JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Septième année. N° 23. 6 Juin 1869 Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. PRIX D'ABOIIEIHEMT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 80 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Un Numéro 28 Centimes PRIX DES ASlWOSCES ET DES RECLAMES 10 Centiir a petite lig ie. Corps du Journal, 30 cenl mes Laissez dire, laissez-vous biamer, mais publiez voire pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de üixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. AVIS IMPORTANT. Nous savons que des irrégularités dans l'expê- dition de notre journal se produisent habituelle- ment par le fait de l'administration des Postes. En conséquence, nous prions instamment les per- sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir nous en informer en adressant la bande notre bureau, rue de Dixmude, 59, ct Ypres. C'est pour nous le seul moyen de faire cesser cet abus. Tous les abonnés a 1'Opinion, aussi bien ceux de la campagne que ceux des villes, doivent rece- voir leur journal le DIMANCHE. Xprcs, s Juin «sko. La session législative est sur le point de Gnir. Nos honorables, épuisés de travail, aspirent im- patiemment après un repos réparateur. Que leurs désirs s'accomplissentce n'est pas nous qui nous en plaindrons, car pour la besogne qu'ils font Bruxelles, tout autant qu'ils restent chez eux. lis étaient bien naïfs, ces hommes du Congrès qui crurent nécessaire de stipuler, dans la Consti tution, que les sessions dureraient au moins qua- rante jours. Quarante jours mais c'est k peine le temps suffisant aujourd'hui pour voter un bud get! Commencée le 13 janvier, la discussion du dernier budget de l'Intérieur ne s'est terminée que le 26 du mois suivant et n'a pas occupê moins d'une vingtaine de séances. Le plus curieux, c'est que cette interminable discussion est restée absolument sans résultat. On a longuement parlé du grec et du latin, de la loi de 1842, du travail des enfants dans les manu factures et de bien d'autres choses encoremais pas ube seule proposition n'a été formulée, et apres que MM. les orateurs ont eu défilé tour tour k la tribune, 1 on s'est mis a voter le budget, article par article, sans le moindre changement. La discussion sur 'a loi de 1842, Ie dada ordi naire, a pris elle seule toute une semaine l'an- née dernière, elle n'avait pas été moins longue. Elle reviendra encore 1 annee prochaine et tenez d avance pour certain qn'elle défraiera encore un grand nombre de séances. Qu;nt espérer que ces beaux tournois annuels aboutissent une ré- vision sérieuse de la loi, il n'y faut pas penser. Ceux-lè mêmes qui attaquent la loi avec le plus d acharnement mourraient de peur si le gouver nement fesait mine de se rendre a leurs sollicita - tions. Au fond, le ministère ne voit pas de trop mau- vais ceil que quelques-uns de ses amis entre- prennent, de temps 5 autre, une campagne contre la loi de 1842. Cette loi fournit l'occasion de raviver les querelles clérico-libérales si nécessaires sa conservation, et de faire étalage de sa modé- ration vis-è-vis de la droite, que l'idée de la révi- sion épouvante. C'est done tout bênéfice, car il faut compter pour rien le désagrément de s'en- tendre rappeler son manque de foi envers ses amis et ses complaisances pour ses adversaires. Ces reproches, le ministère les a encourus si souvent qu'ils ne doivent plus l'émouvoir beaucoup. Néanmoins, on compte encore la Chambre trois ou quatre représentants qui prennent au sérieux les déclarations du gouvernement et qui s'imaginent bonnement que M. Frère - Orban s'empressera de demander la réforme de la loi de 1842 dès que le pays lui aura envoyé une majorité disposée a le seconder. Le paysComrae si l'on ne savait pas que le pays est dans les mains de quelques coteries la dévotion absolue du gou vernement, qui dispose ainsi du corps électoral au gré de ses intéréts personnels. Aussi le gouverne ment, qui ne veut pas plus de la loi de 1842 que les catholiques eux-mêmes, prend-il grand soin d'écarter la candidature de tous les hommes qu'il en sait résolument partisans. Cela s'est vu plus d'une fois déjècela se verra longtemps encore, a moins que le corps électoral ne secoue le joug que les coteries font peser sur lui et qu'il n'entre- prenne de juger par lui-même en ce que com- mandent les vrais intéréts du pays. Mais ce jour-la, la doctrine aura vécu. Ilea maxima culpa. Le Parlement beige n'est plus qu'une vaste capucinière une grippe de dévotion étreint la gauchecommela droite; tous les loups mécréants, k l'oeil injecté, lèchent k Penvi la main qui tient la verge et le goupillon des cantiques d'ac- tions de gréce ébranlent les voütes de la Chambre c'est la souris qui vote des subsides Bertrand Voici, par exemple, l'un des fondateurs de l'Uni- versité libre de Bruxelles, M. Henri deBrouckere, ivre de conversion, dressé sur ses ergots llexibles, prouvant par son éclatant exemple, cette vérité, consacrée par une longue pratique, que le diable, quand il se fait vieux, devient ermite. 11 est vrai que, sans cesse lacérée par ceux qui l'ont vue naitre, la Constitution flotte en lam- beaux entre des camps si bien faits pour se com- prendre encore un peu, et le noble drapeau ne sera plus qu'une loque informe Ce que veut, en somme, le double doctrina- risme, qui se dispute le terrain, c'est le retour au moyen-ège, la réhabilitation du privilége, l'épa- nouissement de l'esprit de caste la domination en commun. M. Defré essaie bien une timide révolte, une digue contre le flot réactionnaire, mais tant la pratique du doctrinarisme donne le vertige il n'a pas le courage de la logique ii s'arrète mi-chemin. M. Orts, le grand-prêtre compose et biaise M. Pirmez cane, la gauche barbotte, et, devant le lièvre si imprudemment levé par lui- même, M. Coomans fuit épouvanté. Et, en effet, c'est une audacieuse témérité qui a montè au cer- veau du député de Turnhout a propos des tristes discussions soulevées par les lois sur la milice, il ose réclamer l'application du principe constitution- nel Tous les Beiges sont égaux devant la loi, les priviléges sont abolis, et il conclut au retrait des inégalités choquantes, créées au profit du sacer- doce majeur et mineur mais, aussitót éclate le concert d'indignation clérico-libéral contre le ci- toyen d'un pays libre assez audacieux pour parler liberté. Quoi! le clergé, gorgé de traitements, de faveurs, de richesses et d'honneurs, serait mis sur la même ligne que le plébéien soutien d'une mère infirme Quoisans respect pour les immunités cléricales, la loi proclamerait l'égalité devant le mousquet?... Sans le clergé privilégié, plus de recrues pour organiser les illuminations a la Saint- Génois, plus d'insulteurs publics, plus de rédac teurs sacrés pour remplir les pieuses colonnes du t' Jaer 30 et autresPatne, plus de cours d'assises émaillées des hauts et bas faits des petits-frères, plus de mandements qui lancent l'excommunica- tion majeure contre le libéralisme en masse, plus d'héritiers dépouillés, plus de clubs noirs, plus d'anathèmes contre Ia liberté... plus de compro mis, surtout, plus de raison d'être pour les Yan- denpeereboom.. Le clergé a sa place marquée dans les évolu- tions doctrinaires il est le comparse indispensable dans les charges a fond de train contre les avan cés.... Or, toute peine vaut salaire le salaire libéral, la paie doctrinaire, c'est le privilége Le róle que joue en ce moment le doctrina risme a propos des lois sur la milice, était naturel- lement indiqué et nous ne comprenons pas, en vérité, que l'on puisse s'cn étonner ua seul in stant.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1