des enfanIs terminera tous les maux del'ouvrier. Mais
nous pensons que les conditions du travail se modifie-
ront d'après la marche normale du progrès hutnain.
Nous pensons que pour assurer la régularité de celte
marche, Ie commencement estd'assurer la moralité et
Ie bon sens des ouvriers, afinqu'ils soient bien a vises
dans ce qu'ils entreprendront. Nous pensons que ['ex
ploitation des enfants est une manoeuvre deloyale qui
doit cesser. Elle est mortelle pour l'industrie elie-
même mais n'y eutil que Pintérêt de la classe ou-
vrière, la sociéte peut bien faire pour elle ce qu'elle
fait pour les rossignols et Ie gibier prohiber sa des
truction. Nous peusons que ceux qui rient de ces
choses sont imprudents et coupables, et que si, dans
un État quelconque, ceux qui gouvernent sacrifient
l'a venir aux intéréts d'un jour, et la justice a l'aveugle
cupiditédequelques-uns, ils arrivenl nécessairement,
ou bien a la violence des victimes, ou bien a la deca
dence de la nation.
Les sophismes produits aujourd'hui sont exacte-
ment ceux par lesquels on défendait naguère la traite
des nègres. La traite des nègres a disparu et l'indus
trie s'en est accornodée. Elle supportera aussi bien l'a-
bolition de la traite des enfanls.
Dans le prodigieux conflit d'Amérique,oü les Etats-
Unis ont exposé, pour la civilisation, la vie de milliers
d'hommes, leurs richesses etjusqu'a leur existence
nationale, on disait que les nègres avaient besoin
d'être esclaves dans leur propre intérêt. On dit de
même, chez nous, que le père a besoin d'immoler l'en-
fant pour se nourrir et le nourrir lui même Quand
la fille infanticide allègue qu'elle n'avaitaucun moyen
ne nourrir son enfant et que, de plus, elle avail a se
sauver de la misère et de la honte, l'écoute-t on
L'article 360 du nouveau code pénal porte Si, par
suite du délaissement prévu par les deux articles pré-
cédents, Venfant est demeuré mutilé ou estropié, les
coupables seront punis de la rdelusion. Le ti avail pré-
coce entraine l'ignorance, la démoralisation et la fai-
blesse organique du corps est-ce une mutilation
moindre oü est la difference 11 y en a une c'est
qu'ici quelques industriels s'imaginent que ia mutila
tion leur profile. lis osent in voquer l'intérêt et la liberté
du pèreOn n'y a pas égard quand il s'agit de protéger,
par la réserve, la fortune des enfants riches. Le père
ne peut pas disposer de son argent qui est a lui pour-
tant.mais il pourra dissiper l'avenir de l'enfant.quiap-
partient, non a lui, mais l'enfantl II pourra vendre
pour 50 centimes par jour, les germesde ('intelligence
et de la force qui sont les seuies richesses de cet en
fant-la, et qu'il ne tient pas de son père.
Oui, vraiment, il faut consolider la familie qu'on
respecte les enfants, afin qu'ils respectent leurs pa
rents plus tard. II faut la liberté du travailqu'on
fasse done le bon sens et la santé, sans lesquels il n'y
a pas de liberté. II faut apprendre au peuple la pré-
voyanceet l'épargne qu'on lui apprenne a épargner
les forces des enfants. L'aptitude au travail est la vé-
ritable caisse d'épargnedu peuple. La meilleure pré-
voyance du père est de se ménager des eDfants bien
éievés et forts.
On a objecté que la suppression du salaire des
enfants aggraverait les charges des bureaux de bien-
faisance. Galcul insensé Le bureau de bienfaisance
a-t-il intérêt a ce que les enfants soient rachitiques 1
a ce que la population soit mal venue et souvent a
l'hópital a ce qu'a dix ans, l'enfant soit marque a
perpetuité pour I'indigence
En 1860, Ie gouvernement a proposé la prohibition
du travail jusqu'a douze aus. Toutes les chambres
de commerce du pays, sauf celle de Termonde, et
toutes les députations permanentes ont admis Ie prin
cipe de la prohibition. Les chambres de commerce de
Roulers, Gourtrai, Ostende, Ypres, Bruges, Aude-
narde, Louvain, Nivelles, Namur, Anvers, Alost,
Gand, Liége et Tournai, et les députations perma-
neDtes des deux Elandres, d'Anvers, du Limbourg et
du Luxembourg ont admis i'age de douze ans. La
majorité des chambres de commerce et des députa
tions permanentes ont admis, en principe, certaines
prohibitions partielles après l'êge de douze ans.
Le gouvernement avait compris dans un même
projet de loi plusieurs dispositions relatives aux fem-
mes et aux adulles dedix-huitans, au travail de nuit,
au travail des dimanches, etc. G'est ce qui a pro-
voque les récriminations.
Le gouvernement voulait se faire donner la fa-
culté de lever la prohibitionmême pour les en
fants de moins de douze ans, en faveur d'indus-
tries qu'il se réservait de déterminer. C'etaii ouvrir
la porte a l'arbitraire et preparer l'inexécution de
la loi. Dans les rapports même des chambres de
commerce, on commenca les demandes d'exception.
On vit, par exemple, la chambre d'Ypres solliciter
I'exception pour l'industrie ffentellière qui, par mil
liers, courbe sur un carreau des enfants de dix, de
huit et même de six ans, et qui, pour les jeunes filles,
est une des professions les plus meurtrières. L'effroi
qu'on en eüt au ministère de l'intérieur fut peut être
un des motifs qui lui firent abandonner son projet.
Enfin le gouvernement proposait la prohibition
dans les manufactures, usines, fabriques ou tout
autre établissement industriel. C'ètait encore l'arbi
traire. On demanda la définition de l'établissement
industriel et l'on fit observer, avec raison, que les
petits ateliers des artisans sont souvent plus funestes
a l'enfant que les manufactures. II en est de même de
nombreuses professions comme la maconnerie, la bri-
queterie,elc.
Enfin on voulait faire une loi sur la police des fabri
ques, matière qui est, en effet, du domaine de la li
berté industrielle. Nous pensons qu'il serait plus ra-
tionel et plus avantageux de rattacher la prohibition,
pour les enfants, a la matière de l'enseignement pri
maire. Nous pensons que la prohibition doit être gé
nérale et sans exception. G'est la seule mesure efficace.
Une chambre de commerce a dit que I'exception se
rait bientót la règle. Elle avait raison. L'industrie qui
emploie le plus d'enfants est nécessairement celle qui
s'imagine en avoir le plus besoin. C'est pour celle-la
que la prohibition est le plus nécessaire.
La loi de 1842 détermine l'êge de quatorze ans
comme terme de l'enseignement dans les écoles pri-
maires. Ce principe peut être coordonnéavec celui de
la prohibition obsoluejusqu'è douze ans etd'une pro
hibition partielle de douze a quartorze ans. L'expé-
rience dans divers pays a demontré qu'une demi-
journée d'école est aussi efficace qu'une journée en-
lière. Bien distribuée, cetlte demi-journée offre des
avantages sur le systèmed'un même nombre d'heures
de classe partagées dans la journée entière. D'autre
part, l'industrie, en employant deux séries d'enfants,
l'une le matin, l'autre l'après midi, peut faire rem-
plir toutes les fonctions d'enfants comme elles sont
remplies aujourd'hui. On harmoniserait ainsi le tra
vail et l'école, en interdisant a) <femployer Venfant
d'aulrui a un travail permanent quelconque, s'il n'est
agé de douze ans accomplis b) d'employer Venfant
d'autrui, agé de douze a quatorze ans, pendant plus
d'une demi-journée par joursoitdepuis le matin jus
qu'a midi, soit depuis midi jusqu'au soir.
La mesure conduirait bientót a une organisation
compléte de l'enseignement. On pourrait interdire le
travail en faveur de l'instruction sans créer une in
struction réelleel efficace. D'importantes choses sont
a faire sous ce rapport. II serait logique de les
signaler immédiatement. Nous nous abtenons paree
que l'amélioration des écoles est une matière com
plexe dont la discussion engagerait de nouveau
la question du travail dans des ajournements iu~
definis. II vaut mieux commencer par envoyer les
enfants aux écoles telles qu'elles sont. Leur insuf-
fisance en devindra plus évidente et l'on obtiendra le
plus promptement possible les meilleurs rcsullats
possibles.
Messieurs,
Le conflit journalier des partis est absorbant. II
fait parfois ajourner des choses urgentes et d'intérêt
commun. La mesure dont il s'agit est de celles qui
dominent, nos divisions politiques.
A quelque parli qu'il soit attaché, il y a pour tout
honnête homme une sphère élevée oü il rencontre,
charité ou raison, l'obligation de respecter ses sem-
blables, de protéger les faibles et de metlre son auto
rité ou son influence au service de la justice. II y a
pour tout homme public un souci suprème celui
du progrès permanent de la nation. Or, la nation c'est
son territoire, ses richesses et ses institutions, mais
en dèfinitive, c'est surtout une masse d'êtres humains
dont les premiers biens sont la santé et ['intelligence
et dont le seul progrès véritable est dans l'acquisilion
d'une plus grande somme de moralité et de bien-
être.
Les enquêtes sont failes. Elles ont fourni tout ce
qu'elles peuvent fournir. Toutes les objections se sont
produites. Les voix les plus autorisées ont parlé au
nom de la science, de l'industrie, de Ia bienfaisance
et des intéréts politiques. L'Académie de médecine
vient de parler au nom de la santé publique. Les
congrès scienlifiques et les conseiis supérieurs offi
ciels sont d'accord. La discussion est épuisée.
Vous êtes appelés a prononcer. En 1862, par
l'organe de l'honorable M. Van Humbeeck, une de vos
commissions a exprimè l'espoir que le gouvernement,
dans un temps rapproché, vous sonmeltrait une so
lution. II ne vous en a pas soumis. La nation sollicite
de vous un acte de sagesse, ajourné depuis trop long-
temps. S'il fallait une certaineénergiecontre quelques
préventions et conlre quelques intéréts illégitimes, Ie
pays peut également l'attendre de ses législateurs.
Veuillez agréer, Messieurs, l'expression de nos sen
timents de haute considération.
ACTIES OFFICIE CS.
Par arrêté royal du 15 décembre, la décoration de
2me classe est accordée aux travailleurs industriels
dont les litres ont été spécialement signalés a l'atten-
tion du gouvernement et dont les noms sont désignés
ci-après
Malisse, ouvrier blanchisseur, a Harlebeke.
Nutte, ouvrier leinturier, a Mouscron.
Pood, dessinateur et lithographe, chez M. Daveluy,
a Bruges.
Ghoot, tailleur, Bruges.
Goucke, charpentier, Bruges.
Stevens, potier d'étain, id.
De Muynck, typographe, chez M. C. De Moor, a
Bruges.
Desauw, contre-maitre, Gourtrai.
Bouchart, rubanier, Ypres.
Derulle, id. id.
Van Steenkiste, chef-ouvrier, Menin.
Par arrêté royal du 14 décembre 1868, les lois et
règlements ayant pour objet la police de roulage sont
rendus applicables a la partie du chemin de Warneton
Messines, sur le territoire de cette dernière loca-
lité.
Par arrêté ministériel, en date du 12 déoembre
1868, le sieur Verschaeve est nommé secrétaire-tré-
sorier du bureau administralif de l'école moyenne de
l'Etat, a Ypres, en remplacement du sieur Ver-
schaeve-Ledure, qui est admis, par le même arrêté,
a faire valoir ses droits a la pension.
Un arrêté royal du 7 decembre 1868, approuve la
dèlibèration du conseil communal de Vlamertinghe,
tendant a oblenir l'autorisation d'emprunter 40,000
francs.
Des arrêtés royaux du 14 décembre 1868 approu-
vent les délibérations des conseiis comtnunaux ci-
après, tendantes a oblenir l'autorisation
Woesten, d'augmenter la taxe sur les chiens.
Oostdunkerke, d'établir une taxe sur les chiens.
Menin, a maintenir, pendant l'année 1868, avec
quelques modifications, la taxe sur les bêtisses.
Leysele, d'augmenter la taxe sur les chiens.
FAITS 1MVES5S.
Un incendie qui menacait de prendre des propor
tions immenses, a éclaté mardi dernier a 7 h. du ma-
tin, dans l'usine de M. Lesaffre, a Menin. Mais, grêce
aux secours prompts et énergiques du corps des
pompiers, au bout d'une heure, tout danger avait
disparu.
On estime la perle a 3,000 fr.
L'Événement publie le récit suivantLe4 février
1867, une rencontre fut décidée entre Henry Bugard,
jeune auleuret journaliste, sous un pseudonyme assez
connu et M. le vicomte de Malarino, d'origine mexi-
caine.
Le duel n'ayant pu avoir lieu aux environs
d'Ypres comme il avait été convenu, Henry Bugard,
qui est natif de l'ile d'Haïto, proposa un genre de
combat inedit jusqu'a ce jour, et ils poussèrentjusqu'ê
Ostende. La. ils louêrent deux embarcations et ga-
gnèrent le large.
Arrivés a une distance assez éloignée du port,
les canots s'arrêtèrent a la porlèe des pistolets. Les
adversaires s'étanl placés debout, a l'avant, témoins
et rameurs se blottirent au fond des embarcations,
puis les deux coups partirent, et M. le vicomte de Ma
larino tomba a l'eau. Inutile de dire qu'il fut immé
diatement retiré.