pour lui dormer la mesure de sa force. Aussi es-
pérons-nous qu'il saura en tirer profit a l'avenir.
Toutes les fois qu'il accordera son patronage a des
hommes appartenant aux classes bourgeoises, dé-
cidés a résister aux empiétements d'un ramassis
d'arrogants, i! aura l'opinion publique avec lui et
pourra s'attendre a de nouveaux triomphes.
C'est Ie passé de M. Rabau qui fait la popula-
rité de sa candidature. C'est paree qu'on sait qu'il
a toujours été ferme et indépendant et qu'on
se persuade volontlers que ni les honneurs ni les
cajoleries ne réussiront a entamer cette fermeté
et cette indépendance que sa candidature regoit
un accueil si sympathique. C'est aussi Ie motif qui
nous la fait adopter.
M. Louis Rabau non paree que mais quoi que
candidat de l'Association
M. Louis Rabau représentant du commerce et
de l'industrie
M. Louis Rabau libéral ferme mais indépendant
de la, coterie
L'n hiéroglyphe.
Parmi les recommandations du Progrès en
faveur de la candidature de M. Louis Rabau,
nous lisons celle-ci Dévoué aux principes du
libéralisme sage et progressif.
Ce n'est pas l'heure d'examiner ce que peuvent
signifier dans les colonnes du Progrès ces expres
sions hiéroglyphiques.
Une seule chose mérite d'ètre bien remarquée.
La voici
M. Rabau est dévoué aux principes du libéra
lisme sage et progressifIe Progrès le déclare et
lui en fait un mérite. Cependant il ne s'est pas
fait faute de combattre plus d'une fois, comme
nous l'avons fait nous-mèmes, les prétentions ou-
trées des patrons du Progrès.
On peut done apparlenir, de par l'aveu du
Progrès lui-mème, au libéralisme sage et pro
gressif et combattre en mème temps les menées
égoïstes de notre coterie. Dès lors que signifient,
en présence des éloges mérités décernés M. Ra
bau, les épithètes malsonnarites que le Progrès
nous a tant de fois lancées. Ou ces épithètes ont
toujours manquè de sens ou les éloges d'aujour-
d'bui ne sont eux-mêmes qu'une scène nouvelle
de l'invariable et éternelle comédie qui se joue
dans les bureaux de la rue au Reurre.
II serait intéressant d'apprendre de la bouche
mème du Progrès auquel des deux dilemmes nous
devons nous arrêter. Mais apparemment que la
réponse ne laisse pas que d'embarrasser un peu
le compère. Aussi gagerions-nous qu'il jugera
beaucoup plus prudent de se taire.
IL'election provinciale a Popcringlic.
II est done vrai. Les prévisions se réalisent,
les craintes de notre correspondant se justifient,
la ville de Poperinghe choisira demain pour son
conseiller provincial, en remplacement de M. Van
Merris, M. Charles Devos, l'un des chefs les plus
actifs et les plus influents du parti clérical, sans
que les libóraux essaient nsème de s'opposer a ce
choix.
A quelle cause faut-il attribuer cette fècheuse
détermination Est-ce crainte d'une défaite ou
manque d'un candidat inspirant suöisamment cori-
fiance tous les libéraux?
Nous n'affirmons rien. Maisil semblera étranee
a tout le monde comme a nous que la ville de
Poperinghe se trouve dans cette situation un an
après tout le bruit fait autour de M. Van Mer
ris.
M. Van Merris la Chambre, disait ori alors,
c'était le libéralisme a jamais vainqueur Pope
ringhe et quelqu'un même a Ypres ajoutait avec
force adjectifs que ne désavouerait pas le paysan
du Danube Maintenant que nous avons Van
Merris avec nous, nous ferons de Poperinghe ce
que nous voudrons. Ce beau parleur ne s'at-
tendait pas a une déconfiture si prompte.
Et quand nous disions l'an passé qu'en impo
sant M. Van Merris a l'arrondisseraent au prix
des plus douloureux sacrifices, on froissait le3 sen
timents les plus délicats de beaucoup de libéraux,
sans pour cela gagner Poperinghe au libéralisme!
Les chiffres de Juin ont prouvé immèdiatement
cette première vérité la seconde est dèmontrée
aujourd'hui.
Non, l'élection de M. Van Merris n'a jamaii
été un triomphe pour aucun principe, mais un
succès personnel. C'est pour le millionnaire, non
pour l'homme politique qu'on a voté et si l'on
avait placé sur ce siége une liasse de billets de
banque au lieu de eet hotnme, la difference eüt
été nulle.
Possible que grèce au prestige de Targent,
grèce aux promesses et 1'appAt des vins de Cham
pagne que feront encore pétiller aux yeux des
campagnards, l'insu du candidat, nous ai-
mons a le croire, des courtiers plus zélés
qu'adroils, M. Van Merris réussisse a étouffer une
seconde fois les scrupules de ceux qui n'apprécient
pas l'importance de leur votemais il n'aura
jamais l'autorité, jamais il n'fospirera la confiance
nécessaire pour devenir le chef du parti libéral
Poperinghe.
Cela est si vrai qu'il lui a sufifi de mettre en
avant un nom pour lui succéder au Conseil pro
vincial pour qu'aussitót ce nom devint impossible
même parmi ses amis politiques.
lis ont done commis une lourde farite ceux qui,
au mois de juiriont imposé M. Van Merris pour
représentant S l'arrondisseraent d'Ypres, puisque
pour assurer un succès fort contestable, pour ob-
tenir une majorité de 3 voix, il a fallu froisser un
grand nombre de consciences honnêtes qui ont
préféré se sêparer de leur parti que d'être frappêes
dans leur self-respecl.
Les votes libéraux notablement diminués
Ypres, le cléricalisme maitre a Poperinghe comme
avant, et, pour compensation, l'honneur fort peu
enviable d'être représenté Bruxeiles par M. Jules
Van Merris, voila ce qu'a rapporté a notre arron
dissement l'énorme sacrifice de Juin. Mais périsse
le parti libéral plutót que certaines volontés in-
traitables, c'est la maxime de queiques hommes
orgueilleux se croyant indiscutables et infaillibles.
Cette maxime porte ses fruits.
lies réformateurs.
Rien de moral comme la polémique des organes
officiels le maitre préconise une réforme, ils la
soutiennent avec toute la chaleur de convictions
inébranlables; les fidèles du maitre se cabrent et
repoussent... aussitót, avec une désinvolture de
clown, la même plume qui a dépensé des flots
d'encre pour justifier la suppression de la con-
trainte par corps, élève jusqu'au soleil, le talent,
le libéralisme, Ie dévouement sans limites des
contempteurs de tout progrès social. Mon
Dieu, oui, c'est ainsi Messieurs les ministres
aiment la réforme d'amour platonique et con-
damnent a l'ostracisme les réformateurs ils sont,
en matière sociale, de Ia force de l'abbé Dehaerne
en industrie pour démontrer la supériorité de la
filature mécanique sur le travail a la main, il
convoquait un congrès de.... fabricants de rouels!
Cette attitude digne et véritablement libérale
de \'Echo du Parlement vis a-vis des Barbanson
du Sénat, met une fois de plus en relief Ie Credo
du doctrinarisme
Sus a la soutane.
Haro sur la réforme.
La borne terne au lieu de la borne noire.
La réaction habillée d'un adjectif-libéral.
Le non possumus Frère-Pirmez a la place
du non possumus romain.
L'horizon du progrès borné par la trilogie
Vandenpeereboom- Watteeu Barbanson
Etrange et volontaire erreurLe but, la fin
dernière du libéralisme est-il uniquement de
guerroyer contre le cléricalisme et de planter une
tente immobile sur ses ruines? A quoi bon se
consumer en efforts pour détruire l'obstacle, ar-
racher la mauvaise herbe, si le champ doit rester
inculte? A quoi sert la locomotive immobile sur
les rails? La belle équipée d'arracher l'humanité
au péril de Charybde pour la plonger dans les
abimes Scylla!
Quand Ie cléricalisme prêehe et vote la réac
tion, il obéit sa nature la domination univer-
selle est le résultat fata! et logique de sa doctrine
mais qu'au nom de la liberté, sous le masque du
libéralisme et du progrès, les soi disant manda-
taires du libre examen tendent, plus ou moins
franchement, un résultat identique, n'est-ce pas
une monstrueuse aberration? Et les associations
libérales qui prennent sous leur égide ces apótres
de contrebande, méritent-elles le nom qu'elles
portent? Et le moment n'est-il pas venu de dé-
chirer, une bonne fois, le voile qui les couvre? Le
radicalisme n'a t-il pas le devoir de se masser, de
compter ses adeptes, de batlre la générale et de
se mettre résolument a la tête du mouvement?
Est ce assez de duperie, assez de comédie, assez
d'hypocrisie, assez d'exploitation
Encore un peu, et vous verrez i'archevêque de
Muliues occuper la direction des cultes dans le
ministère Frère-Orban ia conciliation, basée sur
Ia réaction, n'exige-t elle pas que, publiquement,
officiellement, la loge fraternise avec l'Eglise??
Que serait-ce autre chose, sinon la consécra-
tion de Sexploitation Malou-Vandenpeereboom?
Le libéralisme souffrira-t-il plus longtemps
cette négation de son principe, ou bien, se déci-
dera-t-il combattre le grand combat? S'il ne le
fait pas, il est irrévocablement perdu et déshonoré.
Correspondauce particuliere de I'OPIS'IOS.
Bruxeiles, 21 Mai.
L'événemenl du jour est le retraitde la démission
de M. Bara et la résolution prise par le ministère tout
entier de soutenir a la Chambre le principe de ['aboli
tion pure et simple de la conlrainte par corps, prin
cipe auquel, comme on sait, le Minislre de l'Intérieur
avait refusé jusqu'a présent de se rallier.
Quant a la Chambre, il n'est pas douleux qu'elle
maintiendra son premier vote. Je crois même vous
prédire que plusieurs membres de la majorité, qui
s'étaient prononcés, lors de la discussion, en faveur
des amendements de M. Watteeu, s'abstiendront, cette
fois, de prendre part au vote. Mais le Sénat, que fera-
t-il 1 Quelques-uns espèrent qu'il cédera. Je n'en crois
rien. Le Sénat a vudéja de trèsmauvais oeil qu'on lui
représentat, une seconde fois, le budget de la justice
qu'il avait repoussé a queiques jours de la, et ceux
que leur position met a même de connaitre les petits
secrets des coulisses parlementaires savent trés bien
qu'il s'en fallut alors de trés peu que ce budget ne fut
rejeté, tant était vive l'irritation de plusieurs mem
bres de la majorité du Sénat.
Mais alors, du moins, le premier vote n'avait été
qu'une surprise. La majorité véritable ne s'élait pas
prononcée et le ministère ne lui fesait aucune violence
en en appelant a elle d'un jugement en son absence.
II n'en sera plus de même pour la conlrainte par
corps. Cette fois, c'est bien la majorité vraie qui a
rejeté le projet du gouvernement et qui l'on va de-
mander de se déjuger a queiques jours d'intervalle.