JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
VPRES, Diinaoche
Septièine année. N° 28.
11 Juillet 1869.
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La dignitê ministérielle.
Le ministère ne se retirera pas.
Le Sénat ne sera pas dissous.
Soit, au fond, cela nous est fort égal que le
ministère reste ou se retire et quant au Sénat,
pour le cas que nous fesons de ('institution elle-
même, il nous est bien indifférent qu'il soit com-
posé de telle fagon plulêt que de telle autre, étant
d'avis que la meilleure ne vaut rien du tout.
Que le ministère reste done, puisqu'il serait si
malheureux de devoir s'en aller. Mais ne permet-
tons pas que Ton nous traite comme des niais et
ne laissons pas dire devant nous, ni par le Jour
nal de Liége ni par Ie Progrès, que l'échec subi
par nos ministres n'ayant aucun caractère poli
tique, il n'y a pas de raison constitutionnelle pour
qu'ils donnent leur demission.
Mais, messieurs, y avez-vous bien réfléchi? Si
le vote par lequel le Sénat a repoussé, a trois
reprises différentes, la réforme proposée par le
gouvernement ne constitue pas, pour celui-ci, un
échec politique, quel reproche avez vous faire
M. Barbanson et aux autres membres de la gauche
du Sénat qui l'ont repoussée avec lui? Vous
n'aliez pas, pensons-nous, messieurs, jusqu'a exi-
ger des représentants de la gauche qu'ils votent
constamment avec le ministère, rnème sur des
questions non poliliques? Si done la réforme
proposée par le gouvernement était, d'après vous,
une de ces questions sur lesquelles libéraux et
catholiques pouvaient se diviser, MM. Barbanson
et ses amis n'ont fait, en la rejetant, qu'user
d'un droit incontestable, et vous ètes on ne peut
plus mal venus a les blèmer.
Contester le caractère essentiellement poli
tique du débat qu'a fait naitre au Sénat la ques
tion de ['abolition de la contrainte par corps, ce
serait nier la clarté du jour. Le Journal de Liége,
reproduit par le Progrèsse sent lui-même êcrasé
par cette irréfragable évidence en constatant que
le ministère a du son échec a une manueuvre de
Ia droite, manoeuvre a laquelle un certain nombre
de membres de la gauche se sont sciemment et
volontairement associés. Nous ne lui en deman-
dons pas davantage, car c'est précisément ce fait
qui donne au vote du Sénat une portée politique,
et le ministère ne s'y est pas trompé plus que
personne. En fesant cause commune avec le parti
clérical qui poursuivait ouvertement le renverse-
ment du cabinet, les dissidents de la gauche ont
refusé celui-ci le vote de confiance qu'il sollici-
tait et accepté devant le pays la responsabilité de
la situation que ce refus semblait devoir créer. En
fait, cela n'est pas niable, ils ont voté contre le
gouvernement.
Le gouvernement accepte le camouflet.
M. Bara, qui avait fait mine de se retirer après le
premier vote du Sénat, consent a garder son
portefeuille après que, par deux fois, le Sénat a
ratifié ce premier vote. Encore une fois, cela nous
est fort égal. Mais que Ton ne vienne plus doré-
navant nous parler de la dignité des hommes qui
nous gouvernent. Ce serait, en vérité, par trop
bouffon.
91. Vandenpeereboom et la réforme postale.
Le Progrès de dimanche dernier contenait
quelques lignes en faveur de la réforme postale,
réclamée depuis tant d'années et toujours vaine-
ment par la plupart des Chambres de commerce
du pays.
II y a des cordes auxquelles le compère a tort
de toucher. Onn'a pas oublié a Ypres queM. Alph.
Vandenpeereboom fut autrefois un des plus ardents
promoteurs de cette réforme, Chaque année,bien
entendu aussi longtemps qu'il n'eut parler que
comme simple représentant, c'était une campagne
nouvelle en faveur de l'abaissement et de l'unifor-
mitê de Ia taxe des lettres. M. Frère-Orban, hos
tile a cette réforme, n'avait pas dans la Chambre
d'adversaire plus ordent et plus redoutable.
Un beau jour, M. Alphonse Vandenpeereboom
est appelé a faire partie du gouvernement. Certes,
il était bien permis d'espérer que le nouveau mi-
nistre allait mettrea profit sa position pourvaincre
la résistance de son collègue des finances et faire
triompber les idéés qu'il avait défendues avec une
si louable persistance.
Eh bien, non Pendant six années consécu-
tives, M. A. Vandenpeereboom participe en qua-
lité de ministre de l'Intérieor, la direction des
affaires du pays, et pendant ces six années, il n'est
plus une seule fois question de la réforme postale.
Du jour oü son ambition personnelle se trouve
satisfaile, tout est pour le mieux. C'est en vain que
des milliers de pétitions s'entassent sur le bureau de
la Chambre, c'est en vain que la presse joint ses
réclamations persistantes a celles des Chambres de
commerce pour demander l'uniformité de la taxe.
Non-seulement M. le ministre de l'Intérieur reste
muet sur son banc, mais il ne fait rien, absolu-
meut rien pour engager sescollègues entrer dans
ses vues, et quand, après six années, il quitte le
pouvoir, il laisse cette réforme, laquelle il sem
blait naguère si dévoué, plus chanceuse, plus com
promise que jamais.
Le compère du Progrès commet une grave im
prudence en évoquant ces souvenirs, s'il veut nous
en croire, il ne pariera jamais de la réforme postale
et des vceux stéréotypés des Chambres de
commerce.
En scandale a I'Ildtel-de-Wille.
Samedi, 3 juillet, Ia séance du conseil com
munal, d'ordinaire si paisible, a été profondément
troublée par un grave accident qui a produit par-
tout Ia plus pênible impression. On discutait l'op-
portunité de travaux assez considérables a exécu-
ter aux locaux de l'Académie des Beaux-Arts et
le conseil, lesconsidérant comme travaux de luxe,
semblait peu disposé les autoriser en présence
du déficit constaté dans le budget de l'Académie
et de Ia grande pénurie d'argent dans la caisse
commuuale, lorsque tont coup M. Gustave de
Stuers qui, depuis quelque temps déjè, souffrait
impatiemment les observations des conseillers,
prenant la parole non comme échevin, mais en
qualité de directeur de l'Académie, fit une sortie
des plus inconvenantes contre le conseil et même
contre le collége échevinal dont il est membre, ne
prétendant rien moins qu'imposer sa volonté a
tous et cela sur un ton et avec des expressions que
n'emploie probablement pas l'autocrate de toutes
les Russies parlant ses serfs.
La chose alia si loin qu'un collègue de M. de
Stuers se trouva dans la dure nécessitê de faire
observer que le conseil donnait desordres au di
recteur de l'Académie, mais n'en recevait pas de
lui, ajoutant que si M. de Stuers comprenait mieux
ses devoirs d'échevin, il tiendrait un tout autre
langage.
Après ces paroles sévères, maisjustes, le con
seil émit a l'unanimité un vote hostile a M. de
Stuers, vote que l'indignation peu contenue de
l'assemblée peut faire considérer juste titre
comme un vote de blème.
C'est ainsi que l'intéressé lui même l'interpréta,
car, a la suite de cette scène, il a donné sa démis-
sion d'échevin et de directeur de l'Académie.
Cette résolution a fait cette semaine l'objet de
toutes les conversations. Les uns la considéraient
comme sérieuse et définitive, les autres préten-
daient que ga se racommoderait, et qu'il n'y
aurait qu'un acte de plus a ajouter a la comédie
que Ia coterie joue depuis si longtemps dans nos
murs. Nous ne pouvons nous prononcer a ce sujet,
n'étant point dans le secret des dieux. Mais que
M. de Stuers maintienne sa double démission ou
qu'il reste échevin,directeur de l'Académie, même