JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE8, Dimanche
Cinquième année. N° 42.
20 Octobre 1867
PRIX O'AROXIIEIIKEMT
POUR LA BELGIQUE
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On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 59.
On traite a forfait, pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois d'aryent doivent élre adressés franco au bureau du journal.
line explication nécessaire.
A propos des réclamations nombreuses qui ont
surgi dans la presse a l'occasion des décorations in-
stituées par l'arrêté royal du 21 juillet dernier,
le Progrès fait observer que cos distinctions hono-
rifiques doivent être réservées aux dévouements
exceptionnels et qu'elles ne pourraient être ac-
cordées, sans perdre de leur valeur, aux citoyens
qui n'ont fait que remplir les devoirs de leur
charge ou de leur profession.
Voilé qui est bravement parler. Mais nous sera-
t-il permis de demander au journal doctrinaire
comment il accorde ces beaux principes avec l'ap-
pui qu'il prète l'idée émise par la Société agri-
cole de Gand d'ouvrir une souscription destinée
offrir M. Alph. Vandenpeereboom un témoignage
de la reconnaissance nationale Loin de nous la
pensée de contester les services que M. le ministre
de l'Intérieur peut avoir rendu a l'agriculture. Si
la peste bovine a décimé nos étables, assurément
ce n'est point sa faute et tout le monde demeurera
d'accord qu'il a tout fait pour conjurer le fléau
destructeur. Mais nous ne sacliions pas qu'en cette
circonstance, il fait preuve d'un de ces grands
dévouements exceptionnels qui, dans l'opi-
nion du Progrès, méritent senls la haute distinc
tion d'une récompense nationale. En prenant des
mesures pour prévenir l'invasion et la propagation
de la peste bovine, M. le ministre de l'Intérieur a
tout simplement rempli le devoir de sa charge,»
ni plus, ni moins. II est absolument dans le cas de
ces médecii.s, de ces pharmaciens, de ces maitres
des pauvres auxquels le journal doctrinaire con-
teste le droit de se plaindre et qui, d'après lui,
n'ont aucun titre a la reconnaissance publique.
Faut-il dire toute notre pensée Nous estimons,
et bien des gens partageront notre sentiment,
qu'il y a infiniment plus de mérite a braver la
mort au lit des cholériques, mèrae quand c'est
pure affaire de professionqu'a mettre sa signature,
chez soi, les pieds dans ses pantoufles, au bas d'ar-
rètés minutés dans ses bureaux, ces arrètés fus-
sent-ils les plus beaux du monde. D'oü vient ce-
pendant que le Progrès, si raide et si pointilleux
quand il s'agit de ces hommes dévoués par pro
fession, se montre si coulant el de si facile
composition quand il est question d'honorer un
ministre qui n'a rempli, lui aussi, que son de
voir, avec cette différeuce, toutefois, qu'il l'a rem
pli sans aucun danger pour lui mème? Est-ce que,
par hasard, sans que jamais person ne s'en soit
douté depuis 27 ans que le Progrès distribue la
pluie et Ie beau temps dans l'arrondissement
d'Ypres, ce grave journal n'aurait que des opinions
de circonstance Loin de nous un pareil soupgon
Mais alors, comment comprendre...
Conversion niiraculeuse du PROGRÈS.
Depuis bientót cinq ans que 1 'Opinion a été
fondée, elle n'a pas cessé de réclamer la révision
de la loi de 1842. Rêcemment encore, quand
M. le ministre de l'Intérieur, n'écoutant que son
désir de conserver les bonnes grêces du parti clé-
rical, résolut d'appliquer cette loi funeste aux
écoles d'adultes, nous nous joignimes a tous nos
confrères de la presse libérale pour blêmer cette
mesure et pour engager les Conseils provinciaux a
refuser leur concours pécuniaire son exécu-
tion.
Cette attitude nous valut, de la part du Pro
grès, toute sorte d'injures plus grossières les unes
que les autres nous étions des hommes sans
principes, sans convictionsnous cherchions
semer la discorde dans le camp libéral, pour
arriver plus surement au renversement du minis
tère, seul et unique but de notre opposition.
Dans le délire de sa colère, le journal de la cote
rie, on ne l'a pas oublié, alia jusqu'é nous accu
ser d'avoir, nous seuls, fomenté le mouvement
de réprobation que la circulaire du 1" septembre
1866 avait soulevé dans le pays. Encore un peu,
et il allait nous reprocher d'avoir soudoyé les
Conseils provinciaux qui venaient de donner a
M. le ministre de l'intérieur la verte legon que
l'on sait.
Mais voilé que, tout-a coup, notre irrascible
contradicteur, virant de bord, se déclare partisan
de la révision immédiate de la loi de 1842. Chose
peine croyable, dans son numéro de dimanche
dernier, le Progrès s'unit au Journal de Bruges
pour déclarer que le moment est venu de re-
toucher cette loi et que le ministère ne
peut plus garder le silence en présence de la
répulsion qu'elle excite. Que signifie ce
brusque revirement II y a quelques mois peine,
le Progrès, exagérant a plaisir les dangers de la
réforme, nous traitait de brouillons et de faux-
hbéraux, paree que nous prenions la liberté grande
de rire de ses terreurs de commande, et voilé que
tout-é-coup, sans aucune raison apparente, car la
situation est restée la mème depuis lors, il se
range notre avis et fait chorus avec les faux-
libéraux pour mettre le ministère en demeure de
séculariser au plus vite l'enseignement douné aux
frais de l'Etat.
II y a des conversions suspectes. Le journal
doctrinaire doit une explication au public. Cette
explication nous l'attendons. La parole est au
Progrès.
Le Propagateur reproduit l'article suivant du
journal la Belgique
M. A. Vandenpeereboom, qu'on nous avait pré
senté, pendant plusieurs semaines, comme étant
poussé hors du cabinet par ses collègues, est aujour-
d'hui l'homme du ministère qu'on peut considérer
comme le plus solidement affermi. On pourrait pres-
que dire qu'il est l'homme indispensable du cabinet
actuel. N'en déplaise a M. Frère, le jour oü M. Van
denpeereboom croirait, dans sa conscience, devoir
refuser son concours a la politique excessive du parti
doctrinaire, nous ne compreuons guère comme il se-
rait possible de pourvoir a son remplacement, et,
dans l'état actuel des choses, si Ie même ministre,
obéissant toujours au sentiment de son devoir et de
ses convictions, exige dans la politique intérieure des
concessions qui la ramènent aux idees de concorde et
d'apaisement, nous defions les collègues de M. Van
denpeereboom de lui refuser cette concession.
Ces éloges de l'un des organes les plus pointus
du parti clérical sont plus compromettants pour
la carrière politique de M. le ministre de l'Inté
rieur que tout ce que les journaux libéraux réunis
ont pu articuier de griefs fondés contre lui. II y
manque encore l'appui du Bien public pour que
lecoup de massue soit complet.
LIndépendance publie la lettre suivante
Bruxelles. 12 octobre 1867.
Monsieur le Directeur,
L' Indépendance dull courant et d'autres jour
naux reproluisent un article de la Patrie de Bruges,
qui dit que, depuis quelques jours l'agent de la Ban-
que en cette ville refuse de donner de l'or et effectue
ses paiements en billets et en argent.
Ce fait manque d'exactitude en ce sens que le
refus en question ne peut s'appliquer qu'a des de-
mandes d'or pour des sommes importantes.
D'abord, quand la Banque paye en billets, c'est
que cela convienl a celui qui recoit, puisque les bil
lets étant immédiatemenl convertibles, chacun peut
réclamer son paiement en espècesmais la Banque,
comme tout le monde, a le droit de payer en or ou en
argent suivant ses convenances et la nature de son
encaisse mètallique.
Les instructions adressées aux agents sur eet
objet varient done suivani les circonstances.
Dans ce moment il leur est seulement recom-
mandé de payer principalement en argent, sans toute
fois refuser de l'or a, ceux qui en désireraient, pourvu
qu'il s'agisse de sommes peu importantes.
Quant au fait rapporté par votre journal et qui
se serait passé a Ostende, s'il ètait vrai, ce n'est cer-
taioement pas sur des ordres venus de Bruxelles qu'il
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