ront que cette conspiration, ce sont les journaux
soutenus par les amis de M. Vaudenpeereboom
qui l'ont ourdie et que les hommes qui, il y a huit
ans, couvraient M. Van Merris d'ignominie sont
les mêmes qui, en ce moment, soilicitent pour lui
l'honneur de siéger a la Chambre.
Quant a la tnoralité de cette rouerie, elle se
déduit d'elle-mème et tout ce qu'on peut en dire,
c'est que les moyens sont dignes de la fin.
Personne n'y croit.
L'lmpartial de Bruges publie une lettre datée
d'Ypres dans laquelle il est affirmé, avec force gros
mots a l'adresse des adversaires de M. Van Merris,
que personne, dans notre ville, n'ajoute la moindre
foi aux vilains bruits qui courent sur le compte du
représentant de Poperinghe.
Notre confrère de Bruges, qui, personnellement,
ignore ce qui se passe chez nous, a un moyen bien
facile de contróler l'assertion de son correspondant.
C'est de le prier d'expliquer comment la candidature
de M. Van Merris a fait perdre au libéralisme 81 voix
dans le bureau électoral de la ville d'Ypres.
Quatre-vingt-une voix. Pas une de plus, pas une
de moins. C'est ce que nous avons prouvé a l'évidence
dans notre numéro de dimanche dernier, en nous ap-
puyant sur des chiffres irrécusables, que nous allons
remettre sous les yeux de notre confrère pour l'édifi-
cation de ses lecteurs.
Lors des élections de 1863, le bureau électoral
d'Ypres avait donné a l'opinion libérale 66 p. c. de
majorité (336 voix sur 509 votants). En 1864,
62 1 /2 p. c. (322 voix sur 515 votants). En 1867,
68 1/2 p. c. (374 voix sur 572 votants). En 1868,
ce même bureau ne donne plus cette même opinion,
représentée par M. Van Merris, que 51 p. c. (285
voix sur 559 votants), ce qui constitue une différence
en moins de 14 1/2 p. c. sur les élections de 1867.
Or, 14 1/2 p. c. sur 559 électeurs votants fait bien,
pensons-nous, quatre-vingt-une voix perdues d'une
élection a l'autre.
Pourquoi nous les avons perdues, c'est ce que le
cerrespondant de 1 'Impartial voudra bien prendre la
peine de nous dire trés prochainement, moins que,
comme il est probable, il ne juge plus prudent de se
taire.
tine calomnie inntile.
Le correspondant yprois de I 'Impartial de Bruges
ne se borne pas a tromper sciemment ses lecteurs. II
ose insinuer que le chantage pourrait bien avoir
joué un róle dans les attaques dont Ie représentant
de Poperinghe se plaint d'être en butte depuis avant
son élection. Nous eussions dedaigné de repondre a
cette ineple calomnie, si, a notre grand étonnement,
VEcho du 'Parlement ne I'avail fait sienne en la repro-
duisant dans ses colonnes. M. Van Merris, defendu
par l'ancien candidat-secrétaire de M. de Perceval I
1! faut convenir que quand Ie hasard se mêle de faire
des vaudevilles, il les fait bien amusants. Mais pas-
sons.
L'Echo du Parlement enveloppe dans son accusa
tion (y a-t-il bien réflechi une foule de journaux de
province devoues au gouvernement. Snuf \'Espièg!e
et i'Opiniontous appartiennent au libéralisme minis-
tèriel le moins suspect. Sans douie, ce ne sont pas
ceux-la que la feuille officieuse a prétendu designer,
el son odieuse incrimination ne porte, dans sa pensée,
que sur VEspiègle ou sur I 'Opinion, a moins que ce
ne soit sur l'un et l'autre a la fois.
Nous n'avons pas a défendre 1 'Espiègle qui saura
bien se défendre lui-même, inais quelle que soit la di
vergence d'opiuion qui nous sépare, ce u'est pas I'in-
fame soup§on que I 'Echo du Parlement cherche a
faire peser sur ce journal satyrique qui nous empê-
chera de rendre hommage a son courage et a son hon-
nêteté. VEspiègle est vif, aggressif et parfois, per
sonnel au-dela des limites admisesen doclrinarisme;
il n'est pas et personne ne l'a jamais accusé d'être vé-
nal. Pour ce qui nous concerne, nous ne nous sentons
nullement atteints par I'injure du journal ministériel.
Qu'irions-nous nous inquiéter d'une calomnie qui ne
trouvera pas, dans tout notre arrondissement, un
seul imbecile pour y croire
Corrcsponilance particuliere de 1'OPIÏIOÏ.
Bruxelles, 15 Novembre.
L'état du Prince est resté a peu prés stationnaire
depuis une quinzaine de jours, et chacun, suivant les
dispositions naturelles de son esprit, tire de cette
stagnation des conclusions favorablesou défavorables
au rétablissement du jeune et intéressant malade.
La vérite est qu'on ne sait absolument rien que ce
que les bulletins ofïiciels veulent bien nous appren-
dre, et ce n'est pas grand'chose. Je constate pourtant
que le sentiment public, trés alarmiste il y a un
mois, se prononce de plus en plus ep faveur des
chancer de guérison. On n'admettait pas même alors
la possibililé que Ie Prince put échapper. Maintenant
c'est le courant contraire qui semble prévaloir et l'on
ne veut pas admeltre que le malade succombe après
avoir résisté pendant plus de six mois a tant de souf-
frances. Quelle conclusion y a-t il a tirer de ce revi-
rement? Evidemment aucune, puisqu'il ne repose
sur aucun fondement positif ou même appréciable.
On désespérait il y a un mois, on espère aujour-
d'huine me demandez pas autre chose que de con-
stater le fait, car je n'en sais pas davantage.
Que si cela ne vous suffit pas, adressez vous au
Figaro de Paris. II vous donnera,jour par jour, heure
par heure, le réoit détaillé de l'exislence du Prince
royal, avec ('indication minutieuse de son menu a
déjeuner et a souper et celle des vins qu'il boit de
préference. Ce sujet ne prête pas malheureusement a
la plaisanteriesinon, le Figaro n'aurait pas été de
longlemps plus amusant.
Ce que l'on croit savoir pourtant comme une chose
positive, c'est que les médocins traitants ont entière-
ment renoncé a leur projel de faire transporter le
malade dans une ville du Midi. On a imaginé, dit-on,
dans les appartements du Prince, un système de ven
tilation au moyen duquel l'air extérieur, qui lui est
indispensable, ne lui arrive, pour ainsi dire, que de
seconde main et après avoir recu une sorte de dé-
composition qui lui enlève sa trop grande vivaoité.
Ce procédé n'est pas nouveau, du reste; il est usité,
depuis quelque temps déja, en Angleterre, dans cer
tains établissements affectés a la cure de la pbtysie
pulmonaire.
La Chambre des représentanls s'est occupée tout
d'abord de la vérificalion des pouvoirs des membres
nouvellement élus et de la constitution de son bureau
définitif.
Des journaux avaient prêté dernièrement la
gauche l'intention de ne plus réélire M. Dolez coinme
président de la Chambre. Le nombre considérable de
voix obtenues par l'honorable représentant de Mons
(77 suffrages sur 93 votants) prouve suffisamment
que ce bruit ne reposailsur aucun fondement sérieux.
II n'y a, du reste, qu'une voix dans toute la Cham
bre pour rendre hommage a la haute intelligence
avec laquelle M. Dolez dirige les debats parlemen-
taires. Sans doute la droite prèfèrerait un président
catholique, et cela se comprend assez mais je suis
convaincu qu'il n'est pas, dans toute la gauche, un
seul homme qu'elle préférat au représentant de Mons.
La vérification des pouvoirs de M. Van Merris, Ie
représentant d'Ypres dont il a été tant parlé depuis
quelque temps, parait devoir soulever une assez
longue discussion. A l'heure oü je vous écris, le rap
port de la commission n'a pas encore paru. Voici,
toutefois, les renseignements que j'ai pu recueillir a
ce sujet.
Entre M. Van Merris et M. Van Renynghe, le can
didal évincé, l'écart n'est que de cinq voix. Mais de
nombreuses réclamations ont été, parait-il, jointes au
procés verbal. Ces réclamations portent sur uue
trentaine environ de bulletins annulés par le bureau,
les uns paree qu'ils leur ont paru marqués, les aulres,
a cause de l'irrégularité de leurs indications. Ainsi,
le bureau a annulé des bulletins portant les noms de
MM. Vanden peereboom et Van Renynghe, membres
sortants, paree que ces deux noms étaient réunis
par une accolade d'aulres, portant Ie nom de M. Van
Merris, paree que l'écriture de ces bulletins n'est pas
horizontaled'aulres encore, paree que la qualité de
bourgmestre ne constitue pas une profession, etc.,etc.
Je ne me prononce pas sur la légalité des opera
tions du bureau électoral d'Ypres. II se peut qu'il ait
fait une juste application de la loi nouvelle mais si
celle-ci doit être interprétée avec une telle rigueur,
je crains bien qu'elle n'aboutisse a un résultat diamé-
tralement opposé a celui que l'on a voulu obtenir
car elle n'aura pas empêché ia fraude, ce dont on est
déja parfaitement convaincu dès aujourd'hui, et elle
aura porté une nouvelle atteinle a la sincérité du
scrulin en autorisant et même en ordonnant l'annu-
lation de certains bulletins qui n'auront que le tort
de n'être pas de tous points conformes a ses prescrip
tions méticuleuses.
Le procés Doulton continue a faire l'objet de toutes
les préoccupations. On annonce la prochaine publi
cation de diverses brochures qui jetteront, dit-on,
une vive lumière sur les points encore obscurs de
celte déplorable affaire. On ajoute que, devant la
Cour d'appel, oü la cause sera incessamment appelée,
plusieurs témoins, déja entendus en première in
stance, compléteronl leurs dépositions par des révé-
lations du plus piquant interêt.
Vous comprenez la réserve qui m'est commandée
en pareille circonstance. Tout ce que je puis vous
dire, c'est que l'opinion publique ne sera pas satis-
faite avant qu'on lui ait clairement expliqué a quoi
devait servir les 200 mille francs promis a M. Key-
molen et pourquoi M. Doulton a pensé a acheter la
maison de M. Veldekens, conseiller communal, plus
de cent mille francs au-dela de sa valeur, et cela,
trois ans avant d'en avoir besoin.
Vos lecteurs ont pu voir, dans le compte-rendu
des séances de la Chambre hollandaise que le rninistr©
des affaires étrangères avait carrémenl démenti le
bruit que Ia France aurait fait des ouvertures au
cabinet de l a Haye en vue d'une union douanière a
contracter entre les deux pays. On croit que M. Van-
derstichelen saisira la première occasion venue pour
faire une doclaration identique. Au besoin même, il
est probable que cette occasion lui sera fournie par
une interpellation adressée au gouvernement par un
membre de la gauche.
L'opinion générale est que la session s'ouvrira par
une grande discussion politique dont les affaires de
Sl-Génois, les nominations de M. Bara dans le nota
rial et ia question soulevée a Liége par le refus de
l'Evêque d'accorder son concours aux écoles de filles,
feront vraisemblablement les principaux frais.
II n'est pas inutile assurément que ces differentes
questions soient solennellement débattues devant le
pays; mais s'il est un sentiment unanimement par-
tage par tous les hommes de sens, c'est que cette
discussion ne seprolonge pas outre mesure, au détri
ment d'une foule d'intérêts en souffrance depuis tant
d'années.
La questurede la Chambre publie aujourd'hui même
la liste des projets de loi arriéréselle est considé
rable par le nombre et ('importance des questions
qui attendent leur solution. Si j'étais président de la
Chambre, j'obligerais chaque orateur a en donner
lecture avant de commencer sou discours. Sa prélen-
tion d'occuper l'assemblée de petites misères de parti
deviendrait alors si exorbitante tous les yeux, que
les trois quarts renonceraient a la parole.
Un journal flamand a raconté avec de longs détails
comment le commissaire de police de Gand était ar
rivé, en se déguisant en marchand de bestiaux, a se
mettre sur les traces des incendiaires de St-Génois.
Cette histoire a fait quelque bruit a Bruxelles el, tout
d'abord, on l'a considéree comme un roman. Mais le
silence du héros prouve qu'elle est vraie et je dois
ajouter qu'on en fait peu d'honneur a M. le com
missaire de Gand. La fin était excellente, mais les
moyens
Bien que la Direction du théêtre de la Monnaie ait
considórablemenl augmenté le prix des places pour
les représentations d'Adelina Patti,le public se presse
tellement au bureau de location que bientót toute la
salie sera entièrement louée pour les trois soirées