JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le tout payable d'avance.
ITRES, Dimaoche
Septième année. N° 18.
2 Mai 1869.
PitI* D'ABOIüEIIEHT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes,
PRIX l)ES AilWOXCES
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Nous savons que des irrégularités dans l'expé-
dition de notre journal se produisent habituelle-
ment par le fait de ['administration des Postes.
En consequence, nous prions instamment les per-
sonnes dont le journal serait en retard, de vouioir
nous en informer en adressant la bande k notre
bureau, rue de Dixmude, 59, Ypres. C'est pour
nous Ie seul moyen de faire cesser cet abus.
Tous les abonnés a 1 'Opinion, aussi bien ceux
de la campagne que ceux des villes, doivenl rece-
voir leur journal le DIMANCHE
LeSênatvient d'ajonter un nouveau titre a tous
ceux qui Ie recommandaient déjA A I'estime et au
respect des amis de la liberté. Grèee lui, la con-
trainte par corps, bannie de toutes les législations
de l'Europe civilisée, aura trouvé enfin un abri
tutélaire en Belgique, dans ce pays que la presse
officieuse persiste a représenter comme la terre
classique de la liberté et qui va tomber, si l'opinion
publique ne se réveille, au dernier rang des peuples
maitres d'eux-mèmes.
Nous n'allons pas quereller le Sénat sur son
vote. Un Sénat est un Sénat et qui dit Sénat dit
un pouvoir essentiellement rètrograde et réaction-
naire. II serait aussi absurde de blèmer nos séna-
teurs d'avoir maintenu la contrainte par corps que
de faire un grief au hibou de préférer I'obscurité
de la nuit l'éclat resplendissant du jour. Majs il
est permis de se demander, après les preuves réi-
térées d'insanité politique que le Sénat beige nous
adonnéesdepuis quelque temps, si cette institution,
crééedans un intérêt de conservation, ne nous con
duit pas tout droit la révolution, et la question
vaut la peine qu'on l'exsmine.
Quant nous, si l'idée du progrès par la révo
lution nous comptait parmi ses disciples, nous nous
réjouirions fort du vote du Sénat. Quoi de plus
propre, en effet, surexciter les sentiments popu
lates, que cet esprit de résistance aveugle et obs-
tinée qui éclate dans ce vote Ou l'a dit depuis
longteraps, il n'est de plus artisans des révolutions
que les pouvoirs chargés de les prévenir. Mais
ceux qui, comme nous, ne voient de progrès véri-
table que dans le développement pacifique des
liberlés humaines, ont le droit de s'effrayer d'une
telle attitude et d'aviser aux moyens de conjurer
les dangers qu'elle leur prépare dans un avenir
prochain.
Le bilan politique du Sénat, pour ses dix der-
nières années, sera bientét dressé.
Si Ia révision de la loi de 1842 n'a pas êté pro-
posée, c'est, en grande partie a cause de la résis
tance que cette réforme devait rencontrer daus le
Sénat.
La loi sur les fondations des bourses n'a étê
adoptée par lui qu'a deux voix de itiajorité, et en
core chacun sait-il que cette ii finiment petite ma-
jorité s'est déterminée a voter cette loi par des
raisons complêtement étrangères la politique.
Le Sénat a rejeté l'abolition de l'article 1781
du Code civil.
Le Sénat a rejeté Ie dernier budget du dépar
tement de la Justice.
Enfin, il vient de rejeter Ia suppression de la
contra'inte par corps.
Nous en passons sans doute, et beaucoup mais
cette courte énumération ne suffit-elle pas pour
témoigner de I'esprit qui règne dans cette assem
ble et pour engager tous les bons citoyens a re-
chercher les moyens de se prémunir contre les
périls que son inintelligence crée nos institu
tions? Faudra t-il que, nous aussi, nous atten-
dions le dernier jour et que, ce dernier jour ar
rivé, on nous réponde par ces deux mots fati—
diques Trop tard
X
M. le baron Mazeman de Couthove, sénateur
de l'arrondissement d'Ypres paria grftre de As
sociation libérale, a voté contre l'abolition de la
contrainte par corps. A la Chambre, MM. Van-
denpeereboom, Beke et Yan Merris avaient voté
pour. Je serais curieux de voir comment le Pro
grès s'arrangera pour féliciter ceux ci et celui-la
de leurs votes opposés. Mais les échines souples
ne sont pas embarrassées pour si peu et nous se
rions bien étonné si le compere ne découvrait pas
le moyen de donner raison a M. Mazeman, pour
avoir maintenu la contrainte par corps et a ses
collègues de la Chambre pour en avoir réclamé la
suppression.
X
A moins pourtant que Ie compère ne trouve
infiniraent plus simple decarter cette question
délicate et de continuer a outrance son intéres
sante polémique avec ie Journal d'Ypres sur
l'école de Lamotte qui dure depuis envirou deux
mois et dont personne ne se soucie plus qu'un
singe d'une noix vidée. Et dire que voila un
journal qui s'nppelle lui-même un jouraal libéral
sans que tout le monde lui rie au riez
X
Un correspondant de Bruxelles nous écrit qu'on
attend avee une certaine curiosité le début parle
mentaire de M. Van Merris. Mais les discussions
des différents budgets se succèdent sans que ('ho
norable représentant de Poperinghe juge a propos
d'ouvrir la bouche. Peut.ètre craint-il de rester
en dessous de la réputation qui l'avait devancé
dans Ia capitale. Ceux qui le connaissent dans
l'intimté ne seront pas, nous assure-t-on, étonnés
de cet excès de modestie. Espérons pourtant,
pour i'honneur de Ia ville qu'il représente, que
M. Van Merris ne tardera pas plus longtemps
déployer ses ailes. Quelle crainte pourrait Ie re-
tenir encore, après que M. Beke a obtenu, dans
la discussion du budget des travaux publics, un si
brillont triomphe oratoire? Allons, hardi 1 M. Van
Merris. La fortune a souri assez souvent k vos
témérités poor que vous n'avez pas redouter
qu'elle vous abandonne.
Le mot de Pascal Vérité en-de^a du ruis-
seau et erreur au-delè, est l'axióme politico-
social du xixm° siècle. Tandis qu'échappée d'hier
aux étouffements du joug monacal, l'Italie tire du
précipice de I egalité civile, cette conclusion lo-
gique qu il est I antipode du privilége, et force,
en conséquence, les gens de froc et de soutane,
de porler le mousquet, absolument comme les
autres citoyens, la Belgique, libre, libérale, bar-
bansonnisée, au nom de cette mème égalité civile,
exempte les Van Eecke absorbés par d'autres
exercices de tout service militaire ceci pen
dant que leSaint-Père consacre au Vatican l'union
du sabre et de la tiare
Au nom du despotisme, le Sénat impérial vote
l'abolition de l'article 1781au nom de la liberté,
le sénat libéral Ia maintient.
Le pouvoir fort repousse du pied la contrainte
par corps, l'illustre Burbanson, l'élu de la capitale
et de 1 Association libérale, le représentant des
idees de liberté et de progrès, en réclame le main-
tien.
Au nom de legalilé des cultes et des croyances,
la Belgique est dotée de la loi de 1842 et des
écobs dJadultes sous l'inspection du clergé.
Demain, au nom de la liberté de conscience,
I union 4'andenpeereboom-Barbanson, demaridera
Ie rétablissement de i'inquisition, de la dime et de
la loi du blaSphême. Logique de conciliation
oblige
Les martyrs n'avaient-ils pas raison de mourir
pour le triomphe de l'égalité sur le privilége
Depuis quelque temps 1 'Impartial de Bruges
ne nous parvient plus.
Ypres. i" Mai