JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPHES, Dimanche Septième anaée. N° 10, 1 Mars 1869. Le tout payable d'avancr. PltlX D'AIIOSNMEIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semeslre. Pour l'Etranger, Ie port en sus» Un Numéro 25 Centimes, PRIX DES iilSOSGES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vouj bl&mer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Féux Lambin, imp.-db., rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent él,re adressés franco au bureau du journal AVIS TRÉS-IMPORTANT. Nous savons que des irrégularités dans l'expé- dition de notre journal se produisent habituelle- ment par lé fait de l'administration des Postes. En conséquence, nous prions instamment les per- sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir nous en informer en adressant la bande a notre bureau, rue de Dixmude, 59, a YpresC'est pour nous le seul moyen de faire cesser cet abus. Tous les abonnés a I 'Opinion, aussi bien ceux de la campagne que ceux des villes, doivent rece - voir leur journal le DIMANCHE. Ouvrez - done les yeux La Chambre des représentants s'apprête, cela n'est douteux pour personne, a maintenir la con- trainte par corps. La coalition réactionnaire qui a fait échouer la réforme électorale, qui a cora- battu l'abolition de la peine de mort et repoussé la suppression de 1'article 1781 du Code civil, s'est de nouveau formée pour consacrer définitive- ment, par une disposition législative désormais inattaquable devant les tribunaux, la jurispru dence inconstitutionnelle qui rend les délits de la presse justiciabies de la juridiction civile. Oh! nous le savons bien, les arguties hypo crites ne manqueront pas pour colorer ce uouvel attentat. A chaque fois que Ton a porté la main sur la liberté de la presse, on a pris soin de pro- clamer qu'on n'en voulait qu'è la mauvaise presse, que c'était elie seule que l'on voulait atteindre. Comme si les lois actuelles ne suffisaient pas pour protéger l'honneur des citoyens contre les outrages de la presse! Mais qu'on y pense done le Code pénal nouveau, renforgant sur cette malière les dispositions du Code de 1810, punit la calomnie, l'injure, la diffamation, toutes les atteintes la considération des personnes, jusqu'a la divulga tion maligne d'un fait vrai mais non public. Que peut-on faire de plus Mais ce n'est pas de ce cóté que la coalition réactionnaire cherche des satisfactions nouvelles. La législation actueile lui sullit amplement, la condition que le jury eesse d'ètre Ie juge chargé de l'appliquer. Le jury la gêne, le jury l'effraie; il faut lui enlever le droit de connaltre des ma- tières de presse et en faire, dans la pratique, le privilége exclusif des tribuDaux civils. L'amende- ment de M. Watteeu, celui de M. Lelièvre n'ont pas d'autre hut. Pourquoi, nous dira t-on peut- être, la presse redouterait-elle la juridiction des tribunaux civils? Ne trouve-t-elle pas parmi notre magistrature les mêmes garanties d'impartialité que dans !e jury Nous laisserons 5 un éminent professeur de l'Université de Gaud, M. Wael- broeck, Ie soin de répondre cette objection. Le jury, dit M. Waelbroeck, qui se recrute dans les classes ordinaires de la société, appré- cie toujours les poursuites en matière de presse autrement que les tribunaux. Le journaliste traduit devant un jury est jugé par ses pairs, qui out intérêt ce que la critique des actes de9 fonctionnaires soit aussi libre que possible. Tandis que le magistrat, appartenant lui-même la classe des fonctionnaires, sera plus porté ne voir dans Ie journaliste qu'un censeur in- commode de l'autorité. L'impartialité est la oiême de part et d'autre, mais le point de vue est différent. Dans ce genre de poursuites, les tribunaux pencheront done natureliement pour d le fonctionnaire contre l'écrivain, les jurés pour l'écrivain contre le fonctionnaire. Et puis, que l'on songe done la différence de régime! S'agit-il d'une poursuite criminelle? Le journaliste a h répondre d'un délit parfaitement déterminé, dont tous les éléments constitutifs sont soigneusement définis par la loi pénale. II était prévenu qu'en commettant Ie fait prévu par la loi, il encourrait la peine. S'il s'y expose néan- moins, il ne peut s'en prendre qu'è lui-même. Devant la juridiction civile, il n'est plus question ni de délit ni de peine. II suffira que Ie fait, dé- lictueux ou non, ait causé du dommage autrui pour que le journaliste qui l'a commis soit.pas sible d'une contrainte par corps de deux années. Et les bommes qui professent hautement des théories aussi monstrueuses et qui les font passer dans nos lois osent parler de leur amour pour la liberté de la presse? Passe encore que ces théories rencontrent des adhêrents parmi les adorateurs du Syllabus et de l'Encyclique. Considérant la liberté de la presse comme une peste et un délire, ils cherchent la restreindre autant qu'ils peuvent, en atten dant l'occasiondel'étouffer. Ils sont dans leur róle, c'est bien. Mais de quel dégout ne se sent-on pas le ccBur soulevé quand on voit ces mêmes théories défendues, prónées a la tribune par de soi-disant amis de la liberté, au nom même de la liberté? Et quelle profoude tristesse succède ce dégout quaud on pense que c'est une grande assemblée politique, VAssociation libérale de Bruxelles, qui envoie h la Chambre de prétendus libéraux pour faire prévaloir des idéés que rautoritésouverainedu Saint-Siége elle-mème n'a pu faire accepter par les catholiques qu'après une longue résistance Voila pourtant oü nous en sommes, après douze années de gouvernement doctrinaire, et telle est l'atonie de l'esprit public, tel est l'aplatissement général des caractères que nous assistons toutes ces hontes, a toutes ces turpitudes sans que la pensée d'une protestation prenne la peine ou ait l'audace de se formuler. Le ministère recueille au- jourd'hui ce qu'il a semé pendant ces douze der- nières années. On n'étouffe pas ainsi impunément la vie politique chez un peuple, on ne refoule pas ses aspirations sens péril pour soi-même. M. Bara doit l'avoir compris, le jour oü M. Watteeu, le candidat qu'il a fait triompher contre M. Albert Picard Association libérale de Bruxelles, s'est levé pour combattre et ruiner son projeï de loi. Cette leQoo ne profitera pas plus que les précé- dentes S M. le iniuiaUedc la Justice. Puisse-t-elle au moins profiter a ceux de nos amis qui l'expó» rience qu'ils ontfaitedu gouvernement doctrinaire- n'avait pas encore ouvert les yeux et qui s'obsti- uaient confondre Ie doctrinarismeavec Ia liberté. A l'heure oü nous écrivons, le résultat du vote n'est pas encore connu. Mais qu'ils prennent la peine de lire les noms des représentants doctrinaires qui vont voter en faveur de ['amendement de M. YVatleeu et, qu'en ème et conscience, ils se demandent si Ie vrai libéralisme, celui qui veut sincèrement le progrès par le développementde la liberté, peut compter sur eux plus que sur MM. de Theux et Malou. S.e doctrinarisme berné, résultat pratiqce de tant de conciliation, de moderation et de i'n- nion contre nature du feil et de l'ean. Philosophie de l'histoire des temps présents. De par le libéralisme triomphant - Les Choppinet tieunent le gouvernail de l'instruction publique. La question sociale et la réforme étouffent sous la doctrine. Les millions du budget de la guerre pré sentent les arrnes aux millions du budget des cultes. Les Jésuites mangent officiellement le foin récolté sur le tombeau de 1846. Le pouvoir civil suppiie a deux genoux le pouvoir ecclésiastique de daigner exécuter les lois du pays. MM. Alph. Vandenpeereboom et Jules Van Merris représentent sur les bancs de la gauche... le Progrès! De par l'épiscopat La droite sénaloriale écarté dédaigneuse-

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1