JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Di manche
Cinquième année. N° 45.
10 Novembre 1867.
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Ypres, fSoveiiibre 1885.
Le gouvernement a été vraiment bien avisé
d'avancer de trois semaines l'ouverture de la ses
sion législative. Depuis quinze jours que la Cham-
bre des représentants est assemblée, on n'y a pas
encore fait autre chose que de bavarder inutile-
ment sur la question des cabaretiers et les sociétés
de tempérance.
Mais aussi, quel ParlementPour une dizaine
d'hommes de talent qu'il renferme, que de mé-
diocrités goriflées de vent, que de nullitès infa-
tuées d'elles-mêmes, que de cuistres portant haut
la tête et pénétrés de leur importance! Non, ja
mais, depuis notre émancipation politique, spec
tacle plus affligeant tie fut offert nos regards.
Qui faut il accuser de ce lamentable abaisse-
ment parlementaire Le gouvernement? Eh,mon
Lieu, le gouvernement est dans son róleil
n'aime pas qu'on le contredise et protégé les
candidatures qui ne lui font pas ombrage, c'est
tout naturel. Leclergé? II ne fait pas autre chose
que ce que nous fesons nous-mêmes. Nous nom-
mons des Lambert, des Mouton, des Hagemans,
des Jouret il nous répond en nommant des ües-
medt, des Vanderdonck, des Lebailly de Tille-
ghem et 'autrés de Coninck. Qu'avons-nous a lui
reprocher
Les vrais coupables, c'est nous-mêmes, ou plu
tót ce sont les associations politiques qui, au lieu
de s'inspirer, dans leur choix, des véritables inté
réts du pays, rie songent qu'a satisfaire les ambi
tions personnelles de quelques hobereaux, dé-
sireux de faire figure au palais législatif et qui
n'ont pour tout mérite que celui d'avoir beau-
coup d'argent et de n'offusquer personne par
leur talent. Qui, nous le disons avec une convic
tion profonde, les vrais, les seuls coupables, ce
sont ces associations permanentes, qui s'étaient
donnè pour mission d'entretenir la vie pubhque
dans le pays et qui l'ont si complétement étouffée,
qu'il n'est pas de nation libre dans le monde oü
l'on s'occupe moins que chez nous des affaires
générales.
Hors du temps des élections, bien entendu.
Car, vienne la lutte électorale, tout est mis en
branie au moyen de la clérico-libéromanie dont
nous ne sommes malheureusement pas encore
guéris et qui nous revient, régulièrement, cette
époque, comme une fièvre intermittente. Gare
alors a l'imprudent qui se permet de réclamer des
candidats que ces associations lui imposent cer-
taines garanties de capacité, d'instruction et d'in-
dépendance. 11 est mis aussitót au ban de l'opi-
nion libérale et conspué comme un traitre car il
n'y a plus, a ce moment, qu'une seule question,
la question clèrico-libérale, et tel est l'aveuglement
dont le corps électoral est frappé qu'on lui per
suade aisément qu'il n'a pas a s'occuper d'autre
chose. Nos candidats, s'écrient les associations,
sont d'excellents libéraux, ils ont juré une guerre
a mort aux priviléges du clergé, voila l'essentiel.
Le reste n'est qu'accessoire. Le corps électoral,
qui veut sinoèrement l'abolition des priviléges du
clergé, se laisse prendre a ces promesses et nomme
les candidats des associations, persuadé que, dés
leur arrivée a la Chambre, ces messieurs vont
s'empresser de tenir parole.
Or, qu'arrive-t-il C'est qu'une fois assis sur
la basane parlementaire, messieurs nos représen-
tants ne se soucient nullement de résoudre les
questions clérico-libérales et comme ils n'ont ab-
solument rien d'autre dans le ventre, on les voit,
comme nous les voyons en ce moment même,
gaspiller le temps et l'argent du pays en discus
sions mesquines, misérables, dont la platitude
scandalise tout le monde, hors eux-mèmes.
Résoudre la question cléricale I Pas si bêtes
C'est leur poule aux oeufs d'or ils n'ont garde de
l'étrangler. Supposez la loi sur le temporel des
cultes et la révision de la loi de 1842 votées,
leur sac est vidé et leur effroyable nullité devient
si évidente a tous les yeux qu'il leur faut aban-
donner tout espoir de réélection. Encore une fois,
pas si bêtes
Au fait, puisque cette petite comédie platt au
corps électoral, nous avous mauvaise gróce la
sifiler et le Progrès a mille fois raison de dire
que nous ne sommes que des brouillons.
I ne prompte initiative.
Nous apprenons que le comité de l'Associalion
agricole de l'arrondissement d'Ypres a éte réuni, il y
a peu de jours, dans le but d'organiser le mode de
souscription pour un lémoïgnage de reconnaissance
a offrir a M. Alphonse Vandenpeereboom, ministre
de l'interieur, pour les mesures énergiques et la
prompte initiative qu'il a prises a l'effet de preserver
le pays des ravages de la peste bovine.
Ainsi s'expriment du moins les circulaires ofii-
cielles.
Nous ignorons ce qui a été décidé.
Toutefois il u'est pas hors de propos de faire ici la
part de ces mesures énergiques et de cette prompte
initiative autour desqueiles surgit tant de bruit. La
vérité est que la peste bovine sévissait avec intensitè
a Hal entr'autres, qu'elle y exer^ait déja depuis quel-
que temps de grands ravages et que sollicité, pressé
par des hommes spéciaux et competents de prendre
des mesures, M. Alph. Vandenpeereboom s'y refusait
absolument. Ce ne fut que lorsque les perles devinrent
considérables et que la situation menacait le désastre
que M. le ministre, ayant en quelque sorte la main
forcée, se décida agir.
Ces particularités beaucoup de personnes les con-
naissent de même que les noms de eeux qui firent les
démarches les plus actives et les plus inCessantes et
M. le ministre ne peut pas les avoir oubliées. Aussi
a-t il dóêtre le plus élonné de tous quand il a appris
qu'on éprouvait de la reconnaissance pour sa prompte
initiative. M. Alph. Vandenpeereboom avail beaucoup
moins hésité lorsque, comme ministre de la guerre
interimaire, il accordait a des jeunes gens sans expé-
rience la permission d'aller se faire écharper au
Mexique.
En tous cas nous pensons que si les souscripteurs
étaient au courant de ces fails, leur enthousiasme
s'en ressentirait beaucoup. Et nous nous demandons
pourquoi M. le ministre, s'il tient absolument a une
distinction, ne se décerne pas la médaille du Mérite
civil, si bien accueillie dans le pays. Aucun ordre ne
doit être plus cher au coeur de ('honorable ministre
que celui dont il peut a bon droit se dire le père.
Nous comprendrions difïicilement d'ailleurs qu'il lais-
sat échapper cette occasion, unique peut-être, de
donner un nouveau lustre a cettfe médaille qui nesau-
rait manquer si tant est, comme le répètent a
saliété les organes complaisants, que M. Ie ministre
de l'intérieur ait fait preuve d'un grand dévouement
qui ne saurait manquer, disons-nous, d'honorer
M. le ministre autarit que M. le ministre lui-même
pourrnit honorer la médaille.
Mais il ne s'agitpasde toutcela. Ce que l'on veut,
c'est une manifestation politique sous les apparences
d'une souscription agricole. Ou veut préparer un acte
d'adhêsion a l'organisateur des écoles d'adultes d'a-
près le système clérical, au ministre prenant fait et
cause pour les curés contre les bourgmestres et les
inslituteurs communaux, en un mot, l'incarnation
la plus compléte de la politique a deux faces. Tel est
le but. La souscription ne sera pas sitót faite que les
malins demasqueront leurs batteries et bien des sou
scripteurs naïfs, cette fois comme toujours, se repen-
tiront, mais trop tard, d'avoir prêlé leur signature
pour souffleter leurs convictions.
Un de nos amis nous fait observer judicieusement
que c'est probablement a cause de la cherlé du pain
que nos hommes politiques font tant de brioches.
Le notivel ïndicateur des Qicmins de fer.
Depuis le 1" de ce mois des changements assez
notables sont operes dans les heures de départ des
trains. Ces changements sont en partie le fait du gou
vernement qui, par mesure d'économie ou pour tout
autre motif, a supprimé un grand nombre de trains-
express, en partie aussi celui do la Societè d'exploita-
tion. Dans tous les cas le public voyagenr el le com
merce n'ont pas a se louer des nouveaux tableaux in-
dicateurs et nous ne serions nullement surpris de
LOPIMOIS