JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEÏENT YPRES, Di manche Sixième année. N° 23 7 Juin 1868. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. PltlX D'ABOIXEIIEMT POUR LA BELGIQUE S francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PRIX MES AilHOXCEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Dixmude, 59. ou envois dargent doivent étre adressés franco au bureau du journal. II parait, c'est le Progrès qui 1'affirme, que nous fesons de la coalition tacite, hypocrite, au profit des cléricaux. Nous refusons de prêter les mains aux tripo— tages des frères et amis, nous dé notions les fourbes et les traftres, nous arrachons les mas ques a ces tartufes qui se fardent de libéralisme pour se maintenir au pouvoir, nous montrons que ces pfétendus libéraux, depuis dix ans qu'ils diri gent les affaires du pays, n'ont fait que mentir leurs promesses et que le vrai libéralisme n'a rien attendre d'eux, si ce n'est des deceptions nouvelles. Done, d'après le Progrès, nous fesons de la coalition. De la coalition Mais avec qui Coalition veut dire alliance. Oü sont nos alliés Avons-nous écrit une seule ligne pour recommander directe- ment ou indirecteraent la candidature de M. Van Renyngke Nous défions Ie Progrès de le pré— tendre. Notre situation, h nous, est bien simple et nous voulons, une dernière fois, l'établir nettement de- vant I'opinion publique, notre juge i> tous. Deux listes sont en présence la liste de ['Asso ciation et celle du parti clérical. Nous refusons également notre adhésion a 1'une et a 1'autre. Nous refusons de patroner la candidature de M. Van Renynghe, parce que cette candidature représente des doctrines que nous avons toujours combattues l'intolérance, la domination de I'E- glise, l'oppression des consciences, la haine du progrès et de la liberté. Nous refusons de patroner la liste de VAssocia- fionparce que, notre avis, 1'Association, exploitée aujourd'hui par quelques meneursreprésente exaclement.moir.s la franchise,les mêmes idéesque la candidature de M. Van Renynghe. L'ème de I 'Association, c'est M. Alphonse Vandenpeere- boom, l'auteur du règlement sur les écoles d'a- dulles, le défenseur de la loi de 1842, l'exécu- teur des hautes ceuvres du clergé, le ministre com plaisant qui a frappé M. Lagage et réduit nos amis de Namur l'impuissance, en leur imposant un bourgmestre qui fait publiquement alliance avec le parti clérical. Nouscombattons eet homme, qui, pendant sa carrière ministérielle, a fait plus de mal au libéralisme que MM. Malou et de Theux. C'est notre droit, c'est notre devoir, et quel que soit le sort de l'élection, nous soumet- tons sans peur notre conduite au jugement du pays. Avalezmorblen Nos conseils ont portê leurs fruits. Le parti clérical ne combattra pas les candidatures de MM. Alphonse Vandenpeereboom et Reke. A la bonne heure Mais pourquoi s'obstine t-il 5 re- pousser M. Van Merris? Voyons, messieurs les cléricaux, encore un peu de complaisance. M. Van Merris n'est pas si difficile avaler qu'on veut vous le faire croire. II appartient, après tout, une école qui compte beaucoup de prosélytes dans vos rangs. Avalez-le sans sourciller, croyez-nous, et vous vous en trouverez beaucoup mieux que de ce sempiternel M. Van Renynghe dont l'antique ultramontanisme ne vous est plus bon h rien qu'a donner des prétextes d'opposition a vos adver- saires. II y a, messieurs, des situations dont des poli- tiques comme vous doivent savoir prendre leur parti. Autres temps, autres manoeuvres, M. Van Renynghe avait sa raison d'être la Chambre sous le ministère de MM. de Theux et Malou, l'époque oü vous gouverniez en muitres absolus les affaires du pays. Les Chambres étaient alors en réaction ouverte contre toutes les idéés de progrès et la place de M. Van Renynghe était tout naturellement marquée dans les rangs de la majorité. Mais les choses ont changé depuis, messieurs les cléricaux. Le parti doctrinaire, profitant de la fausse manoeuvre que vous avez faite en 1857, vous a chassé du pouvoir et s'y est installé votre place. Nous comprenons que cela vous chagrine fort et que vous regrettiez amèrement le temps passé. C'est tout naturel. A tout prendre cependant, vous n'avezpaseu trop a vous plaindre de ceux qui vous ont supplantés. A les en croire, en 1857, ib ne vous avaient mis dehors que pour arracher le pouvoir civil a la dépendance de l'Eglise et pour restaurer lesgrands principes de liberté et de progrès qu'ils vous accu- saient d'avoir raéconnus. Le temps était venu, s'écriaient ils, de passer le niveau de la loi sur tous les priviléges que Ie clergé a usurpés et de rendre la société civile asservie l'intégrité de ses droits, Et les libéraux naïfs d'applaudir Dix ans se sont écoulés depuis. Les doctrinaires ont misce temps a profit pour s'emparer de toutes les places lucratives, en vous poussant dehors partout oü cela a élé possible, c'est la vérité. Mais, a part ce désagrément auquel vous ne pouviez pas échapper, puisqu'enfin ils n'ambition naient le pouvoir que pour se caser, eux, leurs amis et connaissances. quel grief sérieux vous ont-ils infligés? Pour ne parler que de M. Van denpeereboom, quand, en quelle occasion a-t-il cherché a vous molester Toute sa carrière n'est- elle pas la pour tèmoigner en faveur de ses bons sentiments a votre égard? Un grand nombre de villes avaient organisé des écoles pour les adultes. Ces écoles marchaient fort bien, quoique le clergé n'y eut pas accès, ce qui vous fesait justement appréhender qu'on ne se prévalüt bientót de cette expérience pour réclamer la sécularisation compléte de i'enseignement pri maire. M. Alphonse Vandenpeereboom, a qui vous confutes vos aiarmes, s'empressa de prendre un arrêté qui soumet toutes les écoles d'adultes h l'inspection ecclésiastique, sous peine de se voir privées des subsides de l'Etat. Soyons de bon compte, messieurs les cléricaux, et reconnaissez que M. Malou n'aurait pas mieux fait. Encore n'est-il pas bien sür qu'il aurait osé. Poursuivons. Un malheureux instituteur de village, brave homme du reste, mais naïf au possible et prenant au sérieux Ie libéralisme du ministère, se croit le droit de ne pas accompagner ses élèves a l'église. Semoncé vertement par M. son curé, il s'adresse au bourgmestre qui lui donne raison et lui interdit formellemenl de faire ce que lui ordonne M. le curé. Un instituteur qui refuse de courber la tête devant l'autorité ecclésiastique! quel scandale et quel détestable exemple donné tout le corps enseignant! Et le bourgmestre, qui encourage des résistances aussi coupables, que faut-il en penser II n'y eut parmi vous, messieurs, qu'un cri d'horreur. Ce cri fut eutendu par M. Vandenpee reboom et vos justes réclamations obtinrent une éclatante satisfaction. M. Lagage, l'instituteur en question, fut frappé d'un blème public et mis au ban du corps enseignant par une circulaire adres- sée a tous les instituteurs primaires du royaume. Ce n'est pas tout encore. A Namur, le parti libéral, affaibli par de lon- gues divisions iutérieures, était enfin parvenu a se reconstituer, grèce aux efforts de deux hommes énergiques et convaincus, MM. Namêche et Pé- pin. En possession de la majorité dans le Conseil communal, il n'attendait plus que la nomination d'un bourgmestre franchement libéral pour mesu- rer ses forces dans la lutte du 9 juin. Grand émoi dans votre camp, messieurs, et cela se comprend il n'y allait ni plus ni moins que de quatre de vos plus fidèles représentants. C'est alors que, prenant NOTRE POSITION.

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1