Similitudes et Contrastes. A supposer ces informations exactes, vous voyez qu'une importante divergence de vues separe encore les deux cabinets. Quelle que soit celte divergence, personne ne doute ici qu'une solution amiable finisse par prévaloir, en dèpit des efforts que font certains journaux parisiens pour envenimer la situation. Naïveté admirable I ces mêmes journaux qui ne laissent passer aucune occasion de réclamer les fron- tières du Rhin et de pousser Napoléon lil a la con- quêtedela Belgique, dous reprochent de nous defier de la France et de lui manquer de reconnaissance pour ce qu'elle a fait pour nous en 1830. Us nous menacenl tous les jours et ils voudraient que nous répondissions a leurs menaces par des paroles de paix et d'amitie. En véritè, c'est trop exiger de la reconnaissance. Existe-t-il en Belgique un sentiment hostile a la France? C'est ce que personne chez nous ne s'avisera de soutenir. S'il est un peuple au monde avec qui nous sympathisions, e'est bien Ie peuple francais. Mais si l'on veut que cette sympathie domine en nous l'amour de notre indèpendance et de nos institutions nationales, nous répondons résolument non? En quoi ce non peut être offensanl pour la France, c'est ce les journaux chauvins seraient bien embarrasses de dire. J La discussion du projet de loi relatif a la formation des listes électorales avance lentement a la Chambre. La droite, qui veut empêcher que celte loi puisse être appliquée aux élections du mois d'octobre prochain, présente amendemeuts sur amendements et fait tout ce qu'elle peut pour trainer le débat en longueur. C'est son droit assurément mais a en user avec si peu de ménagement, elle montre si bien le bout de l'oreille, qu'elle s'aliène ceux-la mêmes qui, endehors de son parti, ne voyaient pas, saus une certaine ap- préhension, la magistrature intervenir dans le règle- ment des questions électorales. La Patti chantera la Somnambule, le 24 de ce mois, au théalre de la Monnaie. Celte fois de l'année, du moins, la salie sera comble. II n'y aura pas de mal. Car, en vérité, on se demande comment M. Letellier peut tenircontre les guignons qui l'ont poursuivi pen dant tout le cours de la saison. Trois fois sur quatre, et malgrè une reduction considérable du prix des places, le théêtre est presqu'absolument désert. Roméo et Juliettedonné dimanche dernier (un di- manche 1) n'a pas produit 2,000 francs. Le bruit était répandu, hier, dans les couloirs de la Chambre, que le gouvernement donnerait, dans la séance même, des explications sur l'incident franco- beige. Je crois plutót que le gouvernement atlendra Ia discussion du budget des affaires étrangères, ou ses explications trouveront plus naturellement leur place. Croqnlgnole*. Au Corps-Lègislatif de la France impériale, un dé- puté dèvoué, signe, développe et défend avec l'éner- gie d'une virile conviction, un amendement dirigé contre les fantaisies financières, tolérées et encoura ges par le gouvernement... et, séance tenaute, tou jours avec la même eonviction virile, il en vote le rejet 1 Un ex graud-ministre de Belgique, celui-ci, conclut une alliance offensive, défensive el éminem- mnt morale, avec le choppmétismeA quelques jours de la, semblable a Ugolin demandant aux res sorts d'un ralelier breveté, le moyen ue broyer ses erdants, lui-mème suppiie ses collègues en doctrina- risme, qu'ils décrètent l'etouffeinenl de son alliee d'hier, sous les millions du budget 4 Après l'escapade de Boulogne, le comte Fialin de Persigny entendit prononcer l'arrêt de sa condamna- tion dans la chambre des Pairs, du haut du fauteuil présidenliel occupé, en ces temps-la, par M. Pas- quier. En l'an degróce 1869, ornédes palmes si glorieu- sement conquises et cousu dans l'or..., le condamné sollicite la grace de monter a son tour au fauteuil accusateur I Pauvre et isolé au milieu de I'infortune qui le brise, Lamartine meurt après avoir demandé aux labeursde l'intelligence l'obole réparatrice. Le gou vernement impérial lui offre un jouree fauteuil, objet actuel des convoitises du comte Fialin, mais lui, le maitre de la France en 1848, par respect pour sa dignité, il refuse 1 L'élu des Van Coppernolle, que son tempérament méridionalappelait a exercer ses facultés sous la zóne torride, s'ossifie et dessèche sous la lempérature gla ciale, si peu hospitalière aux chaudes expansions des cratèresen ébullition. Transplanté au palais législatif, l'astre lumineux de la triologie-yproise, le chantre bucolique des élè- gies légumieres s'y épanouit, par contre, corame le chou-fleur en terre-chaude et hume, dans un majes- tueux silence, l'aróme des services rendus au Pro- grès... et a la littérature. Jean qui rit et Jean qui pleure toujours pourtant un peu gros Jean, comme devant L'assaut meurtrier livré a l'école Lamolte, inspire la verve administrative et proclamative du bourg- mestre qui, a Ypres, Metlant un frein a la fureur des flots, Sail aussi des mécliants arrêter les complots. L'assaut livré par le doctrinarisme aux réformes libèrales, laisse l'honorable bourgmestre parfaitement impassible sur son banc législatif. Question de temperament 1 II est d'usage dans la presse doctrinaire de déna- turer avec un sans fa§on singulier, tous les faits qui ne sont pas favorablesa la déplorable politique qu'elle défend et préconise. Dés l'instant oü elle découvre quelque part, dans le pays, un symptóme de vitalité ou de résistance aux prètentions, souvent outrées, du gouvernement, elle jette les hauts cris et évoque a Ia fois le spectre rouge et le spectre noir. Elle n'a pas d'autres malices dans son sac et comme elle lui ont réussi souvent, elle ne se donne guère la peine de changer ses batteries. Cowiment on se laisse prendre a ce piége si souvent évente, c'est ce qui nes'explique que par l'apathie d'un public qu'on est parvenu a en- dormir et a qui, dés qu'il veut s'éveiller, une voix connue crie au cléricalou au demagogue La presse officieuse ne sort pas de la, elle ne discute pas, elle vous condamDe d'emblée, sans examen. C'est beau- coup plus facile. Tout récemment la presseolFicieuse ou doctrinaire a donné une preuve de son habile perfidie et de sa froide indignation de commande. Voici a quel propos. Une grande majorilé des membres de l'Association libérale de Charleroi, fatigués des promesses de re- formes, toujours renouvelées et jamais accouiplies, et dont le gouvernement est si piodigue, se sont réunis, et après un discours trés éuergiquede leur Jacqmain, bourgmestre de Jumet, il a ete décidé qu'il fallait que l'Association libérale s'affranchisse du joug de la doctrine et marche plus résolument dans la voie du progrès et des sages reformes. Lediscoursde M. Jacqmain, quoique très-énergique, était très-modere dans sa forme, et rien dans la pensee ne s'ecartait des saines idees d'un libéralisme intelli gent. II demaudait simplement que le gouvernement accomplisse ses promesses et qu'il se rende aux vceux tant de fois expriinés par les Chambres de commerce du pays. II reprochait au Journal de Charleroi d'avoir abandonné la cause du libéralisme pour embrasser celle de la doctrine. Les hommes qui ont acclamé M. Jacqmain etaienttous des negociants oudes indus- triels honorès et honorables, des hommes d'ordre, peu amis des bouleversemenls el des renversements violents il n'en est pas un seul parmi eux qui n'ait donne des preuves de libéralisme éclairè, dedévoue- ment aux intéréts du pays. Eh bien, qu'a fait la presse officieuse, la presse de la doctrine Elle a crié a la démagogie, au cléricalisme. Le Journal de Char leroi, en tête, elle cherche a ridiculiser les promoteurs de la scission qui ne peut manquer de se declarer au sein de l'Association libérale de Charleroi, elle les dé_ signe au public comme des cléricaux ou des partageux. Nous lui concédons qu'elle met des gants et que ses accusations se ressentent un peu de sa prudence ha- bituelle et de son habiletè proverbiale. Elle procédé par insinuations, en attendant l'attaque ad hominem. Nous connaissoDS les hommes qui ont applaudi aux idéés exprimées par M. Jacqmain, nous savons ce qu'ils veulent, et, quoique nous n'ayons pas la mission de les défendre contre les attaques d'une coterie puis- sante et avide d'autorité, nous regardoos comme un devoir de les louer de leur initiative qui aura des con* séquences heureuses,et qui ne pourra qu'exercerun salutaire effet sur les autres Associations libèrales du pays. Nous les aiderons, dans les modestes limites de notre action, a atteindre le but qu'ils se proposent et qui n'estautre, ainsi que nous l'avons dit eu commen- cant, que l'accomplissement des promesses du minis tère, et des vceux exprimés par le Congres liberal de 1846. Un journal a dit, a ce propos,que les tendances du libéralisme se résumaient en une seule réforme L'indépendance absolue de l'autorité civile vis a-vis de l'autorité religieuse. C'est paree que,comme nous, les dissidents de l'As sociation libérale de Charleroi ne veulent pas se con- tenter de cette pauvreté el trouvent que le libéralisme a mieux a faire après cela, que la presse doctrinaire évoque les deux sceptres, le rouge et Ie noir. Fran- chement, ce n'est pas sérieux et nous engageons l'Association libérale de Charleroi a poursuivre l'oeu- vre veritablement libérale qu'elle a eommencée elle a donné Ie signal du réveil a la nation beige endormie par la doctrine, espérons que son signal sera pour tant entendu, malgré les criailleries et les clameurs perfides et intéressées de la presse officieuse. [Journal du Jeudi (.'installation du Cercle local de la Ligue de VEn- seignement de Namur a eu lieu, dimanche 14 mars, par MM. Tarlier, Marichal et Buis, délégués par Ie Conseil général, h eet effet. Le comité est composé comme suit Président M. Pulzeys, substitut du procureur du roi Vice-président M. l.ecatte, vérificateur des poids et mesures Secrétaire M. Ed. Delhaire, professeur a l'Athé- née Trésorier M. Nicaise, proprietaire Membres MM. Prangey, avocat; Dethy, avocat; Lambert, industriel. La séance s'est terminèe par une conférence de M. llenri Bergé, qui a fait ressortir tous les vices de l'organisation actuelle de l'euseignement normal. Chronique judiciaire. La Cour d'assises de la Flandre occidentale a pro- noncé jeudi dans l'affaire des trois ltaliens accuses d'avoir assassiné le cabaretier Braem. Déclarés cou- pables par Ie jury, Ba voet Lapetina ontétècondamnes a la peine capitale, Lapiti a 5 ans de réclusion. ACTES OEFICIEI.S. Pararrêté ministériel en date du 9 mars 1869, une gratification de 150 fr. est accordée aux instituteurs suivants S'-Jean. Amand Geldof. Renynghe. Charles Reynaert Neüve-Eglise. Edouard Verhille. Ylamertinghe. Louis Yandenameele. Messines. Francois Deleu. Woerten. Charles Allaeys. Un arrète royal, en date du 1 4 mars, autorise le bureau de bienfaisance de Vlamertinghe, a aliener, au cours du jour le plus éleve, des obligations de la dette publique beige 4 1?2 p. c. representant un ca pital nominal de 5,800 fr., a l'effet de prêter cette sominea la commune, pour cinq ans, et a la condition qu'elle indenmisera le prêteur 1° Des frais qu'occasionnera la négociation des litres 2° De la difference qui pourrail exister entre le taux auquel les fonds ont ete acquis et celui auquel ils seron t vendus 3° De la perte d'intérêts entre l'époque du rem- boursement et celle du remploi, a l'expiration de Ia période quinqaennale.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2