1 >sophique, ni propngnnde religieuse, nous n'aurions aucune raison de demander instamment que le prêtre en füt exclu, s'il acceptait d'y entrer a titre de pro- fesseur, de personnel enseignant, se soumettant, comme tous les autres professeurs, au contröle et a la surveillance de l'autorité dont l'école relève. Le clergé, malheureusement, ne veut pas accepter cette situation naturelle, logique; il veut être tout ou il ne consent a être rien, Ce qu'il lui faut, c'est la do mination, ['omnipotence. Le premier prêtre venu que l'évêque envoie dans une commune, dans une ville, ce prêtre qui n'est dans l'Etat qu'un simple citoyen comme tous les autres citoyens, qui ne relève pas de l'opinion publique comme en relèvent nos magistrats électifs, qui n'est pas fonctionnaire public, qui n'a recu aucun mandat de l'Etat et qui n'est pas liê en- vers l'Etat, qui est, au contraire, lié envers un sou- verain étranger qui anathematise périodiquement toutes les libertés, bases de nos institutions, toutes les idéés modernes qui sonl le fondement de la civili sation acluelle, ce prêtre qui arrive tout a coup dans la commune, veut l'instant y être maltre de l'ensei- gnement public, donne aux frais de l'Etat. Cette prélention n'est-elle pas exorbitante? Une fois Ie prêtre admis dans l'école a titre d'auto- rité, toutes les autres autorités en disparaissent. Nous I'avons vu par I'affaire de l'instituteur de Nimy les inspecteurs civils abdiquent devant l'inspecteur ecclésiastique, et celui-ci se liguant avec Ie curé, fait bientót échec a l'autorité administrative etdefie même l'autorité la plus élevée, l'autorité législative. Ce n'est pas contre le clergé catholique que s'élève le mouvement de jour en jour plus énergique qui ré clame le retrait de la loi de 1842. Noutoutes les re ligions sont de leur nature exclusives, intolérantes tous les clergés sont absorbants et dominateurs. Ce que l'on ne veut pas pour le clergé catholique, on ne le veut done pas non plus pour les clergés des autres sectes, car ce que l'on veut bannir de l'école, ce n'est pas la religion proprement dite, ttiais seuleinent l'in- tolérance, et, il faut bien l'ajouter, l'abrutissement. L'abrutissement! ce n'est pas nous qui appliquons ce mot au fonctionnement de la loi de 1842. Un prêtre, le père Boone, avait fait un catalogue de livres a em ployer pour l'enseignement dans les écoles, et il dé- clarait tous les autres livres pernicieux. Un membre de la Chambre des représentants demanda au ministre de I'intérieur, dans le cours d'une discussion, quelle génération d'hoinmes on obtiendrait avec un ensei- gnement aidé de sembiables livres, et le ministre ré- pondit Une génération de crétins! Et le ministre qui taisait cette franche et éloquente réponse, était un ministre catholique, c'était M. De Decker. Mais le clergé n'a pas besoin de l'approbation même d'un ministre catholique et il attache très-peu d'im- portance a son improbation n'est-il pas maitre de l'enseignement primaire, et, dés lors, n'en fait-il pas ce qu'il veut Aussi, eet enseignement, grêce a la loi de 1842, et sans le secours des livres du P. Boone, est-il aussi abrutissant que le P. Böone peut le désirer. Nous avons sous les yeux le compte-reudu d'une conference trimestriélle des instituteurs, tenue en exécution de l'art. 14 de la loi organique de 1842. Ces conferences, on le sait, sont l'image fidéle des lecons journalières. Les élèves d'une école y exécutent tous leurs exercices, y répètent toutes Ieurs lecons en pre sence des inspecteurs et des instituteurs, absolument comme ils doivent le faire chaque jour. Or, voici ce que nousapprend le compte-rendu. La lecon commence par des prières. Les élèves ró- citent simultanément les prières du matin, et, ajoute naïvement l'auteur du compte-rendu, ils les rècitent jusqu'aux coramandements de Dieu. La prière dite, la conférence, la classe commence. Ce qui doit primer tout, c'est le catéchisme. C'est ce qui a lieu en effet. L'instituteur lit la première de- mande de la cinquième lecon de la 3° partie, el les élèves la récitent simultanément ensuite. II lit de même Ia réponse, que les élèves répètent encore si multanément. Cet exercice continue ainsi pendant une demi-heure. On passe a la lecon de lecture. C'est sans doute l'histoire de leur pays que la lecon va apprendre a ces jeunes citoyens, ou bien quelques préceptes de mo rale, d'hygiène, ou bien encore quelques notions sur les phénomènes physiques dont ils sont témoins chaque jour sans les comprendre? Non, le sujet de la lecture est La Paque, 2" chapitre de la 3° époque de la Bible de l'enfance. Les 1" et 8m° paragraphes, dit le b compte-rendu, spnt lus simultanément par les filles, et le 2" et le 4° par les garcons. Le reste du chapitre est lu individuellement par les filles. Le chapitre est ensuite relu deüx fois individuellement par les filles et les garcons alternativement. L'in stituteur fait fermer les livres, questionne, ex- plique, etc. Sur deux heures que dure la classe, en voilé done deja une toute entière consacrée a la reli gion. On passe a la lecon d'écriture. C'est par l'écriture, on le sait, que les choses se gravent le mieux dans la mémoire. On oublie difficilement ce que l'on a une fois écrit. L'occasion est done favorable pour ensei- gner a ces jeunes intelligences des choses impor- tantes et utiles. Au lieu de cela voici ce qui leur est diclé Dieu ordonna, par Moïse, au peuple d'Israël, d'immoler dans chaque familie, le soir du 4" jour du premier tnois du printemps, un agneau, et de le manger la nuit suivante avec des pains sans le is vain et des laitues amères. Nous ne contestons pas l'utilité de cette dictée, sur- tout des laitues amères, mais évidemment il y en a de plus utiles. Suivent a lors des explications de l'instituteur sur la signification des mots et sur la bonté de Dieu qui, au lieu de faire immoler des hommes, se contente d'agneaux. Sur deux heures de classe, en voila done une et demie consacrée a la religion. Qu'on dise encore qu'elle est perséculée en Belgique. La lecon qui suit est celle d'arithmétique. Si l'on pouvait poser aux élèves ce problème Connaissant l'age de Moïse au moment oü il a été abandonné sur le Nil, ainsi que la couleur de ses cheveux, nous dire la grandeur du panier, qui le conteuait? nul doute qu'on le poserait; mais comme cela ne se peut pas, la lecon d'arithmétique n'a rien de religieux. La lecon d'arithmétique termine la classe seule- ment, M. l'inspecteur Courtois fait encore écrire au tableau noir, nous ne savons a quelle fin, deux phra ses tirées de notre histoire nationale, et notamment celle-ci Marie-Louise, notre feue reine, a illustré Ie tróne de Belgique par ses vertus. Le compte-rendu ne dit pas que la classe se termine par des prières, et c'est regrettable. Hatoris-nous toutefois d'ajouter que la religion n'y perd rien, car les elèves chantent a l'unisson un couplet du can- tique Travaillez a votre salutet un couplet d'un autre cantique A tes pieds, 6 Marie! Les instituteurs sont ensuite réunis pour présenter leurs observations critiques sur les lecons qui out été données. L'un d'eux Inde irce) fait remarquer que le ton des prières, du catéchisme et de la lecture n'est pas naturel el que les syllabes sont peu accentuées. On aurait pu rèpondre a cette observation que le ton ressemblea la chose, qu'ils sont peu naturels l'un et l'autre. Prenons acte, cependant, de l'aveu fait par cet instituteur que les prières, le catéchisme et la lec ture, toutes choses roulant sur le même sujet, sont apprises par les enfants comme les apprendraient un perroquet. Cela prouve le charme qu'ils trouvent dans ces exercices si variés. Un autre 'instituteur dit que celui qui a tenu la classe, ne s'est pas assez étendu sur la bonté de Dieu ordonnant d'immoler un agneau dans chaque fa milie. Le compte-rendu ne dit pas si l'instituteur qui a fait cette observation, a obtenu une bonne note de M. l'inspecteur ecclésiastique. Est-ce tout? Non, voici le bouquet M. i'inspecteur ecclésiastique adresse des fólici- tations aux instituteurs pour le travail qu'ils ont rédigé, lequel avait trait a la 4= et a la 5° demande de 1'oraison dominicale. Finis coronat opus 1 Et voila comment, sous-Ie régime de cette excellente loi de 1842, on cultive le coeur et l'esprit des élèves et des instituteurs eux-mêmes. Ah! si M. De Decker, quoique catholique, avait con nu tout cela I Cor respondent*»; Poperinghe, le 25 Janvier 1868. Monsieur l'éditeur de VOpinion, Mon charmant ami M. Ch. Cnapelynck, qui d'une part espérait en avoir fini avec moi, et qui d'autre part, après avoir été provoqué, assommé, plumé, tué et disséqué par mes coups de scalpel, se sent encore tout juste assez de vie pour riposter par un dernier effort a mon courrouxcherche a justifier ses atta ques en rejetant tout le tort de notre diffórend sur celui de nous deux qui dans cette lutte sanglante lui a paru être l'agresseur, et en me criant Ce iïest pas moi, c'est loi. Si mon honorable adversaire, sans tenir compte de mes deux précédentes lettres, croit en conscience Irou- ver une agression dans les paroles du Volksvriend qui ne l'incriminent en rien, et que, pour ma justification, j'ai soumises au jugement de vos lecteurs, j'accepte vo- lontiers sa laconique argumentation, corroborée par le témoignage approbatif du Jaer 30 de dimanche dernier, comme une explication propre a calmer mon agitation qui cette fois se bornera a un simple haussement d'é- paules. Gar, habitué a respecter, en quelque matièi e que ce soit, toutes les convictions sincères, fondées ou non, il me suffit de savoir qu'il n'a été mü en cette cir- constance par aucune mauvaise intention a mon égard. Je dois dès lors me persuader que tout noire chamaillis a reposé sur un... malentendu, et esperer que dous resterons amis après comme avant le com bat. Seulement je dois lui faire observer que, s'il avait quelque chose a dérnêler avec M. V. M., lui qui se pique tant de courage et d'audace, il n'aurait pas du prendre prétexte des paroles du Volksvriendni allei- par voie détournée pour lui dire sa facon de peuser. Si M. V. M. quidepuis le memorable acte posé par M. Cnapelynck en 1833, a déja été jugé trois fois, et qui se fera encore juger pour la quatrième fois au mois de mai prochain par le corps électoral de la ville et du canton de Poperinghe (oü les vieilles calomnies ressuscitées par le Jaer 80 ont pris leur origine, et oü ses commettants, au milieu desquels il vit, lui semblent mieux être a même de l'apprécier que tout autre,) croit pouvoir se dispenser du ju gement des tribunauxce n'est pas la faute du Volks vriend, car mon article ne s'est pas plus occupé de la conduite a tenir par M. V. M. qu'il n'a discuté celle tenue par M. Cnapelynck en 1858. Que l'ami Cnapelynck, en fuyant le cercle de nos débats personnels, attaque en chemin qui il veut; mais qu'au moins, après avoir frappé dans cette fuite sur le dos d'un autre, il n'affecte pas de dire d'un ton viclorieux que c'est moi qu'il a battu. D.;ja le Jaer 30 le croit, et espère avec son aide pouvoir bientót me porter Ie coup de grêce pour se venger des diflicultés que j'ai également suscitées a ce dernier dans le dé- funt Volksvriend. Paree que dans ce modeste petit journal j'ai cons- taté plus d'une fois que M. V. M., depuis tout le temps qu'il s'occupe de la defense des intéréts de notre loca- lité, s'est vu constamment entouré de la sympathie de la grande majorité de ses concitoyens, s'en suit-il qu'il soit plus mon intéressant ami que M. Cnape- linck? Et paree que j'ai également dit quelque part que le Jaer 30 est tombé ici dans un mépris si pro fond pres de tous les honnêtes gens que même beau- coup d'ecclésiastiques refusent de le recevoir, croit- on peut-être que j'aie voulu expliquer. justifier ou approuver par la le dédain par lequel il répond aux sarcasmes de ce pamphlet ordurier?.... Vraiment j'i- gnore par oü j'ai pu m'attirer ainsi la colère de deux adversaires a la fois. J'avais exprimé deruiereraent l'inlention, M. l'édi teur, de ne point prolonger cette polémique, paree qu'il ne me convenait pas de suivre mon adversaire sur le terrain des plaisanteriesmais, voyant que cette fois il a été un peu plus posé, sans être moins spiri- tuel et moins comique dans ses reparties empruntées a Molièreje vous prie de bien vouloir accueillir encore dans vos colonnes les présentes lignes que je désire pour une dernière fois lui adresser. Je sais que mon ami Charles ne me laissera pas le dernier mot; mais aussi je suis persuadé d'avance que, de la manière dont il devra s'y prendre, c'est-a- dire en s'éloignant de plus en plus de la question en litige, qui seule me concerne et a laquelle j'enlends loyalement me borner, tout le monde pourrait avoir fhonneur du dernier mot. Veuillez agréer, Monsieur l'éditeur, l'assurance de ma parfaite consideration. J. Lecldyse. I .411* IHVEli*. Voici une étonnante théorie du correspondant de Belgique de VUnivers de Paris L'excellent prélat (l'archevêque de Malines) que

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2