l'a expérimenté a ses dépens. Seul, abandonnè, il s'en alia Gros-Jcan comme devant. Pauvre Jacques Mais quel mobile a cette singuliere équipée et com ment se faisait-il que d'ordinaire si placide, M. le juge de paix Carpentier était tout a coup plus bouil- lant qu'Achille On a dil que remuè par l'esprit ma- lin, il a voulu tout innover, lout reformer, même les principes élémentaires du droit naturel. D'aulres out prétendu qu'il donnait une libre expansion des rancunes personnelles. Erreur. M. Carpentier avait tout simplement une indigestion. Oh! le pauvre homme I Un autre original, dans la bonne acceptation du mot, c'est M. Carton. M. Carton est aussi un ex-bril- lant avocat. Comme dans la Dame lilanche, ei Chacon sail cela. Improvisé comrnissaire d'arrondissementil fut d'emblée, a l'en croire du moins, le premier ad ministrateur du pays. Qnanii on prend du galon, On n'en saurait trop prendre. II est d'ailleurs des gens qui possèdent la science comme par intuition M. Carton appartient a cette race privilégiée. Faut-il s'ètonner alors que la contradiction l'irrile et que tout contradicteur soit pour lui un ennemi personnel Ce fonctionnaire aussi soutientd'étranges thèses. II n'admet pas, par exemple, qu'a propos de la discussion d'un compte on signale des erreurs, ni qu'on présente des observations a ceux qui ont dressé ce compte. II se retranche derrière les pouvoirs d une commission dont il se constitue, on ne sait trop pour- quoi, I'organe omnipotent, pour refuser de répondre aux interpellations qui l'embarrassent. Echappatoire bien commode assurément, excellent argument qu tnd les autres font défaut! Malgré cela, nous ne voulons pas être trop exi- geants envers M. Ie comrnissaire. Nous consentons volontiers et nous engageons tous nos amis a imi- ter cette condescendance, a nous presterner hum- blement devant lui camme s'il était Ie Fils du Pro phete, a croire ses paroles plus qu'a celles de l'Evan- gile, a le prendre pour unprofond politique, un grand administrateur, un parfait logicien, un orateur fou- droyant, en un mot, a accepter aveuglément, sans examen et sans contiöle, toutes les assertions les plus dróles avec la docilité de Pandore recevani la con signe de son brigadier, a une condition settlement que le brigadier nous prouvera d'abord son infaillibi- lité. Varia. La section centrale chargée de l'examen du budget de l'intérieur e'est occupée des inspections de la garde civique faites par M. le colonel de Sorlus. Nos lecteurs savent que le principal épisode de ces inspections, c'est le banquet offert a M. l'inspecteur. II parat trait que la section centrale serait assez disposée a laisser se perpétuer cette grrrrande bataille gastronomique, sous pretexte que M. de Sorlus a été deléguè par M. le génèral d'Hooghvorst, le défunt inspecteur, pour banqueter, je veux dire pour inspecter et que tant que feu M. d'Hooghvorst ne lui retirera pas sa delé- gation, il a le droit d'en user. Elle y met cependant une condition, a savoir que M. de Sorlus, dans l'in- térêtde la couleur locale, remplacera par une longue fourchette le sabre qui lui bat les flancs. On ignore jusqu'a ce jour si M. le colonel d'état- major de Sorlus, inspecteur-général délégué des gar- des-civiques du royaume, a accepté. Le sabre Puisque nous vivons sous le régime du sabreet que eet instrument semble vouloir prendre le haut du pavé, nous apprenons avec plaisir que deux soldats du 5" de ligne, dont un tambour, out sabré d'importance de paisibles Tournaisiens. Cela prouve que nos dèfenseurs patentés distribueut leurs moulinets saus préoccupation de favoritisme aussi bien aux concitoyeus de M. le minislre de la guerre qu'aux autres pekins. Comme dit la Chronique«t il est toujours agreable de savoir que l'ou est sabré avec impartialitè. \.'Echo de Liege, journal radical, a cessé de pa- raitre. Le correspondant du Progrès, en bon con frère, n'en peut dissimuler sa joie. Malheureusetnent pour lui, elle ne sera pas de longue durée cette joie, car le lendemain de la disparition de I'Echo de Liége a paru un nouveau journal, VAvenir, dont voici la courte et significative profession de foi Nos aspirations sont entièrement démocratiques. Mais sous un ministère qui ne vit que d'expé- dients, qui se maintient par la corruption, et par l'in- terprétation jésuitique des grands principes de notre pacte constitutionnel, nous considérons comme oi- seuse la discussion sèrieuse des actes de nos gouver- nants. Abandonnons ce ministère, tout personnel, aux dernieres étreiutes d'une crise qui doit l'emporter et si quelquefois un cri d'indignalion est prêt a s'échap- per de nos lèvres, retenons-le pour sourire et espé- rer Dans une bagarre entre bourgeois et militaires qui a eu lieu a Charleroi, un chasseur a tire sa botte et enfoncé l'éperon dans le cratie du pékin. Celui-ci au- rait lort de se plaindre, l'éperon étant indispensable au prestige du cavalier aussi bien que le sabre a celui du militaire, pour parler comme M. le général Re- nard. Nous voulons seulement faire remarquer que si nos dèfenseurs se meitent a manier leurs bottes avec la même dextérité que leurs fusils, l'ennemi doit s'attendre a être joliment talonné. La Chambre des représentants vient d'être éclairée de 81 forts..bees de gaz. Voila qui est bien trouvé! A mesure que les lumières se font plus rares dans la tête de nos honorables, ou les augmeute dans la salie. II y a compensation. Un avis publié dans le inoniteur de l'hötei-de-ville nous apprend qu'il est question de continuer, pendant trois années encore, a partir du 1ermai prochain, la perception du droit de barrière ètablie sur la route d'Ypres a Comines. Quelque singulier que nous paraisse ce projet, nous esperons encore qu'apres reflexion, notre administration communale y renon- cera et que la ville d'Ypres ne maintiendra pas ses barrières quand les plus pauvres communes les sup- priment avec un louable empressement. S'il eu devait être autrement et que nos espérances fussent trompèes, ce fait demanlrerait, a cólé de mille autres et en depit des hêbleries du Progrèsquel soin nos administrateurs prennent des intéréts du public. Le Progrès croit savoir que la circulaire de M. le ministre de l'intérieur qui défend le cumul des func tions d'instituteur avec d'aulres fonctions, n'aura pas d'effet rétroactif. II ajoute Elle nesera appiiquée aux instituteurs actuelle- menten fonctions que lorsque le cumul présente des inconvénients, c'est-a-dire lorsque les institu'eurs négligent l'une ou l'autre de leurs fonctions. Nous espérons que ce journal est mal renseigné et que nous ne verrons pas le ministère ouvrir une nou velle porie au regime du bon plaisir et de ('arbitraire. II parait que nous ne sommes pas seuls a nous plaindre du service de notre chemin de fer. Nous li sons en effet dans un journal de Bruges l.es voyageurs de la ligne d'Ypres a Roulers se plaignent de retards analogues a ceux dont on se plaint sur la route de Poperinghe a Gourtrai. Nous avons appris avec plaisir que les abus que nous avions signales au théêlre dans la distribution des places ne se sont pas reproduits souvent. Déja même avant nos reclamations, un honorable échevin qui n'est pas M. Stuers, de Stuers ou de Stuërs, comment faut-il dire pour n'êlre pas pris a parlie se faisait un devoir, avec un empressement qu'on ne saurait trop louer, de rappeler M. le directeur de notre scène au respect du cahier des charges. II pa rait que cette mesure, si juste et si démocralique, a beaucoup déplu a un membre de notre noblesse au- quel ses fonctions doivent pourtant inculquer des notions de droit et d'égalité devant la loi et qu'il ne s'est pas fait faule d'en exprimer tout haut son indi gnation, au theatre même. On a beaucoup ri et l'af- faire n'a pas eu d'autre suite. Le Progrès revient sur le dèplacement des sacris- tains et le decret du 30 décembre 1809. Nous lai rap pelons que nous nous sommes aussi occupès de ce décret et lui demandons pour la quatrième fois de nous expliquer comment il se peut qu'un de ses amis fasse partie de deux fabriques d'église, contrairement aux prescriptions formelles de l'art. 8 du décret du 30 décembre 1809? Correspondance particuliere de l'OPll'IOl Bruxelles, 15 Janvier. II n'est plus du lout question des bruits de modifi cations ministérielles que certains journaux ont cher- ché mettre en circulation, la semaine dernière, et auxquels, pour ma part, je n'ai jamais accordó la moindre confiance. Le ministère n'est divisé sur au- cune question de nature a provoquer une crise, et sans prélendre repondre de l'avenir, je puis vous as surer que, ni dans l'un ni dans l'autre de nos deux partis, aucun homme politique ne prévoit en ce mo ment comme sèrieuse l'éveutualilé d'un changement de cabinet. On a beaucoup dil que M. Jamar s'élait trouvé en désaccord avec ses collègues, ou du moins avec quei- ques-uns d'entre eux, sur la question de la cession du chemin de fer du Luxembourg a la Societè de l'Est Francais. Je ne puis que maintenir, a ce sujet, les informations que je vous ai communiquées dans une precédente lettre. Nou-seulement M. Jamar n'a eu a triompher d'aucune espèce d'opposition dans le sein du Conseil des ministres, mais c'est M. Frère-Orban lui même qui s'est prononce avec le plus de vigueur contre l'autorisation sollicitée par M. Tesch et qui a mis le plus d'insistance dans le développement des considerations pohliques qui rendent cette autorisa- tion impossible. La discussion du budget de l'intérieur ouverte de- puis hier n'aura probablement aucun caractère poli tique. On croit que la question du grec et celle du travail des enfants el des femmes dans les manufac tures en feront les frais principaux. Sur la question du grec, la Chambre parait très- divisèe. On est gèneralement d'accord que l'enseigne- ment du grec ne donne actuellement aucun resultat serieux mais les hellènistes veulent que cela tieriDe aux vices des méthodes et qu'ü sulïirait de corriger ces vices pour donner a l'enseignement du grec toute l'importance qu'il comporte. La majorite semble cependant disposée a entrer dans les vues du ministère de l'intérieur et je necrois pas me tromper en disant que ces vues sont entière ment conformes au sentiment public. C'est aujourd'hui ou demain que M. Pirmez s'expli- quera sur la question du travail des femmes et des enfants. S'il faut s'en rapporter aux bruits qui cir- culent, M. le ministre de l'intérieur annoncerail la presentation prochaine d'un projet de loi concernant- le travail des enfants, mais il se prononcerait catégo- riquement contre la réglemenlation du travail des femmes. On s'occupe activement, au ministère de la guerre, d'un projet de loi relalif a l'organisation de la reserve. J'ignore d'après quels principes ce projet de loi sera concu, mais soyez couvaincu qu'il rencontrera a la Chambre une très-vive résistance. Je vous disais dernièrement que quelques repré sentants s'étaient réunis pour demander a M. Ie mi nistre de la guerre d'interdire aux simples soldats le port de leurs armes hors du temps de service. Leur démarche n'ayant pas abouti, ces honorables mem bres ont décidé de porter la question devant la Cham bre et le soin d'interpeller a ce sujet le ministre de la guerre a été confié a M. Haegemans. M. Benard nie, paralt-il, l'importance des faits signalés par la presse et persistea considerer la mesure que l'on sollicile de lui comme contraire a la dignité de l'armee. La grève des ouvriers typographes touche a sa fin.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2