JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI Y1MIES, IHnianche Sixième année. N° 10. 8 Mars 1868 I»K1X U'ABOIIEIHEMT POUR LA BFJLGIQUE S francs par an; 4 fr. 50 par seraestre. Pour l'Eiranger, Ie porl en sus. Un Numéro 25 Centimes. PItlX l»ES AitHOlCE» ET DES RECLAMES 10 Centimes It, petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Oixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent itre adressés franco au bureau du journal. Le Conseil communal de Fruxelles vient d'être saisi par un de ses membres, M. Fontainas, d'une proposition ayant pour objet de réclamer de la Législature la révision de la loi de 1842 sur l'en- seignement primaire. M. Fontainas ne demande pas que le principe de la secularisation soit appli- qué immédiatement et d'une manière absolue a toutes les écoles primaires. Tenant compte des obstacles de toute nature que la mise exécution d'une mesure aussi radicale pourrait rencontrer, il se borne revendiquer pour les communes le droit d'admettre ou de repousser, selon qu'elles le ju- gent convenable, l'intervention du clergé dans leurs écoles. En d'autres termes, M. Fontainas demande que l'on applique aux écoles primaires les principes que le nouveau cabinet entend appli- quer aux écoles d'adultes. Au premier aspect, cette proposition ofFre quelque chose de séduisant. Quoi de plus simple, quoi de plus juste, semble-t-il tout d'abord, que de laisser trancher par les communes elles-mèmes la question de l'intervention du clergé dans les écoles communales Celles qui croiront cette in tervention nécessaire la réclameront celles qui n'en voudront pas seront libres de la repousser. Que peut-on désirer de mieux Pour peu cependant qu'on veuille y réfléchir, les dangers de ce système se présentent bientót h l'esprit et nous avons peine a nous expliquer qu'ils aient échappé a la perspicacité de M. Fontai nas. Et tout d'abord, ia mise en pratique de ce sys tème suppose le consentement du clergé. Car si le clergé refuse son agrément, il est clair que l'en- seignement religieux sera banni de toutes les écoles indistinctement et que, de fait, l'enseigne- ment laïque sera entièrement sécularisé. Si c'est a ce résultat que M. Fontainas veut aboutir, nous croyons qu'il est infiniment préfé- rable de déployer hardiment le .drapeau du libé ralisme et de demander la sécularisation de l'en- seignement au nom des principes que de l'escamo- ter par un expédient indigne d'une grande cause. Notre intérêt, d'ailleurs, d'accord avec l'honneur de nos principes, nous convie ne pas agir autre- ment. Que le clergé refuse de concourir l'exécution du projet coniju par M. Fontainas ou bien que nous décrétions purement et simplement l'exclu- sion du prêtre de l'école communale, il est clair que, dans les deux cas, le clergé fera tous ses efforts pour discréditer l'enseignement de l'Etat et ruiner ses écoles. Mais voyez combien notre position diffêre se lon que nous adoptons l'un ou l'autre système Dans celui que nous préconisons, la lutte est en- gagée sur le terrain solide des principesc'est au nom de la liberté de conscience, au nom du prin cipe de Ia séparation de l'Eglise et de l'Etat que nous dénions au clergé le droit de s'immiscer dans l'enseignement donné aux frais de tous, et quelles que soient les calomnies dont on nous abreuve, nous sommes certains d'avance que nous aurons un jour raison des préjugés que l'on exploitera contre nous. Supposez, au contraire, que nous adoptions le plan tracé par M. Fontainas. Qu'aurons-nous ré- pondre au clergé qu'and celui-ci nous accusera devant le pays d'avoir été tout simplement inspirés par des passions anti religieuses La liberté de conscience, les droits imperceptibles de l'Etat, nous ne pourrons plus les invoquer quand nous en aurons fait bon marché nous-mêmes en autorisant les communes admettre le clergé dans leurs écoles. Nous serons done absolument sans défense et l'abandon que nous aurons fait de nos principes ne servira qu'a rendre plus certain le triomphe de nos adversaires. Admettons que le clergé accepte la réforme proposée par M. Fontainas. Nous disons que ce serait un grand malheur pour l'opinion libérale qui verrait, par ['adoption de ce système, la réalisation du principe de la sécularisation de l'enseignement public iudéfiniroent ajournée. Et, en effet, part deux ou trois grandes villes qui s'empresseraient de briser le joug clérical, rien ne serait changè l'état de choses actuel et pas une administration communale, même dans les villes oü l'opinion libérale est dominante, n'oserait prendre sur elle d'exclure l'enseignement religieux de ses écoles. Ne sortons pas de chez nous. Supposons que, demain, la loi autorise l'administration commu nale d'Ypres séculariser complétement son en- seignement primaire, n'est-il pas avéré pour tout le monde qu'elle reculerait devant la responsabilité d'une semblable mesure et qu'elle n'hésiterait pas un seul instant maintenir le statu quo Et si cela est incontestable pour des villes de l'impor- tance de la nótre, peut on hésiter èi croire qu'il en serait de même dans les communes rurales, ou le pouvoir du clergé a bien moins a craindre des résistances de l'opinion publique? Tout compte fait, la proposition de M. Fontai nas aurait done pour seul et unique résultat de permettre deux ou trois grandes villes de soustraire leurs écoles au contróle de l'autorité ecclésiastique. M. Fontainas le reconnait lui-mème dans l'exposé des motifs qui aecompagne sa propo sition. Nous nous sommes inspirés simplement, dit-il, de l'intérêt de la villë de Bruxelles et nous demandons aux Chambres de laisser aux communes la faculté d'inscrire dans leur pro- gramme l'enseignement religieux ou de ne pas l'y inscrire. Or, est-il bon, est-il désirable que les grandes villes soient ainsi désintéressées de la grande lutte que Ie libéralisme a entreprise pour la conquête de Ia liberté de l'enseignement laïque Nous ne le pensons pas. Nous estimons, au contraire, que si l'opinion libérale veut arriver affranchir l'en seignement de l'Etat, elle ne doit pas permettre que les grandes villes séparent leurs intéréts de ceux des communes de moindre importance. Voyons les choses telles qu'elles sont. Du jour oü les grandes villes auront regu satisfaction la question de principe aura singulièrement perdu de sa gravité a leurs yeux et elles se soucieront fort peu de le faire résoudre. La est le danger danger sérieux sur lequel nous ne saurions appeler trop énergiquement l'attention de nos confrères de province et qu'aucun d'eux, pensons nous, n'a signalé jusqu'è présent. Nous respectons toutes les opinions. Nous comprenons, sans les partager, les hésitations, les scrupules des libéraux qui ernignent que l'exclusion du clergé des écoles publiques n'en- trafne une désorganisation compléte de l'ensei gnement mais quelque divergence d'opinion qui règne parmi nous sur cette grave question, il ne peut y avoir qu'un seul et même sentiment sur un expédient qui offre tous les inconvénients d'une solution radicale sans en avoir ni la franchise ni les avantages. II y a bien longtemps que nous n'avons plus entendu parler du cadeau destiné l'ex-ministre de l'Intérieur et qu'on a baptisé du nom de De nier de la peste. Nous sommes cependant fort curieux de connaitre le montant des souscriptions, principalement dans l'arrondissement d'Ypres. Nous avons donné déjü des chiffres pour quel- ques communes en particulier. En voici encore. A Dickebusch, on a ramassé au total 48 fr. Ce n'est pas lourd. Autre particularité d'une haute saveur. II pa- rait que M. le commissaire d'arrondissement s'est mis directement en rapport avec les gardes-cham- Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez voire pensée. Ypres, a Mars asras. B.e denier de la pesie.

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1