JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimancbe Septième année. N° 30, 25 Juillet 1869. PKIX »'AB011E!HG1T POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PRIX RES AilIOSCEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. i Corps du Journal, 30 centimes-. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous burner, mais publier voire pensêe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. Plus de dupes Le parti doctrinaire vient d'éprouver une nou velle défaite dans la province de Liége, cet an tique boulevard de la doctrine. A Herve, M. De- maret, le candidat de la coalition, a été élu conseiller provincial en opposition avec M. Decol- lombe, que recommandaient a la fois le patronage de l'Association libérale et les influences admi- nistratives qui en sont partout le corollaire obligé. Tout compte fait, c'est, pensons-nous, le cin- quième échec que le doctrinarisme liégeois aura eu h consigner dar.s ses annales électorales depuis deux ans. L'Étoile beige s'émeut de cette situa tion qu'elle envisage, non sans raison, comme un symptóme de la désorganisation compléte et prochaine du parti libéral D'oü vient, dit-elle, que la popularitè se détache des libéraux Quels sont les besoins auxquels ori les soupQonne de ue point vouloir donner satisfaction Dans quel intérêt les progressistes se séparent-ils du noyau de l'Association libérale Que veulent- ils? Que leur faut il Si Y Etoile beige prenait la peine de se lire elle- même, elle auroit trouvé dans ses propres colonnes la réponse aux questions qu'elle pose aux progres sistes. II lui suffirait, pour cela, de parcourir le nouveau programme de Association libérale de Charleroi qu'elle publie in extenso dans le nu méro même oü elle les met en demeure de formuler leurs griefs. Ce programme, le voici, tel que nous le trou- vons dans 1 'Etoile 1. Le retrait des lois admettant l'intervention des ministres des cultes a titre d'autoritódans l'enseigne- ment organise par ie pouvoir civil. (Loi de 1842.) 2. Les améliorations que réclame constamment la condition des classes ouvrières et indigentes. 3. L'extension dans de larges proportions du droit de suffrage pour la province et la commune. 4. L'augmentation du nombre des électeurs aux Chambres dans les dernières limites fixées par la Constitution. 5. Le vote d'une loi sur la publicité des séances des députations permanentes. 6. La réforme des lois électorales en vue d'empê- cher les fraudeset la corruption. 7. Le développement dans de larges proportions de l'enseignement primaire. 8. Le vote d'une loi sur le travail des enfants. 9. Le vote d'une loi assurant un contróle sérieux du temporeldes cultes. 10. Le vote d'une loi générale sur les inhumations et sur la police des cimetières assurant a tous les eitoyens l'égalité devant la mort, a quelque culte et a quelque rang qu'ilsappartiennent. 11. La réduction des charges militaires dans les limites strictement imposées par la défense de la neulralité et de la nationalité de la Belgique. 12. L'abolition de la peine de mort. 13. L'abolition de la contrainte par corps. 14. Le vote d'une loi sur la responsabiüté ministé- rielle. 15. La réforme postale a 10 centimes. 16. La construction de nos chemins de fer décrétés et concédés. 17. L'abrogation de l'art. 1781 du Code civil, et le vole des mesures que nécessitera cette suppression. Et maintenant, I'Etoile beige comprend-elle pourquoi la popularitè s'est retirée du parti libé ral, comme elle l'appelle, et pourquoi les progres sistes se sont séparés de ce parti pour poursuivre, sans lui et même contre lui, la réalisation des réformes politiques et sociales auxquelles ils con- sidèrent que l'avenir et la prospérité du pays sont étroitement liés? Ces réformes, combien de fois ne nous ont-elles pas été promises? Depuis 1857, chaque fois que le ministère a ea besoin du concours des progressistes pour assurer le succès de ses candidats, il n'a pas manqué de faire sonner trés haut sa résolution d'imprimer sa politique une impulsion plus décisive, plus vigou- reuse. Puis, sitót la campagne électorale terminée, tout ce beau feu s'éteignait et la vieille politique de transaction et de réaction reprenait plus fort que jamais. C'est la faute de la majorité, qui ne veut pas nous suivre, dit le ministère. C'est la faute du ministère, qui nous retient toujours, prétend la majorité. Quant nous, nous sommes convaincus que c'est la faute de l'un et de l'autre et c'est pourquoi nous ne souhaitons rien tant que de les renverser tous deux. Si YÉloile croit encore la possibilité d'une entente, qu'elle se détrompe. Les progres sistes ne demandent aucune concession au doctri narisme mais aussi qu'on ne leur en réclame aucune. Le temps des compromis et de9 complai sances mutuelles est passé. Nous n'entendons plu3 y revenir. Que le parti doctrinaire Ie sache bien les progressistes sont décidés le combattre partout oü ils le rencontreront, sans pitié ni merci, comme des ennemis de la liberté et du progrès non moins dangereux que les cléricaux. Que le parti doctrinaire en fasse autant de son cóté c'est son droit mais, encore une fois, plus de concessions, plus de replütragesCette indigne comédie oü les progressistes ont si long- temps joué le róle du Jocrisse imbécile et crédule, n'a que trop longtemps duré. Nous voyons clair aujourd'hui dans le jeu des ambitions doctrinaires et il ne nous convient plus de leur tenir l'écheüe. Quand YEcho du Parlement se mêlera encore de donner des legons de dignité politique aux cléricaux, ceux-ci auront beau jeu. f Car vit-on jamais spectacle plus honteux quü celui que nous donne en ce moment le ministère? Par trois fois, coup sur coup, le Sénat lui crache au visage et i! ne comprend pas, ou plutót il feint de ne pas comprendre qu'il est de son devoir ou de relever l'affront en dissolvant le Sénat ou de quitter le pouvoir? Non, jamais cela ne s'est vu dans aucun Parlement et nos grands hommes du doctrinarisme viennent de dépasser, par ce trait, la mansuétude du Christ elle-même. Christ disaifc ses apótres Si l'on vous donne un soufflet sur Ia joue gauche, présentez la jone droite. Nos ministres font mieux on les soufllette trois fois et ils saluent. N'est ce pas, que c'est admirable? X L'Union doctrinaire de Verviers assure que, pour faire triompher le candidat de la coalition, les cléricaux du canton de Herve ont eu recours aux manoeuvres les plus infómes. Ahce ne sont pas les doctrinaires qui achèteraient la vic- toire un tel prix! On l'a bien vu lors de l'élec— tion de M. Yan Merris. Voila un triomphe hon- nête et dont on peut parler le front haut! Mais les cléricaux sont capables de tout. Que leur importent les moyens pourvu que le succès soit au bout? On leur proposerait demain pour candi dat un homme convaincu des vices les plus in- fèmes qu'ils n'hésiteraient pas le patroner, pour peu que ce candidat présentêt des chances sérieuses de réussite. C'est abominable. X Le Conseil provincial de Liège doit délibêrer prochainement sur une proposition ayant pour objet d'éroettre un voeu en faveur de la discussion prochaine du projet de loi sur le temporel des cultes. Si cette assemblée espère ramener, par cette manifestation, quelques sympathies au doc trinarisme, il se trompe, car on sait, dès aujour d'hui, que ce projet a subi des modifications telles qu'il se trouve réduit une pure niaiserie. Son intervention est, d'ailleurs, bien inutile, le mi nistère étant trés résolu h faire discuter ce projet dans le courant de la session prochaine. Parbleul les élections sont proches, et ne faut-il pas réveil- ler les vieilles querelles clérico-libérales pour entortiller les simples? Le tout payable d'avance.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1