Hive gauche et membre du Congrès des ouvriers, a été Iraqué comme une béte fauve par les limicrs de la police bruxelloise et finalement conduit la frontière Ie 14 septerabre. On a remarqué que le gouvernement décore M. le commissaire d'arrondissement de la rosette de l'Ordre Lêopold après le succSs électoral de M. Van Merris. II nous semble que ces deux faits ne peuvent avoir aucun rapport entre eux. On nous montre un n° du Journal de Bruges mis a la Poste de cette ville Ie 19 septerabre a 5 l-'2 heures du «oir et dont la bande porte le timbre de la Poste d'Ypres, 20 septembre, 10 heures du matin. Seize heures et demie pour faire un trajet de dix lieues, cela n'est pas malOn va plus vite a pied. Nous avons signaler une autre irrégularité dont la cause nous est inconnue jusqu'è présent. Des journaux timbrés Bruxelles le 19 5 heures du soir et le 20 h 10 heures du matin sont arrivés respectivement h Ypres le lendemain h midi et 9 heures du soir. Ce sont Ia Cloche du dimanche et la Propriété. II n'en doit pas être ainsi, car nous voyons d'autre part que la Liberté mise la Poste Bruxelles le 20 5 heures du matin est arrivêe Ypres 10 heures. Yoici un échantillon des avantages que pro- curent les armées permanentes toutes les classes de la sociétê. On lit dans le Journal de Char leroi On a dü envoyer ce matin dans une maison de s anté un soldat du I1me de ligne en garnison a Char leroi. Ce malheureux, milicien de la classe de 1861, s'est vu obligé de quitter sa femme enceinte et trois jeunes enfants en bas age pour rejoindre son régiment. Ce rappel inopiné lui a coüté la perte de ia rai- son. Le Journal de Bruges dont on ne saurait ré- voquer en doute les tendances ministérielles, s'oc- cupe aussi du rappel des miliciens des classes de 1861 et 1863. Voici comment il s'exprime II n'y a pas a se faire illusion, si necessaires qu'on puisse les juger, les dèpenses énormes du bud get de la guerre sont impopulaires. Les peuples ont soif de paix, et si cela dépendait d'eux, ce qu'on ap- pelle Ie rêve du bon abbè de St-Pierre serait bientót une réalité. Mais il faut compter avec l'espritde con- voitise, avec les pretentions dynastiques, qui ont be- soin du droit du plus fort, ce qui fait que les armées permanentes enlèvent, chaqueannée, au travail agri- cole et industriel, des milliers de bras et, aux contri- buables, beaucoupd'écus. Dans eet étalage stupide de force brutale, les petits Etals, qui ont toujours peur et avec raison, sans doute, d'être gobés par les gros, sont entrainés a imiter les dèpenses des grands c'est ainsi que de fil en aiguille, de Chassepot en Al- bini, on attend en vain le moment oü l'heure de la fraternité universelle sounera au cadran de l'huma- nité. Enfin on se résigne a subir cette loi, qu'on pre tend être celle de la nécessité; mais ceux qui ont mission de la faire tolérer, doivent la rendre, ce nous semble, le moins dure possible. Or, c'est cequ'ils ne font pas. Nous n'en vouious pour preuveque la par- tialite qui a présidé au rappel des miliciens des clas ses de 1861-1863 La commune de Montignies-sur- Sambre comptait quatre hommes mariés qui devaient rejoindre leur corps. Le bourgmeslre réclame avant Ie jour fixé pour le depart-et les quatre hommes re- coivent une exemption. Dans d'autres localités des miliciens mariés, déja rentrés aucorpssont renvoyés chez eux dans d'autres on ne répond même pas aux reclamations des malheureux ouvriers ayant laissé au logis des femmes et des enfants dans la plus afireuse misère. En rentrant chez eux ces chefs de familie trouveront peut-êlre leur place prise a I a- telier et la détresse du ménage s'aggravera du cho- mage au moment oü l'hiver arrive. Qu'on nous comprenne bien, nous n'entendons pas nous élever contre les nécessités du service mais nous touvons étranges ces inégalités, etsurtout ('ab sence d'une régie uniforme pour tous les miliciens mariés. Pourquoi, a Bruges, les miliciens mariés ne sonl- ils pas rentrés, malgré les réclamations réitérées de l'administration communale d Une circulaire du département de la guerre au- rait fait cesser toutes les incertitudes, tous les com- menlaires, tandis qu'aujourd'hui on s'étonne du pri- vilége, dont jouissent plusieurs, et du silence, qui ac- ceuille les réclamations du plus grand nombre. A Ypres également il y a des pères de familie, pauvres ouvriers, arrachés leur femme et a leurs enfants. L'administration communale a-t-elle fait que'l- que tentative auprès du département de la guerre en faveur de ces malheureux? Cette tentative a-t- elle été couronnée de succès? Nous craignons bien que Ia réponse ne soit négative, si tant est que i'on veuiile ètre sincère. Cette réponse, quelque cruelle qu'elle soit, ne ferait d'ailleurs que confirmer plus énergiquement nos soupgons. Nous l'attendons néanmoins avec curiosité. Patriotisme desinteresse. Dans un de ses derniers numêros Ie Progrès emprunte les lignes suivantes au Peuple beige a L'excès en tout est un défaut, nous apprend la sagesse des nations, et Talleyrand nous a dit que le plus dangereux des excès était, sans contredit, l'ex cès de zèle. Ce qui vient de se passer en Hollande, au Congrès d'Amsterdam, nous prouve que la sagesse des nations et Talleyrand ont raison. La, des Beiges, pris d'un amour trop ardent de la Iangue néerlan- daise, et dans un but reslé inexpliqué jusqu'a pré sent, ont cherché a prêoher l'annexion a Ia Hollande des provinces beiges, oü l'on parle le flamand. Pa- reille invention était bouffonne et ce n'est que dans des cerveaux dont l'organisation n'est pas compléte- ment achevée, que semblable idéé a pu naitre. On nous dit pourtant que parmi ces Beiges, traitres au bon sens et a leur patrie, il en est que Ie mouvement flamand compte parmi ses plus ardents propagateurs. C'est regrettable, car ses chefs commettent ainsi une troisième trahison, en dénaturant le but de ce mou vement et la pensée qui l'a fait naitre. Nous adhérons sans réserve ces réflexions si justes du Peuple beige. Mais comment la plume n'est-elle pas tombée des doigts du Progrès lors- qu'il a transcrit ces lignes? Depuis quand done les patrons de ce journal sont-ils pris d'une si pro- fonde horreur pour l'annexion des provinces beiges a la Hollande? S'imaginent-ils par hasard qu'un siècle nous sépare déjè de 1830 et qu'il n'est plus un seul témoin oculaire de cette époque capable de raconter leurs faits et gestes II est vrai que le nouveau régime a été gëné- reux pour eux et qu'il les a largement dédomma- gés des pertes que la chute de l'ancien leur avait fait essuyer. Eux et les leurs se trouvent aujour- d'hui aussi chamarrés de galons, aussi comblés de faveurs, aussi dotés de pensions, de gages et de traitements qu'ils auraient pu espérer l'être avant 1830. Faut-il chercher dans ces circonstances la raison de leur chaud patriotisme du lendemain Une perquisition domiciliaire faite mardi der nier chez un imprimeur de cette ville a amené la saisie de toute l'édition d'une chanson flamande chantée depuis quelque temps dans une des com munes mrales de notre arrondissement. Nous re- viendrons prochainement sur cette affaire plus importante en réalité qu'elle ne parait au premier abord. Les propositions de reprises des chemins de fer de l'Etat faites par la Sociétê générale d'ex ploitation continuent de défrayer Ia polémique des journaux beiges et chacun d'eux examine h son point de vue la question de savoir si les chemins de fer doivent rester la propriété de l'Etat ou être abandonnés a des compagnies. Cette question fut débattue en France en 1838 et nous crovons intéressant de rapporter ici en quels termes M. Louis Blanc combattit, mais en vain, ceux qui proposaient d'abandonuer aux compagnies l'exploitation du chemin de fer Ce que les compagnies dépensent pour l'exécu- tion d'un cbemin de fer, il faut qu'un tarif le leur rende et avec usure l'Etat retrouve le capital qu'il a dépensé dans les sources de l'impól élargies, dans les recettes dé l'enregistrement, les contributions mo- bilières, les douanes, les octrois, les passe ports, les licences, les contributions foncières. Les compagnies sont obligées, pour s'indemni- ser, de lever un tribut sur le développement même de l'industrie, que par la elles retardent ou enchai- nent l'Etat laisse la prospéritè publique s'accroitre, et ne s'adresse elle que lorsqu'elle s'est accrue. Les compagnies veulent jouir vite, paree qu'elles meurent l'Etat peut altendre, paree qu'il est im- mortel, s Les compagnies, par l'élóvation et la durée des tarifs, arrêtent le pauvre a l'entrée des chemins de fer l'Etat, qui a d'autres moyens que les tarifs pour rentrer dans ses avances, ouvre les chemins au pauvre comme au riche. Les compagnies sont forcées a des dèpenses énormes, dont le poids retombe ensuite sur le pu blic; il leur faut des agents d'intrigue pour obtenir la concession et écarter les rivalités importunes, des banquiers qui vendent leur crédit a l'entreprise et des spéculateurs qui lui donnent l'essor, des cour tiers qui se chargent du placement des actions, un caulionnement, des caissiers, des receveurs, des payeurs, des ingénieurs civils, des conducteurs, des conseils; l'Etat n'a rien cróeril a sous Ia main des fonctionnaires tout trouvés il a, pour la partie finan- cière, ses receveurs généraux et particuliers, ses re ceveurs des communes, ses receveurs de contribu- butions indirectes; pour la partie exécutive, ses in génieurs des ponts et chaussées pour la partie administrative, les agents qu'emploie Ie service des prefectures. Les compagnies Ont besoin d'une foule d'em- ployés qu'elles tirent du néant l'Etat n'a qu'è étendre les attributions de ceux dont il dispose. Les compagnies sont a la merci d'agents choisis presque toujours au hasard, impatients de faire leur fortune, et dont il faut quelquefois escompter ou l'ap- prentissage, ou l'inconstance, ou l'incapacilé, ou Ia mauvaise foi, ou la cupiditè l'Etat est servi par des agents revêtus d'un caraclère ofïiciel, soumis un contróle public, chargés d'une responsabilité morale, appartenant a une hiérarchie constituée et ayant pour mobile non l'argent, mais l'bonneur. n Avec les compagnies, les travaux ne sauraient être exécutés que pièce a pièce inconvénient grave, car il rompt tout équilibre, et retire précipitamment le sang de certaines parties de la société, pour le faire refluer ailleurs d'une manière violente l'Etat est dans une sphère d'oü il embrasse l'ensemble des in téréts ses prévisions peuvent avoir un caractère de généralité qui ne lui permet pas de sacrifier une lo- calitó a une autre, et de détourner trop brusquement le cours des relations commerciales. Les compagnies ne cherchent et ne peuvent chercher qu'a tirer parli du présent l'Etat a pour mission de pourvoir aux intéréts de l'avenir. >i Eu uri mot, les compagnies ne stipulent que pour elles-mêmes l'Etat stipule pour la société. Les considérations dont les démocrates s'ar- maient contre le système des compagnies étaient bien plus décisives encore au point de vue politique. Quoi 1 on parlait sèrieusement de livrer tout Ie domaine de l'industrie a de simples particuliers, spé culateurs ou gens de finance I et Ton ne voyait pas ce qu'arriveraient a oser contre l'intérêl public, des as sociations devenues plus puissantes de jour en jour, par leurs richesses, par leur crédit, par leurs accoin- tances, par la position de leurs membres, qu'on trou- verait dans chaque poste important et ans les bu-

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 2