour but de contraindre les fermiers voter
pour la bonne cause, sous peine de résiliation
de bail. Et nous avons ajouté que c'était lè
une ignoble théorie qui soulèverait Ie dégout
chez tous les honnêtes gens, même parmi les
amis politiques du Journal d'Ypres. Nous
n'avons pas un mot retrancher de notre pre
mière apprécia tion
Le pieux journal s'est apergu sans doute qu'il
avait été trop loin. II tente, dans son numéro de
dimanche dernier, une explication niaise qui aura
fait hansser les épaules a ses lecteurs. Yains ef
forts. Le journal restera au pilori auquel nous
l'avons cloué jusqu'a ce qu'il ait fait amende ho
norable et confessé sa turpitude.
Vindépendance affirme qu'un portefeuille a été
offert récemrnent par le Roi a M. d'Elhougne, le re
présentant deGand. Nous ne sommes pas en mesure
de conlredire cette assertion, mais ce que, de notre
cólé, nous pouvons annoncer, avec une assurance
parfaile, c'est que S. M. a fait exprimer, dans ces
derniers jours, a M. Vandenpeereboom, son vif désir
de lui voir conserver la direction du département de
l'inlérieur, et que ce dernier est très-résolu a rester
a son posle tout au moins jusqu'a la discussion de
son budget qui sera, vraisemblablement, le champ
de bataille de l'opposition. Organe de Courlrai.)
On écrit de Bruxelles au Journal de Charleroi
Tous nos ministres sont en ce moment absents de
Bruxelles, a I'exception de M. A. Vandenpeereboom,
qui se repose, dans son hótel, des fatigues de son
tour de France a Ypres.
S'il faut en croire certaines rumeurs dont I'origine.
soit dit en passant, m'est un peu suspecte, la position
du minislre actuel de l'intérieur serait plus solide-
ment assise que jamais.
On raconte que le Roi, instruit par son entourage
de ('intention qu'aurait manifestée M. Vandenpeere
boom de se retirer du cabinet, a fait auprès de ce
ministre une démarche personnelle pour I'engager a
ne pas donner suite a son projet et que celui-ci, flatté
de ce témoignage de haute confiance, aurait promis
ft S. M. de rester a son poste, quoi qu'il advienne.
Je répète que je ne garantis point l'authenticité de
cette rumeur et j'ai des raisons d'estimer, au con
traire, qu'elle a été imaginée par des amis de M. le
minislre de l'intérieur dans le but de raffermir son
crédit ébranlé.
Nous apprenons que la Société d'agriculture do
Gaud vient d'adresser une circulaire a toutes les so-
ciétés agricoles du pays pour les engager a déléguer
chacune quelques-uns de leurs membres a une assem
ble qui aurait pour objet d'offrir a M. Vandenpeere
boom, au nom de 1'agriculture nationale, un témoi
gnage de reconnaissance pour Ie zèle et l'énergie qu'il
a dépioyés a combattre et a prévenir les ravages de
la peste bovine.
Est-ce a tort ou a raison qu'on prête a cette mani
festation un caractère politique?
[Organe de Courtrai.)
La tentative avortée ou pour mieux dire ajourriée
de Garibaldi contre les Etats-Romains va donner une
nouvelle impulsion aux engagements pour les zouaves
pontilicaux. Cette fois ce sont les Frères de la doc
trine chrétienne, rue des Alexiens, 10, a Bruxelles,
qui se sont inscrits, non corn me zouaves volontaires,
mais coinme enróleurs. comme agents recruteurs.
Les jeunes gens désireux d'aller se faire rompre
les os pour la défense des intéréts temporels du Saint
Pére n'orvt qu'a s'adresser aux susdits Frères de la
doctrine chrétienne qui leur signeront immédiatement
une feuille de route.
Avis aux amateurs.
Ees decorations dn cholera.
Le Journal de Liége, dans sorf numéro de samedi
dernier, pubiiait, sous forme de lettre, une sorte de
justification des erreurs et des injustices consacrées
par la distribution des recompenses honorifiques a
propos de l'epidémie du choléra.
C'est toujours ainsi chez notre vieux doctrinaire
il faut qu'il prenne quand même la défense de tons
les actes de nos gouvernants. Seulement, lorsque les