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JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE8, Dimanche
Septième année. N° 31.
ler Aoüt 1869.
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Ypres, 31 Juillet tseo.
La presse doctrinaire se livre de beaux accès
d'indignation propos de la coalition radico cléri-
cale, comme elle l'appelle, qui a battu messieurs
ses eandidats dans les dernières élections provin -
ciales de Herve et de Verviers. C'est une coa
lition monstrueuse s'écrient i'unisson tous les
journaux ministériels.
Monstrueuse, c'est bientót dit, mais les mots ne
sont que des mots et nous demandons A la presse
doctrinaire la permission de ne pas la croire sur
parole.
Qu'est-ce qu'une coalition C'est, dit Besche-
relle, la ligue, la rèunion de deux ou plusieurs
partis dont les intéréts divers concordent sur un
ou plusieurs points et qui poursuivent en commun
le même but.
La coalition ainsi définie, la presse doctrinaire
n'ira pas, peusons-nous, jusqu'è soutenir l'illégiti-
mité absolue de toutes les coalitions. II y a done,
de son propre aveu, des coalitions permises et
d'autres qui ne le sont pas. La question est desa-
voir dans quelle de ces deux catégories il faut ran
ger celle qui vient de triompher a Herve et
Verviers mais ce n'est pas la résoudre que de
pousser de grandes exclamations et de crier a la
monstruosité.
La presse doctrinaire entend elle que cette coa
lition doit être condamnée par cela seul qu'elle
s'est formée entre des libéraux et des cléricaux?
Dans ce cas, nous en sommes bien fêchés, mais
nous ne saurions partager son sentiment, car c'est
a la coalition des libéraux et des cléricaux que la
Belgique doit la révolution qui l'a faite libre et -
indépendante et c'est cette même coalition qui a
assuré son repos au milieu de la terrible crise
de 1848.
II doit done y avoir d'autres raisons pour les -
quelles la presse doctrinaire condamne comme
monstrueuse et immorale la coalition verviétoise.
Ces raisons, nous demandons les connaitre. Le
Progrès a la parole pour nous les dire.
La coalition monstrueuse de Verviers a
fait triompher la candidature de M. Pirenne.
Nous n'avons pas l'honneur de connaitre M. Pi
renne, mais nous voyons par les journaux de Liége
que le premier usage qu'il a fait de son mandat a
été de soumettre au conseil provincial la proposi
tion d'èmettre un voeu en faveur de l'extension du
droit de suffrage.
II va sans dire que cette proposition a été ècar-
tée par le parti doctrinaire, qui trouve naturelle-
ment irréprochable une législation électorale qui
lui assure la majoritè. Mais, n'en déplaise au Pro-
gresnous avons l'audace de penser qu'en cette
circonstance, le candidat de la coalition radico-
cléricale a défendu les principes du vrai libéralisme
et nous ajoutons que si cette coalition choisit tou-
jours des eandidats professant les mêmes principes
que M. Pirenne, les libéraux sincères ne doivent
rien tant souhaiter que de la voir réussir partout
comme elle a réussi Verviers.
Une proposition, a peu prés identique dans les
termes celle de M. Pirenne, est soumise en ce
moment au conseil provincial du Brabant, oil elle
recevra probablement le même accueil. En
fut-il autrement, le gouvernement n'en persiste-
rait pas moins a repousser toute réforme électo
rale qui aurait pour but de substituer le principe
de la capacité au principe du eens. M. Frère ne
s'en est pas cachè Aussi longtemps qu'il occu-
pera le pouvoir, il maintiendra énergiquement le
système actuel contre toute innovation dans le
sens de la proposition de M. Guillery, paree que,
selon lui, cette proposition nous conduirait au
suffrage universel et qu'il ne veut du snffrage uni
verse! ni en deux ni en trois actes.
Dès lors, les partisans de l'extension du droit
de suffrage ont a se demander s'il leur convient de
sacrifier leurs convictions a celles de M. le mi-
nistre des Finances ou bien si les devoirs que leur
imposent leurs convictions ne les obligent pas im-
périeusement de renverser un gouvernement qui
oppose a leur réalisation un obstacle insurmon-
table.
On connait le système du ministère en matière
de cimctière. N'osant pas prendre sur lui de pro
poser une loi qui secularise les lieux d'inhuma-
tion, il abandonne aux administrations commu-
nales le soin d'interpréter, comme elles letrouvent
bon, le décret de prairial, un décret obscur et
dont le texte autorise toutes les pratiques. C'est
ce même système couard qu'il a appliqué derniè-
rement aux écoles d'adultes et qu'il se propose
sans doute d'appliquer également a la loi sur le
temporel des cultes. Grèce a cette heureuse in
vention, le gouvernement n'a aucune part de res-
ponsabilité a prendre dans les conflits que l'appli-
cation de ce système fait éclater chaque instant
entre le clergé et les administrations commnnales
et c'est sur celles-ci seulement que retombe l'erage
des passions religieuses surexcitées. Mais on com
mence a voir clair dans les petites malices de cette
I&che politique et MM. Boulenger et Sainctelette
s'en sont clairement expliqués devant le oonseil
provincial du Hainaut. On encourage actuelle-
ment, a dit M. Sainctelette, des prétentions
inconstitutionnelles, et celles-ci se produisent
parce qu'on n'a pas eu le courage de mettre
nos lois en harmonie avec les principes qui for-
ment la base de notre pacte fondamental.
Et M. Boulenger a ajouté La cause de ces
conflits dont nous sommes tout instant les
témoins, réside dans la latitude laissée aux
bourgmestres, d'appliquer ou non, selon leurs
opinions politiques, un décret que la Constitu-
tion a virtuellement abrogé. L'Etat aurait dó,
depuis longtemps, la police du cimetière ap-
partenant l'autorité communale, donner des
instructions aux délégués du pouvoir public et
prendre franchement la responsabilité de celles-
ci. Mais il a tergiversé, il a provoqué le gê-
chis, en un mot, il n'a pas fait son devoir.
C'est a nous de faire le nótre.
Notons que MM. Boulenger et Sainctelette ue
sont pas des radicaux, mais des libéraux élus par
des associations doctrinaires. Ce sont lè, 6 Pro
grès des signes du temps.
A Liége, le ministère regoit un camoullet plus
cruel encore. Un membre du Conseil provincial,
M. Hanssens, développe la proposition d'un vceu
émettre en faveur de la réglementation du tra
vail desenfants dans les manufactures. Le gouver
neur, un doctrinaire solennel, répond a l'orateur
que le gouvernement étudie la question. Aces
mots, M. Hanssens se léve et voici en quels termes
il répond a M. de Luesemans
a Le gouvernement, a dit M. le gouverneur,
étudie cette grande question. Oui, messieurs, le
gouvernement étudie, il étudie même trop, et
peut-être que bientót il sera nécessaire de porter
une loi pour l'empêcher de pèlir étudier. Depuis
1840, il étudie la question qui nous occupe, et il
continue toujours a étudier quand passera-t-il
son examen? Je n'en sais rien obtiendra-t il son
diplóme Je n'en sais rien non plus mais ce
qu'il y a de certain, c'est que les propositions
qu'il a promisde nous faire n'arrivent pas. II n'est
pas mauvais de l'engager a prendre une décision,
quelle qu'elle soit, car l'indécision est ce qu'il y a
de pire en fait de politique qu'il se décide done,