JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEÏENT
YPRES, Di manche
Sixième année. N° 23
7 Juin 1868.
Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche.
PltlX D'ABOIXEIIEMT
POUR LA BELGIQUE
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II parait, c'est le Progrès qui 1'affirme, que nous
fesons de la coalition tacite, hypocrite, au
profit des cléricaux.
Nous refusons de prêter les mains aux tripo—
tages des frères et amis, nous dé notions les
fourbes et les traftres, nous arrachons les mas
ques a ces tartufes qui se fardent de libéralisme
pour se maintenir au pouvoir, nous montrons que
ces pfétendus libéraux, depuis dix ans qu'ils diri
gent les affaires du pays, n'ont fait que mentir
leurs promesses et que le vrai libéralisme n'a
rien attendre d'eux, si ce n'est des deceptions
nouvelles. Done, d'après le Progrès, nous fesons
de la coalition.
De la coalition Mais avec qui Coalition veut
dire alliance. Oü sont nos alliés Avons-nous
écrit une seule ligne pour recommander directe-
ment ou indirecteraent la candidature de M. Van
Renyngke Nous défions Ie Progrès de le pré—
tendre.
Notre situation, h nous, est bien simple et nous
voulons, une dernière fois, l'établir nettement de-
vant I'opinion publique, notre juge i> tous.
Deux listes sont en présence la liste de ['Asso
ciation et celle du parti clérical. Nous refusons
également notre adhésion a 1'une et a 1'autre.
Nous refusons de patroner la candidature de
M. Van Renynghe, parce que cette candidature
représente des doctrines que nous avons toujours
combattues l'intolérance, la domination de I'E-
glise, l'oppression des consciences, la haine du
progrès et de la liberté.
Nous refusons de patroner la liste de VAssocia-
fionparce que, notre avis, 1'Association, exploitée
aujourd'hui par quelques meneursreprésente
exaclement.moir.s la franchise,les mêmes idéesque
la candidature de M. Van Renynghe. L'ème de
I 'Association, c'est M. Alphonse Vandenpeere-
boom, l'auteur du règlement sur les écoles d'a-
dulles, le défenseur de la loi de 1842, l'exécu-
teur des hautes ceuvres du clergé, le ministre com
plaisant qui a frappé M. Lagage et réduit nos
amis de Namur l'impuissance, en leur imposant
un bourgmestre qui fait publiquement alliance
avec le parti clérical. Nouscombattons eet homme,
qui, pendant sa carrière ministérielle, a fait plus
de mal au libéralisme que MM. Malou et de
Theux. C'est notre droit, c'est notre devoir, et
quel que soit le sort de l'élection, nous soumet-
tons sans peur notre conduite au jugement du
pays.
Avalezmorblen
Nos conseils ont portê leurs fruits. Le parti
clérical ne combattra pas les candidatures de
MM. Alphonse Vandenpeereboom et Reke. A la
bonne heure Mais pourquoi s'obstine t-il 5 re-
pousser M. Van Merris? Voyons, messieurs les
cléricaux, encore un peu de complaisance. M. Van
Merris n'est pas si difficile avaler qu'on veut
vous le faire croire. II appartient, après tout,
une école qui compte beaucoup de prosélytes dans
vos rangs. Avalez-le sans sourciller, croyez-nous,
et vous vous en trouverez beaucoup mieux que de
ce sempiternel M. Van Renynghe dont l'antique
ultramontanisme ne vous est plus bon h rien qu'a
donner des prétextes d'opposition a vos adver-
saires.
II y a, messieurs, des situations dont des poli-
tiques comme vous doivent savoir prendre leur
parti. Autres temps, autres manoeuvres, M. Van
Renynghe avait sa raison d'être la Chambre
sous le ministère de MM. de Theux et Malou,
l'époque oü vous gouverniez en muitres absolus
les affaires du pays. Les Chambres étaient alors
en réaction ouverte contre toutes les idéés de
progrès et la place de M. Van Renynghe était
tout naturellement marquée dans les rangs de la
majorité.
Mais les choses ont changé depuis, messieurs
les cléricaux. Le parti doctrinaire, profitant de la
fausse manoeuvre que vous avez faite en 1857,
vous a chassé du pouvoir et s'y est installé votre
place. Nous comprenons que cela vous chagrine
fort et que vous regrettiez amèrement le temps
passé. C'est tout naturel.
A tout prendre cependant, vous n'avezpaseu trop
a vous plaindre de ceux qui vous ont supplantés.
A les en croire, en 1857, ib ne vous avaient mis
dehors que pour arracher le pouvoir civil a la
dépendance de l'Eglise et pour restaurer lesgrands
principes de liberté et de progrès qu'ils vous accu-
saient d'avoir raéconnus. Le temps était venu,
s'écriaient ils, de passer le niveau de la loi sur
tous les priviléges que Ie clergé a usurpés et de
rendre la société civile asservie l'intégrité de ses
droits, Et les libéraux naïfs d'applaudir
Dix ans se sont écoulés depuis. Les doctrinaires
ont misce temps a profit pour s'emparer de toutes
les places lucratives, en vous poussant dehors
partout oü cela a élé possible, c'est la vérité.
Mais, a part ce désagrément auquel vous ne
pouviez pas échapper, puisqu'enfin ils n'ambition
naient le pouvoir que pour se caser, eux, leurs
amis et connaissances. quel grief sérieux vous
ont-ils infligés? Pour ne parler que de M. Van
denpeereboom, quand, en quelle occasion a-t-il
cherché a vous molester Toute sa carrière n'est-
elle pas la pour tèmoigner en faveur de ses bons
sentiments a votre égard?
Un grand nombre de villes avaient organisé des
écoles pour les adultes. Ces écoles marchaient
fort bien, quoique le clergé n'y eut pas accès, ce
qui vous fesait justement appréhender qu'on ne se
prévalüt bientót de cette expérience pour réclamer
la sécularisation compléte de i'enseignement pri
maire. M. Alphonse Vandenpeereboom, a qui
vous confutes vos aiarmes, s'empressa de prendre
un arrêté qui soumet toutes les écoles d'adultes h
l'inspection ecclésiastique, sous peine de se voir
privées des subsides de l'Etat. Soyons de bon
compte, messieurs les cléricaux, et reconnaissez
que M. Malou n'aurait pas mieux fait. Encore
n'est-il pas bien sür qu'il aurait osé.
Poursuivons.
Un malheureux instituteur de village, brave
homme du reste, mais naïf au possible et prenant
au sérieux Ie libéralisme du ministère, se croit le
droit de ne pas accompagner ses élèves a l'église.
Semoncé vertement par M. son curé, il s'adresse
au bourgmestre qui lui donne raison et lui interdit
formellemenl de faire ce que lui ordonne M. le
curé. Un instituteur qui refuse de courber la
tête devant l'autorité ecclésiastique! quel scandale
et quel détestable exemple donné tout le corps
enseignant! Et le bourgmestre, qui encourage
des résistances aussi coupables, que faut-il en
penser
II n'y eut parmi vous, messieurs, qu'un cri
d'horreur. Ce cri fut eutendu par M. Vandenpee
reboom et vos justes réclamations obtinrent une
éclatante satisfaction. M. Lagage, l'instituteur en
question, fut frappé d'un blème public et mis au
ban du corps enseignant par une circulaire adres-
sée a tous les instituteurs primaires du royaume.
Ce n'est pas tout encore.
A Namur, le parti libéral, affaibli par de lon-
gues divisions iutérieures, était enfin parvenu a se
reconstituer, grèce aux efforts de deux hommes
énergiques et convaincus, MM. Namêche et Pé-
pin. En possession de la majorité dans le Conseil
communal, il n'attendait plus que la nomination
d'un bourgmestre franchement libéral pour mesu-
rer ses forces dans la lutte du 9 juin. Grand émoi
dans votre camp, messieurs, et cela se comprend
il n'y allait ni plus ni moins que de quatre de vos
plus fidèles représentants. C'est alors que, prenant
NOTRE POSITION.