récerr.ment encore, avec une énergie digne de tous ros éloges, l'abolition de la contrainte par corps, une question oü, eomme Ie fait trés justement observer notre correspondant de Bruxelles, la dignité et la liberie de la presse sont si profonde- ment engagées. Certes la justice veut qu'on fasse une difference entre le jeune ministre qui s'est mis rèsolument a la tète de ces réformes libérales et ceux de ses collègues qui n'ont pas mème osé en accepter la solidaritê devant les Chambres. Car c'est une chose bonne noter pour ceux qui écriront un jour l'histoire du cabinet issu des événements de 1857, l'abolition de la peine de mort et celle de la contrainte par corps ont rencontré des adver- saires parmi les membres mêmes du gouverne ment. Mais les services que M. Bara a rendus a la cause du libéralisme ne sauraient nous faire oublier qu'en plus d'une occasion, cette cause, telle que nous la comprenons, n'a point été servie par M. le ministre de la Justice comme elle au- rait du i'ètre et qu'il ne s'est associé que trop souvent aux actes par lesquels notre gouverne ment doctrinaire s'est aliéné a tout jamais la con- fiance des libéraux sincères. Sans parler de l'expédition du Mexique, ce crime que M. Bara est parvenu a faire amnistier par un ordre du jour dont le souvenir sera la honte éternelle du Parlement beige, faut-il rap- peler que c'est sous le ministère dont il fesait partie que la réforme électorale a été indigne- ment écartée au moyen d'un expédient dont le gouvernement lui-même n'a pas osé demander la ratification au Sénat N'est-ce pas ce même mi nistère qui, depuis douzc ans, s'occupe refrener les aspirations les plus légitimes de l'opinion pu- blique? Et pour ne parler que de M. Bara, qui ne sait qu'aux dernières élections du mois de juin, c'est de son bureau qu'est sorti l'arrêt qui condamnait l'ostracisme MM. Couvreur et Guil- lery, a qui l'on n'avait pourtant reprocher que quelques rares velléités d'indépendance? Qui ne sait encore que c'est de ce même bureau de M. Bara qu'a surgi la candidature de M. Wat- teeu en opposition avec celle de M. Albert Picard, vers laquelle se portaient toutes les sympathies des libéraux indépendants Si nous rappelons ces faits, ce n'esl point pour le malin plaisir de jeter une note discordante dans le concert de regrets que la nouvelle de la retraite de M. Bara a fait éclater dans la presse libérale, regrets que nous partageons sincèrement, nous l'avons déja dit; mais les services trés réels, trés sèrieux, que le libéralisme doit a M. le ministre de la Justice ne sauraient nous reudre indulgents sur ces griefs légitimes au point de les passer complétement sous silence au moment oü sa re traite appelle, en quelque sorte, la liquidation de sa gestion gouvernementale. Que d'autres lui prodiguent des éloges sans réserves. Conséquents avec nos principes, nous ne verrons jamais dans M. Bara le représentant fidéle des idéés que nous avons a coeur de voir triompher. Est.il, d'ailleurs, bien sur que M. Bara se retue? Nous n'en sommes rien moins que con- vaincus et nou? gagerions gros que, d'ici a peu de jours, il ne sera plus du tout question de sa dé- mission. Pourquoi, en effet, si sa résolution était irrévocable, se serait il retranché dans la réponse évasive qu'il a faite a M. Coomans? Bien certai- nement, la question du représentant de Turnhout n'avait rien d'insolite. Au moment de voter sur Ie budget de la Justice, il était tout naturel qu'il s'informêt si ce budget allait être mis la dispo sition du ministre actuel ou d'un autre. Si M. Bara a refusé de lui répondre, n'en faut il pas ■conclure que lui même n'est décidé a rien et qu'il ne demande pas mieux que de se laisser imposer une douce violence? L'expérieuce nous a appris le cas qu'il faut faire de ces bruits de démission que la presse officieuse jette dans la circulation, le plus souvent dans le but de retaper la popularitê de l'un ou de l'autre ministre plus ou moins compromis. Que de fois ne nous a-t-on pas annoncé, et toujours par la voie des journaux officieuxla démission de M. Alph. Vandenpeereboom? Ce qui n'a pas empêché notre exoellent représentant de garder son portefeuille aussi longtemps qu'il l'a pu... par dévouement pour le pays. Qui nous dit qu'il n'en sera pas de mêroÈ pour M. Bara? La position de M. Bara devant le Sénat devient difficile. M. le ministre comprend qu'une grande manifestation publique lui viendrait puissamment en aide pour triompher des résistances qu'il rencontre dans la Chambre haute. Cette manifestation, il compte peut-être sur le bruit de sa démission pour la faire éclater et les clameurs de la presse libérale prouventque ses conjectures n'auraient pas man- qué de fondement. Nous ne disons pas que cela est mais bien des choses sont possibles après ce que nous avons vu autrefois et le passé ne nous a plus laissé que la foi de saint Thomas. Du scl olie/, an oratear. On sait que, dans un discours récemment lu a la Chambre, M. Pierre Beke, comme jadis Pic de la Mirandole, a parlé de omni re scibili el quibus- dam aliis, en bon francais de tout ce qu'un homme peut savoir et de beaucoup d'autres choses encore. Le Progrès, qui n'était pourtant pas cette fois l'organe de M. Yan Merris, a embouché sa trompette et fait résonner aux oreilles de l'arron- dissement ébahi le formidable.... succès cicéro- nien du nouvel orateur. X Les lauriers de M. Pierre Beke ont empêché, parait-il, M. Van Merris de dormir. II a voulu parler k son tour. C'était son maiden-speech, ce qui veut dire proprement en anglais discours de jeune fille, discours virginal et, par extension, discours de début. Mais laissons l'anglais. Moins long que son collègue M. Beke, paree que, moins prévoyant, il avait oublié ses papiers, M. Yan Merris s'est signalé surtout par le sel attique de ses reparties. Yoici dans quels termes le journal la Chronique rend compte de cette mé- morable séance M. Van Iseghem. Faites a voire aise, M. le mi nistre, j'ai le temps d'atteudre. M. Jamar. Je vous suis infinimenl obligé. Mes sieurs, je me propose de répondre aussi brièvement que possible aux observations présentées par plu- sieurs membres dans les séances précédentes. Je suis heureux de pouvoir annoncer a l'honorable M. Beke que le gouvernement est tout disposé a en- trer dans ses vues sur l'opporlunitè de l'élargisse- ment de l'écluse u° 7 du canal de Blaton a Ath. M. Beke. Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Je n'ai demandé rien de semblable. M. Jamar. Si ce n'est pas vous, ce doit être votre collègue M. Van Merris. M. Van Merris. Moi? Faites excuse, je ne de- mande l'èlargissement de rien du tout. M. Jamar. Je ne crois pas avoir rien dit de déso- bligeaut pour M. Van Merris. Mais si ce n'est pas lui qui m'a demandé l'èlargissement de l'écluse n° 7, je prierai l'orateur qui s'est occupé de eet intéressant objetde vouloir bien se nommer. (Silence.) M. le Président. Veuillez continuer, M. le mi nistre. M. Jamar. Je m'explique mal Ie silence de l'as- semblée. 11 est cependant positif que quelqu'un m'a demandé l'èlargissement de l'écluse n° 7. M. Beke a tort de le nier. M. Beke. Je ne'nie rien du tout. Moi, j'ai traité la question des réservoirs de Zillebeke et de Dicke- busch. M. Jamar. En effet, je me rappelle a présent. Oui, M. Beke a traité cette question, dont je vais m'oc- cuper, mon tour, avec toute la sollicitude qu'elle réclame. X Aucun de ceux qui connaissent M. Van Merris ne sera surpris de ces répliques. M. Van Merris est homme d'esprit et ses bons mots autant que ses bonnes actions l'ont. rendu célèbre a Pope- ringhe et dans les environs. II ne se passé presque pas de jour que sa verve indomptable ne lêche quelque saillie. Dernièrement encore c'était le cas, cas que nous voulons reproduire ici. M. Van Merris faisait la collecte dans une église en qualité de membre du bureau de bien- faisance ou de marguillier, nous ne savons, et le résultat ne répondait pas l'ardeur de son zèle. Piqué de voir ses amis eux-mêmes résister ses sollicitations charitables, il apostropha l'un d'eux et, de son sourire le plus gracieux, de sa voix la plus caline, lui fit ce reproche aussi spirituel dans la forme que sévère au fond Monsieur, dit-il, je ne suis pas un quêteur ordinaire. L'ami aurait dü s'en souvenir plus lót. Nous ignorons cependant si la le§on lui a profité. Nous avons eu cette semaine quelques confé rences remarquables sur la physique et la chimie, données par un savant anglais. A ce sujet voici un détail bien amusant A Gand le professeur s'était entendu avec les directions de l'Athénée et du Collége des Jésuites pour donner des conférences dans ces deux établissements. II commen^a par S. Barbe. Mais l'Athénée apprenant qu'il avait été chez les Jésuites, lui retira aussitót l'autorisa- tion d'enseigner chez elle. La mème chose se re- produisit, mais en sens inverse, quelques jours après, a Ypres. Le conférencier, bien accueilli au Collége communal, se vit refuser l'entrée chez les épiscopaux. Dröle de pays, nous disait-il narquoi- sement en racontant ces détails. En effet, ces sottises doivent donner aux étrangers une singu- lière idéé de la Belgique. Voilé done un nouveau point de similitude entre cléricaux et doctrinaires et qui, selon ('ex pression de M. Frère, leur permet de marcher une fois de plus la main dans la main le rijii- üepuis quelque temps Impartial de Bruges ne nous parvient plus. Nos ministres doctrinaires, transformés en sbires de Napoléon III, viennent de faire une nouvelle équipée. Voici ce qu'en dit un journal de Bruxelles brcxeli.es cosaque. Nous avons déja parlé a nos lccleurs d'un pamphlet hebdomadaire qui parait depuis un mois a Bruxelles la Revolution. Ce pamphlet, dirigécontre legouvernement fran cais et la dynastieimpériale, était rédigé par un ancien officier de la marine francaise, M. Charles Bachelery, appartenant a i'école républicaine la plus radicale. d Le numéro 4 de la Revolution a paru dimanche il est de forme très-vive comme les trois premiers les dix premières pages sontconsacrées a raconter que le prince impérial de France serait le fils non de l'impératrice, mais d'une fille nommé Marguerite Bel langer. Hier, mardi, a sept heures du matin, la police est tombée chez M. Bachelery, demeuraut rue Notre- Dame-aux-Neiges il a été arrêté et transporté aux Petits-Carmes. d En même temps, la police s'abattait chez tous les libraires qui avaient en dépot des exemplaires de la Revolution elle y a saisi, non pas un numéro comme CCLE.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2