JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPKES, Dimanche Sixième année. N° 38, 20 Septembre 1808.
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Correspondance particuliere de l'OPIHOH.
Bruxelles, 18 Septembre.
Le dernier bulletin du Moniteur constate que, de-
puis plusieurs jours, aucun changement ne s'est ma
nifesté dans la situation générale du due de Brabant.
Je crois vous avoir dit déja qu'a la suite d'une ponc-
tion pratiquée par un des médecins traitants.le Prince
avait éprouvé un grand soulagement et que ses nuits
élaient devenues beaucoup pluscalmes. II n'y a mal-
beureusement aucun pronostic favorable a tirer de
cette amélioration toute momentanée. Le seul espoir
qu'elle permette de concevoir, c'est que les jours du
malade pourront peut-être se prolonger de quelques
semaines au-dela du terme indiqué d'abord par les
médecins. Encore n'est-ce la, je Ie répète, qu'un
simple espoir, car la crise peut se déclarer d'un mo
ment a 1'autre.
Je renonce a vous dépeindre la desolation qui règne
au Chateau. La Reine, instruite enfin de I'horrible
vérité, ne quitte plus, ni jour ni nuit, la chambre de
son enfant. A peine parvient-on a lui faire prendre
quelques moments de repos. Notez que la Reine elle-
même est souffrante depuis plusieurs mois et qu'au
moment oü !e due de Brabant est devenu malade, elle
était en traitement pour une affection qui, sans pré
senter un caractère bien sérieux, reclamait une vie
tranquille et des soins assidus.
Mardi dernier, le due d'Aumale, I'archiduc Joseph,
frère de la Reine et le Prince et la Princesse de Saxe-
Cobourg-Gotha sont allés faire visite a la Familie
royale.
La presse a réclamé a différentes reprises la réduc-
tion du tarif des chernins de fer en faveur des jeunes
gens qui einpruntent les trains pour se rendreaux
cours d'etablissements d'instruction publique. Un ar-
rêté ministériel vient de faire droit a ces rèclamations
en instituant un abonnement a prix réduits pour ces
jeunes gens. II n'y a maiheureusement pas a compter
que eet avantage puisse profiter aux élèves peu for-
tunés, que l'arrèlé devrait avoir spécialemenl en vue-.
Leprïx relativement élevé de l'abonnement et surtout
l'obligatiori imposée aux families d'en acquitter le
prix par anticipation pour toute l'année le rendent
évidemment illusoire pour les jeunes gens appartenant
a des families peu favorisées par la fortune.
Pourquoi astreindre les parents a payer toute l'an
née d'avance? Cela abrégera les écritures, i! est vrai,
mais i! me semble que l'administration des chemins
de fer compte bien assez d'employès pour qu'on
puisse, sans craindre de les surcharger de besogne,
les astreindre a recevoir des abonnements mensuels.
II est certain maintenant que Ie ministre des tra-
vaux publics a rejeté les propositions de la Société
générale d1 exploitation pour la prise a bail des che
mins de fer appartenant a l'Etat. Sans examiner si
ces propositions pouvaient présenter quel qu'avantage
au point de vue industriel et financier, on ne peut
contester que leur agréation aurait mis aux mains de
la Société Générale une puissance politique conside
rable par ['influence que cette Société aurait bientót
acquise sur le corps éUctoral. Cette considèration
n'aura pas étè étrangère, je pense, a la détermination
prise par Ie gouvernement.
II n'est plus du tout question, dans la presse, d'une
union douanière entre la France et la Belgique. II n'y
a pas, d'ailleurs, que la Belgique qui se soit montrée
hostile a cette idée. Les métallurgisles francais sont
trèsopposés une union douanière el, supposer
qu'elle fut dans la pensée du gouvernement francais,
elle ne pourrait être réalisée sans provoquer l'explo-
sion d'un três-vif mécontentement dans des départe-
ments déja très-inquiétés par suite de la stagnation
des affaires industrielles.
Pendant plus de huit jours, les journaux de Bruxel
les ont parlé, avec force réticences, d'un drarne mys-
lérieux dont une maison inhabitée de la rue Fos-
sés-aux-Loups aurait été le théètre. II s'agissait, di-
sait on, d'un monsieur fort riche, mort d'une facon
étrange, peu de jours après avoir disposé de toute sa
fortune en faveur de parents avec lesquels il était
gravement brouillé depuis longlemps. Or, ['instruc
tion ouverie a ce sujet a démontré, parait-il, que ces
bruits ne reposaient sur aucun fondement sérieux et
que la malignité publique avait seule brodé toute cette
belle histoire.
La cour de cassation aura bientót a décider la ques
tion de savoir si l'article 548 du nouveau Code Pénal
qui punit les outrages commis sur la dépouille mor-
telle des citoyens s'applique a l'opération césarienne
pratiquée sur une femme morte. Sans entrer dans
I examen de la question de droit, je dois dire qu'au-
cune règle de droit canonique ne prescrit cette opéra-
tion au prêtre catholique. II se peut, je l'ignore, que
l'archevêché de Malines ait tracé au clergé beige une
certaine pratique en cette matière. Mais, ce que je
sais, e'est que Mgr Gousset, dans sa Théologie morale,
recommande expressément aux prêtres de recourir
dans ces circonstances, au ministère des hommes de
l'art et de s'abstenir, sous quelque prétexte que ce
soit, de pratiquer eux-mêmes l'opération, füt-il hors
de doute que la femme a cessé de vivre.
Le Congrès ouvrier a terminé ses séances. On y a
formulé bien des doctrines étranges, bien des thèories,
les ones inacceptables, les autres purement utopisles.
Chose remarquable pourtant ce sont les ouvriers'
beiges qui se sont avancés le plus loin dans le champ
de l'utopie el qui ont montré le moins de sens pra
tique. lis en sont encore, Dieu me pardonne, a Owen
et a Cabet. Les ouvriers francais et anglais, au con
traire, ont énergiquement condamné le communisme.
C'est de la liberte seule qu'ils attendent le progrès,
l'avénement de la démocratie el la liberté, disent-ils,
ne sera une vérite réelle dans Ie monde que lorsque
les classes ouvrières, en s'unissant par les liens d'une
étroite solidarité, auront acquis une puissance qui
leur permettra de débattre librement avec le capital
les conditions de leur concours a la production.
L'exposition des aquarellistes est ouverte|depuis
mardi dernier. C'est la plus remarquable que nous
ayons jamais eu a Bruxelles. On y remarque excep-
tionnellement un grand nombre d'aquarelles an-
glaises.
La cure laqueile M. Frère-Orban s'est soumis en
Allemagne a produit, dit-on, les plus heureux résul-
tats. M. le ministre des Finances est entièrement ré-
tabli de l'affection dont il a souffert pendant plus d'un
an et qui avait même, un instant, donné des inquié-
tudes a ses amis et a sa familie.
Le théatre de la Monnaie est en plein désarroi de
puis le renvoi du premier ténor et de Ia forte chan
teuse du grand-opéra. M. Letellier est a Paris pour
leur chercher des remplacants A ce moment de
l'année, c'est douteux. Or, s'il n'en trouve pas, c'est
la fermeture inévitable du théótre, e'est-a-dire una
très-grosse affaire pour Bruxelles, car, sans Opéra,
peu ou pas d'étrangers, et les étrangers, c'est toute
la vie de notre commerce.
On remarque en tête des nominations, fort
peu nombreuses du reste, dans l'Ordre de Léo-
pold faites l'occasion de l'arrivée du Roi a Ypres,
celle de M. Henri Carton, commissaire d'arron-
dissement. M. Carton s'est adjugé la part du
lion.... pardon, nous voulons dire du loup, et,
tandis qu'il proposaitses concitoyeris pour la dé-
coration de chevalier, il se faisait adjuger a lui—
même la rosette d'officier. Ce n'est que justice
d'ailieurs. Parmi tous les services rendus par le
sieur Carton (Henri), comme dit l'arrêté royal,
nul n'est plus marquant et n'a davantage attiré
sur son auteur l'attention des honnêtes gens que
celui d'avoir commis l'élection de M. Van Merris.
Ce... fait seul, défaut de tous les autres, mé
rite la croix.
JLes miliciens mariés.
Les lignes suivantes du Journal de Charleroi
confirment de tous points ce que nous avions
prévu
Plusieurs de nos confrères ont annoncé, que pour
obtenir le renvoi dans leurs foyers des miliciens ma
riés, il suffisait que l'administration communale en fit
la demande a M. le ministre de la guerre. On ajoutait
que ce moyen ayant réussi a plusieurs, on le recom-
mandait aux intéressés.