JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le tout payable n'avance.
YPRES. Dimancbè
Sixième année. N0 47. 22 Novembre 1868.
PUIX D'ABOXXGMEnT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes
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ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Un aveu bon a rappeJer.
I! est des precedents dont, après qudque temps,
t> nous avons volontairement negligé l'annotation
nous voulons parler de ceux qui sont relatifs a la
verification des pouvoirs des membres nouvelle-
n ment élus Nou; nous sommes bien vile apergu que
la Chambre et le Sénat ne suivaient aucune juris-
prudence en cette matière. Nous avons constate que
presque toujours. ces pouvoirs étaient validés ou
invalides, non d'après la règlf, kt le droit, mais
d'après la force et l'intérêt des maiorités. Nous
pourrions citer de nombreux exemples de cas iden-
x> tiques, ayant recu une solution differente, mais
comme il est a croire que c'est la un mal chronique
b et incurable, nous avonsjugé qu'ii elait inutile pour
le lecteur et faiiguant pour l'ecrivain d'annoter des
précédents sans poids et sans influence.
(Dtt gouvernement représentatif en Belgique, par
M. Ernest Vandenpeereboom, ii, p. 351.)
Une bonne leeon.
L'élection de M. Van Merris est un fait accompli.
La gauche doctrinaire a1 ouvert son sein au jeune re
présentant de Poperinghe, etdésormais la cause du
progrès el de la liberie complera dans le Parlement
beige un dófenseur de plus.
Nous sommes done baitus et bien battus. A vrai
dire, nous n'étions pas sans nous y attendre un peu.
A moins de pousser la naïveté jusqu'a l'aveuglement,
le moyen de supposer que la gauche, mettant de cóte
les misérables intéréts de parti dont elle n'a pas cessé
de s'inspirer depuis 1857, aurait consenti a ne voir
dans la validation des pouvoirs de M. Van Merris
qu'une question de moralité et de dignité parlemen-
taires? Mais les journaux de province nous a vaient
tant dit et redit que le ministère n'interviendrait pas
auprès de ses amis en faveur de M. Van Merris, que
nous avions fini par admettre la possibilité d'une
certaine opposition.
Le résullat du scrutin a prouvé que ces journaux
nous avaient induit en erreur. Non-seulement le mi
nistère est intervenu, mais pas un membre de la
gauche n'a osè prendre sur lui de manifester la
moindre hésitalion. M. Guillery comme M. Bouvier,
M. Vanhumbeek comme M. Vleminckx, tous autant
qu'ils sont, ils ont obei au mot d'ordre avec une pre
cision de mouvement qui fait le plus grand honneur
a leur éducation politique.
De quoi nous plaindrions-nous En fesant l'ac-
quisition de M. Van Merris, la gauche a voulu com-
bler une lacune dont il parait que le vide se fesait
cruellement sentir dans ses rangs. Nous aurions uiau-
vaise grêce a lui en faire un reproche.
Seulemenl, nous connaissons un representant qui
donna jadis sa démission et qui va être bien étonné
en apprenant la validation des pouvoirs du depute
de Poperinghe. C'est a lui, non pas a nous, que la
le§on de la Chambre s'adresse, et pour peu qu'il la
comprenoe, nous le reverrons bientót sieger sur la
basane par lementaire qn'un scrupule qui u'est plus
de notre teraps lui a fait deserter.
Le Progrès nous altribue la paternité de la biogra-
phie qui a paru dans VEspiègle. La preuve, dit-il.
c'est que certe biographie contient les mêmes détails
de chiffres que les articles qui ont paru le même jour
et a la même heure dans 1'Opinion
Que VEspiègledésireux de buriner pour les gé-
nérationsa venir la biographie du fnmeux represen
tant de Poperinghe, ait pensé chercher dans les
journaux de la localité les éléments de son travail et
que son attention se soit portée tout naturellement
sur I'Opinionc'est ce que lout le monde compren-
dra.
Ce n'est pas notre faute, après tout, si VEspiègle a
préferé nos renseignements a ceux qu'il aurait pu
puiser dans le journal doctrinaire. Mais quand le
Progrès s'étaie du rapprochement qu'il fait des cal-
culs de VEspiègle avec ceux que nous avons publiés
le rnême jour dans 1'Opinion pour prétendre que nous
sommes les auteurs de la biographie de M. Van Mer
ris, il nous offre une réponse bien facile tous les
calculs de VEspiègle sont, en effet, la reproduction
textuelle d'un article que nous avons publié dans
notre n° du 14 juin dernier. VEspiègle s'est borné a
les copier liuóralement, sans y changer un mot. Voila
tout le myslère.
Le jour de Ia discussion des pouvoirs de M. Van
Merris étant venu, nous avons cru devoir établir de
nouveau que la candidature de Poperinghe avait di-
minue les forces du parti liberal a Ypres, et naturel
lement nous avons eu recours aux calculs qui nous
avaient servi, cinq mois auparavant, la même dè-
monstration. Et toutefois, des erreurscapitales ontété
relevées, puisqu'au lieu que M. Van Merris nous ait
fait perdre70 voix seulement, comme nous l'avions
dit le 14 juin et comme le répète VEspièglenos cal
culs du 8 novembre établissent que le nombre doit
en être porté a 81
Cette explication donnée dans l'intérêt de la vérité,
nous n'avons point a prendre la défense de VEspiègle,
qui fait probablement fort peu de cas de l'opinion du
Progrès sur son compte. Le Progrès appelle la bio
graphie de M. Van Merris un dégoütant pamphlet.
Notre confrère n'a jamais si bien dit. 11 n'est pas un
honnête homme dont le coeur ne se soit soulevé en
voyant que de pareilles choses étaient possibles dans
un pays comme le nótre.
UI. Vandenpeereboom, sa politique et ses
traditions.
C'est par le coeur qu'on arrive a la bourse,
ricannait dévotement le père Ignace. C'est
par la collation des places et des faveurs gou-
vernementales qu'on rive Ia domination de ses
opinions hybrides et multicolores, la race bi-
blique des exploités-politiquespsalmodie
doucereusement le grand-prètre du faux-bonhom-
misme. L'un et l'autre, le moine et l'homme
aux compromis, savent a fond l'aversion de la
mouche pour le vinaigre leurs aphorismes sont
jumeaux. Inutile de chercher ailleurs; lè est le
secret du fétichisme qui courbe aux genoux de
l'ex-excellence, les innombrables affaraés qui ont
faim et soif des miettes budgétaires toute cette
valetaille est née avec la selle sur le dos. Voyons
pour tout homme de sens droit, M. Vandenpee
reboom fut-ii jamais franchement, sincèrement,
sérieusement l'émanation, l'expression, le repré
sentant du principe libéral Autant, sans doute,
que le prètre gras et dodu, haut de couleur,
campé sur les banches, flamberge au vent, adora-
teur du veau d'or.est le représentant du galiléen
Et quand, de sang froid, sans prévention et sans
appélit, on examine de prés ce bloc enfariné, qui
fait la joie et le bonheur des souris, jeunes et
vieilles quand on suit la combinaison et le mou
vement de ces ingénieux rouages, le jeu si habile,
si savamment combiné de l'homme qui, sur Ia
eorde raide, rend des points Blondin, quand on
frotte le ruolz étincelant, après cette espèce d'ana-
lyse chirnique du grand ministre, du spirituel
ministre, de l'homme d'Etat éminent, par-
bleu du sauveur de bètes a cornes, du
commensal de M. Van Merris, pardon
pour ce nom propre, il ne reste au fond du
bocal que les principes actifs d'un personnage
trèsdélié, trés roné, trés adroit, plus Mazarin que
Richelieu, fort en strategie un mélange heureux
de souplesse, d'astuee, debonhommie masquée de
bonne compagnie, étudiée. toujours servie point;
une profonde horreur de la ligne droite, l'absence
compléte de toute trace de cette vertu des imbé-
ciles la virilité politique..,, un ragout a toute
sauce Et de braves gens soutiennent le plus
comiquement du monde, que le libéralisme le
vrai s'incarne et triomphe, h Ypres, dans la
personne de M. Vandenpeereboom Et.au nom
de ce triomphe, M. Vandenpeereboom continue a
imposer ses favoris au choix des ministres
Risum teneatis
M. Vandenpeereboom est tout uniment et la
grosse majorité, sauf d'honorables et de naïves
exceptions, l'élu d'une fourmillière de petites
ambitions et de petits intéréts, de formidables,
d'incommensurables appétits, de grenouilles qui
se veulent faire la taille du bceuf, difficile,
mais pas impossible d insatiables convoitises
de toutes espèces d'emplois, d'honneurs. de ru-
bans, de croix de dimensions les plus variées et,
au jour du scrutin, ces éléments bigarrés, mais
tendrement unis, roulent pèle-mèle. Ces petits
ruisseaux deviennent torrent et poussent en avant