JOURNAL
D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimaiiche Sixième année. N0 9. ler Mars 1868.
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POUR LA BELG1QUE
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Ypres, s® Février tsos.
M. Frère-Orban a terminé son dernier dis
cours a Ia Chambrp par uie trés-chaleureuse
adjuration a ses amis de la droite. Pour ré-
soudre des questions telles que celles qui sont
soumises aujourd'hui la Chambre, s'est-il
écrié, c'est la main dans la main que nous
devons paraitre devant le pays et devant l'é-
tranger. Ainsi done, d'après M. le mi*
nistre des Finances lui-mème, la question de la
défense nationale n'est pas une question politique
et des hommes appartenant des partis différents
peuvent s'unir sur une question de cette nature
sans forfaire leurs convictions politiques.
Nous sommes entièrement de eet avis et ja
mais, quant nous, nous n'avons songé faire
un grief au ministère d'avoir sollicitè l'appui du
parti catholique en faveur de son projet de réor-
ganisation militaire. Mais ce droit, que nous re-
connaissons au ministère, pourquoi ceux qui ne
pensent pas comme lui sur cette question, n'en
jouiraient ils pas au même titre? S'il est permis a
MM. Frère et Dumortier de se dormer la main
pour voter ensemble ce projet de loi, pourquoi
serait-il interdit a MM. Coomans et Paul Janson
d'en faire autant pour le combattre? Les jour-
naux doctrinaires sont vraiment admirables que
leurs patrons réclament Ie concours des catho-
liques pour avoir raison des résistances que leur
projet rencontre dans le pays, ils trouvent cela
tout simplemais que leurs adversaires s'en-
tendent, de leur cótê, pour en empêcher l'adop-
tion, les voilé aussitót qui orient au scandale. II
nous semble pourtant, qu'en bonne justice, on ne
peut pas refuser aux uns ce que l'on accorde aux
autres et que si M. Dumortier peut accepter la
main de M. Frère sans manquer a ce qu'il doit a
son parti, M. Coomans peut tendre la sienne a
M. Janson, sans mériter, pour cela, qu'on lui
jette la pierre. Qu'en pense l'organe des Frères
et amis?
Slésaventure chevaleresque.
La modestie sied bien au mérite.
Mardi, 18 février, au moment oü devait arri-
ver le train de quatre heures, notre gare offrait
Ie spectacle d'une ovation des plus bruyantes...
La musique de Langhemarck n'avait pas reculé
devant une route de deux lieues pour venir saluer
de ses accords l'entrée du nouveau chevalier...
dont la faveur royale vient de doter l'arrondisse-
ment d'Ypres. Après les félicitations de circon-
stance, le corps d'harmonie se mit en marche
vers la Grand'Place, suivi du héros de la fête qui
descendit au Gouden Beker.
Pendant le trajet on remarqua l'absence de
quelques grands fonctionnaires de notre ville
qu'on avait cru voir un instant la gare et qui,
disparus maintenant, étaient l'objet de supposi
tions diverses. Le public des fêtes s'étonne de
tout, s'enquiert de tout, et commente tout.
Pourquoi ces amis intimes ne contribuaient-ils
pas au triomphe de leur ami?L'éclat de
l'idole qu'ils se sont créé les éblouissait-ils main
tenant que la décoration l'achevait ou bien leur
modestie les empêchait-elle de se montrer la
suite du talent reconnu?... Les commentaires
allaient bon train. Et comme personne ne trou-
vait de solution, la foule finit par se disperser,
laissant au Gouden Beker les éléments du cortége
fêter ce beau jour.
Mais ceci n'était que le commencement. Le
lendemain devait être le vrai jour du triomphe
En effet, vers trois heures de relevée, la rue de
la Station se trouva tout coup en émoi par
l'arrivée d'une voiture de poste attelée de quatre
chevaux, conduits par deux postillons en grand
costume. L'équipage s'arrêta devant l'estaminet
le Casino, oü il prit notre chevalier pour le me-
ner Langhemarck recevoir de nouvelles ova
tions. Quelques amis se placèrent auprès de lui
dans la voiture et les voilé enlevés au galop....
Mais non, ce n'était pas au galop, au pas seule-
ment, pour commencer. Et bien leur en a pris,
car ces maudits chevaux ne se rappelant pas avoir
jamais trainé de la sorte les grands hommes de
notre contrée.protestèrent contre cette innovation
en accostant les trottoirs et même les fagades et
les volets des maisons. C'est en vain que les
conducteurs s'éreintaientcoups et supplications
furent inutiles. II fallut trois quarts d'heure pour
arriver la Grand'Place. Lé les chevaux refusèrent
positivement tout service et firent mine même
d'entrer dans la voiture. Les postillons crurent y
trouver la mort les amis du chevalier se sau-
vèrent qui par la portière, qui par la vitre du
coche le chevalier seul resta imperturbable,
o Fractus si illabatur orbis
Mais, hélas force fut bien de diminuer de
moitié Ia splendeur du cortége et l'illustre che
valier dut continuer sa route en voiturd1 deux
chevaux, comme le plus simple mortel. Sic transit
gloria mundi. Ainsi s'évapore en fumée, hélas
la gloire du monde et celle des chevaliers.
Cavalcade au profit des panvres dans la ville
de Poperinghe.
La petite ville de Poperinghe, sise a deux lieues
d'ici, avait distribué a profusion dans ses environs
des programmes annoncant la sortie d'une cavalcade
masquée et non masquée, a l'occasion du carnaval.
Bien des gens prévenus par le peu d'importance dè
cette localité, s'altendaient un leurre, et se refu-
saient a croire a la sincérité de ce programme qui pa-
raissaitpromettre plus qu'il ne pouvait tenir, lorsque
iundi et mardi derniers tous les étrangers qui s'y
étaient rendus, ne tarissaient pas d'éloges sur la sur
prise, c'est le mot, qui leur y avait été ména-
gée.
Si je n'étais sür d'étre appuyé par le témoignage
de mille personnes, je ne me hasarderais pas d'expri-
mer mon opinion pleine et entière sur cette fête de
bienfaisance. Je dirai done, sans craindre des demen
tis, que la cavalcade formée dans cette petite ville de
9,000 ames, est une des plus remarquables qui ait été
offertes dans ces derniefs temps l'admiration des
étrangers. Richesses de costumes, fidélité et surtout
variété, qualités qu'il ést si difficile de réunir, ordre
et ensemble, lout cela se faisait remarquer dans ce
cortége, devant lequel tout le monde, riches et pau-
vres, étrangers et indigènes, restaient ébahis, taut la
surprise était grande, tant l'atlente de tous était dé-
passée.
Honneur done aux organisateurs de cette fète de
charité et mention honorable a MM. Yan Merris, qui
a contribué dans ies frais pour une trés large part, et
Réné Rommers, artiste peintre, qui s'est chargé de
fournir les dessins et de présider a la confection de
tout ce qui devait figurer dans la fète, tels que chars,
costumes, representations allégoriques, etc.
Onabeaucoup remarqué un magnifique groupe
d'Arabes, qui, se séparant quelquefois du reste du
cortége, simulaient de temps en temps, avec une fidé
lité et une intrépidité vraiment extraordinaire, ou
une attaque, ou une fuite, ou une course dans le
désert.
Sans entrer dans tous les autres détails de la fête,
nous dirons seulement que tousles acteurs qui figu-
raient dans ce cortége se sont montrés, par l'ólégance
des manières et la fidélité des costumes, dignes des
personnages qu'ils étaient chargés de représenter et
que les pauvres de Poperinghe auront lieu d'être sa-
tisfaits desoffrandes rassemblées avec un zèle qui ne
s'est pas un instant ralenti par les nombreux quê-
teurs aux travestissements riches et variés, qui pour
les provoquer entraient dans toutes les maisons.
Chaque journée a été close par un feu d'artifice.
Nous venons d'apprendre a l'instant que la quête a
produit prés de S,000 francs.
Honneur et mille fois merci a ces amis de l'huma-
nité souffrante.
L'homme qui gait Ure et éerire.
L'homme qui sait lire cause avec les absentsil re-
coit leurs confidences, il entend leurs assurances d'af-
fection, il sait ce qu'ils font, ce qu'ils pensent, ce
qu'ils désirent. Le papier qu'il regoit, couvert Jes