JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPHES, Dimanche
Septième anaée. N° 10,
1 Mars 1869.
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dition de notre journal se produisent habituelle-
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sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir
nous en informer en adressant la bande a notre
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de la campagne que ceux des villes, doivent rece -
voir leur journal le DIMANCHE.
Ouvrez - done les yeux
La Chambre des représentants s'apprête, cela
n'est douteux pour personne, a maintenir la con-
trainte par corps. La coalition réactionnaire qui
a fait échouer la réforme électorale, qui a cora-
battu l'abolition de la peine de mort et repoussé
la suppression de 1'article 1781 du Code civil,
s'est de nouveau formée pour consacrer définitive-
ment, par une disposition législative désormais
inattaquable devant les tribunaux, la jurispru
dence inconstitutionnelle qui rend les délits de la
presse justiciabies de la juridiction civile.
Oh! nous le savons bien, les arguties hypo
crites ne manqueront pas pour colorer ce uouvel
attentat. A chaque fois que Ton a porté la main
sur la liberté de la presse, on a pris soin de pro-
clamer qu'on n'en voulait qu'è la mauvaise presse,
que c'était elie seule que l'on voulait atteindre.
Comme si les lois actuelles ne suffisaient pas pour
protéger l'honneur des citoyens contre les outrages
de la presse! Mais qu'on y pense done le Code
pénal nouveau, renforgant sur cette malière les
dispositions du Code de 1810, punit la calomnie,
l'injure, la diffamation, toutes les atteintes la
considération des personnes, jusqu'a la divulga
tion maligne d'un fait vrai mais non public. Que
peut-on faire de plus
Mais ce n'est pas de ce cóté que la coalition
réactionnaire cherche des satisfactions nouvelles.
La législation actueile lui sullit amplement, la
condition que le jury eesse d'ètre Ie juge chargé
de l'appliquer. Le jury la gêne, le jury l'effraie;
il faut lui enlever le droit de connaltre des ma-
tières de presse et en faire, dans la pratique, le
privilége exclusif des tribuDaux civils. L'amende-
ment de M. Watteeu, celui de M. Lelièvre n'ont
pas d'autre hut. Pourquoi, nous dira t-on peut-
être, la presse redouterait-elle la juridiction des
tribunaux civils? Ne trouve-t-elle pas parmi notre
magistrature les mêmes garanties d'impartialité
que dans !e jury Nous laisserons 5 un éminent
professeur de l'Université de Gaud, M. Wael-
broeck, Ie soin de répondre cette objection.
Le jury, dit M. Waelbroeck, qui se recrute
dans les classes ordinaires de la société, appré-
cie toujours les poursuites en matière de presse
autrement que les tribunaux. Le journaliste
traduit devant un jury est jugé par ses pairs,
qui out intérêt ce que la critique des actes
de9 fonctionnaires soit aussi libre que possible.
Tandis que le magistrat, appartenant lui-même
la classe des fonctionnaires, sera plus porté
ne voir dans Ie journaliste qu'un censeur in-
commode de l'autorité. L'impartialité est la
oiême de part et d'autre, mais le point de vue
est différent. Dans ce genre de poursuites, les
tribunaux pencheront done natureliement pour
d le fonctionnaire contre l'écrivain, les jurés pour
l'écrivain contre le fonctionnaire.
Et puis, que l'on songe done la différence de
régime! S'agit-il d'une poursuite criminelle? Le
journaliste a h répondre d'un délit parfaitement
déterminé, dont tous les éléments constitutifs
sont soigneusement définis par la loi pénale. II
était prévenu qu'en commettant Ie fait prévu par
la loi, il encourrait la peine. S'il s'y expose néan-
moins, il ne peut s'en prendre qu'è lui-même.
Devant la juridiction civile, il n'est plus question
ni de délit ni de peine. II suffira que Ie fait, dé-
lictueux ou non, ait causé du dommage autrui
pour que le journaliste qui l'a commis soit.pas
sible d'une contrainte par corps de deux années.
Et les bommes qui professent hautement des
théories aussi monstrueuses et qui les font passer
dans nos lois osent parler de leur amour pour la
liberté de la presse?
Passe encore que ces théories rencontrent des
adhêrents parmi les adorateurs du Syllabus et de
l'Encyclique. Considérant la liberté de la presse
comme une peste et un délire, ils cherchent
la restreindre autant qu'ils peuvent, en atten
dant l'occasiondel'étouffer. Ils sont dans leur róle,
c'est bien. Mais de quel dégout ne se sent-on pas
le ccBur soulevé quand on voit ces mêmes théories
défendues, prónées a la tribune par de soi-disant
amis de la liberté, au nom même de la liberté?
Et quelle profoude tristesse succède ce dégout
quaud on pense que c'est une grande assemblée
politique, VAssociation libérale de Bruxelles, qui
envoie h la Chambre de prétendus libéraux pour
faire prévaloir des idéés que rautoritésouverainedu
Saint-Siége elle-mème n'a pu faire accepter par les
catholiques qu'après une longue résistance
Voila pourtant oü nous en sommes, après douze
années de gouvernement doctrinaire, et telle est
l'atonie de l'esprit public, tel est l'aplatissement
général des caractères que nous assistons toutes
ces hontes, a toutes ces turpitudes sans que la
pensée d'une protestation prenne la peine ou ait
l'audace de se formuler. Le ministère recueille au-
jourd'hui ce qu'il a semé pendant ces douze der-
nières années. On n'étouffe pas ainsi impunément
la vie politique chez un peuple, on ne refoule pas
ses aspirations sens péril pour soi-même. M. Bara
doit l'avoir compris, le jour oü M. Watteeu, le
candidat qu'il a fait triompher contre M. Albert
Picard Association libérale de Bruxelles, s'est
levé pour combattre et ruiner son projeï de loi.
Cette leQoo ne profitera pas plus que les précé-
dentes S M. le iniuiaUedc la Justice. Puisse-t-elle
au moins profiter a ceux de nos amis qui l'expó»
rience qu'ils ontfaitedu gouvernement doctrinaire-
n'avait pas encore ouvert les yeux et qui s'obsti-
uaient confondre Ie doctrinarismeavec Ia liberté.
A l'heure oü nous écrivons, le résultat du vote
n'est pas encore connu. Mais qu'ils prennent la
peine de lire les noms des représentants doctrinaires
qui vont voter en faveur de ['amendement de
M. YVatleeu et, qu'en ème et conscience, ils se
demandent si Ie vrai libéralisme, celui qui veut
sincèrement le progrès par le développementde la
liberté, peut compter sur eux plus que sur
MM. de Theux et Malou.
S.e doctrinarisme berné, résultat pratiqce de
tant de conciliation, de moderation et de i'n-
nion contre nature du feil et de l'ean.
Philosophie de l'histoire des temps présents.
De par le libéralisme triomphant
- Les Choppinet tieunent le gouvernail de
l'instruction publique.
La question sociale et la réforme étouffent
sous la doctrine.
Les millions du budget de la guerre pré
sentent les arrnes aux millions du budget des
cultes.
Les Jésuites mangent officiellement le foin
récolté sur le tombeau de 1846.
Le pouvoir civil suppiie a deux genoux le
pouvoir ecclésiastique de daigner exécuter les lois
du pays.
MM. Alph. Vandenpeereboom et Jules
Van Merris représentent sur les bancs de la
gauche... le Progrès!
De par l'épiscopat
La droite sénaloriale écarté dédaigneuse-