JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPIIES, Dimanche
Sixième annéc. N° 39, 27 Septembre 1868.
1
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Correspondance particuliere de I'OPIIIOI.
Bruxeiles, 25 Septembre.
Le dernier bulletin de la santé du Prince royal est
ainsi con^u La nuit a été comparativement beau-
s> coup meilleure que les précédentes. Le repos que le
Prince en a éprouvè a exercé une influence favo-
rable sur son état général.
11 est certain que, depuis hier, le due de Brabant a
éprouvé un grand soulagement, et e'est ce qui arrive
chaque fois que la nuit a été calme. Mais il nefaut pas
se laisser a l'illusiou de croire que ces intermittences
peuvent être envisagées comme un pronostic de bon
augure. Au point ou la maladie en est arrivée, tout
espoir de guérison, si faible qu'il soit, est scientifique-
ment impossible.
Ne croyez pourtant pas que le Prince soit alité. Au
contraire, pour peu que le temps le permette, dés le
matin on le promène dans une voiture a bras a tra
vers les allées du Pare el ces promenades se prolon-
gent Irès-souvent dans l'après-midi jusque quatre ou
ci.nq heures. Le Roi et la Reine suivent a cheval et
rien n'est navrant a voir comme cette funèbre cara-
vane circulant silencieusement au milieu de ces riants
jardins créés pour le plaisir. La soirée venue, l'enfant
est ramené dans ses appartements situés au rez-de-
chaussée et la Reine s'établit auprès de son lit jusqu'è
ce qu'il soit endormi. Mais, le plus souvent, les nuits
du malade sont sans sommeil et c'est alors avec les
plus grandes peines du monde qu'on parvient a deci
der la mère a prendre quelques heures de repos.
Depuis quelques jours déjè, le gonflement de la téte
et des membres inférieurs a sensiblement diminuéet,
par suite, les ponctions ont été jugées inutiles. C'est
la gangrène maintenant qui est considérée comme Ie
plus a redouter.
Du reste, bien que le Prince soit très-afïaibli par Ia
souffrance et surtout par la toux, il n'a rien perdu de
ses facultes intellectuelles. II est vrai que chez les en-
fants ces facultés restent ordinairement intactes jus-
qu'a la mort.
L'arrêtè de M. Pirmez sur les écoles d'adultes ne
satisfait ni les libéraux ni les catholiques. Les libéraux
lui reprochent d'être une atteinte la liberté de con
science, de consacrer une nouvelle extension du prin
cipe de l'intervenlion du clergé dans l'enseignement
de l'Etat. Les catholiques, au contraire, voient dans
eet arrété un premier pas vers la secularisation de
l'instruclion publique. llref, il se trouve que M. Pirmez,
pour avoir voulu mettre les deux partis d'accord, se
trouve a peu prés brouille avec l'un et l'autre. C'est
ce qui est arrivé plus d'un de ses prédécesseurs.
Mais il faut bien dire que si l'expérience est un mailre,
elle n'a jamais fait des élèves en politique.
A chacun son bien. Le Catholique annonce que le
projet de loi sur le temporel du culte sera discuté
dans le courant de la session prochaine et que le gou
vernement a l'intention de proposer toute une série
d'amendements au projet primitif, amendements qui,
dans sa pensée, doivent avoir pour résultat de donner
satisfaction aux griefs que l'épiscopat a élevés contre
ce projet.
Le fait est vrai, maispermettez-moi de vous rappe-
ler qu'il y a plus de deux mois déjè, je vous en ai in-
struit moi-même a peu prés dans les mêmes termes.
Je sais, d'ailleurs, que pas plus sur cette question que
sur celle des écoles d'adultes, le parti catholique n'ac-
ceptera aucune espèce de transaction. II trouve son
compte jouer au martyr et ne voudra pas, pour quel
ques concessions insignifiantes, perdre les bénéfices
de cette position.
Bien que le programme des fêtes de Septembre offre
fort peu d'altraits, le nombre des étrangers arrivés
Bruxeiles est beaucoup plus considérable qu'on ne
pouvait s'y attendre. Prés de -400 rifflemens de toutes
les couleurs sont dans nos murs. On compte aussi
quelques tireurs de la schuttenhollandaise ainsi que
des francs-tireurs de la Meurthe. Quant a ces der-
niers, leur costume est a la fois simple et pittoresque.
11 se compose d'une blouse en toile bleue, d'un pan
talon avec longues guêtres en toile grise, plus un pe
tit chapeau rond en feutre, garni de plumes aux cou
leurs nationales.
Pour ce qui regarde les rifflemensl'engouement
dontils étaient l'objet il y a deux ans, a beaucoup di-
minué. Beaucoup trouvent même que nous aurions dü
faire un peu plus de facon pour les recevoir, après le
splendide accueil qu'ils ont fait, l'an dernier, a la
garde civique beige. II est vrai que la maladie du
Prince royal ne permettait pas d'organiser en ce mo
ment de bien grandes fêtes. Ce sera partie remise
l'année prochaine.
Un journal de Bruxeiles, auquel je ne ferai pas le
chagrin de le noaimer, avait eu l'heureuse idéé qu'a
l'occasion des fêtes de Septembre, tous les habitants
de Bruxeiles, afin de marquer la part qu'ils prennent
a la douleur de la familie royale, devraient porter a
leur boulonnière une certaine médaille de bronze
l'effigie du due de Brabant. Ce journal allait, dans
sa sollicitude, jusqu'a indiquer le nom de l'industriel
patriotique qui avait fait fabriquer un nombre consi
dérable de ces médailles et qui se proposait de les
donner.... pour de l'argent. Malheureusement le jour
nal et l'industriel en ont eté pour leurs frais. Depuis
deux jours que les fêtes ont commencé, on n'a pas
vu apparaitre la moindre médaille dans les rues. Que
Van Ryck. n'est-il encore a Bruxeiles 1 11 aurait lè un
bien beau thême a exploiter.
Le succès prodigieux de la Lanterne avait donne
naissance a toute une nuée de petits journaux saty-
riques. J'en comptais, le mois dernier, ni plus ni
moins que onze, tous paraissant le dimanche avec
caricature et tout ce qui s'ensuit. Aujourd'hui il n'en
reste que cinq. Demain, ils ne seront plus que deux.
Le théêtre de la Monnaie, très-menaeé un moment,
vient de faire appel a deux chanteurs du grand-opéra
de Paris, M. Warot et M"° Godefroid, pour resaisir la
chance qui l'a abandonné. En attendant leurs debuts,
le théatre de la Monnaie marche cahin-caha et se
trouve, chaque soir, aux trois quarts vide.
Au théêtre des Galeries St-Hubert, on joue en ce
moment une opérette d'Offenbach, les Géorgiennes,
dans laquelle deux personnages arrivent en scène
Dans le simple appareil
D'une jeune beauté qu'on arrache au sommeil.
Notez que ce sont deux hommes. Le bon public
trouve que c'est du meilleur goüt et applaudit a tout
rompre.
Ven alité.
Le Progrès recommence sa campagne contre
M. Langrand-Dumonceau. II reproduit, dans son
numéro de mercredi dernier, un extrait d'une
correspondence du Journal de Liége oü il est
question, en termes assez désobligeants, des in
stitutions et surtout des procédés financiers de ce
grand remueur d'argent.
Jadis, le compère du Progrès n'avait que des
paroles d'éloge pour M. Langrand il brulait en
l'honneur de cet habile financier son encens
le plus délicat et traitait de vils calomniateurs
ceux qui prenaient l'audace de discuter ses opé-
rations. Mais, depuis, un revirement s'est mani
festé. De thuriféraire, Ie compère s'est fait inju-
rieur son tour et il ne laisse échapper aucune
occasion de jeter de la boue a celui que naguère
il élevait si haut sur le pavois,
Nous avons, dans le temps, demandé des ex
plications au compère sur ce singulier change
ment de front. Quand, après avoir publiquement
patroné une opération financière, on se met tout
a coup lui jeter la pierre, c'est bien le moins,
nous semble t-il, qu'on donne au public les rai—
sons d'une aussi étrange conduite. Mais, comme
toujours, le compère a fait la sourde oreille.
Soit. Que Ie compère se taise. Mais le public
ne sera pas dupe de son silence. Quand il arrivera
encore au Progrès de parler de son honneur et de
son désintéressement, on saura désormais que lui
répondre.
Encore un acte honteux du ministère
M. Charles Longuet, ancien rédacteur de la
M