JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le tout payable d'aVANCE.
Yi'IVES. Dimaocbe Sixième année. J^i0 40. 4 Octobre 1868.
PKIX IPABOiXEIHEHT
POUR LA BELGIQUE
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Correspondance particuliere de l'OPISHOI.
Bruxelles, 2 Octobre.
11 est positifque, depuis une huitaine de jours, un
changement notable s'est manifesté dans l'èiat general
du Prince. Les médecins n'osent pas espérer, mais ils
n'en sont plus a rejeter absolument toute chance de
guérison comme inadmissible. Les nuits sont plus cal-
mes, la toux adiininué et ledégonflement des membres
inférieurs que je vous signalaisdéja dans ma dernière
lettre se maintient. A ces symptómes favorables est
venu se joindre la certitude que les poumons sont
restés parfaitement intacts.
Mais ces indices, bien qu'accusant dans leur ensem
ble une améüoration évidente, n'ont pas assez d'im-
portance pour autoriser un espoir un peu raisonné,
parait-il tout ce que l'on peut obtenir des médecins
traitants, c'est qu'il ne serait pas impossible que le
prince guérit. Or, ii y a quinze jours, jele répète, ils
étaient unanimes a considérer le malade comme irré-
médiablement perdu.
On constate égalementune lègère amélioration dans
l'état mental de la Princesse Charlotte. Je crois vous
avoir ditdéjé qu'après avoirlongtemps refusé de dor-
mir dans un lit, on avait eu toutes les peines du monde
a l'en faire sortir, une fois qu'elle y fut entrée. On
cite beaucoup d'aulres trails eDcore desa manie, tels,
par exemple,que son refus de toucher a toute nourri-
ture qui ne lui élait pas présentée par la Reine, et
cette idéé, sans cesse présente a son esprit, d'un
complot tramé contre ses jours par des mexicains
déguisés en servileurs du chateau. Toutes ces lubies
lui sont, pour le moment, sorties de la têle. Est-ce
pour toujours Personne, dans son entourage, n'ose
l'espérer, bien que, pour le moment, son étal inteliec-
tuel ne trahisse presque plus aucun désordre.
Le bruit court, depuis quelques jours, que le gou
vernement a résolu d'expulser M. Rochefort et que
l'on n'attend plus que le retour de M. Frère-Orban
pour signifier son arrêté d'expulsion au célèbre pam-
phlétaire. Gette rumeur,a mon avis, ne mérite aucune
contiance. Si le gouvernement, chose que j'ignore, a
pu songera sévir contreM. Rochefort, c'est a l'époque
oü sa Lanternejetait unéclat tel qu'on l'apercevait des
quatre coins du continent. Aujourd'hui qu'elle est aux
trois quarts éteinte, les rnesures de rigueur seraient
sans excuse comme sans prélexte.
Rest question que, immèdiatementaprèsle vote des
budgets, le gouvernement demandera la discussion du
projet de loi sur la milice. Puis viendra celle du pro-
jet concernanl le temporel duculte. Quant a la ques
tion des fortifications d'Anvers, je puis vous affirmer,
dela manière la pins certaine, qu'aucune decision Jé-
finitive n'a encore été prise a eet égard et que le dis -
sentiment entre MM. Frère-Orban et Renardsubsiste
tel qu'il était pvaDt le départ de M. le ministre des
finances pour 1'AIIemagne.
M. de Liiguerronnière a été recu, mardi dernier,
en audience privée, par le Roi. a On assure, écrit
Vindépendanceque les questions qui intéressent les
rapports de la lielgique et de la France ont été abor-
dees dans la conversation de la facon la plus sérieuse
et la plus cordiale, et que le Roi s'est montré très-
satisfait des sentimentsqui lui ont été exprimés au
nom du gouvernement francais.
Si, comme on l'assure, cette note émane de M. de
Laguerronnière lui-même, on ne reprochera pas au
nouveau diplomate d'ébruiter les secrets d'Etat, car
elle nous laisse aussi ignorants qu'auparavant sur
l'objet spécial de sa mission, si tant est qu'il soit
chargé d'une mission spéciale, ce dont, pour ma part,
j'ai toujours douté.
On a pu lire dans quelques journaux de Bruxelles
que le nouveau ministère hollandais se montrerait
assez disposé a prêter les mains a la construction d'un
chemin de fer direct entre Anvers et 1'AlIemagne. J'i
gnore a quelle source ces journaux ont puisé leurs in
formations mais je crois savoir, de mon cóté, qu'au
cune négociation n'a élé entamée jusqu'a présent rela-
livement a cel objet avec Ie nouveau cabinet de
La Haye et que, par conséquent, rien n'autorise a
penser que la Hollande se montre plus favorable a
l'idée de ce chemin de fer qu'elle ne l'a pas été précé-
demment.
M. Thiernesse, professeur a l'Ecole vétérinaire de
l'Elat el directeur de ce même établissement, vient
d'adresser au rninistre de l'Intêrieur un rapport Irès-
inléressantsur la peste bovine.
D'après M Thiernesse, c'est une erreur de croire
que la peste bovine nepeut naitre spontariément dans
le pays et qu'elle doit nécessairement y être apportée
par des animaux étrangers, affectés de la contagion.
Le savant professeur établit par une série de faits et
d'expériences que la peste bovine est trés fréquem-
meni la conséquence desmauvaises conditions hygié-
niques des étables, et démontre la nécessité pour les
éleveurs d'apporterdansl'entreiiende leurs animaux,
au point de vue du logement, des soins tout aussi at-
tentifs que ceux qu'ils accordent a leur alimentation.
Lors de la dernière réunion de l'assemblée générale
de la Ligue de VEnseignement, le vice-Présidenl,
M.Tempels, a vivement insisté pour que ['association
redigeat le plus lót possible le programme des réfor-
ines dont elle entend poursuivre la realisation dans
l'enseignement.
On ne saurait trop engager la Ligue a déférer au
voeu exprimé par M. Tempels et je suis coavaincu,
pour ma part, que lorsqu'elle aura netlementformulé
le bul qu'elle veut alteindre et les abus qu'elle cher-
che a extirper de l'enseignement, il se produira, en
faveur de ses efforts, un mouvement d'opinion beau
coup plus considérable que celui qu'elle a provoqué
jusqu'è présent, enss reufermant dansdes généralités
dont l'application échappe au plus grand nombre.
Ouannnonce pour le 1or novembre prochain l'ou-
verture a Gand du congrès des Etudiants. La ques
tion posée estcelle-cide l'enseignement dans ses rap
ports avec le mouvement social. Ou ne reprochera
pas, au moins, a MM. les étudiants de s'occuper de
questions de peu d'importance. Si leur prochain con
grès vient a bout de résoudre celle qu'ils ont posée a
leur ordre du jour, ils auront mis fin a une discussion
qui, depuis cinquante ans, agite le mondedes philoso
phies et des hommes d'Etat.
Des huit artistes engagés par la Direction du
Théatre de la Monnaie pour la saison courante, sept
ont dü, après des épreuves désastreuses, résilier leurs
engagements. De nouveaux débuts auront lieu la se-
maine prochaine. Fasse le ciel qu'ils soient plus heu-
reux, car le mal serait sans remède et la fermeture
du théatre s'ensuivrait inévilablement.
On continue considérer comme probable le
fait d une coalition entre la droite et un grand
nombre de membres de la gauche, en vue d'ob-
tenir 1 aunullation de l'éiection de M. Van Merris.
Sil faut sen rapporter aux bruits qui circulenl üt
ce sujet, le cabinet lui-même, ému de l'opposi-
tion que cette élection paratt devoir soulever
parmi ses meilleurs amis, aurait résolu de se ren-
fermer dans une neutralité absolue et de n'influer,
ni directement ni indirectement, sur la décision
de la Chambre.
Nous ne sommes naturellement pas en mesure
de vérifier ce qu'il peut y avoir de fondé dans ces
rumeurs. Personnellement, nous serions plutöt
disposés S penser que, loin de se désintéresser du
débat que provoquera nécessairemeut I'admission
de M. Van Merris, le ministère pèsera de tout
son pouvoir sur sa majorité docile et dévouée pour
lui arracher un vote favorable au représentant
dont Poperinghe a gratifié notre arrondisse
ment.
11 est bon toutefois de faire remarquer que
jusqu'a présent les frères et amis n'ont pu
obtenir du gouvernement aucun engagement for-
mel a eet égard. Ainsi, noussavons de fort bonne
source qu'une démarche tentée, il y a quelques
semaines, a Bruxelles, par uri des gros bonnets de
la coterie, est restée absolument sans résultat.
«1 Le gouvernement avisera, telle est la seule
réponse qu'on ait consenti a 'ui faire et force lui
a bien été de s'en contenter.