JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le tout payable d'avance. VI511 ES, SIi manche y Septième année. N° 9. 28 Février 1869 Paraissant le dimanche. PUIX li'AISOiSHimEWT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX RES AilNOICES ET DES RECLAMES 10 Centimes le petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous bAmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-iib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Dixmude59. j ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal AVIS TRÈS-IMFORTANT. Nous savons que des irrégularités dans l'expê- dition de notre journal se produisent habituelle- ment par le fait de l'administration des Postes. En conséquence, nous prions instamment les per- sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir nous en informer en adressant la bande a notre bureau, rue de Dixmude, 59, a Ypres. C'est pour nous le seul moyen de faire cesser eet abus. Tous les abonnés 1'Opinionaussi bien ceux de la campagne que ceux des villes, doivent rece - voir leur journal le DIMANCHE Sndigne comédie. Le Séuat avait rejeté le budget de la justice. En préseucede ce vote hostile, le ministère avait choisir entre deux partis également honorables sa retraite ou la dissolution du Sénat. Que le ministère eut parfaitement ledroitde garder le pouvoir, c'est ce que personne ne pensera a con- tester. Appuyé a la Ghambre des représentanfs sur une majorité considérable, rien ne l'obiigeait a consi- dérer commedéfinitive lacondamnation desa politique par le Sénat. II pouvait trés honorablement et sans porter aucune atteinte a sa dignité, prononcer la dis solution du Sénat et en appeler au corps électoral. Telle fut aussi, faut-il croire, Ia première pensée du cabinet, car le jour même du vote du Sénat, I'Echo du Parlement terminait son appréciation de la séance par ces lignes significatives L'attitude injustifiable de l'opposition au sein du Sénat, eet acte d'hostilité i) systématique a l'égard d'un ministre qui a donné i) tant de gages a la cause du progrès, ne peuvent qu'affermir la confiance du pays dans les hommes qui le gouvernent depuis bientöt douze ans. L'Eloile beige traduisait la même impression en termes plus formels encore II est peu problable, disaitce journal, qu'en presence de cecoup de parti accompli précisément la veille du jour oü la Chambre devait aborder la discussion du projet de loi retatif x> a la contrainte par corps, les membres du cabinet se décident a abandonner leur jeune collègue de la Justice, l'honorable M. Bara. Aussi sommes-nous peut-être a la veille de la retraite du cabinet tout entier ou d'une dissolution du Senat et d'un appel au pays. Le même soir, les membres du cabinet se réunis- saient en conseil des ministres sous la présidence du Roi pour délibérersur les mesures quecomroandaient les circonstances. On sait maintenant le résultatdecette délibération; elle a abouti a l'expédient le plus ridicule et le plus misérable dont nos Annates parlementair es aieut gardé le souvenir. Au lieu d'accepter loyalement sa defaite etd'en appelerauscrutin,leministère a imaginé(chose a peine croyable) de représenter immédiatement a la Chambre des représentants le budget rejeté par Ie Sénat el, ce budget voté, de !e soumettre sans perdre un instant a l'examendu Sénat oü la majorité libérale, en garde cette fois contre toute surprise, en assure d'avance l'adoption. Pour dissimuler ce qu'il y a de mesquin et de peu digne dans l'expédient auquel il a eu recours, le mi nistère et les journaux officieux a sa suite insistent sur le caractère tout-a-fait fortuil,accidentel, du vote duSénatetils vontjusqu'a faire un crime a la minorité d'avoir profité de l'absence de ses advérsaires pour faire pièce au ministre de ia Justice. Ceux qui adressent a la minorité du Sénat ce plai- sant reproche n'oublient qu'une chose c'est d'indi- quer la conduite que, d'après eux, elle aurait du tenir. Aurait-il fallu, par hasard, qu'elle votat le bud get On conviendra que c'eüt été pousser Irop loin Ia naïveté. Quoi nous sommes des adversaires poli- tiques qui nous combattons depuis vingt ans et, paree que le hasard veut qu'un jour, moi, la minorité, je me trouve eu situation de prendre une revanche, il faudra que je n'en profile pas et que je me laisse battre comme d'habitude En vérité, qu'on nous passe le mot, c'est par trop béte La minorité au Sénat a done usé d'un droit incon testable et pas un homme de bonne foi n'osera nier que, dans une situation analogue le parti libéral en aurait fait tout autant. On n'a pas manqué de dire, dans la Chambre et dans Ia presse, que ce vote était un vote de sur prise, que si tous les libéraux du Sénat avaient as- sisté a la séance, le budget eut été adopté a 4 voix de majorité. C'est possible, c'est même probable, mais cela n'est point certain. De fait, plusieurs sénateurs notoiremeot connus pour l'extrême indéci- sion de leurs opinions politiques, et nous citerons dans le nombre le prince de Ligne et M. le baron Mazeman de Coulhove, n'onl pas paru a la fameuse séance du 24 février. Qui peul affirmer d'une facon certaine que leur présence aurait modifiè le résuïtat du scrutin? Qui a le droit d'attester qu'ils ne se se- raient pas abstenus C est done sur une présomption, et rien que sur une présomption, que le ministère s'est fondé pour contester la légitimilé, Ia sincérité du vote émis par le Sénat. Eh bien nous disons qu'une telle preten tion est absolument inadmissible et que la Chambre en l'accueillant, a accompli un véritable coup-d'Etat parlementaire. Qu'on ne se hate pas de se rócrier et qu'on nous ècoute Supposons des élections pour la Chambre dans l'arrondissement d'Ypres. Le parti clérical nefait pas mine de prendre part a la lutte et s'abstient même de présenter des candidats. Trompés par cette apparente inaction, les électeurs libéraux se rendent en petit nombre au scrutin. Mais, au tout dernier moment, les cléricaux ont batlu le rappel des leurs et leur liste passe tout entière a trois ou quatre voix de majorité. Eh Luien I nous défions qui que ce soit, le Progrès lui- même, d'oser soutenir que de telles élections de- vraient être annullées, füt-il certain, absolument certain que les libéraux obtiendraient une majorité considérable a une seconde épreuve. Et pourtant la Chambre n'a pas agi autrement, avec cette difference, qui rend sa conduite plus in- qualifiable encore, qu'elle ne saurait invoquer que de simples présomptions. Ni Ie ministère ni la majorité de Ia Chambre n'ont pu d'ailleurs se faire illusion sur ce qu'il y a de pro- fondémenl inconstitutioneel dans l'expédient auquel ils ont eu recours. Le ministère, cela ne nous semble pas douteux, aurait préféré donner suite a sa pre mière pensée, la dissolution. Pourquoi s'esl-il arrêté? Tout simplement paree que Ia réflexion lui est venue et qu'il a eu peur que le verdict du corps électoral ne tournêt a son désavantage. Nos grands hommes d'Etat ont beau prendre des airs de rodomonts. Au fond de l'ame, ils sentent que peu a peu le pays se retire d'eux et qu'il peut être dangereux de lui demander trop souvent son sentiment sur la manière dont il est gouverné. Pour ne parler que des électeurs de Charleroi, le ministère sait a n'en pas pouvoir douter que si des élections avaient lieu en ce moment dans eet arron dissement, les deux sénateurs doctrinaires seraient immanquablement remplacés par des sénateurs ca- tholiques, déplacement qui suffirait pour lui enlever sa petite majorité au Sénat. Inutile de chercher ail- leurs les raisons qui I'ont déterminé a écarter l'idée d une dissolution. Elle est Ia tout entière et ceux qui connaissent la passion du pouvoir qui dévore le chef du gouvernement n'en douteront pas. Quant M. Bara, engagé plus persoanellement encore que M. Frère- Orban dans ce débat, neus le plaignons sincèrement d'avoir prêté les mains a une aussi mi sérable intrigue. Le portefeuille de la Justice, si beau qu'il lui paraisse, ne valait pas le prix qu'il vient d'y mettre. II. Xandenpeereboom et la loi de *84». Suivant un solennel et antique usage la Chambre a fêté le Carnaval, en recommengant pour la centième fois un assaut d'opéra-comique contre la loi de 1842. Le pays a cessê d'être dupe de cette grotesque mystification. Si l'édifice est vermoulu, si ses as sises anti-constitutionnelles chancellent, si l'air méphytique que Ton y respire est nuisible a la jeune génération, que le marteau fasse son office démolissez et tout sera dit. C est ainsi, apparemment, que l'on procéderait si la logique avait voix au chapitre et surtout si I on avait cceur la mise en pratique des prin cipes qui ont servi de marche-pieds aux cham- bellans de la doctrine. Aux lieu et place de eet acte de virilité et d'honnèteté-politiques, a quel spectacle assistons-nous Les mèmes comparses sérinnent, une ou plu sieurs fois dans le cours de l'annéc, la même ri- tournelle, exécutent devant la galerie les mêroes et monotones pirouettes, puis, Ie rideau tombé, tout rentre dans l'ordre, chacun reprend son petit

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1