Le toot payable d'ayancb.
JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARRONDISSEMENI
If PRES, Dimanche
Sixième année. N° 32.
9 Aoüt 1868.
Plltx n'iROllEHEXT
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I.cs fêtes d'Ypres.
Nous croyons fort inutile de rendre compte des
fêtes de Ia semaine dernière. Outre que les grands
journaux de Bruxelles en ont publié des relations
trés étendues, nous ne voyons pas bien l attrait
que ces sortes de procès-verbaux rétrospectifs
pourraient offrir a nos lecteurs qui y ont assisté
et a qui il nousserait difficile d'en dire quelque
chose qu'ils ne sussent aussi bien que nous. Ce
que nous tenons pourtant a constater, c'est que
les populations accourues de tous les points de
l'arrondissement au devant du Roi ont fait S. M.
le plus chaleureux accueil et que, sous ce rapport
du moins, nos fêtes n'ont rien eu envier a celles
que les grandes villes du pays out célébrées, il v
a deux ans, dans les mèmes circonstances. Qu'im-
porte, après cela, que les cérémonies officielies
aient été plus ou moins brillantes, plus ou moins
bien ordonnées? Les rois d'aujourd'hui savent
trop bien a quoi s'en tenir sur la vanité de ces
mascarades d'habits brodés pour y attacher la
moindre importance. Léopold II surtout a été
élevé a trop bonne école pour se faire la moindre
illusion sur la fragilité d'un tróne qui n'aurait
d'autres bases que I'amour et le dévouement
de ceux qui vivent de la monarchie comme l'in-
sec te vit de l'arbre qui l'abrite. Mais, Dieu
merci, Léopold II a rencontré parmi nous autre
chose que les banales protestations de la passe
menterie administrative. II a vu venir a lui et
l'acclamer de toutes les forces de leurs dures
mains des milliers de travailleurs pour qui il
figure Ie symbole de la patrie et dont les accla
mations lui sorit un gage d'affection et de dévoue
ment bien autrement solide que les speachseties
toasts de MM. les harangueurs officiels.
Discours du Rei.
Voici en quels termes le Roi a répondu au
toast que M. Ie bourgmestre lui a porlé au ban
quet des Halles
Je remercie M. le bourgmestre du toast qu'il
vient de porter, et je vous remercie tous, mes-
sieurs, de l'accueil que vous y avez fait.
A mon tour, je bois a la ville d'Ypres; ie suis
heureux de vous exprimer, au sein de ces vieilles
Halles, mes voeux pour votre prosperité. Que eet
édifice qui rappelle si digneuient votre passé de-
vienne le symbole de voire avenir.
Qu Ypres prenne sa large part dans le dévelop-
pement national objet des plus chères espèrances
de mon règne, travail feeond auquel ma voix ne
i) cessera de convier l'aetivité et le dévouement de
tous les enfants de la patrie.
Encore une fois, messieurs, tanl en mon nom
qu'au nom de la Reine, qui tn'a chargé de vous
exprimer tous. ses regrets de n'avoir pu assister
vos belles fêtes, je bois de nouveau a Ia prospérité
de la ville d'Ypres. o
Qui cela ponrralt-il bien être
L'Espiègle de dimanche dernier publie une
biographie de M. I'abbê de Haerne dont nous
extrayons le passage suivant, un véritable hiéro-
glyphe
Ypres est, comme vous le savez, un amour de
petite ville; il en est d'elle un peu comme du héros
de cette biographie on croit la connaitre et on ne la
connait pas du tout. Ce dont elle est capable, je n'o-
serais i'écrire, mais si vous avez connu Baudelaire,
lequel disait de certains hommes que je voudrais
nommer bêtes quHls préfèrent se crotter que se
mouiller, vous me cbmprendrez assez. Eh bien, il
y a a Ypres un homrae de cette trempe-la qui vient
d'être l'objet des suffrages du corps electoral I
Ne jugeons pas toutefois cette bonne ville par ce
dernier acte politique sur lequel elle s'empressera de
revenir a la première occasion.
Le correspondent de lIndépendance nous ap-
prend, entre autres choses fort intéressantes, qu'il
est allé faire visite M. Vandenpeereboom. Cette
visite, faut-il croire, est de tradition parmi les
journalistes étrangers c'est une sorte de pèleri-
nage dont on ne peut se dispenser sans manquer
aux régies les plus élémentaires de la profession.
Notre confrère est done allé voir M. Vandenpee
reboom, qui l'a traité comme un ami et qui
l'a fait asseoir sur une chaise authentique a
larges clous de cuivre, distinction dont le cor-
respondant parait avoir été particulièrement flatté.
Suit une longue description de l'ameublement du
salon et des belles choses offertes son admira
tion, entr'autres le fameux portrait du capitaine
des pompiers, que M. Vandenpeereboom lui a
montré en riant.
Nul doute que tous ces détails n'intéressent au
plus haut point les graves lecteurs de ['Indépen
dance, et quant a nous, nous les avons lus avec
infiniment de plaisir. Une observation pourtant a
I aimable correspondant M. Vandenpeereboom
étant ministre, fut, dit ii, toujours plein de cor-
dialité pour le journalisme. C'est possible, quoique
nous ignorions absolument en quelle circonstance
M. Vandenpeereboom atémoigné tant decordialité
aux journaux. Mais s'il en est ainsi, notre confrère
conviendra avec nous que la presse s'est montrée
bien peu reconnaissante envers lui, car nul mi
nistre ne fut jamais plus universellement maltraité
par la presse libérale, sans en excepter 1'Indépen
dance ellemême.
Incidents drólatiqueg.
La réception royale Ypres a été marquée de
divers incidents, Ces petites misères engendrées
par les petites idéés de nos petites célébrités sont
aujourd hui le sujet de toutes les conversations et
Ie public en fait des gorges chaudes. II en est
beaucoup, des plus comiques ou des plus écoeu-
rantes, que nous pourrions narrerbornons-nous
quelques-unes prises auhasard titre d'échantil-
lons.
D'abord une altercation très-vive et qui ne rap-
pelait en rien pour les témoins les pas3e d'armes
des anciens preux du moyen-ège, entre M. Ie ba
ron sénateur Mazeman de Couthove et M. leche^
valier échevin de Stuers. L'objet du litige était le
rang que devait prendre, dans le cortége royal, le
carrosse de ces messieurs, chacun des deux pré-
tendant avoir Ie pas sur l'autre. II parait que c'est
M. de Stuers qui est restè vajnqueur et l'équipage
de M. Mazeman s'est retiré, dit-on, dans ses écu-
ries, boudant comme Achille sous sa tente.
II nous est difficile de comprendre l'importance
que 1 on peut attacher ce qu'une voiture marche
la première ou la seconde, surtout quand cette
voiture n'a pas mème l'honneur de porter la per-
sonne royale. Et nous nous demandons avec cu-
riosité ou nous mènera la vanité humaine si l'on
se met a discuter des questions de préséance pouf
les chevaux comme pour les hommes. Mais enfin,
puisqu il est convenu qu'on doit prendre ceux-ci
comme ils sont, n'hèsitons pas a dire que, dans le
cas qui nous occupe, tous les droits nous semblent
du cóté de M. Mazeman.
Comme sénateur de l'arrondissement, M. Ma
zeman en est la première autorité M. de Stuers
n est que second échevin de la ville et le dernier
membre du Collége. De plus, et sans vouloir
mettre en parallèle plus longtemps les positions
officielies, quand nous considérons que c'est a la
bourse de M. Mazeman qu'on a recours pour toutes
les réceptions, que c'est de sa générosité que la
coterie se fait une auréole et que c'était lui en
core qui recevait ce jour-Iè le roi dans ses salons,
tant d autres se tenant économiquement l'écart,
nous avons peine a nous expliquer les prétentions
déplacées de M. de Stuers. M. Mazeman eut-il
réclamé un privilége ce qui n'est pas, en-