JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Sixième année. N° 3.
19 Janvier 1868.
FRIX RES iilHOICES
ET DES RECLAMES
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Ypres, is Janvier isos.
U parait que nous haissons MM. Vanden Pee
reboom et Hymans. C'est le Journal de Bruges
cousin-germain du représentant de Bruxelles par
I 'Office de Publicité, qui a fait cette belle décou-
verte, dont nos lecteurs seront aussi étonnés que
nous-mèmes.
Nous, haïr M. Vanden Peereboora Mais le
journal brugeois, pour porter contre nous une
accusation aussi grave, ignore done qu'aux élec-
tions de 1863 et de 1864, 1'Opinion a combattu
avec le Progrès et non moins vaillamment que
lui, pour la candidature de l'ex-ministre de l'Inté-
rieur
Depuis, il est vrai, la politique suivie par notre
représentant au pouvoir ne nous convenant plus,
nous lui avons fait la guerre, et le jour oil elie a
succombé, nous avons applaudi a sa chute. Etait-
ce notre droit? Que le Journal de Bruges ré-
ponde.
II faut ètre sincère. Mème l'époque oü nous
défendions la candidature de M. Vandenpeere-
boom, nous n'avions pas, dans la ferraeté de ses
convictions libérales, une confiance saus limites.
Notre représentant nous était connu, bien avant
que YOpinion eut vu le jour, pour professor, sur
certaines questions, des opinions qui n'étaient pas
lesnótres; ses antécédents, sous ce rapport, n'é
taient pas sans avoir éveillé en nous de vives
appréhensions. Mais, faut-il le dire? la présence
de M. Frère-Orban aux affaires avait calmé nos
inquiétudes. Nous étions encore de ces naïfs qui
voient dans M. le ministre des finances la person-
nification des idéés libérales et nous comptions
sur lui pour surveiller les défaillances de notre
représentant.
Notre espoir a été cruellement dêtju. Non-seu-
lement le cabinet présidé par M. Frère n'a
rien fait pour donner satisfaction au parti li-
béral, mais il a souffert, 6 bonte éternelle, que
M. Vanden Peereboom lui crachèt au visage
en lui imposant son arrèté sur les écoles d'a-
dultes.
De ce jour, notre ligne de conduite était tra-
cée et nous n'en avons pas dévié. Nous avons fait
a la politique ministérielle une opposition achar-
née, impitoyable. Nous avons arraché ces char
latans de libéralisme le masque qui nous avait si
lougtemps abusé et nous avons appelé sur eux la
justice de l'opinion libérale indignement tra-
hie.
Si c'est lé ce que le Journal de Bruges ap-
pelle de la haine pour les personnes, nous n'avons
plus rien a lui dire, il est hors d'état de nous
comprendre.
Le Journal de Bruges nous accuse aussi de
hair M. Hymans. Ceci est tout simplement une
plaisanterie et une mauvaise. M. Hymans, dont
YOpinion ne s'est jamais occupée ni en bien ni en
mal, nous avait reproché brutalement, dans YEcho
du Parlement, d'avoir EFFRONTËMENT
bravé la conscience publique en applaudis-
sant a la chute de M. Vanden Peereboom. Nous
avons répondu S M. le rédacteur du journal offi-
cieux que nous n'avions pas recevoir de legons
de moralité politique d'un représentant qui fait
YEcho du Parlement le métier qu'il fait et nous
nous sommes moqués de ses prétentions jouer
l'homme d'importance. Fallait-il pas, par hasard,
baiser la verge qui venait de nous frapper et prier
M. Hymans d'agréer nos excuses? Nous avons été
vifs. Le Journal de Bruges le serait il moins en
pareille circonstance
Quant aux inexactitudes que notre confrère re-
lève dans la réponse que nous avons adressée h
YEcho du Parlementcorame il n'est pas en cause,
il voudra bien nous permettre, pour discuter ses
rectifications, que le journal officieux les ai fait
siennes en les reproduisant dans ses colonnes. 11
ne peut pas nous convenir d'engager sur des ques
tions de cette nature une polémique par voie de
personnes interposées.
A HOS LECTEURS.
Des bruits qui n'ont jamais cessé entièrement de
courir ont représentéde lout temps YOpinion comme
un organe créé en vue d'une circonstance déterminée,
une feuïlle d'une existence éphémère, un journal
mort-né. Ges bruits dont on devine aisément l'ori-
gine et le but, ont pris dans ces derniers temps une
nouvelle et plus grande extension. A les entendre,
nous n'aurions plus que peu de semaines a vivre. En
vérilé, leurs auteurs tuent un peu trop vite ceux qui
leur déplaisent et quelque malheureux que nous
soyons de les contrarier, nous craignons bien pour
eux qu'ils ne prenneni trop facilement des désirs
pour des réalilès.
L'Opinion est enlrée dans sa sixième année, voila
qui répond pour le passé aux sinistres prédictions de
quelques prophètes fantaisistes. Nous affirinons pour
l'avenir que YOpinion ne cessera sa publication, ni
maintenaut, ni après les élections de juin. Une seule
circonstance pourrait la decider ii ce sacrifice, ce se-
rait lorsque les rédacteurs du Progrèsdevenus sous-
préfets d'un Napoléon III, confisqueraient, par leurs
décrets, Ia liberté de la presse. Nous n'en sommes pas
encore la. En attendant, YOpinion continuera comme
par le passé a défendre les principes du libéralisme
progressif, le seul sincère et loaique; comme par le
passé aussi, elle combattra les habiles qui sacrifient
leurs convictions a un inlérët de boutique el démas-
quera les intriguants qui exploiient leurs concitoyens.
Sur le chemin de Damds.
Quand nous disions qu'il y avait plus d'une affi-
nité entre les cléricaux et nos doctrinaires t Ceux-ci
en sont arrivés jusqu'a eraprunter le langage de
ceux-la el Ie Progrès, l'exemple de son confrère, le
Journal <PYpres, nous appelle Vor.gane de la coterie
Solidaire. Le Progrès et le Journal d' Ypres, bras des
sus bras dessous, faisant une charge a fond sur les
solidaires et les francs-macons, cela ne laisse pas que
d'être piquant et notre siècle si fertile en dróleries de
loutes sortes n'aurait certainement pas trouvé celle-
la. Le Progrès aurait-il, lui aussi, trouvé sou chemin
de Damas? La lumière d'en haut a-t-elle frappé quel
que nouveau Saul dans les bureaux de la rue au
Beurre?Ce que nous savons, c'est qu'il fut un temps
temps assez proche de nous pour que chacun se
le rappelle oü l'un des plus bruyanls, sinon des
plus terribles pourfendeurs du clerical, un homme
qui a un jésuite dans le gosier et un calottin (sic) sur
le bout du nez, était dangereusement malade. Que
faire? Appeler ceux que pendant toute sa vie on a
injurié et vilipendé, c'est dur. Mais le qu'en dira-t-on,
mais ('influence des frères et amis, mais l'intérêt élec-
toral qu'il ne faut pas séparer de l'intérêt de familie,
mais ceci, mais cela, trente-six mille prétextes enfin
que la complaisance et la peur évoquent. II se pros-
terna done aux pieds de ces hommes qu'il avail mille
fois dévorésen paroles bien erdendu, ne posant
qu'une petite condition a son humilitè toute chré-
tienne la chose se ferait nuitamment, sans tambours
ni trompettes, nous voulons dire sans sonnerie, ni
lumières. Et nunc erudimini. Voila sans doutéJ'ori-
gine des sentiments religieux du Progrès. Si Ce jour
nal attaque les solidaires^ par contre il soutient les
hypocrites. II y a compensation.
Un portrait de familie.
Nous lisons dans Ie Progrès de dimanche dernier
a II existe en Belgique, nous ne dirons pas un
parti, mais une COTERIE qui se compose de citoyens
haineux, vindicatifs et dont le tempérament bilieux
obscurcit le sens moral. t>
On ne s'attendait guère a voir Ie Progrès rendre
justice si compléte a ses patrons.
U'impöt clerical.
Quand il s'agit de retnplir l'escarcelle, les cléri
caux ont plus d'un lour dans leur sac et l'on peut
dire que jamais ils ne cessent de ehasser plusieurs
lièvres a la fois. On sait les sommes prodigieuses en-
voyées au Pape au détriment des pauvres. Cela n'a
pas empêché de faire fructifier, en mêuie temps,
YOEuvre de la Sainte Enfance, ainsi nommée sans
doute parce qu'elle a été creée par ceux- qqi sont
voués au célibat.