Le tout payable d'avance. JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Y FIVES, bi manche Sixième année. N° 50. 13 Décembre 1868. PRIX D'ABOIIEIIEUT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PBIX l»ES AillO.XCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant Ie Girnanche. Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez votre pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalches Félix Lambin, imp. -ab., rue de Oixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal Les affaires de Sainl-Géaois. Les Annales parlementaircs nous apportent Ie discours prononcé par M. le ministre de la Jus tice en réponse aux interpellations de M. Reynaert sur les affaires de St Génois. Un fait ressort a toute évidence de ce discours, c'est que les malheureux événements qui ont désolé la commune de St-Génois n'ont eu d'autre cause que le refus de l'administration communale de souscrire a certaines exigences formulées par M. I'évêque de Bruges. M. I'évêque voulait que le nouveau cimetière devint la propriété du couseil de fabrique; l'admi nistration communale s'y refusait. De la le conflit et les faits jamais déplorables qui en ont été la suite. Certes, l'administration de St-Génois a fait son devoir et l'on ne saurait trop la féliciter de l'éner- gie qu'elle a déployèe en cette circonstancemais il n'en est pas moins certain que c'est sa résistance la prétention de M. I'évêque qui, en éveillant les passions fanatiques d'une foule crétinisée par la plus abjecte superstition, a mis la torclie aux mains des incendiaires. Cette prétention exorbitante, iujustifiable M. I'évêque de Bruges se serait bien gardé de la formuler en face de l'administration communale d'une grande cité. Si arrogant que nous le con- naissions, jamais il n'aurait osé présenter a une ville comrne Bruxelles ou Gand l'insolent ultima tum qu'il n'a pas craint d'adresser 5 Ia petite commune de St Génois. Mais que ne pouvait-il pas attendre de la fai- blesse d'une administration communale dominéé, il le croyait du moins, par lp era in te d'.al.tirer sur elle les coières de sa toute-puissante grandeur? Monseigneur a cru qu'il aurait facilement raison de ces paysaus habitués a fléchir le genou devant leur curé et, vraiment, c'est miracle qu'il se soit trompé. Mais, pour une administration communale qui a su faire respecter la loi, que d'autres, autour de nous, qui auraient succombé! Et vraiment, quand on veut y réfléchir, on comprend qu'elles suc- combent, car dans des conflits de cette nature, il arrive presque toujours que l'opiniou publique se tourne contre elles. Comptez, dans notre seul arrondissement, les communes en position de lutter avantageusement contre les prétentions de l'évêché n'est-il pas vrai que le nombre en est extrêmement restreint et que la plupart devraient finir par se souraettre C'est paree que nous sommes convaincus de l'impossibilité pour le trés grand nombre de nos communes rurales de tenir tête aux prétentions toujours croissantes de l'épiscopat, que nous n'a- vons pas cessé de protester contre la doctrine qui tend a prévaloir de plus en plus dans les conseils du gouvernement et qui consiste abandonner au pouvoir communal le soin de vider, a lui seul, les conflits que peuvent lui susciter les exigences cléricales. Cette doctrine, nous la tenons pour fatale aux intérêtsdu libéralisme, qu'elle conduiraa sa perte, pour peu que le ministère y persiste. On appelle cela de Ia liberté communale mais depuis quand done Ia liberté implique—t—elle le droit pour le plus fort de dicter sa volonté au plus faible Quoi vous voulez que de petites communes résistent a des prétentions avec lesquelles, vous, gouverne ment, vous vous croyez obligé de transiger tous les jours? Vous n'osez pas réformer la loi de 1842, paree que l'opposition du clergé vous effraie. De puis quatre ans, vous hésitez a provoquer Ia dis cussion du projet de loi sur le tempore! du culte, paree que le clergé menace de refuser son concours a l'exécution de cette loi. Vous reculez a la pensée de dépouilIer le serment judiciaire de son carac- tère religieux, paree que vous avez peur qu'on ne vous accuse de bannir Dieu de la loi. Vous ajour- nez, depuis douze ans que vous êtes au pouvoir, la solution de toutes les questions qui pourraient vous susciter des difficultés avec l'épiscopat. Vous avez peur... vous hésitez... vous reculez... vous ajournez vous, gouvernement, qui vous ap~ puyez sur une majorité parlementaire considé- rable et sur tout ce que le pays compte d'hommes libres et intelligents,et ce que vous n'osez pas faire vous voulez que de petites communes rurales le fassent? En vérité, cela n'est pas raisonnable. Nous réclamons, depuis longtemps, avec un grand nombre de nos confrères de la presse libé rale, une loi qui fixe d'une manière générale les régies a suivre en matière de sêpulture et qui attribue expressément a l'Etat la police des cime- tières. Supposez que cette loi eut existé quand la nécessité d'établir un nouveau cimetière St Gé nois a été reconnue. II est évident que M. I'évêque de Bruges n'aurait pas pu élever la prétention que ce nouveau cimetière appartint au conseil de fa brique, et s'il l'avait élevée, c'est au gouverne ment, non la commune, qu'il aurait du s'a- dresser. Le gouvernement refusant d'y accéder, il est non moins évident que personne n'aurait songé a imputer ce refus a l'administration communale et que les événements regrettables dont le village de St-Génois a été le théêtre n'auraient pas eu lieu. Voila ce que nous tenions dire, non point, on le comprendra, pour faire remonter au gou vernement Ia responsabilité de ces événements, mais pour faire toucher du doigt les dangers de cette funeste doctripe qui, sous prétexte d'affran. chir les communes, lui crée des difficultés qut leur état de faiblesse les ^gnd le plus souvent incapables de surmonter. Fi de la politiqne Un articulet inséré dans le Progrès et signé Com muniqué, nous apprend la formation dans notre ville d'un Cercle industriel et commercial. Nous approu- vons sans réserve l'idée de cette association mais l'auteur se hate d'ajouter que le Cercle s'interdira toute discussion politique el toute intervention dans les elections. On voit qu'il ne manque pas de gens pour maudire la politique. S'occuper des affaires pu- bliques, s'écrient-t-ils, la belle avance! Fi de la poli tique qui mange du temps et n'apporte pas un écu en échangeC'est bien parlermais j'y trouve cepen- dant a redire, et a ce conseiller si dédaigneux de cette pauvre politique, il y a plus d'une chose a répondre. El d'abord, qu'est-ce, je vous prie, que Ia poli tique? Qu'entendez-vous par ce mot qui sonne si mal a vo.tre oreille V S'agit-il de l'art du gouverne ment, de la science des rapports sociaux Oh! d'ac- cord, c'est la une chose difficile et que tout le monde n'a ni le loisir rii le soin d'étudier el d'apprendre. Mais pour n'être pas un homme d'Etat, suis-je cepen- daut desintéressé dans la facon dont ceux qui sont chargés de la besogne remplissent leur têcheSi petit que je sois, n'y a-l-il pas uncóté par leqael les affaires de mon pays, de ma commune, me touchentï Vous voulez que je reste étrapger a ce qui se passé au-dessus de moi, et cependant il n'y a pas un seul des actes du gouvernement ou de l'administration communale qui ne se traduise en inconvénienls ou en avantages pour chaque citoyen. Avant de payer l'im- pöt sous quelque forme que ce soit, n'ai je pas ie droit et le devoir de sa voir comment el a qui on l'ap- plique? fit qu'est-ce que cela, sinon o'e la poli tique Savez-vous cedontil faut se plaindre, au contraire savez-vous ce que nous tous nous devons regrelter, nous qui voulons la plus grande somme de bien être possible pour chaque citoyen, nous qui ne voulons pas que quelques-uns disposent de la volonté de tout le monde? Ce que nous regreltons, c'est que trop peu de gens s'occupent de politique. Le jour oü nous comprendrons que nous avons tous un égal intérêt a ce que rien de ce qui se fait en matière de gouverne ment ou d'administration communale nes'accomplisse sans que nous puissions Ie juger et au besoin I'em- pêcher ce jour-ia la bourgeoisie ne sera plus la dupe de quelques intrigants ou de quelques faiseurs qui l'exploitent a leur guise, sous prétexte de lui ép .r- gner la peine de faire ses affaires elle même. Et dans

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L’Opinion (1863-1873) | 1868 | | pagina 1