métier, M. Bouvier Ie sier», M. Van Merris le
sien, et nos seigneurs et maitres en Jésus-Christ,
continuent de tenir sous la crosse le pouvoir civil
et de fausser légalement l'intelligence du peuple.
II ne peut done être question de discuter les ti
rades de M. de Rossius, ni de tenir comple des
critiques émises pro-forina et dont on sait d a-
vance la stèrilité nou, tout cela, dans l'état ac-
luel des choses, serait de la poudre tirée aux moi-
neaux. II faut bien afin qu'il rte s'y laisse plus
prendre que le corps électoral subisse les con-
séquences de ses fautes. On n'apprend jamais
mieux qu'a ses propres dépens Mais il nous
appartient, cependant, de mettre en relief les
nouvelles fucéties du leader de notre députation
homogene.
Ministre de i'lntérieur, (voir le huitième rap
port triennal sur l'instruction primaire) M. Yan-
denpeereboom, pour complaire au parti qu'il
combat a outrance.... a I'Association libérale
d'Ypres, laisse ixexécutée l'importante loi sur la
création des écoles normalos. Nos lecteurs sa-
vent la scène Choppiuet, le masque arraché, le
compromis clérico doctrinaire une fois de plus
scellé. Après ces révèlations, aussi gênantes
que compromettantes, après cette nouvelle con
firmation, palpable et publique, donnée nos ap-
préciations sur la politique du grand ministre,
le silence était, sauf meilleur avis, le seul refuge
digne de cette palinodie écoeurante. L'ami de
M. Choppinet, qui a plus d'un tour dans son sac,
a voulu crier plus fort que la voix publique, et,
solennellement, a la face du pays, malgré son
rapport qui l'écrase, M. Vandenpeereboom ré
clame non-seulement des écoles normales, mais
encore faut il que chacune de ces écoles coüte au
pays... un petit million Et pas une
voix a la Chambre ne rappelle le comédien a
I'ordre? Ce serait peine perdue d'ailleurs. L'ex-
ministre a réponse tout... J'ai affirmé le con-
traire hier de ce que j'avance aujourd'hui Je
le reconnais, dit-il sans sourciller, mais j'in-
voque la PRESCRIPTION
Oui, la prescription II va de soi qu'une fois
califourchon sur ce nouveau dada, M. Vanden
peereboom peut galoper impunément a travers le
champ si fécond de ses transactions, de ses com
promis, de ses contradictions, de ses palino-
dies.
Promesses de 1846.... Prescription.
- Candidature Van Merris... Prescription.
Alliance-Malou... Prescription.
Blüroe Lagache... Prescription.
Baiser-Choppinet... Prescription.
Organisation des écoles d'adultes.Pres
cription.
Hier, aujourd'hui, prescription toujours. C'est
le baume salutaire que le sournois politique ap-
pliquera désormais sur ses nombreuses bles
sures.
Ab ne vous y méprenez pas, M. Ie représen
tant, vous aurez beau invoquer la prescription
pour voder vos volte-face, personne n'est plus
dupe de votre feinte bonhomieEt ceux la mêmes
qui, par intérêt, par calcul ou par faiblesse, vous
applaudissent encore, protestent, dans l'intimité
de leur conscience, aussi bien que ceux qui com-
battent ouvertement vos manoeuvres aux pré-
ceptes de votre morale facile, a la prescription,
les uns et les autres opposent la fidélité aux prin
cipes, le respect de la foi jurèe, la fermeté iné-
branlable des convictions, la franchise et la loyauté.
Ces vertus politiques sont plus puissantes que
toutes vos finasseries et il faudra bien qu'un jour
vous Ie reconnaissiez.si reus i.e voulez être vaincu
par elles.
I.e Progrès a rempli deux n°' de réflexions et d'ex-
clamations indignées sur le mouvement populaire
qui a eu lieu le 19 dans notre ville. 11 a suffi que
quelques ivrognes se montrassent dans les cabarets
de la rue de Lille et que quelques femmes vinssent
danser devant le couvent des Lamotte pour qu'aus-
sitót ce valeureux carré de papier se mil a trembler
sur sa base. Aussi a- t-il recours^n celte circonstance
aux mots les plus ronflanls de Son répertoire, pared
a celui qui, transi d'épouvante, siffle la nuil pour se
donner du courage.
Les alarmes du Progrès sont aussi ridicules que les
scenes du 49 elles-mêmes. Ni les unés ni les autres
ne vaudraient la peine qu'on s'en occupêt ri'était un
procédé inqualifiable qu'il est utile de signaler.
Après un premier article, tout plein d'exagérations
et de lêches insinuations, après avoir comparé quel
ques rassemblements grotesques aux incendies de
St-Génois, le Progrès annonce que M. le procureur
du roi vient de provoquer une instruction a propos
de l'ignoblemanifeslationqui aeu lieu en notre vilie.
Puis suil immediatement l'entrefüet que voici
On nous cite une dame de cette ville, qui aurait
puissamment contribué a organiser la manifestation
de hierpendant toute la matinee, elle a envovè du
chocolat et des pains francais aux enfants de l'ecoie
La Motte.
Nous saurons bientöi qui a fait distribuer le ge-
nievre.
Assez souvent nous nous sommes clevé contre les
abus de l'école La Motte pour pouvoir dire aujour
d'hui avec le Progrès que rien ne prouve mieux que
les scènes grossières du 49 Ia mauvaise éducation
donnée aux enfants du peuple dans eet établisse
ment.
Mais puisque les choses étaient telles et que vos
amis le savaient, Progrès, pourquoi out-ils toléré si
longtemps des abus qu'ils pouvaient réformer Toutes
ces femmes qui vociféraient, qui injuriaient, étaient
d'anciennes élèves de l'école S. Marie, dites-vous;
nous le croyons sans peine; mais, en y regardant
bien, n'auriez-vous pu trouver parmi les hommes
armés de bêtons quelque ancien élève de votre école
communale?
Et que penser de vos patrons, Progrès? Comment!
voila plus de trente ans que les vótres gouvernent la
commune en maitres absolus; ils se sont emparés de
l'instruction et de la bienfaisance, ils administrent
sans contradiction et pour ainsi dire sans contróle et,
après un laps de temps si long, malgré une puissance
si formidable, le peuple est encore aussi fanatique
aujourd'hui que dans les plus mauvais jours, s'in-
surgeant paree qu'on demande compte a quelques
nonnettes de l'emploi de deniers qui ne leur appar-
tiennent pasl Vous vons vantez dans vos rapports,
dans vos discours et vos proclamations de vous pré-
occuper sanscesse du bien-être et de Ia moralisation
des classes ouvrières. La scandaleuse journée du 19
fèvrier prouve votre véracité. Trente ans de pouvoir
et un peuple abruti et fanatique 1 Et quand nous di
sons que tout Ie but de votre politique est la satisfac
tion de vos convoitises et de votre ambition, avons-
noustort? Le 19 fevrier est une date qui rèpondra
désormais pour vous.
Revenons un instant encore aux articles du Pro
grès.
Leur enchainement calculé n'est autre chose qu'une
basse intrigue contre des adversaires politiques dont
nous n'avons pas a prendre la défense ici; nous nous
contentons de signaler ie fait.
En présence de l'instruction judiciaire, c'est une
ignoble dénoncialion que fait le Progrès, sans preuves
a l'appui, sans autre raison peut-être que le besoin
de la vengeance. Ces procédés, les honnètes gens de
lous les partis doivent les Qetrir. Eu vérite, nous
croyions que ce journal avait vidè depuis longtemps
jusqu'a la lie le calice de la honte. Nous nous trom-
pions, il lui restait un dernier échelon a parcourir
sur l'échelle de l'ignominiecel échelon il l'a franchi
en se faisant delateur et ie mouchard de la police.
('ori-CMpondance particuliere de 1'OPliVIOiS.
Bruxelles, 25 Février.
Le rejet par le Sénat du budget de la Justice a
causê ici une très-vive sensatiou. Gertes l'antipathie
toute particulière que M. Bara inspire aux catho-
liques est sulïlsamment connueeux mêmes, d'ail
leurs, ne prennent aucnne peine pour la dissimuler;
mais on était si éloigné de prévoir ce qui vient d'ar-
riverque la nouvelle en est tombée au milieu de notre
monde politique comme un coup de foudre.
La droite du Sénat avait-elle prémédité le coup?
Cela semble assez peu probable, car rien ne devait
lui faire présumer que ses adversaires de la gauche
ne se trouveraient pas a leur poste pour un vote
d'une pareille importance. II faut done admettre que
ce vote est tout simplement un vote de surprise pour
tout le monde, pour les libéraux comme pour les
catholiques.
Je ne nie pas que Ia droite du Sénat ait eu le droit
de faire ce qu'elle a fait. Mais je doute fort qu'elle ait
a se féliciter pour elle-même du rèsultat de sa petite
taclique. Pour peu qu'elle eut pris la peine de réflé-
chir a la situation extérieure de la Belgique, elle au
rait compris qu'un appel aux électeurs en ce moment
doit nècessairement tourner au profit du gouverne
ment. Le corps électoral, quelles que soient, d'ail
leurs, ses antipathies ou ses sympathies pour le mi
nistère sentira très-bien qu'au lendemain de Ia polé-
mique soulevée a propos de la loi sur la cession des
chemins de fer, il lui est absolument impossible de
ne pas donner un gage de confiance au gouvernement.
Le parti clérical s'est done, passez-tnoi l'expression,
fourrè ledoigt dans l'ceil. Cela me paralt clair comme
le jour.
Dés Ie soir même du vote, les membres du cabinet
se sont rendus au Palais, oü a eu lieu un conseil des
ministres sous la présidence du Roi. D'après les
bruits qui circulent et que je n'ai pas le temps de
vérifier, M. Frère-Orban aurait offert sa démission
ainsi que celle de tous ses collègues a Sa Majesté qui
les aurait refusées sans hésitation. Dès lors il ne res
tait plus d'aulre solution qu'une dissolution du Sénat
et le Roi, séance tenante, aurait rernis A M. Frère un
arrêté dans ce sens.
Bien que ces bruits soient très-répandus depuis ce
matin, j'ai quelque peine a croire que les choses en
soient déja aussi loin. Que le ministère réclame le
droit de dissoudre le Sénat, cela va de soi; car, a
moins de se retirer, on ne voit pas trop ce qu'il
pourrait faire d'autremais est-il supposable que le
Roi, dont on connait la circonspection, n'ait pas de-
mandé, ne fut-ce que la nuit, pour prendre une re
solution définitive dans une question de pareille im
portance? C'est ce que nous saurons bientöt, du
resle, car la situation est trop nettement dessinée
pour que la crise se prolonge.
Au Café des Mille Colonnes, Ie rendez-vous habi
tue! d'un grand nombre de membres de la gauche, le
vote du Sénat fesait l'objet de tous les commenlaires
et plus;eurs représentants - disaient tenir de leurs
amis de la droite qu'ils regrettaient tout les premiers
cette fêcheuse inspiration. On citait le mot d'un sé-
nateur qui, fesant allusion a ses frais de réélection,
avait dit au sortir de la séance Voila un non qui
me coüte 30,000 francs.
Dieu soit loué! l'épidémie nous a complétement
abandonnés. Depuis quatre jours, on n'a, parait-il
constaté aucun cas nouveau. Mais la maladie a laissé
sur son passage des traces profondes. Je ne crois pas
exagérer en disant que la moitié de notre population
bourgeoise est en deuil. Au dernier Concert popu
laire, la salie, garnie de dames vêtues de noir, avait
un caractère lugubre qui a frappé tout le monde.
La polémique relative a l'incident franco-beige,
comme disaient les journaux ofificieux de l'Empire,
est entièrement terminée, et nous pouvons le dTre,
terminèe a l'honneurde la Belgique. En 1852, le mi
nistère Frère Qrban se trouvait obligé de se retirer
devant les menaces de la presse officieuse francaise.
Mais les temps sont bien changés depuis lors el ce ne
sera pas assurément la Belgique qui songera a s'en
plaindre.
Nos théatres continuent a être deserts. A la Mon-
naie, ni la reprise de Guillaume Teil ni celle de