JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche Septième année. N° 23. 6 Juin 1869
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
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Nous savons que des irrégularités dans l'expê-
dition de notre journal se produisent habituelle-
ment par le fait de l'administration des Postes.
En conséquence, nous prions instamment les per-
sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir
nous en informer en adressant la bande notre
bureau, rue de Dixmude, 59, ct Ypres. C'est pour
nous le seul moyen de faire cesser cet abus.
Tous les abonnés a 1'Opinion, aussi bien ceux
de la campagne que ceux des villes, doivent rece-
voir leur journal le DIMANCHE.
Xprcs, s Juin «sko.
La session législative est sur le point de Gnir.
Nos honorables, épuisés de travail, aspirent im-
patiemment après un repos réparateur. Que leurs
désirs s'accomplissentce n'est pas nous qui nous
en plaindrons, car pour la besogne qu'ils font
Bruxelles, tout autant qu'ils restent chez eux.
lis étaient bien naïfs, ces hommes du Congrès
qui crurent nécessaire de stipuler, dans la Consti
tution, que les sessions dureraient au moins qua-
rante jours. Quarante jours mais c'est k peine
le temps suffisant aujourd'hui pour voter un bud
get! Commencée le 13 janvier, la discussion du
dernier budget de l'Intérieur ne s'est terminée
que le 26 du mois suivant et n'a pas occupê moins
d'une vingtaine de séances.
Le plus curieux, c'est que cette interminable
discussion est restée absolument sans résultat. On
a longuement parlé du grec et du latin, de la loi
de 1842, du travail des enfants dans les manu
factures et de bien d'autres choses encoremais
pas ube seule proposition n'a été formulée, et
apres que MM. les orateurs ont eu défilé tour
tour k la tribune, 1 on s'est mis a voter le budget,
article par article, sans le moindre changement.
La discussion sur 'a loi de 1842, Ie dada ordi
naire, a pris elle seule toute une semaine l'an-
née dernière, elle n'avait pas été moins longue.
Elle reviendra encore 1 annee prochaine et tenez
d avance pour certain qn'elle défraiera encore un
grand nombre de séances. Qu;nt espérer que
ces beaux tournois annuels aboutissent une ré-
vision sérieuse de la loi, il n'y faut pas penser.
Ceux-lè mêmes qui attaquent la loi avec le plus
d acharnement mourraient de peur si le gouver
nement fesait mine de se rendre a leurs sollicita -
tions.
Au fond, le ministère ne voit pas de trop mau-
vais ceil que quelques-uns de ses amis entre-
prennent, de temps 5 autre, une campagne contre
la loi de 1842. Cette loi fournit l'occasion de
raviver les querelles clérico-libérales si nécessaires
sa conservation, et de faire étalage de sa modé-
ration vis-è-vis de la droite, que l'idée de la révi-
sion épouvante. C'est done tout bênéfice, car il
faut compter pour rien le désagrément de s'en-
tendre rappeler son manque de foi envers ses amis
et ses complaisances pour ses adversaires. Ces
reproches, le ministère les a encourus si souvent
qu'ils ne doivent plus l'émouvoir beaucoup.
Néanmoins, on compte encore la Chambre
trois ou quatre représentants qui prennent au
sérieux les déclarations du gouvernement et qui
s'imaginent bonnement que M. Frère - Orban
s'empressera de demander la réforme de la loi de
1842 dès que le pays lui aura envoyé une majorité
disposée a le seconder. Le paysComrae si l'on
ne savait pas que le pays est dans les mains de
quelques coteries la dévotion absolue du gou
vernement, qui dispose ainsi du corps électoral au
gré de ses intéréts personnels. Aussi le gouverne
ment, qui ne veut pas plus de la loi de 1842 que
les catholiques eux-mêmes, prend-il grand soin
d'écarter la candidature de tous les hommes qu'il
en sait résolument partisans. Cela s'est vu plus
d'une fois déjècela se verra longtemps encore,
a moins que le corps électoral ne secoue le joug
que les coteries font peser sur lui et qu'il n'entre-
prenne de juger par lui-même en ce que com-
mandent les vrais intéréts du pays. Mais ce
jour-la, la doctrine aura vécu.
Ilea maxima culpa.
Le Parlement beige n'est plus qu'une vaste
capucinière une grippe de dévotion étreint la
gauchecommela droite; tous les loups mécréants,
k l'oeil injecté, lèchent k Penvi la main qui
tient la verge et le goupillon des cantiques d'ac-
tions de gréce ébranlent les voütes de la Chambre
c'est la souris qui vote des subsides Bertrand
Voici, par exemple, l'un des fondateurs de l'Uni-
versité libre de Bruxelles, M. Henri deBrouckere,
ivre de conversion, dressé sur ses ergots llexibles,
prouvant par son éclatant exemple, cette vérité,
consacrée par une longue pratique, que le
diable, quand il se fait vieux, devient ermite.
11 est vrai que, sans cesse lacérée par ceux qui
l'ont vue naitre, la Constitution flotte en lam-
beaux entre des camps si bien faits pour se com-
prendre encore un peu, et le noble drapeau ne
sera plus qu'une loque informe
Ce que veut, en somme, le double doctrina-
risme, qui se dispute le terrain, c'est le retour au
moyen-ège, la réhabilitation du privilége, l'épa-
nouissement de l'esprit de caste la domination
en commun.
M. Defré essaie bien une timide révolte, une
digue contre le flot réactionnaire, mais tant la
pratique du doctrinarisme donne le vertige
il n'a pas le courage de la logique ii s'arrète
mi-chemin.
M. Orts, le grand-prêtre compose et
biaise M. Pirmez cane, la gauche barbotte, et,
devant le lièvre si imprudemment levé par lui-
même, M. Coomans fuit épouvanté. Et, en effet,
c'est une audacieuse témérité qui a montè au cer-
veau du député de Turnhout a propos des tristes
discussions soulevées par les lois sur la milice, il
ose réclamer l'application du principe constitution-
nel Tous les Beiges sont égaux devant la loi, les
priviléges sont abolis, et il conclut au retrait des
inégalités choquantes, créées au profit du sacer-
doce majeur et mineur mais, aussitót éclate le
concert d'indignation clérico-libéral contre le ci-
toyen d'un pays libre assez audacieux pour parler
liberté. Quoi! le clergé, gorgé de traitements, de
faveurs, de richesses et d'honneurs, serait mis sur
la même ligne que le plébéien soutien d'une mère
infirme Quoisans respect pour les immunités
cléricales, la loi proclamerait l'égalité devant le
mousquet?... Sans le clergé privilégié, plus de
recrues pour organiser les illuminations a la Saint-
Génois, plus d'insulteurs publics, plus de rédac
teurs sacrés pour remplir les pieuses colonnes du
t' Jaer 30 et autresPatne, plus de cours d'assises
émaillées des hauts et bas faits des petits-frères,
plus de mandements qui lancent l'excommunica-
tion majeure contre le libéralisme en masse, plus
d'héritiers dépouillés, plus de clubs noirs, plus
d'anathèmes contre Ia liberté... plus de compro
mis, surtout, plus de raison d'être pour les Yan-
denpeereboom..
Le clergé a sa place marquée dans les évolu-
tions doctrinaires il est le comparse indispensable
dans les charges a fond de train contre les avan
cés.... Or, toute peine vaut salaire le salaire
libéral, la paie doctrinaire, c'est le privilége
Le róle que joue en ce moment le doctrina
risme a propos des lois sur la milice, était naturel-
lement indiqué et nous ne comprenons pas, en
vérité, que l'on puisse s'cn étonner ua seul in
stant.