i JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le toüt payable d'avance. YPRES, Ui manche Sixième année. N° 2*. 5 Juillet 1868. PltlX UUBONNEMenT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semeslre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Ndméro 25 Centimes. PRIX DES A1MOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vóus blèraer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp. -lib., rue de Oixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ypres, 4 Juillet isas. Les frères et amis n'ont pas la joie expan sive. Si on rie les connaissait pas mieux, on ju- rerait mème qu'ils se sentent un peu honteux de leur triomphe, tant ils mettent de soin n'en pas parler. Honteux, pourquoi? C'est, après tout, une belle journée pour eux que celle du 9 juin, une journée qui marquera dans les fastes les plus glorieux du doclrinarisme. Avoir contre soi la conscience publlque, l'honnèteté de tous, Ie sen timent général de quiconque se sent encore au cceur un peu de honte, et triomplier partout. Quelle victoire plus enviable, plus éclatante pou- vaient-ils rêver A Ypres et dans les environs, il y a des gens qui glosent, il y en a mème qui crient tout haut au scandale. Mais des hommes poliliques n'ont pas a s'inquiéter de semblables misères. En au- rait on jamais firn s'il fallait s'arrèter aux pialleries des mécontents? D'ailleurs, on a du temps pour leur fermer la bouche. Maintenant qu'on a quatre ans devant soi, ce serait jouer de malheur si Pon ne trouvait pas qnelque occasion d'apaiser leur ressentiment. Resle le qu'en dira-t-on. 11 parait que nos demières élections ont fait quelque bruit dans le reste du pays. A Bruges, h Gand, h Brnxelles, il suffit que Ton vous sache d'Ypres pour que l'on vous pose des questions faire rougir un grena dier. Dernièrement, a Bruxelles, M. Alph Yan- denpeereboom n'a pu y échapper qu'en se met- tant en grande colère, ce qui est extrèmement fècheux a tous les points de vue. C'est done l'honneur mème de notre arrondis sement qui se trouve compromis dans cette élec- tion. Les frères et amis le sentent bien et, si grande que soit leur audace, ils comprennent qu'ils viennent de jouer IS une terrible partie. Aussi se tiennent-ils sur leurs gardes et font-ils la sourde oreille S tous les bruits qui circulent. Mais si le Progrès compte sur notre complicité pour voiler la turpitude de ses maitres, il se trompe. II importe, pour la dignité de notre arrondisse ment, que le pays sache S quelles honteuses ma noeuvres ils ont eu recours pour amener un rcsul- tat qui nous couvrirait d'infamie s'il n'était dü aux plus basses intrigues et aux plus scandaleux compromis. Oui, cette élection est une honte mais, grèce a Dieu, cette honte n'est pas la nótre; elle revient tout eritière a ces hommes ambitieux, corrompus, qui, plutöt que de courir les chances d'une lutte franche et loyale, ont livré l'honneur du corps électoral yprois aux risées el au mépris de la foule. Voila ce qu'il faut que le pays sache, et nous le crierons si haut qu'il faudra bien qu'il nous entende. Le conp de pied de l'ane. II y a un an, quand le ministère, forcé dans ses derniers retranchements, s'est enfin décidé pré senter un projet de réforme électorale, M. Frère- Orban et, S sa suite, tous les orateurs du parti doctrinaire ne se sont pas fait faute d'établir par maints beaux arguments tirés de la statistique et de l'histoire, que Ie projet donnait satisfaction tous les voeux légitimes et qu'une extension plus large du droit de suffrage mettrait nos institutions en péril. On se souvient du beau discours que broda sur ce thême le rénégat du libéralisme, M. Schollaert, aux grands applaudissements de tous les réactionnaires de la Chambre, y compris M. Alph. Vandenpeereboom, notre député sage- ment progressif. Or, ne voila t-il pas que le Sénat, le prudent, le timoré Sénat, saisi a son tour de l'examen de ce projet, trouve que cette réforme que les doctri naires de la Chambre déclaraient si admirable n'est pas suffisante et réclament, au nom mème de nos institutions, une extension beaucoup plus considé- rable du droit de suffrage Lors de la discussion qui a eu lieu a la Cham bre, M. Yan Humbeek avait demandé, par voie d'amendement, que les centimes additionnels per- qus au profit des provinces et des communes en- trassent dans la formation du eens électoral. Cette proposition, que le ministère fit repousser alors par sa majorité docile, la commission du Sénat la fait sienne aujourd'hui. II n'est pas impossible, dit le rapporteur, de trouver une combinaison qui rende uniforme et fixe l'établissement d'une partie au moins de ces contributions accessoires et qui permette de les comprendre dans la for- mation du eens électoral. Et le rapporteur ajoute Plusieurs membres orit exprimé le désir que le gouvernement exa- mine cette question dans le sens qui vierit detre indiquéils pensent qu'une augmentation du nombre d'électeurs, obtenue par ce moyen, se- rait desirable, puisqu'elle ferait participer a la vie publique des citoyens qu'il est injuste d'en exclure, dés qu'ils offrent les garanties voulues. lis sont d'avis qu'il serait mème sage et prudent de les appeler aux cornices électoraux, pour donner d la constitution des pouvoirs publics une base plus large el plus solide. Nous n'avoiiS jamais dit autre chose. Mais n'est-il pas curieux que ce soit du Sénat que sorte un tel langage, qui est la condamnation formelle et explicite des idéés réactionnaires du ministère? La liberté enseignée par le Sénat M. Frère- Orban, chef du parti doctrinaire, quelle pitié et quel enseignement Itlenns-propos. Dans une réunion de représentants qui a eu lieu dernièrement Bruxelles et laquelle assis- tait M. Vandenpeereboom, on s'entretenait d'un député dont l'élection a fait quel po bruit dans Landernau. Je le crois bien inexpérimenté des choses parlementaires, dit quelqu'un. S'il n'est surveillé, il coramettra quelque sottise. Quant cela, soyez sans crainte, répliqua un autre, voila Alphonse qui a promis d'être son guide. II parait qu'on a beaucoup ri. Moi, je ne com- prends pas. C'est de ce mème nouveau-venu qu'un de ses futurs collègues disait hier au Café des Mille co~ lonnesJe gage qu'il fera son entrée la Chambre par la rue de l'Orangerie. Je ne comprends pas davantage. Le nouveau Code pénal déclare inhabiles remplir les forictions de tuteur et de curateur les individuscondamnés du chef d'attentat aux mceurs ou la pudeur publique. Ne serait-il pas néces saire aussi de leur inlerdire l'enseignement de la jeunesse? II y aurait la, pour un représentant qui voudrait mettre en évidence ses connnissances spéciales, l'occasion de faire un discours appelé un grand retentissement. Ligue de l'Enseignement. Dans sa dernière brochure Les alarmes de té- piscopat, juslifées par les faits, M. Dupanloup, évêqued'Orléans, avait dénoncé la Belgique comme ayant donné a la France l'exemple de deux institu tions qu'il appelle des dangers sociaux les écoles laïques de filles et la Ligue de 1'Enseignement. Le conseil général de la Ligue vient de répondre par la plume de M. Potvin, aux accusations de M. Dupanloup. Cette brochure n'a que quelques pagesetcependantelle touche biendesquestions la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la morale in- dépendante de toute religion positive, la liberté d'enseignement, les droits de la science, les pré— tentions surannées de l'orthodoxie catholique y

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1